Histoire d'une stage (épilogue)

C’est ici que s’arrête, ce que j’avais écrit, alors.

Mais l’histoire ne s’arrête pas pour autant.

Une fois l’usine construite ; les techniciens soviétiques l’ont mise en marche difficilement et lentement (nous ne savions pas encore qu’en Roumanie ils vivaient tellement mieux que chez eux), mais finalement, ils l’ont mise dans les mains des Roumains. Enfin la Roumanie a eu de la pénicilline sans devoir payer, outre qu’aux Soviétiques pour les plans, les appareils et l’aide…

Avec le temps, mais assez rapidement, on se rendit compte qu’on a fait une fabrique de taille pour l’Union Soviétique ; la Roumanie, même Socialiste, n’était qu’un petit pays en comparaison ; on ne pouvait l’arrêter, sinon, les micro organismes, champignons, d’où l’on fabriquait les médicaments mourraient. On n’avait pas prévu d’avoir trop de pénicilline.

Que faire maintenant ?

Il faudrait essayer de vendre le surplus aux pays étrangers : à qui et comment ?

Comme mon père (travaillant à l’époque à l’Import/Export des Médicaments) suivait ce qui se passait avec cette fabrique de près, il se proposa comme volontaire. Mais pouvait-on lui faire confiance ?

On l’envoya en Yougoslavie, pays frère, et là il réussit à lier amitié avec un directeur de fabrique et à lui vendre de la pénicilline. Ce n’était pas assez. On produisait toujours trop.

On l’envoya ensuite dans d’autres pays, la France, la Hongrie, l’Argentine, l’Égypte, l’Allemagne. Partout, il fit des bonnes affaires, tant pour ceux de là-bas que pour le pays. Coup de chance et flair pour des bonnes relations de mon père, les Allemands étaient prêts, à acheter à la Roumanie la matière première et à l’emballer ensuite sous leurs étiquettes contre d’autres médicaments achetés par eux, même de l’aspirine et de la pénicilline.

Mon père fut fêté et en plus, il put nous apporter des choses de partout. De nouveau, il pouvait m’habiller bien, nous avions notre premier frigidaire, une radio, un beau costume de bains, une paire des chaussures avec talons - et même des disques de rock’n’roll.

Qui aurait cru, tout ce que le chemin de pénicilline apporterait dans notre famille…

1 commentaire:

coyote des neiges a dit…

Très intéressant comme histoire!!! Merci de partager ces souvenirs!