Oh, le montagne!

1 décembre 1954

Félicitations ! Je suis entrée en troisième année. Hier j'ai passé mon dernier examen de deuxième année (toujours en travaillant et étudiant le soir et les week-ends, mais nous avons quelques jours libres autour des examens.). Je devrais m’habituer à écrire chaque jour au moins une page. N'importe quoi. Je pourrais ainsi apprendre énormément.

Je n'ai pas encore décrit dans ce cahier un événement important, mon excursion au sommet du mont Omul, l’Homme.

J'y suis partie avec un groupe il y a un mois et demi, samedi, dimanche et lundi. C’était une chaude journée d’automne. Nous avons grimpé par la Vallée du Cerf vers le sommet Omul (2570 mètres), puis par Babele vers la cime Caraiman.

Lundi, nous sommes arrivés à la Croix (érigée en haut d'Omul), puis nous sommes redescendus par la vallée de Japen. C'était merveilleux. Je me suis sentie souvent comme si j'étais sur l’Olympe. Surtout à la Croix. Elle est en marbre, entourée de chaînes. Derrière nous les rochers, les nuages au-dessous.

Quand le vent eut dissipé les nuages vers la droite, on a aperçu en bas un ruban doré argenté : la rivière serpentant dans la vallée. Ensuite est paru aussi Predeal paraissant toute petite, comme une coquille de noix.

J'ai tellement vu de choses merveilleusement poétiques !

Un mur, une paroi rocheuse, haute et large. De loin, cela semblait un simple rocher, mais plus on montait plus il s'élargissait. Au-dessous des crêtes, comme s’il y avait des poutres, bordées de neige ici et là. Il faisait chaud pendant que nous montions, le vent ne soufflait qu'en haut de la montagne. C'est la dernière demi-heure de montée qui a été la plus dure. Je me croyais déjà en haut, mais il restait devant moi de la route encore et encore. Une sorte de supplice de Tantale. Six heures en tout. Enfin, je suis arrivée à l’Homme (d'en bas il ressemble à une face d’homme).

Je regarde tout autour. Tout d’un coup, j’aperçois un château du moyen âge avec des coupoles, toute une ville. Plein de coupoles et le vent soufflait très fort. Ici, à 2590 mètres d'altitude, il fait froid. Je regarde mieux le château : il est fait de pierres et de rochers, ce n'est pas l'homme qui l'a construit. C'est la nature.

La route jusqu'à Babele est courte et agréable. D'abord on marche sous le mur de rochers, ensuite dans un chemin plat. Devant le Babele (les Vielles), il y a un monument égyptien, qui n'est pas non plus l'œuvre de l'homme. Qu'est-ce qu'il va devenir dans 1000 ans ? tout ce temps ne le changera peut-être pas.

Du haut du Caraiman, la vue est très belle, mais la route pour descendre est encore plus superbe, surtout quand on arrive dans la forêt. C’est l’automne. Les branches sont jaunes, rouges, vertes, et des feuilles rouges et jaunes tapissent notre chemin.

Je voudrais ramener toute la forêt avec moi ! mais je ne peux prendre que quelques branches. Je suis pénétrée de toute sa beauté que je ne réussis pas à bien exprimer, mais... je me sens comme si mon cœur éclatait de joie.

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