« Pause-café » récit

Washington, c’était des années de vie sociale intense, c’était ma vie après divorce, ma vie - des découverts. Découvert de l’Amérique, le découvert que je peux vivre seule (mais bien sûr avec mes enfants), la découverte de ce que je vaux comme femme. Découverte d’une vie nouvelle, la découverte des hommes - mais surtout de moi-même.

Comme une copine m’a dit aujourd’hui : « J’ai découvert avec lui ce dont j’ai besoin, mais surtout ce que je ne veux pas ! »

Moi aussi. Cela a pris de temps, de diverses gens. On commence à comprendre, ce que je veux vraiment, ce que j’ai besoin moi et pas les autres femmes, ce que je désire de l’autre et quand le compromis ne vaut plus.

Elle m’a demandée :
– Mais tu avais deux enfants avec toi, comment as-tu réussi à t’arranger et où ? quand vous vous rencontriez ?

Quelquefois, mais très rarement à l’hôtel, avec l’un chez lui, tard le nuit, ou pendant les vacances que mes enfants passaient avec leur père. Mais la plupart de temps à midi et toute suite après.

Un jour, j’ai assisté à un événement charitable, chaque femme recevait quelque objet. Une des femmes avait reçu une petite statue, la copie de « Baiser » par Rodin, elle n’en a pas voulue :
– Donnez-le moi, si vous ne le voulez pas, je lui dis.
Je le regarde.
Pourquoi ne l’aime-t-elle pas ?

Pour moi, la tendresse exprimée par cette couple nu, tenant l’un l’autre, représente l’essence du l’amour et pas le « sexe »... c’est beaucoup plus. Puis j’ai observé l’inscription sur le statue, sur son socle on a ajouté, avec humour : « coffee-break ». En anglais aurait pu être « tea-time ». En français : « pause café ».

Et alors ? Oui ! C’est ainsi, le mois dernier que j’ai rencontré mes copains, à la « pause café ».
Pendant ma période de « pause - café », après qu’on mangeait ensemble, finalement j’ai compris que le plupart des hommes avait plus besoin de quelqu’un à qui ils pouvaient parler que d’un partenaire sexuel. Moi aussi, dans mes années solitaires, après mon retour à Paris, j’ai plus manqué la communication, parler avec quelqu’un que le sexe. Avoir un ami à qui parler, qui t’écoute. Partager. Pensés, problèmes, tristesse, joies, intérêts. Plaisirs et heurts aussi.

Finalement, je commence à croire de nouveau ce que la promesse de mariage signifie. Et j’adore encore plus, le Baiser par Rodin.

6 décembre 1979

Le premier Noël passé à Washington, j’étais seule : je n'ai pas pleuré. Les Richards, après leur sortie de l'église Unitarienne m’avaient rendu visite pour une heure.

Le deuxième Noël, j’avais invité tous ceux qui n'avaient pas où aller, des chercheurs, des hongrois et des américains solitaires. Nous étions nombreux.

Le troisième Noël arrive bientôt et pour tous les soirs j'ai une invitation ou des invités. Dommage que je ne puisse pas aller à la fois à deux endroits. Et beaucoup me trouvent sympathique.

Si rien d'autre n'était arrivé cette année, il y a déjà un fait très important : ma confiance en moi s'est agrandie, je suis en harmonie avec moi-même, « sachant que je ne suis pas parfaite, mais essayant de m'améliorer » comme me l’a écrit ma propre fille. J'ai retrouvé un équilibre interne.

Même le fait que pour la première fois de ma vie, j'écrive dans mon journal avec des lunettes, ne me dérange pas. Je progresse, on progresse, c'est cela qui est important. Et aujourd'hui je me suis bien reposée, ça c'est important ! Nager dans l'amitié, voir la joie des enfants, c'était délicieux.

Journal intime n°10 (32 à 52 ans)

Un esprit libre

du 9 décembre. 1979 (D’hymne)

Nouveaux membres, prêtre et congrégation de L’église Unitarien Cedar Lane vingt-cinq membres nouveaux ce matin sont accueillis. Parmi eux, Julie K.

Sachant qu’on ne saura jamais l’entière vérité

Et que la fraternité nous dépasse encore,

On se rassemble ici en commençant

avec nous tels que nous sommes

Pour gagner la force et l'héritage de l’esprit

Dans la recherche sans fin de l’homme

pour la vérité et l’amour,

“Mes pensées sont libres, comme le vent sur l’océan

Personne ne peut voir leur forme ni leurs mouvements

Aucune faim ne peut les trouver, aucun trou les attraper,

Mes lèvres sont fermées, en silence

mais je continue à penser et à espérer. “

8 décembre 1979

Avant-hier pourquoi le « Merci ! » de Gabriel m'a-t-il tant blessée ?

Parce qu’il reflétait la vérité : il avait un motif pour me remercier, il ne m'avait donné autant qu'il avait reçu. Ma conception, mon désir et espérance est de donner et recevoir les mêmes choses. Pas de remerciements, ni de la reconnaissance ou de cadeaux. Mais de la chaleur, de l’amour, de l’attention, du sexe agréable, de la confiance en moi - ce que je donne, ou quelque chose d'approchant. Pas moins - comme j'ai reçu nettement cette fois-ci - c'est pour cela qu’il a dû remercier. Quand il y a de la politesse à la place de l'amour, cela ne vaut plus la peine. Un baiser ou “c'était si bien avec toi” en guise d'au revoir, aurait corrigé un peu son comportement égoïste.

De toute façon, je voulais rompre avec lui, cela ne vaut rien de continuer juste pour… J'avais peur de rester seule, mais étant seule je trouverai plus vite quelqu'un de mieux, quelqu’un comme il me faudrait. Et si tout casse, il y a Bruce. Non, lui non plus, je n'en veux plus. Un jour, quelqu’un viendra qui sera “mon kilo du sucre”.

Je commence enfin à savoir ce dont j'ai besoin, mais surtout ce que je ne veux pas !

Il vaudrait mieux n’avoir personne pendant un certain temps, que sortir avec n'importe qui juste pour avoir quelqu’un, s’il n'est pas bien pour moi et s’il ne peut pas me rendre heureuse.

[Larry n'est pas venu au rendez-vous fixé pourtant par lui.]

Comme c'est vrai : « l'attente agréable, personne ne peut plus te la prendre, elle te reste ! » Á cause de cela déjà, ça mérite de rester optimiste.

Bien Julie, relativement à toi-même, tu es adroite et tu te débrouilles bien. La situation est comme elle est, toi aussi - se battre contre des moulins à vents n'en vaut pas la chandelle.

Je viens de découvrir le "Discours de la méthode" de Descartes :

“La première, était de ne recevoir jamais aucune chose pour vrai, que je ne la connus évidemment être telle. La seconde, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour mieux les résoudre. ( ! ! !) La troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu'à la connaissance des plus compliqués.”

Le véritable amour

5 décembre

De l'église Unitarienne à laquelle je vais adhérer demain : « Le véritable amour dépend de nous, est en nous et pas en autrui, et il est bon surtout pour nous. » C'est vrai - presque. Combien j'apprends de mes enfants ! C'est déjà réciproque !

1er octobre 1979

J’ai écrit sur tant de choses en détail, mais presque rien sur mes enfants. Pourtant, ce sont eux qui ont compté le plus pour moi, qui m'ont apporté, et m'apportent encore, le plus de joies dans ma vie. Peu de tristesse, beaucoup de soucis, de bonheur, de fierté et énormément de plaisir. Les hommes viennent et s'en vont, les soucis journaliers aussi, année après année du même façon. Ma fille et mon fils restent. Et comme je n'attends rien d'eux - je reçois beaucoup, énormément.

Ma mère m'a donné beaucoup et eux donneront à leur tour, à leurs enfants. Ils me donnent des joies profondes. Une caresse d'Agnès, un « Tu es belle » de Lionel, la fierté de les voir se développer, et le vase que Lionel m’a offert !

Pendant leurs vacances avec leur père en Roumanie, Lionel a aperçu un vase ressemblant à celui de ma mère et il me l'a apporté, il l'a payé avec l'argent d'Agnès. Et cette longue lettre d’Agnès me rappelant mes qualités : « Maman, n’oublie pas, tu es bien, tu es jeune, tu es intelligente... » dit-elle entre autres, mais aussi « Maman, pardonne tes erreurs ».

Ils sont à côté de moi dans mes difficultés et dans mes joies, elle davantage que lui, mais lui aussi, même si plus discrètement. Mais surtout, j'ai qui aimer.

Stéphanie doit avoir raison probablement, celui qui aime est le plus heureux !

16 septembre 1979

Le temps passe et nous changeons. Ce qui paraissait extrêmement important s'envole et d’autres choses le deviennent à leur place. Il y a quelques semaines l'important était l'amour, Larry - et aujourd’hui ?

L'important est d’être guéri, de devenir plus forte, avoir de l'énergie pour le travail, pour mes enfants et ne plus avoir mal, ni de nausées. Cela viendra, et ensuite ?

J'ai appris, du moins je commence, à « perdre en beauté ». Á ne pas regarder en arrière et ne pas pleurer sur les assiettes cassées. Peut-être, est-ce même mieux ainsi. Un jour, je trouverai quand même, quelqu'un comme il me faut, avec qui l'amour et le respect seront réciproques.
Mes enfants m'aiment et me respectent, ils me soutiennent. Je ne sais pas ce que leurs ont fait et dit leur père et grand-mère, mais ils les ont heurtés : ils sont revenus si heureux d'enfin retourner à la maison, chez eux.

J'ai peur, aussi de qu'arrivera-t-il à mon père, malade. Et j'appréhende la semaine prochaine. La décision sur l’avenir.

Julie, sois habile, sois forte !

Souvenir: le lac interdit

août 1979

Je me suis arrêtée au bord de la route. Ce lac de montagne m’attirait, me subjuguait.

- Allons nager !
- Non, maman. C’est écrit : Interdiction de nager. Privé. (Elle n'a pas changé depuis)
- Il n’y a personne autour. Personne sortant des villas. (Moi, non plus)
- Je n’y vais pas, dit ma fille.
- Alors attends-moi ici.

Je me déshabille dans la voiture et mets mon costume de bain et j’entre dans l’eau pure et tiède. Un peu fraîche, pas trop. Je nage, je nage. Le bonheur. Tout autour des arbres, puis seulement l’eau. En haut le ciel bleu, presque pas de nuages. Personne ne peut me voir de là, puis pourquoi un lac naturel sera « privé » et pas pour tous ?

Le lac n’est pas trop grand, j’arrive vers le centre déjà quand un canot me rattrape. Une voix furieuse :
« C’est interdit ! Vous n’avez pas lu ?
- Oui ? Je sors.
- C’est interdit de nager dans ce lac privé !
- Voulez-vous me prendre dans votre canot ?
- Non. Pas question.
- Bien, je sors. En nage, que faire d’autre ?

Grommelant, il s’en va en m’observant de loin. Je nage lentement, calmement.

La vie est belle, l’eau est bonne.

Interdit ? Je l’ai fait quand même.

Combien de fois dans la vie, on m’a dit « c’est impossible » et je l’ai fait quand même. Où j’en serais sinon!

Personne ne peut me prendre la joie, le souvenir de ce lac sublime, de l’eau tout autour de moi avec personne d’autre. Même en écrivant ses lignes je sens encore le plaisir du lac interdit.

Julie in Amerique 45 years old


Julie in Amerique 45 years old
par Julie70.
This is taken in Amerique, after my divorce and a time I was quite surrounded by men and looked at "a french" (while in France I am Hungarian or Romanian from where I came)

Mes enfants sont revenus!

29 août 1979, Washington

Oh bonheur extraordinaire ! Mes enfants sont revenus ! Ma fille est si gentille, encore plus que je ne me souvenais. Et tellement heureuse d’être enfin, de nouveau, « à la maison ». Ici elle se sent mieux, même si son école d'Eaubonne était meilleure que l'école française de Washington. J’espère qu'elle trouvera une bonne classe cette fois-ci et de copains. Lionel m'a dit, lui aussi, que sa « maison est ici et non pas chez son père » en ajoutant : Tu m'as tellement manqué. Tous les deux m'aiment et sont si heureux d’êtres revenus.

Lionel est devenu aussi grand qu'Agnès !
Enfin, ils sont tous les deux avec moi. Que c'est bon !
Je n'avais rien écrit des deux heures affreuses que j'avais passé à les attendre à l'aéroport: tout le monde était sortie, pas eux. "Sandou ne les avait laissé partir? Que vais-je faire?" Aucun information, 'attendez, peut-être...'

"Mais je suis leur mère, ils sont mineurs" Attendez.

Finalement, ils sont sortis. "Qu'est-il arrivé?"
- "Tanti Gabrielle nous avait donné des bonnes pommes, on ne les laissaient pas passer la douane. Alors, nous nous sommes assises et nous les avons mangé. Toutes.

Août 15, 79

Il y a autour de moi beaucoup d’hommes à qui je plais. Il peut paraître fantastique, énorme ou alors effroyable - selon la façon qu'on le regarde. En réalité, il y en a tant, parce qu’aucun d’eux n’est pas celui qu'il me le faudrait.

1. Sam avait été mon ami pendant une année entière.
Hélas, même quand il habitait encore quelques étages au-dessous de mon appartement, il ne valait guère beaucoup, ni comme amant, ni comme ami. Mais il était là à chaque fois que je le voulais, prêt à visiter un musée ou dialoguer avec sa vive intelligence (reconnaissons-le) et il acceptait (trop) facilement de me laisser en paix quand je n’avais pas envie d'être avec lui. Il partira bientôt, mais malgré tout, je n’ai pas pu me décider à rompre. Finalement, il veut si peu, il me donne si peu.`

2. Gabriel avait été mon premier amant en arrivant ici, il veut plus et donne davantage.
Il est aussi un bon copain, mais il est père de famille avec cinq enfants pleins de problèmes. Bien qu’avec lui c’est toujours bon (presque toujours), je n’ai été jamais vraiment amoureuse de lui. Et puis, il a tellement peu de temps : je voudrais un homme libre. Mais quand il n’y a personne d’autre, c’est bon d’avoir quelqu’un qui s’intéresse à moi, qui a besoin de mon amitié, me parle et m’écoute. Ce ne serait pas bien de le heurter, de rompre de nouveau.
Dorénavant, il m'accepte telle que je suis, ce que je peux donner, veux donner et il cache sa jalousie, ses questions en soi. Et il est si heureux avec moi !

3. J'ai été une seule fois avec S. d’origine hongrois, quand je voulais rompre avec Sam me donnant si peu de soi, parce que Simon me paraissait très attentif et il fut fort insistant. Mais il n’est pas du tout bien, il ne l'est vraiment pas, pour moi. En réalité, il m’a dégoûté. Depuis, il a pris un air hautain. Il faudra rompre, mais je n’ai même plus envie de le revoir pour ça.

4. Bruce a été fort agréable pendant quelques semaines. On s'entendait fort bien : il me donnait ce que je lui donnais, même si c'était seulement physique, sans harmonie intellectuelle ou sentimentale. Mais, comme encore une fois il n’a pas tenu compte de ce que je lui avais demandé à ne pas faire, je ne le reverrai plus.

5. Larry, je l’ai laissé à la fin. Pourquoi lui ? Parce que.
Jusqu'à hier, j’étais amoureuse de lui, pleine de bonheur et de malheur, en alternance. Mais quoiqu’il soit un amant éblouissant, gentil, tendre et un homme sincère, bien qu’il ait envie d’être avec moi, a faim de moi - en même temps, il tremble de perdre l’amour de son ex femme dont il est pourtant séparé et qui n'aime pas faire l'amour avec lui. Il faut donc que je le laisse en paix. Il est tourmenté et je dois le laisser faire à vie comme il le veut.

Et chercher tranquillement un sixième, ou continuer à chercher jusqu’à je trouve un homme qui est vraiment pour moi, qui sait donner et recevoir et que je puisse aimer et qui m’aime, lui aussi.

Lettre à Larry

12 août 1979 Washington


Á Larry (lettre non envoyée)


Je suis maître de moi et de mes sentiments, je peux être forte ou faible, amoureuse ou pas, comme il le faut. Je ne veux heurter personne, ni causer de problèmes, provoquer des craintes, gâcher le bonheur de quelqu'un. Quand j’aime, je veux ce que l'autre croit être le meilleur pour lui - et je peux même me persuader que c’est ce qui est le mieux pour moi aussi. Ne t’inquiète pas pour moi. Je pourrais être très heureuse avec toi - si tu le veux, si tu as besoin de moi, sinon, si tu crois ou penses autrement, je peux te comprendre et m’en éloigner.


Je voudrais seulement savoir. Si tu le sais, toi-même.


Avec les autres, ça n'a pas d'importance, mais avec toi mes sentiments sont tellement forts ! Je peux les enfouir, pas les jeter ni les oublier, “penser positivement” et... continuer mon chemin. S’il le faut, quand il le faut.


L’incertitude est plus dure à maîtriser. Je ne m'y refuse pas, mais c’est moins positif. Mais ainsi va la vie, d'accord. Peut-être, je ne t’es pas bien compris, peut-être, si. Il vaudrait mieux de devenir amis, s’ouvrir, plutôt que penser que ceci ou cela me ferait souffrir. Le doute heurte encore plus fort.

Je suis heureuse de t’avoir rencontré. De toute façon. Comme je te l’ai déjà dit, comme tu le sais. Tel que tu es. Ne te tourmente pas tant. Je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire. Nous avons toutes nos périodes des doutes, d’incertitudes, nos joies et tristesses. Hélas, il est difficile d'aider quelqu’un dans ces moments-là, participer à ses tourments. Á cause d'eux, tu me plais probablement encore plus, pas moins, même si ces sentiments ne sont pas pour moi, hélas. Curieux. Mais ça colle mieux à mes anciens rêves de “prince”. Et nous sommes tous habités, plus ou moins, par des rêves.


Ma tête me dit de rester loin de toi, mes sentiments et sensations me disent... autre chose. Malgré tout, même aujourd’hui, seulement en pensant à toi, le soleil brille davantage. N’est-ce pas beau ? ! Je suis une romantique sans espoir. OK ?

Au revoir Larry !


Je me demande, pourquoi on tient tellement à certains et moins aux autres (autre que parce qu'il font bien... et ils sont tendres) C'était la période où j'étais la plus entourée et apparaiment j'avais la "choix" mais... Sam qui me prenait aux musées était égoiste et en deux minutes pour lui c'était assez, Nicolas était marié avec plein d'enfants mais bon ami et copain jusqu'à la fin de mon séjour en Amérique, John était alcoolique même si très intéressant et Larry, Larry était amoureux de sa femme dont il était divorcé et avait l'impression de la tromper et se sentait coupable. Et non, il ne tenait pas à moi comme moi à lui.


Aprés être regardé longtemps comme la vieille, pas intéressante, c'était merveilleux d'être entourée, désirée, mais j'ai surtout appris, outre que je peux encore plaire, ce qu'il ne me va pas. Et, c'est aussi important.

Je parle à toi, mon journal

7 août 79

J'attends Larry, il tarde à venir.

Entre-temps, Gabriel, Sam et John m'ont appelée. Que faire ? Tous réunis ne valent pas Larry, mais ils ont du temps pour moi, ils existent, ils s'intéressent. J'attends, j'attends. Quelle idée de donner un rendez-vous si tardif ! L'important est qu'il arrive, pour lui, j'ai refusé tous les autres.

Anna vient de repartir à Budapest, elle m'a fait beaucoup de bien. Elle m'aime sincèrement, je l'aime, nous nous respectons l'une l'autre et nous sommes vraiment de très bonnes amies, des vraies. Mon "boss" est très bien et Szent-Györgyi [le prix Nobel] a été spécialement sympa avec moi lors de notre visite chez lui. Ceci a amélioré ma confiance, diminué mes inquiétudes.

La danse au disco avec l’espagnol, un gars faiblard mais dansant bien, ce soir-là m’a servi de leçon. Je sais à quoi je dois faire attention dorénavant, je n'aurais probablement jamais fait autre chose, puis une danse ça va encore. D'autant plus, qu'au début, c’était bien de danser avec lui et je voulais apprendre le disco. Mais il m’a serré ensuite trop près de lui et je n’arrivais pas à m’en débarrasser. Nous sommes sortis avec Anna, rapidement de ce disco et je n’y remettrai plus les pieds.

Je vais commencer aller à deux ou trois églises différentes, après le départ de papa ; j'aurais pu même y aller une fois avec lui. C'est passé. "Faire partie" peut-être me donnera-t-il quand même un avenir plus sûr.

Je suis fatiguée et je n'aime pas attendre autant. Je vais me reposer, au revoir.

J’attends toujours... Larry n’est pas arrivé. Viendra-t-il ?


Du livre : Un jour fin septembre par Marle Miller :

"Jusqu’à ce que Mac soit arrivé au sud de l’Espagne, il avait appris ce qu’il
oubliait de temps en temps - à ne pas chercher chez les autres ce qu’il ne peut
pas trouver en lui-même. Il a appris à ne pas avoir peur de rester seul ;
il a appris à être libre. Il a appris qu’après avoir eu de plaisir, il faut être
prêt à payer avec de la peine. Il a appris que pour qu’une amitié soit
réussie - il faut de la compréhension et du respect pour vos propres forces et
faiblesses. Il a appris à vivre avec le fait, bien que tout le monde soit
capable de décevoir, d'être méchant ou égoïste, tous peuvent aussi êtres
honnêtes et bons.

John - dit il - tu es mon fils, et je t’aime. Je t’ai déjà
dit que tout le monde doit avoir une place secrète. Une autre chose dont tout le
monde a besoin c'est d'avoir quelqu’un à qui parler sans se soucier de ce qu’il
dit. J'essayerai d'être cette personne pour toi. D'accord ? "


D’accord. Mon cher Journal, moi, je parle à Toi, quand j'en ai besoin.

Il y a de la vie après 70 ans

ne marche pas pour le moment "problèmes de maintenance" pour centaines des blogeurs, probablement davantage d'ailleurs, mais hélas, ce blog-là est dans un lieu qui n'a pas pu encore être récupéré.

J'attends encore un peu avant de poster sur le blog "test" que j'avais utilisé quand la dernière fois mon blog avait disparu pour plusieurs jours. Ou alors, devrais-je écrire ici? Environ 40 entre ceux, qui je crois lisent aussi à l'adresse Julie70 arrivent probablement de là, non?

Ce matin, j'ai pu encore lire le blog et vos messages, puis rien. D'abord, il prétendait que "je n'ai pas le droit à acceder à ce serveur" en français ou en anglais, puis maintenant il dit "maintenance". Le matin il disait "pour 50 minutes" et ce soir, encore rien.

A quoi c'est bon?

Il faudra absolument apprendre comment faire une copie des blogs, mais aussi des adresses de mes contacts quotidiens que je ne retrouve pas non plus. Avez-vous une idée?

Maintenant

25 juillet 79

Suis-je de nouveau amoureuse ? Après 10 ans ? Hello Larry !

De toute façon, “je suis heureuse de nouveau”.

Je me vois assise avec lui sur le sofa de salon, puis je me vois assise sur le fauteuil après son départ, heureuse et satisfaite complètement, en me baignant dans sa tendresse.

Nous sommes encore très loin l’un de l’autre, hélas. Il est honnête, réellement gentil, rêveur et quelqu’un de vraiment bien. Il me rappelle Pierre - et j’ai peur de souffrir encore une fois comme j'ai souffert après avoir du le quitter, mais «C’est si bon»

Il serait si bon de devenir de nouveau amoureuse! La vie est alors si merveilleuse, elle l’est maintenant pour moi. Larry. Bon nuit!

Plus tard :
Il paraît que je suis tombée amoureuse de Larry, au moins je commence à l’être ; ce qui apporte son lot de bonheurs et de douleurs.

Maintenant j'ai quarante-cinq ans
Maintenant je suis heureuse et je me sens fort jeune
Maintenant j'ai une amie chez moi, je suis gâtée par la chaleur de son amitié
Maintenant mon fils commence à devenir un homme, à bien se développer
Maintenant ma fille reviendra bientôt, nous serons de nouveau ensemble
Maintenant je viens de passer de merveilleuses vacances avec mon amie
Maintenant j’ai bien nagé
Maintenant j'ai un amant qui est si bon
Maintenant j'ai un chef content de moi
Maintenant je suis de bonne humeur, j'ai bonne mine
Maintenant beaucoup d’hommes sont heureux avec moi
Maintenant je me sens si bien dans ma peau !

    10 juillet 1979, à deux jours de mes 45 ans

    Maurice, mon vieil ami, avait raison : personne ne me laisse tomber s’il a déjà été une fois avec moi. C'est moi qui romps, s’il le faut et ça vient de s'avérer vrai !

    Jusqu'ici, j'ai quand même eu quelqu’un qui l’a fait, mais voilà Larry m’est revenu. Même si seulement après une année et en luttant avec lui-même.

    Quel amant ! Comme il est chaud, content et heureux d’être avec moi ! Je craignais que mes souvenirs ne me trompent, mais non, au contraire !

    Aujourd’hui, j’étais de nouveau très heureuse avec Larry.

    Puis, j’ai trop vite demandé quand on se revoit, j’aurais dû le laisser demander, lui.

    Ai-je tout abîmé entre nous ? Je ne le crois pas, mais je devrais faire plus d’attention. Attendre plus ou, au moins, me faire tirer l’oreille. Surtout, qu’il était tant contant avec moi, pour le moment, je l’espère au moins, mais hélas il ne m’aime pas. Il a peur d’aimer.

    Mais vraiment, délaissée et solitaire pendant des longues périodes amères, pendant ces mois, ces jours, ces heures, les interminables dernières années de mon mariage, jamais je n’avais espéré ou rêvé, que j’aurais un qui ne sait pas encore que c’est fini entre nous, un deuxième qui attend que j’aille chez lui la nuit et m’apporte des roses jaunes, de chaleur et de l’amitié ( ?) , un troisième revenu malgré tout me remerciant et oh que c’est bon avec lui, et ensuite, un homme gentil, craintif et attentif qui m’a attendu longtemps et même un autre à New York qui voudrait bien que je suis encore une fois avec eux.

    Et... peut-être, enfin, une fois, le VRAI apparaîtra. Celui qui deviendra mon compagnon tout à fait - mon amant, mon mari, mon ami. Existe-il ?

    En attendant, je ne peux pas me plaindre. Je me réjouis de la vie, de ce que je peux avoir, de l'amitié, de la compagnie, des caresses. Pourquoi pas ! Comme Sam est déjà éloigné de moi, tellement. Il y a quelques mois, c'est moi qui me tourmentais, me tracassais à cause de lui.

    Même mon travail est plus intéressant, va mieux. Le reste suivra.

    Mon amie Anna est arrivée chez moi pour les vacances. Elle vient de Budapest et restera ici un mois entière. Que c'est merveilleux l'amitié ! Cela vaut tout. J'ai vraiment une chance inouïe. Est-ce que je le mérite ? Peut-être, mais cela ne dépend pas de ça. Sympathie, chaleur et intérêt réciproque, il y en a ou il n’y en a pas. Il y en a. Nous nous entendons si bien !

    La vie est belle ! Aujourd’hui, encore plus belle !

    Suis-je en train de découvrir des horizons inconnus ? Mais où est le calme retrouvé ? Le calme ? Est-ce nécessaire plus que par instant ? Comme Selye dit, "on a besoin d'une certaine quantité de stress".

    On est si bien ! c’est si bon !... après. De temps, en temps.

    Comme j'ai déjà écrit, c'est une mesure, hélas peu d'hommes sont si bons. Mais c'est bien de savoir qu'ils existent et qu'ils sont heureux avec moi. Je suis plus fière de ça que de mon doctorat. C'est quelque chose ! C'est mon ambition, oh, combien plus, que la science ! Ce n'est pas un jeu, pas des machineries, de trucages, c'est - la vie. C'est naturel, c'est important, "même vital" dit Anna ( ? ! ?) Et "Que c'est bon". Et je suis bonne. Je le crois.

    Aussi bonne amante que mère. Je suis une bonne mère, telle que je l'entends et le conçois, et pas pour moi, mais pour eux. C'est eux qui comptent et le fait qu'ils deviennent indépendants, adultes et heureux, sachant se débrouiller dans toutes les circonstances. Il y a suffisamment d’adultes encore enfants. Je l’ai été longtemps, moi aussi. Suis-je adulte ? Je l'espère. Je le crois. J'en ai assez souffert. Je mérite d'être aussi un peu heureuse.

    Il y a juste 10 ans j'ai écrit : “pas grand chose, rien de spécial, mais c'est un bel événement”. Je peux le dire de nouveau, pour aujourd'hui. D'un autre.

    Pierre ne deviendra pas un souvenir moins bon, parce que 10 ans après, Larry m'a rendue heureuse, seulement deux fois jusque maintenant, mais complètement. Je l'ai attendu longtemps, comme j’ai attendu aussi longtemps que Pierre soit avec moi. Avec Pierre aussi, j'ai dû utiliser la tactique, mais cela valait la peine, j'espère que même si j'utilise ma tête, ça ira. Et, dans 10 ans ? Alors j'aurai “seulement 55 ans”. Bien sûre. C'est comme cela, la vie avec des haut et des bas ; il faut chérir les bons souvenirs.

    En relisant mon journal, écrit à mes 18 ans (il y a presque 30 ans !) je m’aperçois que ce que j’espère réussir maintenant, je le savais déjà alors : « le but est vas-y ! » Oui. J'ai réussi à me revaloriser même si ce n'est que lentement ! C’était un but qui valait la peine. Sois indépendante. Sûre de toi. Sois. Je suis. Et ne pas oublier non plus que « quelqu’un de volontaire et capricieux est mieux apprécié », donc sois ainsi Julie de temps en temps.

    J'avais raison alors : « Il manque quelque chose à l'homme seulement jusqu’à qu’il l'ait, ensuite cela le dérange ». J’étais si intelligente ! Pourquoi l'ai-je oublié ? Je dois me relire plus souvent.

    « Je sais extraire, ce qui est le plus important ». L'homme est important. Attention donc. Ne manque pas de tact, n'insiste pas... Ne donne pas trop d'un coup, plus qu'on te demande, qu’on espère de toi, qu'on attend de toi.

    J'ai sommeil, le reste une autre fois. Bonne nuit !

    A moi, les rîves inconnus!

    15 juin 79

    Je n’aurais jamais cru ça de moi! Devenir amoureuse... des choses.

    Je tiens plus aux choses que je ne croyais, davantage qu'avant. Est-ce que c'est le signe de l'âge? Les images, les symboles deviennent de plus en plus importants pour moi. J’ai viens aussi de découvrir que, pour le moment, je crains de réfléchir, tant sur moi que sur l’avenir. Pourtant je le devrais. Il est temps de le faire, c’est nécessaire. Je le ferai.

    Pour le moment, je jouis de la vie, ma maison, mes meubles, mes tableaux, mes souvenirs et les symboles. Je veux les conserver, tout en craignant de les perdre.

    *Tout ça ne me ressemble pas, j’ai toujours aimé mon chez-moi, mais je n’avais jamais eu ce sentiment si fort d'attachement. Peut-être est-ce parce que, c’est la première fois que j’ai mes meubles choisis et achetés un à un, que j’ai arrangé mon appartement à mon goût. Mais il doit y avoir autre chose aussi. Ces derniers temps, je ne sors presque plus. J’aime, j’adore être ici, je me sens si bien.

    J’ai peur de perdre ce foyer, et plus généralement, j'appréhende le changement pour l’appartement, mais en général, dans ma vie, en tout. Je me réfugie dans les livres, la télévision, le sommeil, pour ne pas penser à ce que je dois faire, devrais faire, aux bouleversements de ma vie, au besoin de déménager et à ce qu'arriverait...

    Ma tête tourne, j'ai la nausée. Sûrement parce que je suis énervée, agitée, ce que je ne voulais pas admettre jusqu’à maintenant. En même temps, je me réjouis de la piscine et de la nage, de mon appartement, du soleil et des ombres, du vent tiède et des bons films.

    (Il n’y a aucune langue que je sache vraiment bien, mais je pense en beaucoup de langues. Ce dernier paragraphe je viens de l’écrire en trois langues : hongrois, français et anglais mélangés).

    26 juin 1979

    Pourquoi ai-je tellement peur du changement ? Je l’aimais, je le voulais, je ne le regrettais pas. Jusqu’à maintenant. D’un coup, je suis prise de panique - au lieu d’en être contente. Ça ne me ressemble pas !

    Pour réussir à traverser mes périodes difficiles, je trouve toujours quelque chose.

    Voici un merveilleux passage, trouvé dans le livre “l’éloge de la fuite” de Laborit :

    Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : le cap le foc bordé à contre le soumet à la dérive du vent et de la mer ; et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l'arrière avec un minimum de toile.

    La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et l’équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui souriront à l'horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus, qu'ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime...

    J’ai fait un long chemin ! Mon bateau n’est pas allé tout droit, et oui ! j'ai découvert beaucoup de rivages inconnus, merveilleux. Donc, vive l'imprévu de l’avenir ! À moi les rives inconnues !

    5 mars 1979, Cleveland

    Le temps passe. Je suis à Cleveland dans une chambre d'hôtel et je réfléchis. Cela est aussi important qu'agir. Peut-être même plus. Et c'est plus facile dehors, qu'à la maison tout comme on discute mieux dans un café, de temps en temps. Les mots deviennent plus importants, plus sérieux.

    Je viens de me souvenir d’une discussion dans un café avec Sandou, en 1968. Il m’expliquait qu'il ne pouvait plus me supporter à cause de mes crises d'hystérie. Oui, j'avais des pleurs hystériques, chaque fois qu'il me frappait. Le souvenir de cet après–midi là me fait encore du chagrin, je le sens aujourd’hui comme si j’étais dans ce café‑là.

    Je suis aussi remplie de bonheur au souvenir de bons moments de ma vie. Dans la vie des gens, il y a quelques souvenirs inoubliables et c'est dommage seulement pour les temps gris, quand rien ne s'est passé, ni de bon, ni de mauvais, dont on pourrait se souvenir. Mais parfois, on a aussi besoin de ces temps-là.

    En relisant les défauts que je me suis trouvé à 18 ans, je me rends compte que j'ai changé un peu, mais le fond est resté le même 26 ans plus tard:

    • Du point de vue de la volonté et de l’indépendance, je n'ai plus à me plaindre. Est-ce que je n’en avais vraiment pas ou je ne me rendais pas encore compte ? J'en avais même alors!

    • Je sais mieux me comporter avec les gens et ils m'intéressent davantage. (mais je fais encore beaucoup de fautes de tact.)

    • L'opinion des autres compte encore trop. Je manque de confiance, il faudrait, au moins, que je ne le montre pas.

    • Je suis trop sincère et naïve, mais pas autant qu'avant. Et, depuis que j'ai entendu dire que je parle trop de moi, j’ai décidé de me contrôler, et choisir quand, et à qui m'ouvrir et pas trop.

    • Cela démontre aussi qu’on ne peut jamais savoir à quoi quelque chose est bon, quelquefois à tout à fait autre chose qu'on pensait. Et c’est merveilleux!

    • Je ne vis intensément que de temps en temps. Mais plus qu'avant. Presque exponentiellement plus, depuis que j'ai divorcé. Même si périodiquement je m'arrête, me repose, me cache dans mon lit pour lire. On a aussi besoin de ça, et tout le monde se relaxe différemment. J’espère que le livre sur le stress de Sellyé m'aidera aussi. Et Agnès, j’espère qu’elle revient.

    • Je dois repenser mes relations avec Lionel, on peut encore l'influencer, mais dans quelle direction ? Comment agir ? De ça, une autre fois.

    • Je ne donne pas de l'importance aux détails, mais je ne me disperse pas non plus. C’est bon et mauvais à la fois. Si le détail est important.. oui, mais alors ce n'est plus un détail. Bien sûr, l'essentiel est de savoir déterminer la frontière entre l’important et le futile, hélas, la frontière n'est pas grande.

    • Je devrais être plus organisée. Quelquefois je fonctionne trop à l'instinct ou alors en prenant ce qui arrive. Je commence beaucoup de choses. On ne peut pas laisser tout au hasard. Je ne suis pas du genre à calculer et à planifier mes actes. Mais j'essaie. Donc je me développe. Je dois encore écrire cette semaine une liste des affaires en suspens.

    • Je suis plus soignée, ordonnée (mais toujours pas assez).

    • Je suis encore égoïste, mais qui ne l'est pas ? On peut supporter ceci, mais les autres personnes m'intéressent aussi et je sais vraiment donner aussi!

    J’ai quand même pas mal de qualités aussi, non seulement des défauts.

    Je dois m'étudier plus profondément et il sera bon de chercher enfin une bonne place de travail. Surtout maintenant, que c'est devenu moins urgent puisque mon contrat est renouvelé pour une année supplémentaire. Faire une liste, puis un CV de tout ce que je peux offrir, de toutes mes réalisations et réfléchir sur la façon de les mettre en valeur.

    Je suis devenue plus nettement plus indépendante, beaucoup plus amicale et je réussis à me débrouiller seule. C’est bien.

    Il me faudrait encore quelqu'un pour qui : « Seulement parce que tu me vois bonne et que tu me respectes, je ne suis pas seule, le monde est plus beau. » Plus important pour moi qu'un partenaire sexuel. C’est le minimum qu’il me faut dans une relation... et ça me manque. Aujourd'hui je ne suis ainsi pour personne. Pas vraiment.

    Hélas, on ne connaît pas assez bien, ce qu'il nous faut.

    Je ne devrais pas oublier, non plus, je le sais pourtant depuis longtemps, mais sans l’appliquer : « Tu as le droit d'avoir des défauts ou faiblesses, mais ne les montre pas. »

    Julie, la base ce n'est pas quelqu'un d'autre, mais la confiance en toi ! Fais aussi une liste de tes qualités.

    Dans mes années noires de mariage, ce qui a été en réalité le pire, c’était d’être obligée d’y consacrer trop d'énergie et il ne me restait que peu de temps pour autre chose, pour moi, pour vivre. Lutter dans le travail c’est encore OK, mais lutter à la maison tout le temps, c’est trop fatigant et en plus s'il faut trop faire semblant.

    Je viens de lire quelque part : « On projette les désirs momentanément irréalisables dans l’avenir : c'est le germe de la formation du projet. »

    Ce soir, je n'ai plus d'énergie à continuer, ni de sortir, ni même pour méditer. Une autre fois. Je me repose, on a besoin aussi de ça. Je devrais nager plus. Et apprendre comment répondre pendant une interview de travail.

    début 1979

    Ici, collé dans mon journal, une carte postale envoyé par Pierre de France.

    Très très heureux d'avoir de tes nouvelles.
    À mon tour je te souhaite une bonne année pour 79.
    avec mille tendresses,
    mais où diable as-tu été te nicher ?

    Pierre"

    Comme on peut voir la même chose différemment...

    Agnès m’a écrit une longue et merveilleuse lettre que je garde tout le temps avec moi. Elle m’a écrit et entre autres : « Maman, pardonne-toi tes erreurs ! et vas-y ! »



    Pendant les vacances de Noël 1977 mes enfants étant partis visiter leur père vivant en France, Gabriel vint passer une longue après-midi chez moi. Le moment le plus agréable pour moi fut quand nous étions sur le divan après l’amour, mon visage sur ses genoux, il me caressa lentement. Á travers la large vitre de la maison nous regardions la neige tomber en énormes flocons.

    Peu après, il eut peur que la neige l’empêchera d’arriver à temps pour préparer le dîner de ses enfants et le charme de la soirée fut rompu. Ainsi se termina mon attachement émotionnelle envers Gabriel, même si notre amitié dura.

    Les prénoms utilisés dans le journal ne sont pas les originaux, mais derrière restent les vrais gens rencontrés. Seul à Pierre j'ai laissé son prénom, et je n'ai pas eu aucun contact avec lui jusqu'il y a deux ans. Il habite à Amiens et sa femme a mal pris le fait que je l'avais appellé. J'ai trouvé sa trace quand je faisais mon dossier de retrait dix ans avant, mais c'est seulement un jour de grand solitude que je l'avais appellé. J'ai senti une grande joie dans sa voix quand il a sû qui l'appellait, c'est ça qui reste important pour moi.

    Bilan 1978

    31, décembre 1978
    Je n’avais pas l’habitude de décrire les fins d’année, je l’ai fait pour m’exercer sur l’ordinateur de l’Institut. Faire le point, m’a aidé : je suis devenue plus contente de moi. J’ai noté ce que j’ai réalisé, ce qui m’a réussi, mais aussi ce que je n’ai pas fait et ce qui n’est pas allé bien ou ce que j’ai gâché.

    Même le fait de voir les chances envolées, celle de continuer l’enseignement à l’Université Américaine de Washington, m’aide. J’essaierai d’être positive, comme me recommande la directrice de Chair de Chimie et le voir comme un pas en avant.

    Voilà mon premier listing sur l'ordinateur, collé dans le journal.

    Où en étais-je au début de l’année ?

    Je marchais en boitant, lentement, je n’étais pas encore guérie de ma cheville cassée. Et, surtout, j’avais peur qu’en même temps, que ma cheville, mon deuxième et dernière chance dans la vie était aussi cassée, détruite.

    J’avais très peu d’amis, mes enfants étaient loin, en vacances en. J’ai passé la fin de l’année avec un collègue qui n’avait pas où aller. Presque rien ne marchait au travail aux États Unis, dans une maison meublée et j’avais devant moi encore six mois de travail assuré.

    Qu’est-il arrivé de mauvais la dernière année ?

    J’ai appris que j’avais une maladie de la peau, même si je ne vais pas en mourir (si je me soigne à temps

    Agnès c’est décidé de partir pour une année en France.

    Je ne pourrai continuer à enseigner à l’Université l’année prochaine.

    Qu’est-il arrivé de bon ?

    ü J’ai visité et adoré San Francisco. Nous sommes allées avec Agnès en Californie : j’ai une fille extraordinaire, elle a 16 ans et tant de volonté déjà !

    ü J’ai perdu 12 kilos et gagné en confiance.

    ü J’ai beaucoup nagé (je suis arrivée à 1.6 km par jour).

    ü J'ai davantage de confiance en moi en tant que femme. (J’ai plu à plusieurs hommes intéressants.)

    ü J’ai rencontré des gens captivants. Je me suis fait des copains et copines (sinon des amis) qui m’aiment bien.

    ü J’ai déménagé dans un très bel appartement, j’ai mes propres meubles : les premiers de ma vie choisis par moi-même.

    ü J’ai appris à me servir des ordinateurs pour divers usages j’en prend beaucoup de plaisir.

    ü J’ai eu un automne fantastique comme professeur à "l’Université Américaine de Washington". J’ai aimé enseigner la Chimie Analytique et l’Ordinateur.

    ü J’ai travaillé avec des Scientifiques venus de Hongrie ; trois articles seront publiés bientôt.

    ü Je suis allée à des réunions intéressantes du club ToastMaster – d’où mon courage de parler en public.

    ü J’ai eu la visite de mon père et il fort apprécié ce qu’il a vu ici. Dorénavant, il aura plus de confiance en moi.

    ü J’ai commencé à m’intégrer aux U.S.A. : j’ai le sentiment que je suis américaine et je veux rester longtemps.

    Les choses les plus importantes :

    • J’ai appris que je peux supporter les difficultés et les problèmes sérieux.
    • Je me suis rendu compte que je peux encore plaire comme femme.
    • J'ai réalisé que je sais et aime enseigner.
    • J’arrive à me faire des copains.
    • J’ai pris confiance en moi, et Agnès en elle-même. Elle est devenue remarquable ; si je n'avais rien fait d'autre dans ce monde - cela vaut tout ! même si ce n'est pas entièrement seulement mon œuvre. Et peut–être, un jour, je réussirai, moi aussi.
    • Notre logement est très agréable, j'adore mes meubles rassemblés aux diverses ventes d’occasion. J’ai un chez moi chaud et élégant en même temps.
    • J'ai beaucoup aimé enseigner à l'Université.
    • Je me suis passionnée de l’Informatique. Être prise de passion pour l’Informatique c’est bien, mais il ne faudra pas exagérer ! Ne pas y passer tous mes soirées à côté de l’ordinateur.
    • Je me sens déjà américaine, cela ne dépend pas des papiers ou de l'accent !

    Quels sont encore les problèmes ?

    Il y en a un tas de problèmes encore. Mon fils n’a pas assez confiance en soi, ne travaille pas assez bien à l’école. Ma santé, mon travail, mon avenir ne sont pas assurés et je n'ai toujours pas un vrai ami qui conterait. Tous ces problèmes seront résolus avec le temps.

    Le plus important est ce qu'il y a derrière eux, pas à la surface.

    Vivre à San Francisco est pour le moment juste un rêve, mais l'année prochaine il pourrait devenir réalité et la perte de mes kilos en trop a contribué à me sentir bien dans ma peau.

    Comme femme ?

    J'ai plu à beaucoup des hommes, surtout à Gabriel, John mais aussi à Sam, que je viens de rencontrer. Il est vraiment cultivé, fort intelligent et habite au même immeuble que moi. C’est un savant israélien veuf, mais hélas, plutôt distant.

    Larry m'a démontré, même si involontairement, quel est mon idéal et ce que je dois espérer, attendre, “ce qui est mon kilogramme de sucre” - comme me disait Stéphanie à Paris. À ce moment-là je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire. Elle me l’a dit après que je venais d'avoir une mauvaise expérience. Avec Larry, je viens d'en avoir une, merveilleuse. J’ai appris aussi qu'il me faut quelqu'un s'occupant de moi sérieusement, m’aidant et me respectant, comme John.

    L'année prochaine je dois sortir davantage, inviter des copains à la maison mais aussi, m'occuper de choses plus sérieuses et pas seulement de la vie au jour le jour. Je ne peux pas être amoureuse tous les ans, même si cela serait mieux, le plus important. Par contre, mes années sans amour ont été les plus constructives du point de vue du travail et des contacts humains, quand je ne suis pas tout à fait satisfaite, j'ai plus d’énergie qui me pousse.

    Vive l'année 1978 ! et vive l'année 1979. Aujourd’hui je me prépare à la fête, ce soir elle aura lieu chez moi !

    Voilà mes réponses aux questionnaires de livre « Hidden Job Market » (Marché Caché de Travail) pour s’analyser et comprendre quel travail vous convient le mieux.

    Les plaisirs dans les réalisations de ta vie ?

    • 14 ans : mes articles publiés dans une revue pour femmes
    • 18 ans : être bonne en compta, algèbre et chimie analytique
    • 26 ans : finir tous les examens de l’université,
    • écrire un bon papier de recherche, indépendante en recherche,
    • avoir des amies, devenir femme, apprendre le français et l'anglais,
    • 30 ans élever une fille et un fils
    • 34 ans être bonne chef de labo, écrire de bons résumés d’analyse,
    • être bonne amante, indépendante
    • 38 ans réussir de reprendre mes études : en informatique, math
    • moderne, et ensuite obtenir mon Doctorat d’État ès Sciences
    • 42 ans Au dessus des collines et vallées...
    • 44 ans Amérique, perte de poids, Californie.
    • Agnès si bien développée !
    • 45 ans Enseigner à l’Université
    • Découverte de l’Informatique.

    Il faut frapper (journal)

    15 août 1978

    L’Amérique m'a beaucoup aidée pour retrouver la confiance et il y a vraiment toutes les opportunités ici. Il faut apprendre à les utiliser, et surtout, me rendre compte de ce que je veux, vraiment. J’y réfléchirai plus tard, ce n’est pas aujourd'hui que je trouverai la réponse. Pour le moment, je vis mieux que jamais et les perspectives sont bonnes. Julie, savoure !

    20 août 1978

    Ce que je veux, ce qui me plaît ici, c’est le défi : saurai-je m'affirmer en Amérique aussi, prouver que je suis capable ? Je sens, j'espère que oui.

    Déjà en tant que femme... ce qui avait été mon premier but, je l'ai atteint, je plais à beaucoup - mais celui dont j’aurais besoin, n'est pas encore apparu. Dorénavant, je dois réussir aussi du point de vue matériel. Comment ? Je devrais avoir également du succès sur le plan professionnel ! ! ! Et améliorer mon anglais. Au moins, trouver un travail intéressant avec un salaire correct, dans un endroit agréable.

    Advient que pourra. Pour que la porte s’ouvre, il faut frapper ! mais bien réfléchir où et comment !

    25 septembre 1978

    C'est presque incroyable, mais vrai ! J'ai “frappé" à la bonne porte ! et elle s'est ouverte ! J’ai commencé depuis un mois seulement à enseigner et déjà on voudrait me garder comme professeur à temps complet.

    Julika : Professeur à l'Université Américaine de Washington !

    « Toi, tu saurais bien enseigner, tout ce que tu voudras ! » vient me dire Mary Aldritz, la directrice de la chaire de Chimie, après les deux premiers mois que j’ai enseigné le soir la Chimie Analytique aux étudiants de deuxième année !

    C'est un petit département, mais il peut encore se développer. Les relations, les possibilités sont meilleures que dans un grand et c’est un excellent début ! Et Mary, la directrice a été si contente quand je l’ai remerciée pour la possibilité qu’elle m’ait offerte. J'ai me suis rendue compte que les gens aiment jouer les bons samaritains, si tu leur dis combien ils ont été bons avec toi, ils essayeront de t’aider encore plus. C’est extraordinaire : on me trouve sympathique !

    J'espère que ça marchera ! Mais déjà, y penser, me tourne la tête ! Il y aurait un travail énorme, d’accord, mais tellement intéressant, ça vaux vraiment la peine !

    Je vais régulièrement au club “Toast Masters” où, en parlant à tour de rôle, nous apprenons à nous exprimer en public, ce club m’a beaucoup assistée, préparé pour enseigner. Et aujourd’hui, j'ai commencé à utiliser l'ORDINATEUR. La semaine dernière je m’y suis attaqué à l’appareil de Résonance Magnétique Nucléaire !

    Tout est si fantastique, j’arrive à peine à y croire !

    Récit: la véranda

    Un été en Californie, canicule. Heureusement qu’elle était air conditionné. Encore une demi-heure et elles n’avaient presque pas avancés. Julie commença à en avoir assez. Elle était en vacances !

    Á bord de sa voiture pris dans l’embouteillage de retour du travail des indigènes Julie et sa fille avançaient à pas. Elle passait des vacances avec sa fille, Agnès, avant que celle-ci la quitte, pour la première fois, tout une année habiter avec son père en France.

    Elle avait encore pas mal de chemin à faire, mais rien ne pressait. Julie se décida de s’arrêter un peu, d’attendre que la circulation devient plus fluide.

    Mais où aller ?

    Elle sort de l’embouteillage, à la première rue qui n’était pas sens interdit, elle tombe sur des rues tranquilles, endormies. Enfin ! Mais elle ne connaît cette petite ville et ne trouve pas dans cette part de la ville aucun café à perte de vue. Que faire ? Épuisée, elle s’arrête au bord du trottoir, sous l’ombre d’un énorme arbre. Elle stoppe le moteur. Julie et sa fille

    Agnès se mettent à lire avec joie mais cinq minutes plus tard, Agnès s’écrie :

    – Remets s’il te plais le moteur, il fait trop chaud, je me sens mal.
    – Bien.

    Mais elle ne peut pas laisser tourner le moteur sans arrêt, il risque de rester en panne d’essence. Il faut trouver une autre solution. Julie démarre de nouveau, la voiture longe les maisons tranquilles, une rue, une autre et puis d’un coup, Julie découvre un écriteau « Bibliothèque municipale ».

    Est-elle ouverte ? Oui ! Hurrah ! Voilà où elles pourront attendre avec patience encore une heure ou deux, jusqu’à l’embouteillage sur la rue principale se dissous. Elles entrent dans la salle fraîche de la bibliothèque.

    – Nous passons par ici. Peut-on consulter vos livres ?
    – Vous êtes inscrits ?– Non. Nous n’habitons pas cette ville.
    – Vous pouvez lire sur place, mais pas emporter les livres.
    – Merci !

    Agnès a seize ans et elle adore lire, elle trouve aussitôt une livre qui la passionne et s’y plonge en oublie tout qui l’entoure. Elle s'est assise dans la salle des journaux sur une chaise de bois.

    Julie cherche quelque chose de plus confortable. Elle parcourt les différentes salles de la bibliothèque et elle d’un coup aperçoit à travers la vitre une véranda décorée avec goût et chaleur. Pour qui est-ce ? Pourrait-elle y accéder ? Avec curiosité et courage elle se lance, cette véranda l’attire. Son livre à la main, elle s’approche.

    – A-t-on le droit d’y aller ? s’assure-t-elle quand même.
    – Bien sûr, répond la bibliothécaire, mais ce n’est pas air conditionné.
    – Ça ne fait rien.

    Elle y va, c’est comme une carte illustrée. Deux fauteuils de raphia commodes, accueillants, une petite table ronde avec des fleurs, des plantes. Sur le mur deux chapeaux de paille, un pour dames, l’autre pour messieurs. Avec quel goût tout cela a été décoré, arrangé ! Malgré la chaleur, c’est un endroit idéal pour se détendre, se reposer loin de l’encombrement des voitures, loin de tous ses soucis, de tous ses problèmes. A l’ombre et en silence.

    Julie ouvre son livre mais le repose rapidement, elle ne réussi pas à lire. La magie des lieux l’absorbe, elle rêve. Elle regarde le fauteuil en face d’elle. Qu’il serait bon d’avoir un compagnon à ses côtés ! Quelqu’un qui la comprenne, quelqu’un qui lui sourie. Julie sort son cahier de son sac et commence à écrire, décrire son rêve, ses désirs, tout que cette véranda magique a suscitée en elle. Puis elle s’arrête pour rêver encore.

    15 juillet 1978

    Quelle être, quelle merveilleuse personne est devenue ma fille Agnès ! Combien elle m'a aidée ces dernières années ! je ne peux même pas l'exprimer. Elle est devenue un compagnon, un soutien fort et même une amie ! Quelle chance j'ai de l'avoir à côté de moi !

    Elle vient de décider de partir à Paris, habiter chez son père. Peut-être, s'éloignera‑elle seulement pour une année ?

    Il faut que je laisse l'oiseau s'envoler. Il faut qu'elle essaie de voler de ses propres ailes. Elle le saura. Je n’ai pas le droit d’être trop égoïste, ni lui rendre plus dur l’envol.

    Mais mon cœur saigne. J’ai mal : comme si tout mon monde s’écroulait.



    C'est à ce moment d’énorme détresse, qu’à choisi quelqu’un pour la recruter à la Secte des Scientologie. Comme elle était docteur ès science, on lui réservait aussitôt « une place de choix ». Il commença à lui expliquer de quoi s’agit.

    Mais après avoir lu les documentations décrivant les buts, une évidence sauta dans les yeux : cela ressemblait trop à la propagande de l’idéologie communiste. Non, merci, ce n’est plus pour elle. Une fois, ça a suffi.

    29 juillet 1978 (journal, de nouveau)

    Sandou mon “ex“, (enfin notre divorce est définitivement prononcé !) m’a envoyé douze magnifiques roses rouges pour le 1e juillet, l'anniversaire de notre mariage et cela, malgré son affirmation il y a quelque années : “Je ne t’enverrai plus de fleurs, même pas sur ta tombe !” Pourquoi ? Ma lettre ? N’importe. Son geste m'a fait plaisir, malgré tout.

    Il met un joli point final à nos relations.

    J'avais oublié de début

    C'est le début de longue entrée de journal, publiée hier. Je ne sais pas comment elles se sont séparés. Comme je n'avais pas écrit depuis longemps, ce jour-là, juste quelques jours avant mes 44 ans, je m'en suis rattrappée en décrivant tout en résumé.

    Washington, le 9 juillet 1978


    Je ne comprends pas comment il est possible que pendant si longtemps je n'aie rien écrit de ce qui s’était passé, pourtant, tant de choses me sont arrivées ! Bonnes et mauvaises, la vie. Une année !

    En réalité, tout a commencé avec mon premier voyage en Amérique il y a deux ans, ce mois incroyable, fantastique, ce mois de rêve. Plusieurs rencontres merveilleuses avec Ab, nos promenades le long de la rivière, puis les trois merveilleux jours ensemble à New York. C’était fantastique ! Je me suis réjouie de toutes les minutes, de toutes les secondes. Mais à la fin, juste avant son départ vers la ville où il habitait, quand je l’ai accompagné à la gare, d’un coup, j'ai réussi à ne plus être amoureuse de lui, probablement à cause de son dernier comportement. Même ceci a été parfait !

    Je revois mes nombreux souvenirs d'Amérique, les gens rencontrés, les sourires des gens sur la rue, les fleurs de toutes les couleurs, la famille intéressante de la petite ville de Pennsylvanie qui m’a si bien accueillie pendant deux semaines. Puis ma visite à l’Institut de Recherche Médicale de Washington chez le Professeur Laki que j’ai réussi à intéresser de mes recherches.

    Après le bonheur, le malheur.

    Au retour, mon travail est en danger, mon contrat et ma subsistance menacés.
    Suit la lutte dure et sérieuse (gagnée !) pour terminer ma thèse de doctorat.

    L’été 1976, un beau mois passé en Écosse avec ma fille, les nombreux lacs et les quelques jours sereins à lire, côte à côte, dans le petit jardin plein des roses jaunes parfumés, d’une maison à l’habitant, près d’un petit lac. La pièce Disciple de Diable de Bernard Shaw si bien joué par un jeune acteur plein d’énergie auquel d’ailleurs Agnès a envoyé une carte postale au retour à Paris.

    Mais ensuite, il fallait s’y mettre et finir la rédaction de ma thèse.

    Le coup dur tomba : l'année suivante je n’aurai plus d’emploi. J’avais deux enfants à ma charge et un vague espoir d’un job pour une année en Amérique si j’obtiens mon diplôme.

    Un nouveau coup : une belle position dans un labo industriel presque gagnée, une longue attente et finalement la réponse : “surqualifiée”. Ce jour là, nous sommes allés voir "Autant en emporte le vent" : j’ai tant pleuré ! Mais Agnès et Lionel ont été à côté de moi tout le temps, m'encourageant, m’aimant.

    L’année 1976 si bien commencée, remplie des luttes, a fini amèrement : seule et avec des très vagues espoirs. Seule ? Rappelle toi, Julie, que ta collègue de travail t'a invité pour le Jour de l'An. Stéphanie, ma nouvelle amie, était aussi à mes côtés, notre amitié grandissante. Je n'ai donc pas été tout à fait seule. Après la fin de mon contrat de travail, même M. mon chef y a mis la main par une bonne recommandation et aussi le syndicat, me payant un cours d’anglais mais je me suis aidé surtout, moi-même. Persistant, travaillant, me battant.

    Au début 1977 j'ai réussi à finir, puis à rédiger ma thèse, la faire retaper (pour corriger son français) et enfin, l’accepter. Ouf.

    Je suis partie chez mon père pour me reposer, reprendre des forces et préparer la soutenance. Mon voyage en Israël (où mon père habité alors pour un temps) a été un tournant important - à deux points de vue.

    1. Mes relations avec mon père se sont détérioré, mais depuis cela s’est le cadet de mon père et sa femme, ont monté mon père contre moi, ils ont tout fait pour ternir sa joie pour mon doctorat. Au début papa était tellement fier, ensuite il n’a même plus voulu assister à la soutenance. Avec le motif, trouvé par mon oncle, que j’avais remercié mon arrière grand mère, grand-mère et mère et ma fille, mais « dédaigné leur mère ».

    2. Ma liaison avec Maurice m'a rendu par contre ma confiance comme femme. De ces quelques jours, en plus de notre amitié, je suis restée avec de bons conseils pour toute ma vie!
    « Toi, personne ne peut t’abandonner ! Fais signe, ensuite laisse lutter pour toi. » J’ai découvert aussi que dans l’amour ce n'est pas l’âge qui compte mais la gentillesse, la volonté, la chaleur, l’attention.

    En revenant en France, j'ai eu un mois inoubliable à partir du 20 avril. J'ai soutenu la thèse, réussi mon doctorat ès sciences physiques. Ma fille Agnès a préparé et apporté deux jolis gâteaux. Stéphanie et beaucoup de collègues, même mes anciens copains de Ham, ont assisté à la soutenance, sont venus me fêter. Je me suis sentie intelligente, forte, aimée, estimée et entourée. Et pleine de confiance : « Vous êtes un bon chercheur. » Je suis un bon chercheur ! Hurrah.

    Alors, a commencé l’inquiétude pour mon contrat post-doctoral d’Amérique. Le contrat arrivera-t-il ?

    J’avais déjà renoncé à l’appartement, liquidé et rangé les meubles, tout. Où irai-je, sinon ? La confirmation de mon contrat, le papier nécessaire pour mon visa, est arrivée seulement une semaine avant la date de mon départ...

    Stéphanie m’appelait souvent. Elle, Jacqueline, Jo et même Sandou m'ont aidé à liquider l’appartement. C'était bon de sentir que je n'étais pas seule.

    J’avais déjà envoyé Lionel en Pennsylvanie, apprendre l’anglais dans une famille qui ne parlait pas français et Agnès était partie en vacances avec Sandou.

    Entrée de journal: 44 ans en Amérique

    juillet 1978, Rockville, Maryland

    Je suis partie de France en juillet 1977, il y a juste une année, mais dès que j’ai mis mon pied sur le sol d’Amérique, l’angoisse m’a envahie.

    J’étais paniquée.

    Au Canada, la famille d’une amie d’enfance, m’a entourée de chaleur et j’ai retrouvé un peu de confiance. Tout en ayant peur, j’allais quand même au devant de ce que je devrais affronter. Mes premières semaines à Washington, on m’a prêté un appartement vide et un matelas. L’appartement avait l’air conditionné, mais brouillant, je n’arrivais pas à m’endormir. Je l’arrêtais, j’ouvrais la fenêtre, puis à cause de l’humidité chaude qui pénétrait je le refermais.

    C’était juste il y a une année.

    C’est presque incroyable, tellement de choses me sont arrivés depuis! De l’horrible et du bon. Mais davantage d’événements merveilleux que de mauvais. La roue de la fortune tourne vers le haut! Au début, elle descendait plutôt.

    Après seulement deux semaines en Amérique, je me suis cassé la cheville.

    Heureusement, j'avais eu au moins le temps de louer une maison meublée agréable, de m'acheter une voiture (cadeau de doctorat de mon père) et commencer à travailler, rencontrer quelques collègues. Je n'étais plus tout à fait seule, mais je m’y sentais. Lionel avait dix ans à peine, mais il est venu aussitôt que je l’ai appelé, en interrompant ses vacances et leçons d’anglais. Agnès n’est arrivée qu’à la fin d’été: son père ne l’avait pas laissé partir avant. Je savais qu’on ne pouvait jamais compter sur Sandou au besoin, cela c'est avéré de nouveau.
    Un jeune docteur hongrois, collègue de travail, m’a prédit que l'os de ma cheville sera très long à guérir et que peut-être, je boiterai pour toujours.

    Deux semaines plus tard, on m’a appris que j'avais un cancer de la peau (bénin) à cause des rayons ultraviolets que j’avais fais dans ma jeunesse pour cacher mes taches de rousseur. J’avais en plus, une allergie aux doigts sur une de mes mains, à cause des solvants trop forts utilisés lors mes derniers travaux de recherche.

    J’avais l'impression que ma deuxième chance s'était brisée.

    Je ne réussissais pas, non plus, à trouver des vrais copains. Je me sentais insignifiante, à côté d’une jeune collègue piquante je me sentais vieille, lourde, pas intéressante comme femme. Oui, il y a des gens comme cela, qui te laissent un goût amer et te font perdre confiance : il faut les éviter si possible.

    J'essayais de réaliser quelque chose, mais ni ma vie privée ni mon travail rien ne sortait comme j’aurais voulu. D’ailleurs, j’étais si paniquée que je n’arrivais même plus à lire: les lignes devenaient floues devant mes yeux, dansaient. En plus, mes enfants se sentaient mal accueillis et étrangers dans l’école américaine. Au début. Mais tout ceci est du passé.

    La roue s'est mise à tourner vers le haut de nouveau !

    Au printemps 1978, lors de l’inauguration d’un restaurant hongrois où j’avais accompagné mon chef, le Professeur Laki, j'ai rencontré Gabriel. Nous sommes allés danser et je suis devenue sa maîtresse. Il s'était fort attaché à moi, attentif, gentil, agréable, j'avais quelqu’un..... C’était un virage dans ma vie, parce que je n'étais pas amoureuse de lui, son visage amer ne me plaisait pas, mais les yeux fermés, alors c'était bien, c’était un être fin, sensible, bon et tellement heureux de m’avoir. Depuis Ab, je n'ai plus réussi à tomber amoureuse, pourtant c’est tellement mieux ! Mais même ainsi, ça peut être beau. Et depuis lors, j'ai commencé à plaire.

    Agnès m'a amenée au Weight Wachters, elle voulait maigrir, je devais l’y conduire, pourquoi ne pas l’essayer moi aussi? Lentement, mais sûrement, j’ai perdu les douze kilos supplémentaires qui se sont accumulés pendant les dernières années et je suis redevenue mince. Moralement, ma perte de poids m'a démontré que je suis capable encore de succès si j'y mets de l'énergie.

    «Si j'ai réussi à maigrir, alors je vais réussir en mettant de l'énergie et du temps dans autre chose aussi.» C’est arrivé! Ma santé s’est améliorée et ma vie sociale aussi.

    Dans l’association « Parents sans Partenaires » j’ai rencontré John. Je sais qu'il n'est pas idéal pour moi, mais je l'ai. Il m'a demandé en mariage et il m’a même offert la magnifique bague en brillant de sa mère (je n’ai pas acceptée). Il tient à moi, on s’entraide, on s'intéresse l'un à l'autre et il s'occupe bien de mes enfants.

    Ce n'est pas assez, mais c’est beaucoup plus qu’avec Gabriel qui a commencé presque aussitôt à être maladivement jaloux. Il m'énerve, pourtant il est marié et, quoi qu’il m’avait raconté au début que sa femme l’avait quitté (c’était juste pour quelques mois pour arranger un héritage), il vit avec sa femme et ses cinq enfants. Depuis, j'ai rompu avec Gabriel, mais il ne s'est pas encore fait à ça, pour le moment nous continuons à nous rencontrer en copain. Je dois apprendre comment rendre une rupture moins douloureuse. Il ne mérite pas que je lui fasse de mal.

    La semaine dernière, à la conférence sur le cancer de Boston, j’ai rencontré Larry. Je ne l’aurais jamais cru de moi : sans être amoureuse, ni aimée, rien, surtout parce que j’étais furieuse contre John qui m’appela et me raconta qu’il logeait chez son ancienne maîtresse. Miracle! dans les bras de Larry j'ai reçu ce que je n'avais plus reçu depuis sept ans. Je me suis rendu compte combien c’est important pour moi et ce qu'est « mon kilo de sucre »

    Stéphanie me disait, il y a trois ans à Paris que je dois l’apprendre ce qu’il me faut, et ne me faut pas, à moi. Nous nous sommes mieux découverts l’un l’autre en quelques heures qu'avec n'importe qui d'autre depuis des années et il était vraiment, sincèrement tendre.

    Se reverrait-on? Dois-je l’appeler ou attendre? Par une chance inouïe, il travaille au même campus que moi. Comment et de quelle façon vais je annoncer à John que je ne me marierai pas avec lui? De toute façon pas seulement qu’il est infidèle même avant le mariage, il est aussi alcoolique.

    Hier, j'ai été à une “natation party” et quatre hommes ont essayé de m'approcher en une seule soirée. Seul l’un me semble intéressant. Cette soirée m’a surtout démontré l’énorme changement qui s'est passé en moi depuis mon divorce. L’un d’eux, un « beau parleur », m'a expliqué que j'irradiais d'une chaleur sincère qui attire les hommes comme du miel, et m’a prévenu gentiment: “fais attention”.

    La semaine prochaine, il y aura plusieurs groupes de discussion, une fête pour mon anniversaire et une fête du 14 juillet. Ensuite, avec Agnès nous irons pour vacances en Californie et au retour, déménager dans un agréable appartement que je viens de louer. Je viens d’acheter de très beaux meubles d’occasion, il ne manque plus que quelques fauteuils, deux petites tables et ça serait parfait.

    Aujourd’hui j’ai 44 ans, j'ai toujours eu peur du chiffre quatre à cause de l’année 1944, mais je sens que j'ai survécu comme alors, j'ai commencé ici une nouvelle vie.

    De nouveau, je suis pleine d'optimisme et de confiance.
    Après tant des années de m'avoir sentie vieille et négligée, quelle bonheur de me rendre compte que je plaisais encore, que j'étais encore une femme désirée! Et, en cherchant ce qui était bien pour moi, ce qui n'était pas, j'ai arrété de compter... j'ai vécu pleinement, la première fois dans ma vie, tant dans ma vie privée que la vie professionelle intense.