Des vacances trop courtes

22 août 1963 Naharia

Mon amour, et voilà la première journée de Naharia est passée. Enfin j’ai réussi à coucher Agnès et je sors furtivement de la chambre pour qu’elle ne se réveille pas, pour venir ici, vis-à-vis d’où nous habitons et la pension où nous mangeons et je t’écris. Je t’écris à Saint Didier puisque je ne sais pas si la lettre arrivera jusqu’à dimanche à Zürich et, d’après ce que j’ai compris de ta dernière lettre, vous vous êtes décidés encore avant la fin du mois d’épreuve que tu restes au moins encore trois mois là, au moins s’ils réussissent à t’obtenir le droit au travail.

Aujourd’hui nous nous sommes levées à 5 Agnès l’a décidé ainsi, j’espère qu’elle dormira plus tard cette nuit puisque nous avons toutes les deux besoin de sommeil. La voiture est venu nous prendre exactement à 7 heures 30 et à 8 nous étions déjà en train et tes lettres expédiées.

Notre petite fille a été très sage surtout puisque je lui ai acheté un nouveau livre et le lui racontais. Elle était intéressée, par le paysage moins. Dans une heure la rapide est arrivé à Haïfa et ensuite encore une heure jusqu’ici avec le personnel. La mer est très belle.

Ensuite nous avons pris le moyen de locomotion d’ici, fiacre avec cheval, comme dans les anciens temps (cent ou cinquante à Bucarest, jusqu’à 1948 à Cluj) et « Madame » avec sa fillette (et aussi d’autres puisque ici il est commune), nous sommes arrivés jusqu’à la pension recommandé. Il coûte 6 lires la chambre, moi et Agnès dans une minuscule pièce, fraîche mais sans aucun confort. Vis-à-vis sont la douche et les toilettes et pour Agnès j’ai apporté le pot. La poussette aussi, nous sommes en sept à huit minutes à la mer.

En face d’où nous dormons, on peut manger avec environ 8 lires par jour, ainsi le tout ne coûte pas trop. Agnès a mangé mieux que n’importe quand, à midi beaucoup de viande, après-midi un entier gâteau genre tort au chocolat, bu du lait, le soir du charcuterie avec des carottes. Et énormément du « mitz escaliot » (jus de pamplemousse), j’ai bu moi aussi aujourd’hui presque deux litres. Nous avons dormi l’après-midi de deux heures et demie à quatre et demi puis nous sommes allées à la plage. Il coûte 0,55 l’entré et c’est la plus belle plage que j’ai jamais vu.

Non seulement la sable fin, la plage étendue, l’eau peu profond au début et défendu des grandes vagues par le digue éloigné, mais en plus il y a un basin de 100 sur 50 mètres avec l’eau salé propre comme le cristal et refroidi à température constant. Pour les enfants, une autre place entourée pour seulement ceux sous 7 ans avec deux piscines différents. C’est très agréable.

À peine j’ai réussi la décider à rentrer par contre. J’ai nagé moi aussi 400 m (entre temps Agnès était avec une autre maman). Revenant, j’ai fait connaissance avec quelques-uns1 habitant ici ensuite j’ai mangé puis je me suis embêtée pendant une heure et demie pour que la fillette s’endorme, bien qu’elle était mort de fatigue.

Bonne nuit mon amour, je vais moi aussi me coucher. Ecris-moi : était-tu malade sur le bateau, comment était le repas, le lit et tu ne m’as rien écrit détaillé non plus d’où tu es.

Encore une fois, bonne nuit, et je t’embrasse fort
Juli

29 août 63 jeudi
Cher Sandou et papa,
Tu nous manques à toutes les deux, nous te désirons énormément. Agnès aussi se souvient de plus en plus souvent disant tes deux noms. Quand je lui demande : où est papa ? Elle répond : au moulin. Que fait-il là ? Elle dit : pain. Elle n’a plus d’amygdalite mais elle est amaigrie et blanche.
Dans une seule journée, la première que je l’ai laissé dehors, elle a déjà récupéré presque tout sa couleur. Je crois qu’enfin au début de la semaine je pourrais passer l’examen de conduit.
Autrement rien. Sauf que je n’arrive plus dormir les nuits de désir de toi. J’ai sommeil et je suis fatiguée je m’endors difficilement. Combien de temps passera encore jusqu’à tu sois près de moi au lit ? Jusqu’à je pourrais te serrer et me blottir contre toi ?
Mes nerf vont aussi un peu pire, surtout que mes dents ne m’ont pas laissé non plus en paix, probablement je serai obligé d’enlever le dernière dent de sagesse. Je ne suis pas enchantée, bien sûr. Encore deux à trois jours et Agnès ira à la maternelle. Alors, je m’occuperai de tout. Hier j’ai déplacé de nouveau tous les meubles j’aime mieux ainsi (pour le moment) et c’est plus facile à nettoyer.
Je t’embrasse avec amour, plusieurs fois, Juli

1er septembre 1963
Mon chéri,
Je ne t’avais pas écrit depuis quelques jours attendant et attendant encore à recevoir quelque chose. Tu m’as gâté trop m’écrivant journellement ensuite, depuis le 19 août à 28, neuf journées, rien. Je me suis déjà imaginé pleines de choses et surtout qu’il a arrivé quelque chose à papa comme je savais que tu y vas. Enfin, bien que tout est en ordre, tant chez lui que chez toi.
Comme j’avais écrit dans ma lettre ne t’arrivant, hélas, qu’après ton retour, je t’avais prévenu à ne pas attendre trop de la visite. Curieux, dans la lettre de Deborah que je viens de recevoir, elle décrit un peu autrement l’attitude de papa. Je te l’envoi à la lire.
Mon amour, j’ai bien compris ce que t’as écrit, puis-je venir déjà aussitôt que j’ai les papiers ? Si oui, j’essaierai les recevoir plus rapidement, depuis deux mois et j’ai rien reçu encore. De toute façon, si tu m’envoie une invitation légalisée par la police de là-bas cela m’aidera. Mais je crois ne pas en avoir besoin.
Tu n’as pas compris pourquoi j’ai interrompu le congé ? Subitement Agnès avait 39,3°, juste pour un jour, le lendemain 38,5 puis sans fièvre. De nouveau ses amygdales, mais j’ai dû les traiter à la maison et maintenant l’école maternelle a recommencé. De 8 à 1230 puis je l’ai ramenée à la maison, elle a mangé puis elle dort aussitôt.
À peine j’ai fermé sa porte et j’ai pris le crayon dans le main pour t’écrire. Ta lettre est arrivée seulement à 12 30 et je l’ai lu pendant qu’elle mangeait sans m’arrêter un second. J’étais déjà de mauvaise humeur et nerveuse, mais maintenant que m’as écrit de nouveau, tout va bien et en ordre, mon amour.Demain je passe l’examen à une heure, nous verrons ce qui sera. J’ai un peu d’émotions, c’est naturelle d’avoir du trac, n’est-ce pas ?
Es-tu sûr d’obtenir le Permis de Travail ? De toute façon sinon là, ailleurs, tu l’auras, n’est-ce pas? J’ai envoyé une longue lettre à Gabrielle, as-tu écrit à Fanny? Sais-tu quelque chose de lui ? Nous allons boire le champagne, au lieu de ton anniversaire et au lieu de celui de Zurich, à notre rencontre, même si on s’enivre, mais seulement une fois qu’on est sûr qu’Agnès dort ou quelqu’un est avec elle. Bien?
Il fait si chaud que j’ai commencé à boire de la bière noire et sucré sans alcool mais plus rafraîchissant que tout autre boisson. Agnès l’aime aussi, crois-moi.
Je viens relire encore une fois tes lettres et j’ai eu subitement une telle envie de toi que tu ne peux même pas l’imaginer. Et ce que je n’aurais pas pu imaginer jamais, tes lignes lus par moi ont provoqué en moi un désir urgent et corporel, si tu serais ici tu ne devrais attendre un seul second.Mon chéri, j’essaierai résoudre tout, inclusif Nazareth , aussi vite que possible, je ne suis pas exactement combien de temps cela durera. J’ai économisé de l’argent, moi aussi, même si pas trop, quand même.
Je t’embrasse avec amour et écris-moi aussi souvent qu’avant et je te répondrai de même et on se sentira tous les deux plus près l’un de l’autre,Je t’aime mon cher mari,
Judit

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je me rends compte en te lisant combien cela devait être difficile de trouveer un pays, de trouver un endroit ou vivre, ou travailler, pour tout recommencer.

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