Liberté

C'était une période affreuse de ma vie: j'ai décidé de publier deux notes par jour, pour le "traverser" plus rapidement, ne plus y vivre trop longtemps.



6 novembre 1958

Ma chambre est devenue nettement plus intime grâce à ce rideau. Combien des petits détails peuvent compter !

Je hais le faire semblant ! Je crois que c’est ce qui me gêne le plus, ces derniers temps. À côté des deux autres problèmes.

Le fait que jusqu’ici je n'ai pas écrit et je n'ai pas envie d’écrire même maintenant, ni sur ce qui m’est arrivé au travail, ni en réalité sur notre demande d'émigration, cela veut dire, que je n'ai pas envie d'y réfléchir, non plus.

Mais dans une moindre mesure, parce que j'ai vraiment peur. Tyrannie.

La liberté, Jenö Heltai 1945

Sache! libre est seulement celui

Que la parole ne rend pas bête,

Qui n'est pas aveuglé par la lumière

Ni une position ou par l'argent

Qui peut haïr, maudir, aimer ouvertement,

Méprise les apparences, pas les respecter

Celui qui n'a rien à cacher.

Sache libre est seulement celui dont

La bouche n'est pas salie par le mensonge

Ne hurle pas des mots d'ordre vides

Il ne promette, fait croire, ne fait pas semblant ;

Ne s'achete pas ; qui fait ce qu’il a décidé

Et avec courage exprime sa pensée.

Celui qui ne se soucie pas d’être agréable à tous

Et même s’il lui, ne possède rien,

Il ne dépend non plus de personne.

Ne met pas de chapeau devant ses yeux

Et regarde le soleil en face avec courage

Il accepte ce qu’accepte son ami

Et vainc avec son l’âme et l’épaule,

Réussit à faire face partout,

Caresse plus souvent que châtie,

Mais quand il faut, il sait aussi frapper.

Et l'inverse, si on t’oblige à accepter, on appelle ça comment ? Tyrannie.

Et si quelqu'un lisait ces lignes ?

Je suis horrible. Ce n'est pas vrai ! Je ne suis pas si lâche que ça. Je suis trop fière pour l’être autant. D'après certains, être courageux, c'est une bêtise. Quand même, j’ai trop de chagrin même pour en parler.

Parce que j’ai dit à une collègue, qui s’est avérée ensuite être la femme d’un grand personnage « surveille tes nerfs » : ils m’ont envoyée ici. Tous savent que je n’ai rien à faire. Je dois demeurer ici pendant huit heures. Je ne voudrais jamais être enfermée. Je deviendrai folle. J’ai une tellement grande envie de liberté, de création !

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