Enfin une amie !

Noël et nouvel an, à 16 ans et demi. Julie apprend que plusieurs élèves de sa classe vont passer la soirée de nouvel an chez l’une d’eux, Alina, parmi eux Moïse son béguin. Où habitait-elle ? à la dernière minute, elle obtient l’adresse. Surprise : la maison d’Alina Plonski était seulement deux petites rues plus loin, où habite Julie depuis deux mois.

Le soir du réveillon, elle se pointe chez Alina avec un gâteau au cacao fraîchement confectionné.

— Puis-je passer la soirée avec vous ? demande Julie.
— Bienvenue ! Je suis heureuse que tu sois venue aussi. Entre ! me répondit Alina avec un grand sourire.

La soirée battait son plein, Julie avait hésité à y aller sans avoir été invitée. Pourtant, tout ce qu’elle aurait perdu : une merveilleuse amitié. Moïse était déjà là, sa tête sur les genoux d’une autre fille. Julie ne réussit pas à lui dire plus d’une phrase pendant toute la soirée. Presque tous étaient venus en couple.

Alina et Julie se sentaient seules, elles ont commencé à parler et à deux heures de matin, quand tout le monde était déjà parti, elles parlaient encore. Finalement, vers trois heures, Julie se décida à partir, mais Alina la reconduisit jusque chez elle, en profitant pour continuer à discuter.[1].

Le lendemain, elles sortirent ensemble de l’école et allèrent d’un pas lent vers leurs maisons. Sur la route, Alina, mi polonaise, lui raconta qu’elle voulait suivre les traces de Marie Curie, polonaise, elle aussi, et qu’elle allait donc étudier la fission nucléaire. Comme Julie, elle avait été conducteur de pionniers et exclue à cause de son père.

Alina lui parla de la vie de Marie Curie qu’elle voulait émuler.
— C’était une dure vie, de travail acharné, dit Julie.
— Oui, c’est une jolie vie, dédiée aux recherches, répondit Alina.
C’était la vie qu’elle s’était choisie, la vie qu’elle avait vécue.

Quelques mois plus tard, le père d’Alina, polonais, décéda et Julie veilla toute la nuit avec son amie, dorénavant sa meilleure amie, et la consola. Alina ne se sentit plus seule; elle aussi avait maintenant une amie à qui se confier, sur qui compter, à qui parler.

Ainsi commença une amitié qui durera tant qu’elles vivront.

[1] Plus que cinquante ans plus tard, elles n’arrêtent pas encore de parler et s’aimer, malgré la distance qui les sépare la plupart de temps.

1 commentaire:

coyote des neiges a dit…

Julie aurait pu se river le nez sur une porte non accueillante, mais elle a pris le risque.

C'est une très jolie anecdote, qui a débouché sur quelque chose que a vraiment valu la peine...