Lettres de maman

Ma chère sœur, août 1959

Les lettres collectives de Maman nous unissent si bien !
Heureux que vous ayez enfin l’air conditionné au studio et une voiture.

Je vous annonce que Julie veut se fiancer, mais Pista y est très opposé, espérant toujours sortir d’ici. À cause de ceci et parce qu’ils n’ont pas assez pour vivre, ils se sont seulement fiancés.
Le garçon lui fait la cour depuis trois ans. Il a un caractère comme celui de papa ou ton mari, le regretté Alex. Sa mère est grecque orthodoxe, le père roumain. Il a 26 ans, technicien. Honnête, sincère, ne vivant que pour l’extérieur, il a un très bon physique mais il n'est pas beau.

Je voudrais savoir si la femme lui revient deviendrai-je comme jadis madame Kocsis, si Julie se marie je veux décider que faire. J’aurai enfin la force de décider.

J’ai annoncé à Pista, qui tient encore aux formes du mariage (mais seulement à cela), que Julie veut se fiancer. À cela il m'a répondu : « Alors je pars définitivement » (sinon dehors, à Cluj).
Je serai obligée éventuellement de me décider à rester avec Julie ou de partir avec lui. Je lui ai dit que je partirai avec lui, mais si c’est « absolument » vrai, devrais-je le faire ? Ici j’ai ma retraite, assez pour vivre très modestement. Il faut que je décide intérieurement. Mais Pista manœuvre et tant que Julie n’est pas pourvue je ne veux pas tout rompre. Je suis pour le moment comme un ange envers Pista mais cela n’aide pas, au contraire.

Sois tranquille, je suis déjà devenue forte, c’est le plus important, je t’embrasse, Katinka



Ma chère amie Annie, le 6 septembre 1959

J’aurais tellement voulu savoir comment tu vas et, j’entends hélas que tu as eu un accident. Cela aurait vraiment pu t’épargner déjà tu as assez de difficultés, avant que les leçons recommencent. Heureusement, qu’au moins vous avez passé avant d’agréables vacances.
Julie est une fiancée rayonnante de bonheur, tous lui donnent 21 ans. Elle a commencé à embrasser la première fois à 23 ans. Depuis que j’ai connu ce garçon je me suis tranquillisée - sa nature est tout à fait à l’envers de celle de Pista et j’espère qu’elle n’aura pas mes difficultés. Mais c’est encore possible que nous partions et bien que Julie dise qu’elle viendra aussi ça sera difficile. Pourtant il ne lui convient qu’une profession intellectuelle. Maintenant, après trois mois d’apprentissage d’anglais elle lit un roman.

Des bonnes nouvelles de Maman, ils sont allés habiter en Israël pour qu’on puisse être là ensemble. Papa avait un niveau haut de sucre mais à l’hôpital ils lui ont abaissé.
Je félicite Juci et les jeunes. Éva, la fille de mon oncle Hugo, vient d’avoir son deuxième enfant, un garçon. L’autre Éva habite ici à Bucarest, ils viennent d’acheter un frigidaire ils ont aussi la télévision et tous les deux gagnent bien avec leur diplôme.

Ma chère Annie, chez moi la situation c’est seulement empirée, mais je ne parlerai pas maintenant d’elle pour rouvrir les blessures.

Demain nous partirons avec Julie dans les montagnes pour cueillir des crocus (moi) dans une maison de repos, depuis cinq ans je n’étais nulle part ailleurs qu’à Kolozsvàr.

Je te souhaite bon rétablissement, fais-moi savoir combien de temps tu restes dans le plâtre, etc.


T’embrasse avec Agi, Katinka

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