Tu me manques énormément!

11 et 12 (envoyé le 13)

Mon chéri, je suis maintenant seule avec toi. Il est vendredi soir 9 h 30, Agnès dort, la maison est silencieuse. Les journées me paraissent de plus en plus longues comme si elles ne voulaient plus passer du tout, le temps d’arriver enfin être ensemble.

L’impatience a grandi et moi je suis de plus en plus nerveuse. Surtout que papa est venu avec cette idée d’avion ce qu’en plus de prix triple, les poids des coffres, changement d’avion à Paris, m’ont provoqué des jours énervés. Finalement même le frère de papa dit qu’il reste tel décidé avant et me conseil de partir avec le bateau aussi vite que j’arrive à arranger les affaires, avant le 1 novembre. J’ai fait un compromis, si papa veut contribuer au voyage je prendrai une place un peu meilleure mais bien sûr classe touriste quand même. Le problème d’examen m’a énervé aussi et la solitude, et tous ces fêtes m’empêchant faire une chose ou autre et m’obligeant de rester avec Agnès toute la journée (depuis dix jours avant les fêtes de nouveau des vacances). Je peux la confier de temps en temps ici ou là mais pas pour longtemps. Mais après-demain tout rentrera de nouveau en état normal. Le docteur de l’assurance maladie dit que je serais trop maigre et même aurais des problèmes au cœur, mais la réalité est que je suis nerveuse et j’en ai tout à fait assez de cet état des choses. Je n’ai plus de patience pour que les jours passent et ce qui me manque le moins et l’arrivé de papa maintenant par dessus tout, il est resté en Europe une demie année et il aurait pu rester encore une mois. Tant pis, c’est son affaire, si c’est assez pour lui à ne pas me voir que dix jours.

Je lui ai écrit que je veux qu’il nous achète certains des choses promises[1] et j’espère qu’il a bien compris de ma lettre que seulement ensemble avec toi ou qu’il te donne de l’argent et que tu les achète. Il ne m’a pas répondu encore, n’a pas eu ni le temps.

J’étais très fâchée qu’il peut donner 200 dollars en plus et n’utiliser que l’avion pour leurs déplacements (et me disant en pus dans sa lettre : qui t’a mis en tête d’aller en bateau ?) pendant que moi je me casse la tête et me demande est-ce transformer une robe avec 35 l ou acheter plutôt deux chaussures pour Agnès ? Cela me passera aussi. Comprends-moi bien, il ne s’agit pas de nous, de notre famille, il s’agit des relations entre papa et moi. De toute façon, je n’ai pas pu oublier un seul second ce que me racontait Deborah, la bonne, avant son départ d’ici, en parlant soi-disant de la fille de Stern : « elle travaille depuis ses dix-sept ans et n’est pas gêné à recevoir de son père. » Par contre, tant oncle Bela comme tante Irène leur paraît tout à fait normal (ainsi qu’à Ila la sœur de Deborah) que papa leur donne de l’argent et qu’ils leur apportent pleins de cadeaux. Je suis sa fille – et je suis convaincu que maman me dira à lui demander davantage et qu’il fasse (accomplisse) ses promesses maintenant et non pas plus tard.
Oh, mon garçon, qu’il serait bien que tu sois un peu près de moi et pouvoir parler un peu ensemble. Tu me manques beaucoup, énormément, sauf ta fille je n’ai personne vraiment près de moi, seulement toi.

Bon nuit, j’ai un peu mal au cran, j’essaierai m’endormir. Bon nuit, mon cher garçon.


Ce matin j’étais chez Ila jusqu’à dix heures quand leurs amis sont venus les prendre à la mer, puis chez Irène jusqu’à midi quand ils sont partis visiter un ami malade. Tous ont été heureux d’Agnès, mais moi je me suis sentie encore plus seule. Et quand j’ai demandé mes deux cousines pourquoi elles ne viennent plus maintenant au moins pour ces derniers temps, Irène a sauté pour les défendre comme une mère lionne. Tant pis. Même cela passera.

Revenant à la maison j’ai trouvé un papier des gens qui ont déjà visité l’appartement me demandant les rappeler et ils sont venus à midi et demi, puis d’autres qui paieraient 160 et quatre mois d’avance et à deux heures un autre qui disait qu’il reviendra à six heures pour le montrer à quelqu’un d’autre. Je vais le louer finalement, d’après ce qui parait. En suivant les conseils de Laci[2] pour dix mois et ensuite encore dix. Un dentiste qui déjà été trois fois veut en faire un cabinet dentaire et logement et offre 150 et une avance d’une année entière puis 160 par mois, mais il disait qu’il viendrait avant-hier soir avec sa femme, j’ai attendu, personne n’est venu. Mais aussitôt que je sors pour trente minutes, hop, quelqu’un était venu et ne m’a pas trouvé là.

Que cela doit t’être dur là-bas ! Mais j’arrive aussitôt que je peux, encore un petit peu et nous serons ensemble ! Nous avons l’impression dorénavant que non seulement 4 mois se sont passés mais beaucoup plus[3], n’est-ce pas ? !

Je t’embrasse, envoie des baisers,

Kimondathatlanul vàgyodom utànad ! (en hongrois) :
J’ai horriblement (inderscriptiblement) envie de toi

[1] Promis déjà à ma mère pour quand je me marierai.
[2] Voisin avocat et mari de mon amie Zsuzsi.
[3] Encore maintenant, 40 ans plus tard, j’ai cette impression.

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