23 mai 1953

Je me suis désenchantée, finalement assez vite. C’est mieux ainsi. Il est égoïste et il n’aurait pas mérité que je perde du temps avec lui, même dans mes fantasmes. Ce n’était même pas la peine d’écrire à propos de lui.

Aujourd’hui je suis allée avec maman au parc Staline (Herastrau avant), nous nous sommes promenées une heure en canot. Que le lac est beau et ses environs aussi, avec ses saules tombant jusqu’à l’eau, le vent faisant chuchoter les arbres, le bruit des vagues cognant sur les rives. Il faisait ni trop chaud, ni trop froid, à Bucarest, il n’y a qu’environ trente jours aussi beaux dans l’année. Mais déjà ils valent la peine de venir ! Les roses ont commencé à fleurir, elles embaument l’air. J’ai eu tant de plaisir avec cette promenade ! Comme il pourrait être bon de se promener dans un endroit pareil avec son amoureux, pensais-je et je l’ai même dit à maman.

“ Tu es heureuse, tout cela est encore devant toi !” m’a-t-elle répondu.

J’ai lu un livre intéressant, Ivan Ivanovici de Antonina Copteava. Combien elle a raison ! Si je me marie, je voudrais que chaque soir nous racontions l’un à l’autre ce qui s’est passé dans la journée pour chacun de nous, si déjà nous n’avions pas la chance de travailler ensemble.

Quelle sorte d’amour : le matin les deux partent, le soir ils reviennent, dorment ensemble, échangent un ou deux mots et c’est tout?

Quelqu’un a écrit que le grand amour consiste à aimer, à se soucier de l’autre. Cela devra être ainsi !

Dans la vie, c’est souvent comme dans ce livre, à la fin deux deviennent heureux et les trois autres non, souvent les gens s’aiment en chaîne, moi lui, lui une autre, celle-ci un troisième, etc.

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