Ne plus pouvoir travailler!

9 novembre

Je hais faire semblant. Je supporte plus ou moins le mensonge. Mais ça non. Je crois que c'est ceci qui me ronge. Et de ne plus pouvoir travailler. C’est la situation actuelle.

Je n'ai pas encore la patience d’étudier, pourtant ici, dans cette petite cabane, à côté de l’usine, je pourrai, j’ai vraiment rien à faire pendant huit heures, toute seule. Peut-être aussi modifier ma thèse. Que la vie est difficile ! On ne peut pas vivre sans faire semblant ? Il faudra me décider et commencer à faire quelque chose de sérieux.

10 novembre

Suis-je vraiment, tellement amoureuse ? Je crois, que jamais je ne l'ai été autant. Est‑ce vrai ? Tout est arrivé si lentement. En même temps, subitement. Combien de temps ça va durer ? Je sens que ce n'est plus une flamme passagère, mais durable.

Ai-je été amoureuse jamais avant ? J'ai rêvé de loin de Moïse, de Guszti ; non ce n’était pas l’amour. Ensuite ? Eugène m'a préoccupée et bouleversée pendant deux semaines, ensuite je l'ai vu et il s’est précipité après Edith, et mon désir s'est dégonflé aussitôt. C'était pendant un printemps, n'ayant pas autre chose à faire. Seulement une passade.

Simon : c’est possible que je l'aie vraiment aimé à un moment donné, mais pas ainsi. Autrement. Avec des hauts et des bas, changeant, capricieusement, orageusement surtout entre nos rencontres. Avec beaucoup de disputes, de fureur et en sachant toujours que rien ne pourrait en sortir à la fin. Jamais, jamais, je n'ai perdu entre temps ma logique froide. Au plus, une seule fois, sur le banc du parc Staline, quand j'ai senti après moi aussi combien il serait bon d’aller dans un lieu à nous et de rester ensemble. Ce leurre, n'a duré que quelques heures. Je savais que je ne serais jamais ni son amante, ni sa femme. Quelquefois je suis restée froide, d’autres fois j'ai même ressenti une répulsion. Je me suis habituée à lui, bien sûr, nous nous rencontrions presque tous les jours. C’était normal. Et il n'était pas un mauvais garçon, mais il n'y avait pas de quoi parler avec lui. Un jour, je me suis réveillée, je me suis rendu compte, que nous n’avions plus rien à nous dire, aucun intérêt commun. Quand nous ne jouions pas ou ne dansions pas avec les autres, ou nous ne nous embrassions pas - nous n'avions plus rien à partager. Il se moquait de ce que j'aimais et je déconsidérais ce qui l'intéressait. Il ne lisait pas, etc. etc.

Et Sandou ? C'est un amour tranquille. Oui, je crois que déjà c'est un amour. Et tranquille - autant que cela peut l’être. Ce matin, ça m’a fait mal de me réveiller sachant que je ne le verrai pas pendant trois jours ou une semaine entière, mais c'était en même temps un sentiment agréable de savoir, me rendre compte, que ceci me faisait de la peine. Et je suis tranquille aussi, sachant qu'il m'aime, beaucoup, et que je n'hésite pas, non plus. Quand je le lui ai dit, je l'ai senti ainsi.

Je ne l’aime pas encore assez pour me marier avec lui - ça ne serait pas bon, je le tromperais - mais assez pour devenir sans trop d’hésitation son amante. Mais je ne crois pas que cela arrivera. Surtout, parce lui ne va pas le vouloir.

C'est un sentiment magnifique d’avoir confiance en quelqu’un.

Il est possible que je me réfugie vers lui à cause des choses extérieures, mais pourquoi l'analyser trop.

Nous nous entendons bien. Nous nous ressemblons en beaucoup de choses. Même quand nous nous taisons, c'est bon. Pas comme si on n'avait pas de quoi parler, plutôt parce qu’il y a trop à dire. C'est possible que je sois tombée amoureuse de lui à cause de son amour. Mais je n'arrive plus à le regarder d’une façon objective. Et j'ai encore peur : une fois je pourrais le voir petit, comme je le voyais autrefois, il n’y a pas si longtemps.

"Mon amour" c'était agréable à entendre ! Et il me voit belle. “T’es mon trésor !" il l'a vraiment pensé hier. Et ce matin, je me suis presque trahie devant mon père.

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