Conseils de partout

Lettres reçus en France début août 1963 par le mari de Julie de partout.

Zürich, 1 août 1963

Cher Sandou,

En même temps que ta lettre du 25 juillet de Saint Didier, ils sont arrivés de Paris en retour :
Une lettre de Judit
Une lettre de nous
Le télégramme
envoyé de nous pour tes 30 ans.

Je te les renvoie pour t’amuser à tes temps libres. T’as aussi trois recommandés qu’ils ne veulent pas donner. On fera le nécessaire pour qu’ils te l’expédient à ton adresse actuelle. Si tu y restes un mois, tu les recevras en temps. L’un est de Roumanie, l’autre de France.

Je regret que t’aies été déçu à St. Didier, mais comme il s’agit seulement d’un mois d’essai, considère-le comme seulement un exercice pour la langue française, tu apprendras là sûrement davantage français.

Je viens de recevoir une lettre très optimiste de Julie bien qu’elle s’est foulé la cheville, elle a une lésion légère se corrigeant avec un bas élastique et malgré tout bonne disposition. Nous sommes ravis. Nous ne devons te dire qu’elle est ainsi surtout à cause de Agnès lui donnant des joies.

Ma sœur m’a écrit qu’elle y est allée la voir quelquefois, elles ont bavardé en français et ça allait très bien. Ils viennent vers dix en Europe, partant d’Israël avec un bateau, nous nous verrons quelque part en Suisse. Je te prie Sandou essaie tenir le moral comme jusqu’à maintenant je suis convaincue qu’à la fin tu réussiras comme tu le mérites selon tes capacités.

J’attends tes nouvelles et t’embrasse entre temps,

Cher Sandou, 4 août 63 Zürich

Avec beaucoup de mal, George a réussi sortir les deux lettres ajoutées ici, en général ils ne donnent les recommandés qu’à la personne adressé. J’ai ouverte celle de France puisque tu as mentionné attendre avec impatience la réponse de Marina, je regrette que rien n’est sortie de ce poste puisque j’avais l’impression que tu auras préféré y aller ayant aussi des conditions plus avantageux là. Sinon, il y aura d’autres et finalement tu trouveras la place te correspondant.
Il m’intéressera de savoir comment tu t’adaptes à rythme de travail de là-bas, si le travail proprement dit te plaît et les conditions correspondent à tes demandes. Je n’ai eu des nouvelles directes de Judith, mais Ila m’a dit que sa cheville va mieux et même un matin allant chez elle ne l’a pas trouvé à la maison, elle prenait une leçon de conduit.

Elle nous a écrit qu’elle continuera donner des examens jusqu’à elle obtient la licence. On peut se présenter là trois les trois semaines. Dis-moi Sandou, tu as l’occasion d’utiliser ta licence obtenu là? As-tu trouvé de société quelque part pour ne pas te sentir trop seul ?

Après les heures de travail il sera bien nous écrire en détail sur tout, ce qui se passe dans ta vie là-bas et quels plans tu as pour le futur proche.

Tu ne peux te plaindre d’absence de correspondance de notre part, prend l’exemple,
Chaleureusement,
Deborah et Pista
(Pista: le père de Julie et Deborah, la deuxième femme de Pista)


5 août 1963 (Julie à Sandou)
Mon cher mari, j’ai eu beaucoup de joie de la première lettre reçu de toi (celle écrite il y a trois jours), je n’ai pas reçu encore celle d’avant.

C’est bien que t’as commencé à travailler quelque part, même temporairement, puisque tu m’écris qu’en août les plupart des moulins sont fermés. Comme tu n’écris pas clairement des conditions, je peux rien y dire donc. Je me dépêche t’envoyer cette lettre avec la poste de l’après-midi, donc elle ne sera pas détaillée puisque Marika est ici et je l’aide en algèbre, je viens juste de faire une courte pause. Demain je commence à travailler chez Hermann pour quelques jours, j’ai donné Agnès pour sept jour à celle qui s’en occupe des enfants dans le parc, je dois l’amener à la maternelle et de là on la prend en charge. Elle est très contant d’aller de nouveau entre enfants et moi aussi. Dans une semaine j’irai à l’examen mais je doute de passer à la première fois. De toute façon, après 20 jours je peux recommencer.

Hier on m’a retiré une dent de sagesse, c’était pourri et m’a fait mal, ensuite je me suis bourré des médicaments et comme résultat en plus de ne pas avoir mal, je n’ai pas pu dormir la nuit. Pourquoi ? Je voudrais enfin terminer avec la série des situations ressemblantes. Mon pied foulé va bien. Agnès croit, elle a pris du poids et va au toilette, sort le culotte, s’assoit sur le pot, fait petit ou grand, s’essuie et jette au WC ce qu’est dans le pot et le range. Éventuellement, quand elle réussit, elle remet même sa culotte. Que dis tu de cela ! ? Bien sûr, je dois lui rappeler de temps en temps et la demander « Tu veux… ? »

Je t’aime beaucoup et comme tu as rien d’autre à faire pourquoi ne pas m’écrire une lettre de dix à douze pages ?Une occupation agréable n’est-ce pas. Sur toi, les gens autour, le village (ou ville), le patron, le moulin, etc.

Je t’embrasse tout fort,
Judit
PS écris-moi ton adresse plus lisiblement



Lettre du copain 5 août 1963 Nantes
Cher Sandou,
Que faire si tu oublie ? Jusqu’à la voiture de 1er août tu ne m’a rien écrit, donc t’avais rien. Enfin j’ai ton adresse. Je regret que la réalité chez les Piron, à toi, a dépassé tes suppositions. Sache que d’autres que toi sont passé à travers des situations semblables.
Au moins le patron soit un type agréable, le reste on l’ignore. Je te le souhaite de tout mon cœur. Au fond, l’atmosphère dans lequel tu travailles fait, en général, la moitié de l’importance dans le rendement. Ecris-moi comment tu t’entends avec le patron et les subalternes.
Chez nous tout va bien. Samedi je me suis procuré ma première voiture, aussitôt pour l’inaugurer, le mettre à l’épreuve, on s’est promené : elle marche à merveille, je suis très contant. J’ai fait samedi 200 km sur des chemins merveilleux, autour d’ici. Aujourd’hui je l’ai envoyé à un garage V.W . pour une révision générale et pour réparer la peinture, puisque la société s’est obligé de me le donner en état parfait. J’aurais tranquillité jusqu’à samedi (les enfants m’ont rendu fou pour que je les promène toute la journée). Entre temps, je m’occupe des papiers de la voiture, carte grise et assurance.

Vers la fin du mois je ferai probablement une stage à Paris chez une des usines que je vais représenter à partir de l’automne dans la région Poitiers.
Nous attendons de nouvelles de toi, bon et beaucoup. N’est-ce pas une bonne photo ?
Chaleureusement,
Eddy (Fianu)



Cher Sandou ! Zürich, 8 août 1963
J’ai reçu enfin ta lettre de 5 courant, les premières nouvelles détaillées sur Saint Didier. En ayant justement préparé une lettre pour Judith, j’ai inclus ta lettre, elle est désespérée à cause de ton silence. Elle m’a demandé d’écrire la vérité sur toi, si quelque chose ne t’était pas arrivé. Une lettre d’elle pour toi lui est revenue de Paris, je l’inclus ici. Entre temps, j’ai réussi à sortir de la poste les recommandés et je te les ai envoyés, j’espère qu’entre-temps tu les a reçus.
Ce que tu communiques de tes activités nous a un peu déprimé, mais j’espère encore quelque chose de plus grand et te correspondant mieux. Sûrement le début est difficile dans un nouvel pays où tu dois lutter aussi avec la langue. Je suis sûr que tu vaincras toutes les difficultés. Au sujet de ta venue ici entre 18 et 19, je ne peux te dire encore si nous serons ici cette date-là. C’est possible qu’on serait allé à Bruxelles et je crois que pour toi aussi venir en Belgique sera plus près. Si tu ne pourras pas à cause de ton travail te déplacer et ta décision à rester en France est définitive, nous ferons tout le possible à venir te visiter avant notre retour en Israël. Nous trouverons un hôtel pour quelques jours pour ne pas abuser de la bonne volonté du patron.
Je t’avais écrit que ma sœur Ila et son mari Boum viennent en Europe pour quelques jours, si tu pourras te libérer quelques jours on pourra être tous ensemble. En tout cas le 20 août nous devons être ici, Pista va au contrôle médical. Nous devons rester en correspondance plus intense pour savoir ce qu’on fait l’un et l’autre et trouver les bons dates de rencontre.

Je n’ai passé hélas l’examen de conduit, Pista non plus, mais j’ai eu un testeur très antipathique dès le début parti à ne pas nous laisser passer. Je peux t’affirmer, cher Sandou, que nous savons conduire très bien tous les deux. Probablement on ne peut avoir le carnet de conducteur sans se présenter deux ou trois fois. Nous habitons maintenant chez George et ça va. Je te prie cher Sandou écris-nous rapidement, mais aussi écris à Judith plus souvent, la pauvre fille est désespérée,
Je t’embrasse chaleureusement,
Deborah et Pista
7 août 63
Mon amour,
J’ai reçu ta lettre de 1 août aujourd’hui, c’est la deuxième de St. Didier. Oh que j’ai envie de toi d’un coup.
Enfin tu m’écris avec plus de détails, mais je voudrais que tu m’écris encore de tant des choses !
J’espère que le droit au travail se résoudra sinon ne te décourage pas peut-être ailleurs un autre propriétaire de moulin le résoudra. Si ça va, tant mieux. Je ne commence à travailler permanent jusque septembre, mais j’ai commencé hier (avec les huiles). Je ne sais pas encore combien il me donnera, j’espère pas mal puisque je veux l’économiser pour avoir d’argent de voyage. Je me réjouis que tu iras visiter papa, il entre en 20 en contrôle médical. Je crois qu’il s’est réconcilié avec l’idée que nous vivrons en Europe et ils essaient d’arranger lui aussi quelque chose là-bas. Tu ne dois pas payer ton repas pris chez la patronne ? Ne travaille pas samedi, tu les habitues mal. Y a-t-il une maternelle là ? C’est un village grand ou petit ? Loin de l’Ain ? Combien de Lyon ? A-t-il un cinéma ? Essaie de te faire des copains par là, je te prie. Je te promets, j’écrirai en Roumanie. Comment est le logement vide ?
C’est bien que tu as maigri, mais pas trop vite ! Je t’envoi dès aujourd’hui les livres. Ma lettre envoyée à l’hôtel renvoyé à George qui n’est pas à la maison t’arrivera en retard, à travers papa. Bien sûr, je t’écrirai dorénavant régulièrement, comme je sais où, mais s’il te plait, toi aussi ! Comment est là-bas avec les salaires ? En général c’est combien ? Le fait que tu reçois 480 francs ne veut rien dire, l’important est avec combien peut-on se débrouiller là.
C’est formidable qu’il ne s’est passé qu’un mois depuis que tu es parti et déjà tu travailles. Je n’aurais pas cru que tu pourras commencer aussi rapidement. Jusqu’à je viens, mets-toi au français, je lis couramment, mais tu sauras sûrement davantage jusqu’à mon arrivé. Je n’ai pas reçu encore la carte d’identité, bientôt. Tu comprends déjà quand on parle français ?
Avant-hier j’ai vu avec Marika un vieux film de trente ans, pas mal. Hier mes cousines Mary et Aghi sont venus dîner chez moi, elles n’avaient quoi manger chez eux, elles viennent de déménager près d’ici, j’espère que nous allons nous rencontrer souvent. Elles se sont senties bien ici et adorent Agnès. Maintenant elle est au Parc, bientôt j’irai la chercher. Je voulais t’envoyer aujourd’hui seulement une carte postale mais après l’arrivé de ta lettre j’ai trouvé plein à te dire et surtout que je t’aime, t’aime, beaucoup, énormément !Je transmettrai tes salutations à ma tante et aux autres. Si tu vas vers 11 à Zurich tu rencontreras Ila qui est venu me voir quatre fois en dix jours et elle pourra te raconter de nous et beaucoup sur Agnès. De toi par contre seulement toi peut me parler. Alors, allons, commence !
Tu sais, avant partir, tous me disaient : « Ce ne fait rien, il partira et verra qu’il n’y a rien à faire et se retournera. » Maintenant tous disent : « N’ai-je pas dit qu’il s’en sortira bien ! » J’ai envie de rire (de joie).
Je t’embrasse, je t’aime et tu me manques mais je n’arrive pas à l’exprimer en mots combien.Au revoir le plus tôt possible,
Judit
PS Papa et Deborah ont échoué à l’examen de conduit.

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