« Deux enfants, ça suffit ! »

À peine je commence à reprendre un peu de confiance, je tombe enceinte de nouveaux. Bonheur.

Mais mon mari déclare :
— Je n’en veux plus d’enfants. Deux suffit !
— Il serait si bien d'en avoir encore un!
— Pas question ! Tu iras l’avorter !
— Où ?
— Je me renseignerai, je te donnerai une adresse.
Mon cœur saignait, je voulais cette enfant.

D'abord, j'ai eu une crise d'apendicite et il fallait m'opérer d'urgence. Sa maitresse recomanda un docteur à Paris à qui je demandais qu'il me fait en même temps un curétage. Il ne dit ni oui, ni non, mais au lieu de le faire, il m'ouvra au milieu de ventre et me laissa une cicatrice profond et longue en habimant ainsi mon corps, jadis mon plus grand atout de femme.

J'avais mal et de plus en plus de nausées, j'espèrais que mon mari changera d'avis. Mais non. Il m’acheta un billet aller - retour pour l’Allemagne, après avoir trouvé un docteur de Roumanie qui était là et s’occupera de moi.

Aller la nuit, revenir la nuit. Rendez-vous, l’après-midi, me dit-il.
— Tu t’en vas ce soir.
— N’en parle pas à personne que je m’en vais !
— Bien sûr.
— À bientôt.
— Bon, vas-y ! Bonne route.
Avait-il pensé "bon débaras" pour profiter de nuit à la passer avec sa maitresse? J'en suis convaincue.

Bonne route ? J’ai pleuré en allant, j’ai pleuré en revenant.

Plus d’enfants. Que faire ? Je ne pourrais en faire un contre la volonté de mon mari, mais cela saignait mon cœur.

Le lendemain matin, encore faible je reviens et je rencontre dans la cour la jeune laborantine. Elle s’approche de moi, très près, trop près et de haute de ses chaussures pointues elle me regarde d'une aire narquoise:
— Alors, comment c’est passé en Allemagne ?
— Où ?
— Ça bien marché ?
— Quoi ?
— Oh vous savez bien, me dit-elle d'un air suffisant, et vous avez bien voyagé les deux nuits ?
— Je n’étais nulle part.
— Ah, répondit-elle d’un air pincé.
Elle en savait mieux. Elle en avait profité.

Elle est partie rigolant de mon attitude, ne se rendant pas compte en quelle mesure elle m’a heurtée ou ne s’en soucie pas. Sachant pertinemment et voulant me faire savoir qu’elle avait passé ces deux nuits, chez nous, avec mon mari à moi.

Mon mari lui avait tout raconté, qu’ils en avaient discuté d’avance. Il m'avait vraiment trahie.
De rage, d'humiliation, n’ayant plus rien à perdre, j’ai décidé à divorcer.
— Quoi ? Tu t’imagines. Encore tes hallucinations de malade.
— J’en ai assez ! J’en ai marre !
— Tu ne peux rien prouver.
— Je le ferais un jour, bientôt.
— Tu rêves, tu t'imagine des choses. Tu es hystérique, je te prendrais les enfants.
— Tu sors presque tous les soirs
— Je fais ce que je veux, je suis libre, tu ne peux pas m’obliger à rester collé à toi quand même. Tu es devenue tout aigrie, desséchée.

Je ne dis plus rien. Il ne voulait de divorce, il voulait me prendre les enfants. Il fallait qu’il meure. Mais comment? Le tuer? Comment? Je ne le pourrais pas.

C’est alors qu'une guerre éclata. Je priais Dieu, quoique je n’en croyais plus, qu’on le mobilise, qu’il s’en va a la guerre, qu’il y soit tué. Je m’imaginais déjà libre, seule avec les enfants. Indépendante. Mes souhaits sont restés sans effet, même l’armé ne voulait pas de lui. C'est alors, vers 35 ans que j'ai eu d'un coup une mêche des cheuveux blancs.

C'était le point le plus bas de mon mariage avec Sandou, et qui sait, peut-être de ma vie.

2 commentaires:

jal a dit…

je ne pas compris francais beaucoup.. vous ete 70 ans? superbe!!!

Anonyme a dit…

c'est dur d'être trompée. On est trahie.
Moi, je n'ai pas vu, je l'ai su quand il est parti .... mais ensuite, je me suis rendu compte de toutes les fois ou il en a profité.
Je l'aimais encore également, mais ce jour là, ce fut fini, il avait cassé quelque chose de précieux en moi. Et cela, je n'ai jamais oublié.
Il t'en a faluu du courage pour continuer. Mais aussi, il te tenait, par les enfants.
Que ne ferait-on pas pour les enfants.
Je comprends que ce soit un moment très "bas" pour toi.
Sophos