2 janvier 1982, Washington, USA

Je suis arrivée à l'étape où ma fille. Pendant ma visite elle m’envoie au coiffeur en me confiant à un chauffeur de taxi en disant : “ayez bien soin d'elle !” Elle a une merveilleuse façon de communiquer avec tous, cette année Agnès est devenue plus gaie et beaucoup plus indépendante !

Oui, la roue de la vie tourne.

Quelques extraits du livre d'Agnès :
Les meilleures conditions pour la créativité sont, quand les récompenses externes ne sont pas importantes mais qu’on est plongé dans une activité pour elle-même. Jouez avec les idées, les matériaux, prenez des risques, explorez de nouvelles voies. L’activité vous paraîtra plus comme un jeu que du travail. Si nous suivons des règles, nous ne sommes pas créatifs.

Les étapes de la création sont :

a) préparation b) l’incubation (s’arrêter, se relaxer)
c) l’illumination d) vérification
Une grande créativité a besoin d’une longue concentration.
Donnez un comportement indépendant aux enfants et mettez devant eux des difficultés (“défis”) réalisables !
Être compétent veut dire, prendre des décisions et des initiatives, interagir efficacement avec l’environnement.

Acceptons nous nous-mêmes et les autres, soyons profondément dévoués à notre travail. Exprimons nos émotions spontanément et apprécions la beauté, sans nous soucier des opinions des autres, écartons l’anxiété, la honte, la culpabilité.

Motivations des gens :
a) survie-> faim -> sexe -> soif -> ne pas avoir de peine
b) besoin de sécurité
c) besoins physiologiques (estime, reconnaissance, être accepté, amour)
d) épanouissement (réaliser son propre potentiel, sa vraie nature)

Nous avons besoin de pouvoir contrôler notre sort et notre environnement Le besoin de confirmer ses compétences personnelles nous motive pendant une longue période.

Ceux qui créent le mieux, ne sont pas les personnes les plus compétitives. Vouloir gagner peut gêner la réalisation, parce qu’elle est mélangée à des mobiles externes. Les personnes qui ont une grande confiance en elles-mêmes se proposent des buts raisonnables et les réalisent. Ce qu'un homme peut être, il doit l’être.

19 décembre 1981

Encore une année passée. Très, très fructueuse et agréable, des bonds qualitatifs. Début d'année malheureuse et dure et six mois de tâtonnements, d’instabilité.

Ensuite la découverte de l'Apple II !

L'ère après Apple, et puis l'ère après Apple chez-moi ! Puis les douleurs de la création du programme de Stock et Facturation, les joies de la découverte du monde Apple, du monde Micro-informatique, etc.

Maintenant, je suis optimiste. Je ne sais pas ce que m’apportera l'année prochaine, mais j'ai confiance !

Un micro-ordinateur chez moi!

5 novembre 1981

Mon père est disparu depuis un an et j’ai l’impression que pendant cette année j'ai radicalement changé. Bien sûr, ce n'est pas vrai, pas tant que ça, mais plus que les autres années.


Je n'arrive pas à le croire encore : non seulement j'ai gagné de l'argent avec mon programme, mais surtout qu'il tourne vraiment bien, il sert, il est employé, utile, et c'est moi, sans expérience, ni aide qui l’ai réalisé ! Tout cela me donne une énorme dose de confiance.


J'ai réalisé en plus mon rêve d’avoir un micro-ordinateur à la maison ; apprendre et me développer chaque jour, enseigner aux autres, vivre tranquillement. Pour mon idéal, seule l'amitié me manque, mais pour le moment la passion de l’informatique, de la programmation et de mon Apple II la remplace.


Depuis quelque temps je me sens très bien sans homme. Je n'aurais pas cru que ça puisse m'arriver, mais - si ! L'âge ? L'autre passion en prend la place ? Mais mon calme intérieur est assuré même ainsi !


De toute façon, je crois moins en l'amitié depuis l’année dernière et tout ce qui s'est passé autour de l'agonie de papa et ensuite mon départ. Je ne sors presque jamais, sauf pour travailler, mais j’ai des clients et des élèves intéressants, fort différents les uns des autres. Je me sens enfin utile, plus utile que dans la recherche fondamentale.


En faisant mon auto-analyse en Amérique pendant que j'apprenais à travailler sur l'ordinateur, je me suis avouée que j'aimais bien la chimie, mais que j'adore l'informatique. C'est ce que je fais actuellement. Bien sûr, je n’ai pas un « doctorat en informatique » seulement un Certificat d’études et même cela ancienne, mais je suis en train de apprendre l’informatique et la programmation rapidement. Avoir un ordinateur chez soi aide, et devoir créer de nouveaux programmes pour des clients et devoir l'enseigner, aussi.


Programmer est créatif est satisfaisant. Utiliser l'ordinateur Apple II me comble (quand ça marche). Programmer me réjouit : il met devant moi chaque fois un nouveau casse-tête. Et d'habitude, je réussis à le faire résoudre, à faire tourner le programme ou bout de programme dont on a besoin !


Mais il y en a trop à faire.


Étudier, tester de nouveaux programmes, lire des manuels et des revues me prends beaucoup de temps. Je devrais aussi me promener, visiter Paris, regarder tomber les feuilles d’automne.


Je me reposerai pendant la visite des amies ou famille venus de loin pour voir Paris, pendant que je leur montrerai cette belle ville. Entre-temps, je travaille, j’étudie, tout en savourant la quiétude de ma maison. Je suis en paix avec moi-même, ceci est le plus important.


Ces derniers temps je n’ai rencontré aucun homme qui me fasse vibrer, mais quand je lis certains beaux programmes je les ressens avec une joie profonde, similaire à celle procuré par une symphonie, une pièce de Bernard Shaw ou un poème de Walt Whitman !


Et si j’essayais d'éditer mes journaux ? Mais pourquoi ? Qui sait. Je verrai, on verra.

De toute façon, pour les introduire dans l'ordinateur il me faudra un bon traitement de texte et plus tard aussi une bonne imprimante.


Faut-il être seule, malheureuse pour vivre une période créative ? Qu'est-ce qu'il faut pour y parvenir ? Tranquillité ? le contraire ? Comment arrive-t-elle d'un coup ?


The Work alcooliques (extrait de Reader Digest)

Les personnes passionnés par leur travail, le préfèrent au repos. Ils sont prêts à travailler n’importe quand, n’importe où et ils ne font plus la distinction entre le travail et le plaisir. Ils sont satisfaits et contents de leur vie. Ils sont heureux s’ils ont de l'autonomie, de la variété et quand ils peuvent utiliser à plein leurs connaissances dans leur style personnel.


John W. Garchner (Readers Digest)


Pourquoi certains hommes et femmes découvrent-ils une vitalité nouvelle vers la fin de leur vie ? (pour moi je sais d'où elle m’est arrivé) Pourquoi certaines personnes n’ont-elles plus de ressort à la moitié de leur vie ? ils s’arrêtent d’étudier, de se développer - parce qu’ils ont adopté des attitudes et des opinions fixes. La plupart d’entre nous, qui réussissons dans un domaine, en devenons l’esclave. Nous perdons notre sens de l’émerveillement. (pas moi !) Les personnes qui restent vivantes ont appris à ne pas se laisser enfermer dans les habitudes, les attitudes et les routines.


Rejette le mythe qu'étudier c'est seulement pour les jeunes ! C’est ce que tu apprends après que “tu sait déjà tout” qui compte. Étudie toute ta vie - de tes succès et de tes échecs.


Les époques difficiles ont une valeur scientifique, elles sont des occasions qu’un bon étudiant ne voudrait manquer en aucun cas.


À la maturité on apprend à supporter les choses qu’on ne peut pas changer. On apprend à éviter de s’apitoyer sur soi. On apprend à ne pas dépenser son énergie en anxiété. On apprend que la plupart des gens ne sont pas contre vous, ou pour vous, mais pensent à eux-mêmes.


Parmi vos obligations se trouve la rencontre avec vous-même, se connaître est le début de la sagesse ! et c’est extrêmement utile d’apprendre à ne pas se mentir à soi-même. Une des choses les plus valables qu’on apprend, est, qu’on est finalement responsable de soi-même. Vous ne reprocherez plus aux autres ou aux circonstances vos problèmes - vous agissez. Si vous voulez continuer à étudier, vos meilleurs alliés vont être : la motivation et l’enthousiasme.


Certaines personnes restent ainsi pleinement vivantes jusqu’au jour de leur mort. Elles s’intéressent aux choses, regardent autour d'elles, ont du plaisir, prennent des risques. Surtout, elles savent combien c’est important que leur vie ait un but, soit utile à un but reconnu par vous-même comme valant la peine.


Enseigner ? mais je ne crois plus beaucoup que c’est possible. Faire un travail, aussi bien qu’on le peut, c'est déjà un choix magnifique.

Demain je vais avoir 47 ans!

11 juillet 1981

Demain je vais avoir 47 ans! Je n'arrive pas à le croire. Je ne m'en fais pas, mais comment tant d’années ont-elles passées ?

Et qui aurait cru que je deviendrais une passionnée de l'informatique, l'enseignerais aux adultes, écrirais un programme informatique de gestion de stock. En plus, tout ça me plait, comme si c’était un jeu et pas du travail. Je le fais donc jour et nuit, dix à quinze heures par jour et j'ai déjà énormément appris.

Je fais ce qui me plaît : étudier, appliquer et enseigner, rencontrer des gens, découvrir différents lieux ; et en plus, je suis libre de mon temps, je travaille selon mon propre rythme. Je vis au milieu de Paris, je suis tranquille (en général) et heureuse du développement de mes enfants. Pour le moment, voilà, le reste est moins important.

Le Butte Montmartre est merveilleux.

De nouveau, j’écris après une période basse, auparavant j'écrivais même à ce moment-là et pas seulement quand je me sentais mieux.

Je viens de découvrir Sénèque. Sa philosophie est remarquable et comme d'habitude, j'en prends ce qui me convient. Je recopierai ses citations pour pouvoir les relire (les transmettre ?) Le plus important jusqu'ici de son message que mon expérience confirme aussi : Ce qui nous angoisse le plus, ce sont les événements à venir. Mais la plupart du temps ils ne se produisent pas. Et s'ils arrivent ils sont moins graves qu'on ne le craignait.

Les pensées de Sénèque écrites il y a deux mille ans et toujours valables montrent que la nature humaine n'a pas changé depuis tout ce temps ! C'est difficile à croire. Pourtant c'est vrai.

Pensées éternelles et durables comme les Grands Canyons.

J'ai repeint mon lampadaire, ma chaise et l’étagère en beige claire, depuis mon appartement me paraît encore plus agréable et plus chaud.

Je me sens si bien ici ! Enfin.

Bon anniversaire Julie !

Souvenirs: changer de métier

Stéphanie lui avait dit qu’on devient vraiment adulte, une fois que les deux parents ont disparu. Julie, n’avait pas beaucoup de loisir à réfléchir, ni de s’attrister, il fallait absolument AGIR. Elle devait compter sur elle-même.

Dorénavant, sans sa mère à qui parler (Stéphanie était loin) sans son père à qui demander d’appuis financiers, il se secouer et se débrouiller soi–même.

Il fallait trouver vite du travail, n’importe lequel.

Comme elle ne retrouva pas à l’institut de recherches où elle avait travaillé avant de partir, elle continua ses recherches. Au bas des marches, elle découvrit une « Musée d’art juif », il s’y trouvait aussi une agence de placement.

— Savez-vous enseigner les math pour jeunes préparant leur bac?
— Non, mais je peux enseigner la chimie. Et… l’informatique.
— L’informatique ? Tiens, justement il y a une demande !

C’est alors que Julie changea de métier, de chimiste elle devint « enseignante en micro–informatique ». Elle apprenait sur le tas ; spécialiste Apple II, et plus tard de Macintosh.

Les ordinateurs et leurs programmes est devenu sa passion, tout comme son nouveau quartier, Montmartre. Heureusement qu’elle avait dû partir des États Unis et revenir en France. Sinon, elle serait encore dans ses éprouvettes et loin de son Bute Montmartre adoré ! Comme son arrière grande mère avait raison : de tout mal quelque chose de bon sortira.

" Go forth. The way to go shell glimmer in the mind. “

quand tu ne trouveras plus de chemin,

5 mai 1981

Continue donc, compagnon,

quand tu ne trouveras plus de chemin,

tout étant sombre, dans le brouillard,

La voie vers où aller doit étinceler en toi.

Va plus loin, parce que du plus petit signe

Est venu tout ce qui vaut quelque chose...

par John Masefield

En quelques semaines, je me suis rendu compte de mes grandes possibilités d’étude : apprendre, comprendre, extraire, trouver l'essentiel et le synthétiser, et aussi de l'essor énorme que l'Informatique a pris en France depuis mon départ il y a quatre ans, de la diminution spectaculaire du prix des micro-ordinateurs et de leurs énormes possibilités. C'est ahurissant de voir combien de choses peut réaliser même un micro de poche ! Ça ne sera pas facile, mais j'ai pris confiance.

Apprendre, utiliser, faire quelque chose d’utile et l’enseigner aux autres, me rend heureuse et pleine de vie de nouveau. Comme d'habitude je me cramponne à un bout de ficelle, à un brin d’herbe et je regrimpe.

En relisant mon journal, je me suis rendu compte que je n'ai rien écrit pendant ma période basse : mars et avril n'ont pas été faciles pour moi, mais c'est du passé. Je cherchais de travail et l’on me disait : « difficile de trouver de travail à quarante-sept ans, femme et pas née en France ! »

J'ai changé donc de métier : de la en chimie à micro-informatique.

J'ai reçu de bonnes nouvelles de ma fille, elle se débrouille bien, elle a mûri. Mon fils va pas mal, encore quelques mois avec son père, puis il me revient.

La vie est devant eux ! Devant nous ! Mais je dois vraiment maigrir. Et réapprendre à bien parler le français.

30 mars 1981

Enfin, de nouveau chez moi !

Un joli lieu, un petit appartement agréable, je l'adore. Mais il faudra encore l’arranger, le meubler.

Hélas, je me suis tordu la cheville encore une fois à cause de nombre des marches à grimper chaque jour vers la maison, vers le haut de Montmartre : j’aurais dû marcher avec de meilleures chaussures.

De mes fenêtres, j'écoute le chant des oiseaux, je peux voir tout le nord de Paris, le parc de musée Montmartre et l’autre côté le grand tour du Sacré-Cœur. J'ai une chambre agréable et j'ai déjà même un matelas où dormir. Mes livres rangés sur l’étagère.

Depuis une semaine, j’ai même de la lumière électrique, de l’eau chaude et de gaz pour la cuisine ; jusqu'à maintenant, j'avais seulement des bougies pour m’éclairer.

Je vais avoir bientôt un divan et deux fauteuils agréables, mais il ne sont pas encore ici. Édith, mon amie d’enfance qui habite dorénavant à Paris, va me les apporter bientôt.

Et je me suis acheté de merveilleuses tulipes rouges !

Arriver en Europe

24 février 1981

Je viens de quitter l’avion. Arrivée en Europe avec “Iceland Air”, j’écris ces lignes du train Luxembourg - Paris. Pour le moment je suis toute seule dans un wagon de première classe avec tous mes bagages, tout que je possède ( !) et j’attends. Le train devrait partir dans vingt minutes, mais personne n’y est pas encore monté.

Bientôt, j'arriverai à la Gare de l’Est, et là-bas, je ferai quoi ?

Même pas une nuit assurée. Enfin, on verra. Ce qui est incroyable, c’est que je vais être obligé - cette fois - de faire quelque chose, choisir moi-même et agir. Je serai aussi obligé à réapprendre mon français, et rapidement ! Il me faudra recommencer à lire, et attentivement, les classiques français.

De toutes façons - quel changement en moi !

C’est vrai qu’une partie de ses transformations viennent du fait que mon père n’est plus de ce monde, n’est plus à côté de moi. Mais c'est plus que ça. Déjà, je n’étais plus la même depuis un certain temps, pas tout à fait. Je n’ai pas plus du tact, mais j’ai appris pas mal d’autres choses, cela oui. Suis-je redevenue moi-même - ou meilleure ? (ou pire ! ?)

N’ayant pas dormi depuis trente-deux heures je suis trop fatiguée pour y réfléchir sérieusement, de l’analyser en détail, je laisse cela pour une autre fois.

Sur l’avion de San Francisco - Washington

19 février 1981

Comme si ce n'était pas la même femme qui revenait que celle qui, il y a deux semaines, a traversé le continent américain dans l’autre direction, mon cœur saignait, mon âme heurtait, j’étais fatiguée épuisée.

Ces vacances de deux semaines ont été pensées sagement, et même si elles nous ont coûté cher, cela valait la peine de venir, je recommencerai tout différemment comme je l’aurais fait si je n'étais pas venu.

Le désert, les roches, le sable, le soleil et la petite ville en colline sur la côte de Pacifique, toute fleurie, ont laissé des traces ineffaçables en moi. Encore quelques jours et je m’en vais.

À Paris, m’attendent d'autres problèmes, mais j'attaquerai le tout avec plein d’énergie.

Il m’a fallu ce voyage avec Stéphanie (et même Jeannine) après le choc de novembre et le décès de papa. Tout me paraît différent, mes blessures se referment lentement mes craintes énormes déceptions me paraissent déjà amoindris.

Si je me rappelle l'immensité et l'éternité de Death Valley et de Grand Canyon, mes soucis deviennent réellement minuscules. Grâce à eux j’ai reçu beaucoup de nouvelles idées et du courage. Quelque chose se réalisera, même si ce n'est pas à ce que je pense pour le moment.

Il y a quantité de beaux endroits en Europe aussi, endroits que je n’ai pas encore vus. Ils m’attendent. Et ni pour les enfants, ni à moi, ne nuira pas d’être séparés quelque mois. Agnès continuera ses études à Washington et Lionel sera pour six moi avec son père, cela me donnera de temps à me retourner.

Peut-être pourrais-je gagner un peu d’argent, peut-être non. De toute façon, c’est un bon sentiment d'avoir quelque chose derrière soi, ne pas devoir penser à demain, seulement à plus tard. Je découvrirai Paris toute seule. Vraiment, il y a tellement de joies gratuites ou bon marché dans la vie. Et je maigrirai, ce qui est trop, est trop. Ainsi, tout ira mieux. J’ai appris, je commence à apprendre, qu'il faut vouloir, oser et l’obtenir tranquillement et avec détermination. Je dois beaucoup apprendre encore, mais la vie est ainsi et j’aime ça.

Agnès avait raison, pourquoi écrire mon journal en hongrois ? Elle ne la comprendra pas, ne pourrait pas lire si quelque chose m’arrive. J’écrirai dorénavant plus souvent en français (ou anglais). C’est curieux d’habiter pour quelques jours chez ma fille, n’ayant plus de chez-moi. De toute façon, Washington n’est pas la Californie, les gens ont plus des soucis, ils me paraissent aussi plus sérieux, plus sévères. Et il pleut, il fait sombre ici. Mais demain le soleil brillera de nouveau.

Pourrait-je jamais raconter le sentiment qui m’envahit en m’enfonçant seule de plus en plus dans les Dunes de Sable du Valée de la Mort? Je n’avais pas envie d’en sortir. Je me suis couchée dans les dunes de sable fin, regardant le ciel et me me suis sentie tellement chez moi ! Quelque chose l’attirait dans le sable: est-ce l’atavisme ?

Sans domicile fixe

" Dans la grande masse des textes, sont cachés des grains de vérités.
J’espère que des gens courageux vont le lire, le prendre sérieusement,
trouver et reconnaître les petits grains de vérité qu'il contient,
les intégrer dans leur expérience et les utiliser comme leurs outils."

Nevil Shoute.(De ma thèse de doctorat)

D’un tee-shirt que je viens de trouver à San Francisco :
« Je ne vieillis pas, je deviens meilleur. »

Stéphanie et Jeannine, une amie de celle-ci sont arrivées de France faire avec moi la dernière voyage en Californie.

De nouveau, je suis sur un nouveau chemin de ma vie, sans adresse. N'habitant nulle part, je suis pour le moment “sans domicile fixe”. C'est un sentiment curieux. Je devrais sentir que le monde m'appartient, mais au lieu de cela, je suis angoissée. Pourtant San Francisco est pittoresque et agréable même quand je me sens ainsi même s'il y a certaines personnes moins sympas autour de moi.

Peter avait raison : attention à certains gens, attention avec qui on va dans certains lieux qu’on adore, le plaisir peut être gâté facilement, à cause de la méchanceté, ou simplement, par bêtise. Je n'aurai dû amener personne dans ma ville adorée, personne à part ma fille Agnès, ou alors bien réfléchir, qui d’autre. Jeannine, l’invitée de Stéphanie est de plus en plus insupportable.
Je ne peux plus me promener ivre de soleil, du haut en bas des rues bordées de maisons multicolores de San Francisco, et ce soir je n'ai pas pu aller voir Richard Burton dans "Camelot".

J'ai quand même eu du plaisir avec les cerisiers en fleurs, la caresse du soleil, les sourires des gens - mais la prochaine fois je vais mieux veiller qui je conduis à mes endroits préférés et quand. Comment sera Berkeley avec elles ? Et comment seront le désert et le Grand Canyon ?
Je vais retourner en France seule, parce que je veux voir, sentir, humer et regarder Paris d'abord avec mes propres yeux, sans être influencé.

Stéphanie me heurte pleine de bonne volonté mais Jacqueline à cause sa nature méchante. Elles fouillent avec leurs mains dans mes blessures encore ouverts et me font fort mal.
Peut-être ce matin pourrais-je réfléchir, c'est bon d’être un peu seul. Stéphanie a dû comprendre que j'ai besoin de solitude et c'est pour cela qu'elles prennent un petit-déjeuner si long ce matin, loin de moi . Je crois que c'est important pour tous, c'est pour cela qu’il faudra une chambre séparée pour Lionel.

Ma vue s'est beaucoup abîmée, je ne peux même plus écrire sans lunettes, tout paraît trouble sur la page.

Plongée jusqu'au cou...

15 décembre 1980

« Et maintenant, je suis ici, plongée jusqu’au cou. »

Mais je commence déjà à me tranquilliser et être heureux de ce qui viendra, de ce qui est possible et positif. De mes amies qui m'attendent en France, de la tranquillité que j’aurais (peut être). Bonne nuit. J'ai sommeil, à demain.

Washington, 2 janvier 1981
Je n'ai pas très envie de faire un bilan de l’année 1980, c’est assez négatif pour moi, mais en regardant vers le futur ça le parait moins. J'aurais pu être aussi moins adroite.
Et, qui sait à quoi quelque chose est bon ? !

30 Nov. 1980

Le plus important est de ne pas se précipiter. La terre ne brûle pas : vas doucement. Réfléchie et étudie bien, avant de décider. Examine toutes les possibilités et leurs conséquences. Agis seulement après. La vérité est que je suis épuisée, il faut me donner du temps pour me reposer.

Si mon ex vient nous rendre visite c'est bien, sinon c’est peut‑être encore mieux. Ne pas le laisser me conquérir à nouveau seulement parce qu'il sait être tendre ! Mais c'est difficile.
Quel tendre et gentil amant peut-il être - quand il le veut.

N'oublie pas comme il t'a blessé et combien de fois. Ce n’est pas papa qui nous a séparés, comme il essaie de me convaincre maintenant, mais ses propres comportements à lui, ce qu'il m’avait dit et m’avait fait et son indifférence à mon égard pendant de longues années.

27 novembre 1980

En revenant à Washington après un mois entier passé près de papa, je me suis rendu compte que mes enfants ont encore besoin de moi beaucoup plus que je ne le croyais. Même si je suis seulement dans la chambre à côté d’eux, mais que je sois là.

Mon absence d’un mois était déjà trop. J’étais plus inventive que je le croyais ou qu'on pouvait le croire, mais je ne suis pas assez forte contre tous ces gens méchants qui mentent, déforment - et hélas, il y en a trop dans le monde !

De plus en plus, j'ai le sentiment que si je n'ai pas réussi à obtenir le droit de rester aux USA, c'est parce que quelqu'un (qui ?) a travaillé, intervenu contre moi. Mais je ne sais pas si c'est la main de quelle méchante femme et pourquoi ? Ce qui est sûr c'est qu'on a insinué, répandu des mensonges sur mon compte, c'est leur pain quotidien. Je ne crois pas que je puisse lutter contre des gens si méchants.

Ce qui m’a particulièrement heurté était quand je me suis rendu compte que “mon" propre avocat - en lequel j'ai cru - m'ait trahi, m'ait livré, même essayé de me provoquer pour mieux m'enfoncer. Mais le monde est ainsi, il faut compter avec. Le pire est que je me sois trompé sur celle qui m’a recommandé cet avocat, elle devait savoir pourtant qui il était en réalité.

26 novembre, 1980, Washington avec visa touriste

J'ai fait ce que j'ai pu humainement faire. Pour lui et pour moi aussi, cela a été préférable que le sort ait décidé que le 8 novembre son cœur s'arrête. Surtout après son attaque et l'attaque au cerveau arrivée après que Déborah l'ait tellement énervé.

Comment n'a-t-elle pu le laisser en paix, même à la fin, même à la dernière minute ? ! C'était aussi bien, parce qu'ainsi je n'ai pas dû le laisser vivant mais végétant dans des mains hostiles.

De toute façon, ce n'était plus une vie, il était complètement à leur merci. Même en étant là, à côté de lui, en passant autant de temps avec lui, je n'ai pu le défendre complètement et de tous.
Heureusement, il n'y a pas que des individus ignobles sur terre, comme Deborah, le cadet de papa et l’infirmier roumain qu'ils ont engagé pour l'effrayer, le continuer à lui faire de chantage. Il existe aussi des gens bien. Ainsi a été son docteur d’Israël, ce n’est pas pour rien que papa lui avait fait confiance, et aussi ma tante Hanna. Mon amie Suzanne et son mari m’ont aussi entourés de leur chaleur.

Au-dessus mes espérances, même Sandou. Bien sûr, il ne m'a pas reconquis avec cela, mais quand ma mère est morte, il avait été aussi très compréhensif et affectueux. Il peut, quand il le veut. Hélas, et il ne faut pas que je l'oublie, chez lui, ceci ne dure jamais longtemps.

Au retour en Amérique, la prolongation du visa refusée, la demande d'immigration aussi. On m’avait donné un visa touristique de trois mois. Juste pour liquider l’appartement.

trois notes le meme jour

pour ceux qui ont manqes, sur le meme sujet, la perte de mon dernier parent, mon pere. C'etait une periode tres dur pour moi, surtout avec tout ce qui l'a entoure. Il y a des haut et des bas dans la vie, je la sentais tres basse, mais comme d'habitude, a la longue quelque chose de bon est sorti: etre seule m'a poussee a devenir plus adulte et assumer ce que je fais et m'a propulsee en avant.

28 octobre, 1980

On ne pourrait pas croire qu'une chose comme celle-ci existe, on pourrait dire que je l'ai seulement imaginé. Mais je sais, je le sens, tout est vrai : Déborah (la deuxième femme de mon père) voulait se débarrasser de papa.

Peut-être pas le tuer de ses propres mains, mais… Ce qui est tout à fait sûr, c'est qu'elle voulait qu'il soit déclaré irresponsable, le faire interner dans un asile de fous. Il est possible qu'il ait fait des actions mauvaises, laides, mais quand même il n'a pas mérité ça, et il est mon père. À mon arrivée, j'ai réussi au moins à le sortir de ça et qu’on le tient enchaîné. Empêcher sa femme de le déclarer fou et le torturer avec ceci ou cela.

Déclarer fou quelqu’un parce qu’il a une volonté normale mais forte ?

Il n'est pas encore tout à fait bien, mais depuis que je suis ici, il est en meilleur état, on ne peut même pas dire à quel point. J'espère pouvoir faire quelque chose pour lui aussi en Israël où l’on veut le ramener et même pour que mon avenir soit un peu mieux assuré, au moins, avec ce qui en reste encore. D'après moi, plus de trois quarts sont disparus déjà.

Heureusement le tranquillisant que j’ai pris vient d'agir, il faut que je puisse dormir au moins cette nuit, avant notre voyage, il le faut absolument.
Je raconterai une autre fois, ce qui c'était passé autour de mon père et son agonie, suffit de dire maintenant: ce fut une cochemare!

25 octobre 1980, Düsseldorf, Allemagne

C'est comme si des années s'étaient écoulées, pas seulement une semaine. Des haut, des bas, un jour c’est mieux, l’autre mauvais, une nuit passée avec papa pleine de souffrance, puis une meilleure journée, ensuite "où est le canif" (pour pouvoir s’évader), puis il recommence à marcher, manger, parler plus normalement et ensuite, il délire de nouveau. Un jour il est tout à fait bien et j’espère, je suis heureuse et ensuite de nouveau il s’exclame : “ils vont m’achever, libérons-nous d'ici”.

Il a peur de la mort et cherche un coupable, un ennemi - mais il y a de la logique dans son délire... Il rêve de guérir, de pouvoir bien manger et boire, d’avoir autour de lui tous ses amis et de jouer aux cartes avec eux. En réalité c'est normal de montrer, d'exprimer ce qu'on désire, mais ce qui me fait tellement mal au cœur c'est que je sais que ses désirs ne vont plus se réaliser, qu'ils ne sont plus possibles.

Demain je demanderai au docteur comment il faut se comporter en face des pareils souhaits. Et puis, il mélange la peur de la mort avec la manie de persécution. Il se souvient très bien et en détail des événements fort anciens, mais il ne sait pas ce qui est arrivé il y a un instant et me demande encore et de nouveau :
- Où sommes nous ?

Je sens mon cœur se déchirer ; personne ne m'avait dit que ça pouvait arriver, ni comment réagir et comment lui répondre ?

- Tu sais, je n'ai jamais été poltron, mais je suis devenu. J'ai tellement peur qu'on m'achève. Je dois fortifier mes nerfs, je sais que c'est très important, me dit‑il.

Ma présence lui fait du bien, mais quand je devrai partir, qu'arrivera-t-il ?! Il est tellement vulnérable, il a tellement besoin d'aide, comme un petit enfant. C'est cela qui me chagrinne tant.

"L'homme propose, le Dieu dispose"

17 octobre 1980 Düsseldorf Allemagne,

Je croyais ne pas pouvoir sortir d’Amérique, parce qu’on ne me laisserait plus revenir mais j'ai dû venir subitement en Europe, puisqu’on m’a averti que mon père se portait très mal. Que c’est horrible un hôpital où le malade devient "un cas” et l’on ne se comporte plus avec lui comme avec un être humain !

Á mon arrivé, j'ai trouvé mon père avec ses bras liés, j’ai réussi à persuader les docteurs finalement, et on l'a délié. Avec le temps, il est revenu à lui, il parle et s’intéresse. Qu'arrivera-t-il ? Au moins le traiter comme un être humain, aussi longtemps qu'on le peut encore.

Ses premiers mots vers moi, quand il put enfin parler ont été :
“l'Homme propose, Dieu dispose“.

Je m'en souviendrai comme de "tes cheveux”, les dernières paroles de maman.
Bien sûr, il n'est pas tout à fait normal, ses souvenirs sont devenus plus limités, mais de temps en temps il est complètement conscient. J'ai mal au cœur, tout ça me fait tant de peine.
Malgré tout, je me réjouis d'être de nouveau en Europe et c'est bien que je sois venue maintenant. Pour le reste, qu’il arrive ce qui arrivera.

Á une certaine époque, je disais et je le croyais que je n'avais pas de besoin, j'aurais tant que je ne pourrais même pas le compter. Maintenant je crois que ça ne compte pas. Ce n’est pas cela qui est important !

Ce qui compte c'est le joli souvenir - quand c'est beau. La chaleur et l'amitié - s'ils sont réels. Et ce n’est pas si important de faire l’amour, même si c’est mieux que sans. Je suis enfin devenue “adulte” et comme adulte je voudrais de nouveau aimer, être amoureuse, être aimée, me marier et vivre de nouveau ensemble - aussi longtemps qu'on peut, tant que ça marche. Être ensemble pour le meilleur et pour le pire. Peut-être un jour je le serais !

Me sortirai-je à la dernière minute ?

6 Sept 1980, Washington, USA

C’est curieux comme des événements m'arrivent, des problèmes viennent et disparaissent (ou restent, et restent...), mais presque aucun d’eux n’est décrit ici, seulement (surtout) mes sentiments et émotions.

Actuellement j’ai des problèmes épouvantables : dans un mois mon visa et mon contrat de travail seront expirés. Que m’arrivera‑t-il ? Que ferons-nous ? M'en sortirai-je à la dernière minute comme jusqu'ici, comme je l’espère avec mon optimisme habituel ? Ou alors ?

Mais de nouveau, je suis heureuse : Larry est revenu. Il m'a fait sentir pleine de vie, complète - le magique de cela... Je n’y croyais presque plus, mais c’est là, ça existe. Est‑ce sexe ou amour ? mais où est la différence ? Quand le sexe est bon, il y a de partage, de tendresse, souci de l'autre, alors l’amour ne peut pas être tellement loin. Où est la frontière, où est la différence ? (il y en a pourtant - ajouté plus tard)

Malgré tout, certains anciens vers me reviennent de ma cassette :

Tu veux tant et tu veux si peu,

Mais moi, je t’aime. M’aimes-tu ?

Que te dire quand tu me reverrais ?

Tu te lèves lentement, doucement,

... et de nouveau tu es en toi-même.

Jeune comme je suis, vieux comme je suis,

Parce que tout est inutile sans cela,

Tu essayerais plusieurs fois, et ne réussirais pas.

Je crois, que tu n’es pas tout qui peut m’arriver !

et de Walt Whitman :

Es-tu la nouvelle personne attirée par moi ?

Pour commencer, attention ! je ne suis pas celui que tu crois.

Tu crois que tu trouveras ton idéal en moi ?

Tu crois que c’est si facile de devenir mon amant ?

Tu crois que tu peux avoir confiance ?

Tu ne vois pas plus loin que cette façade, ces bonnes manières ?

Tu crois que tu avances vers un homme héroïque, femme idéale ?

Rêveur, tu n’as pas pensé que tout cela est seulement mirage, illusion.

De toute façon, aujourd’hui je me sens extrêmement bien dans ma peau et c'est une sensation délicieuse, n'est-ce pas ?

Á l’Université on a signé le papier dont j’avais besoin pour ma demande d’immigration soumise à l’examen lundi. Pour le reste, nous verrons.

Espérons dans la providence et l'avocat de Washington ( hélas...)

Sur la roue de la chance

17 avril 1980, Washington

Le sort est jeté. Plus difficile ou plus facile - je ne le sais pas encore, mais je le supporte bien. C’est le printemps, je plais, je suis optimiste, pleine d'idées, de plans, de travail et... de fleurs. « Je viens de comprendre que si une persistance réelle est utilisée, aucun cas n’est sans espoir. »

J'ai trouvé ceci sur une carte postale, elle me donna du courage.

Cette femme est un succès...

Qui aime la vie et la vit pleinement,

qui a découvert et partagé

les points forts et les talents uniquement à elle.

Qui met son meilleur en toute tâche,

et quitte chaque situation mieux qu’elle l’a trouvée ;

Qui cherche et trouve ce qui est beau

dans les gens et dans les choses

dont le cœur est rempli

d'amour et de compréhension

Qui a trouvé le plaisir de vivre

et la paix en elle-même.

12 juillet 1980

Sam est revenu d'Israël pour une semaine, il ne me plaît plus du tout malgré son intelligence. Hier il m'a dit qu’il était optimiste pour moi puisque « quand on veut si fortement quelque chose, on l’obtient. »

Je veux tellement rester ici, Lionel le souhaite également.

Pour fêter mon 46e anniversaire, j'ai invité John, Gabriel, Sam et plusieurs copains du club Toast Master. J'espère que cette soirée sera une réussite et qu’il m’en restera un souvenir agréable.

Qu’est-ce que je voudrais de l'Autre ?

Qu’il soit là au besoin, de la tendresse, qu’il soit un bon amant, qu’il améliore ma confiance, qu’il soit attentif à mes besoins et qu’il ait besoin de moi, de ce que je peux lui donner.

Peter croit et son groupe aussi :
« Nous avons tous des programmes dans la partie inconsciente de l'esprit, entrés là à cause de nos émotions cachées. Une impression, racontée par la victime inconsciente de "viens rêver avec moi pour que je te connaisse" est une entrée psychique(?!) ; donnant un sentiment de bien-être, mais pouvant être intercepté par l'autre (troisième œil ?).
On peut "reprogrammer" -> contrôler le cerveau : l’impression est placée dans l'esprit de la victime sans qu'il se rende compte, il croit qu'on l'aide et pendant ce temps-là, on modifie son comportement. »

Je dois méditer sur ses idées, me rendre compte de ce qui est vrai et de ce qui ne l'est pas. Il croit que pour développer le vrai "Soi” il faut prendre garde à qui l’on s’ouvre, et en plus, il faut partir vivre dans un endroit du monde Approprié à notre liberté de création.

(En fait, je me suis rendu compte plus tard, qu’ils voulaient surtout que je parte d’Amérique).

11 juillet, 1980: j'ai appris



J’ai trouvé ces lignes sur les natifs du Cancer, mon signe : sensible, replié ( ?)
Tenace et persévérant. Impressionnable, intuitif, calme, beaucoup d'imagination, ami sincère ( !) Aime les voyages, la joie, pas l'exubérance. Vit avec son passé, seulement !
Demain j’entre dans ma 46 année et je suis arrivé à Washington il y a exactement trois ans. Pendant ce temps, qu’est-ce qui m’est arrivé, qu'est-ce que j’ai réussi à faire ?
J’ai réalisée plusieurs choses :
a) J’ai des amis qui s’intéressent à moi, qui ne sont pas là seulement dans la joie, mais aussi dans le besoin. Des copains à Woods-Hoole, en Californie, à New York.
b) J’ai deux enfants qui m’aiment, qui se soucient de moi et j'ai vu se développer leurs merveilleuses personnalités.
c) Mon chef s’intéresse et prend à cœur ce qui m’arrive.
d) J’ai appris énormément en Informatique.

Ce qui est encore plus important pour moi : j’ai appris énormément sur les gens, les hommes et comment communiquer avec eux. J’ai appris que l'essentiel n'est pas ce qu’on fait pour moi, mais l'intérêt qu'on me porte et l'envie de m'aider.

J’ai appris que je ne voulais pas être importante, belle ou riche, ce que je veux c'est d'avoir des amis. J’ai appris que plus je donne, plus je reçois. J’ai appris que j’ai une force en moi que personne ne peut détruire. Mon avenir est plus incertain que n’importe quand, mais je suis une femme heureuse, j’ai des succès et je ne suis pas seule.

Okrakoke ou vire avec la nature

Okrakoke, une île isolée, ses habitants le préfèrent ainsi. (récit)

L’île se trouve au bout des “Outers Bancs” de Caroline de Nord, une longue presqu’île de 100 kilomètres souvent inondés, ravagé par tornades et ouragans. Mais quand il fait beau, quand c’est le soleil qui est au rendez-vous, ces rives au sable fin et ses maison sur pilori, vous accueillent amicalement, presque vides.

On peut accéder à Okrakoke une fois par heure, de 9h le matin à 9h de soir par un bateau qui vous transporte gratuitement, vous et votre voiture.

Pendant votre voyage qui dure quarante minutes magiques, les goélands vous accompagnent, en quémandant de pain, venant le prendre même des mains. Le bateau passe à côté de plusieurs îles, remplis seulement d’oiseau étranges.

Arrivé dans l’île d’Okrakoke, aussitôt l’atmosphère et l’eau de mer se réchauffe de dix degrés, le sable est plus fin, les vagues plus doux et il y a encore moins du monde. Vous pouvez parcourir ses plages, le plus souvent sans rencontrer personne. C’est le paradis des oiseaux sauvages et des gens aspirant à la tranquillité, des gens acceptant à vivre avec la nature.

Il a deux excellent restaurants de poisson, deux petit hôtels et autant de pensions modestes - c’est tout pour les touristes. Le reste, est le domaine des petit maisons basses, des Howards habitant là depuis des siècles et ce de leurs copains.

Ce petit patelin, autrefois vivant de contrebande, puis de pêche a été fondé par un Howard, pirate de mer. Tout y pousse à vivre selon les marrés et le temps qu’il fait, se conformer à la nature et vous y serez heureux. Économiser l’eau douce.

La mer vous attend, majestueuse, avec ses kilomètres de sable fin, le silence. On entend seulement les cris des oiseaux sauvages. Il a des plages secrets où il faut marcher à pieds pour arriver, vous pouvez vous y baigner nu, il n’y aura personne autour. Exprès, on a fait fort peu des routes pour des voitures.

Certains de ses habitants partent, le quittent pour faire une carrière, et réussissent.

Puis l’atmosphère tranquille de leur île commence à manquer, peser, et ils décident à revenir. Ainsi, le vendeur de tee-shirt qui faisait des crêpes, avait été psychologue, dans un grand boite. Il est d’ailleurs toujours bon psychologue, il m’a prédit des choses que je ne voulais pas croire, mais qui se sont avérés vraies, mais il préfère la vie de famille, la vie naturelle et tenir un cabane pour touristes dans son île natale, tranquille.


Première visite à Okrakoke

Quelle chemin j’ai parcouru à partir de la première fois quand Paulette nous fait découvrir des Outers Bank de Caroline de Nord, une longue, longue péninsule, mince et déserte. C’était déserté la première fois et chaque fois que j’y étais. Jamais rempli comme les plages roumains de la Mer Noire, la Méditerranée de Côte d’Azur ou le plage de Tel Aviv que j’avais connu auparavant.

De Washington c’est un long route, sept heures. C’est moi qui était au volant, Paulette nous guidait, Eve racontait. Nous aussi, nous nous sommes pas arrêtés à parler. Trois femmes venant d’endroits divers, trois femmes solitaires.

Paulette abandonné par son mari dirigeant d’orchestre. Elle n’arrivait pas d’admettre le divorce, l’autre femme, Paulette aimait encore ce mari qui l’avait quitté. Pourtant, elle avait essayé d’autres et elle nous les racontait aussi. L’amour en voiture. Rien réussi, rien durable. Elle voulait tant, elle exigeait tant, non seulement le sexe.

Eva vivait seule mais elle avait un amant. De temps en temps, quand celui-ci en avait envie. Un homme marié, âgé, non divorcé mais séparé de sa femme. Il lui revenait à chaque fois, puis la délaissait de nouveau. Eva nous disait qu’il était un grand poète. Plus tard, il est venu la visiter pour deux jours (ou visiter Washington ?). Il en a profité pour me courtiser, moi, la cousine d’Eve. Brrr ! Comment a-t-elle pu l’aimer tant, l’attendre, supporter tant ? Eve en valait tellement plus !

Isabelle arrivait de San Diego, l’autre côté de l’Amérique, Julie de Cluj, Roumanie, ma ville natale et moi de France, mais à l’époque je travaillais à Washington. Nous étions trois cousines, elles en fait cousines de ma mère mais nettement plus jeunes qu’elle.

Isabelle tenait à son mari volage comme maman avait tenu jusqu’à sa mort à son époux. Elle est mort jeune aussi après un tentative de suicide raté. Isabelle, deux ans après notre promenade avait réussi la sienne, hélas. Julie vit en Roumanie, toujours seule.

J’étais fraîchement divorcée. Libérée.


Je parlerai de l’immensité de la mer.

Je parlerai de chemin interminable pour y arriver.

Je parlerai de la solitude et qu’il n’y avait personne sur le plage.

Je parlerai du long chemin parcouru depuis

Je parlerai de trois femmes, chacun seule

Je parlerai de notre rencontre, nos confessions

Je parlerai de trois corps nus dansant dans les vagues

Je parlerai de sentiment de libération ressentie

Je parlerai d’oser, de l’euphorie contre l’interdit

Je parlerai des heures parcourus sur les routes déserts

Je parlerai du noir aperçue sur un divan, seule devant sa maison

Du triste femme grosse affalée devant une autre


L’étoile que j’avais écrit, avait plusieurs branches :

La 1ère était la première fois aveux et divers vies

La 2e étaient les maisons sur pilons, sable, dunes, tranquillité

La 3e c’était de ceux n’ont pas apprécié, qui m’ont déçu

La 4e, de tous qui l’ont apprécié comme moi et me l’ont fait apprécier davantage encore. Heureusement, c’était une branche riche. Mon amie Anna, l’avait vraiment apprécié, avec elle, les vacances sur l’île et ensuite, ont été merveilleuses.

20 juin 1980, Washington

Espérances vaines ?

Mon amie qui était avec moi l’été dernier, m’a envoyé de Budapest un poème André (par A. Déri) qu’elle a écrit :

Dommage qu’aujourd’hui je ne puisse pas te voir,

parce que les bacilles nous séparent,

Pourtant je t’ai attendue avec un tel plaisir

pour nous donner complètement au Désir.

Je suis quand même avec Toi,

et sans toi, je lis tes écrits, tes pensées,

mais ton livre, ton âme ne m’est pas assez,

il me faudrait ton corps aussi.

Ou alors, tu n’as pas eu autre chose en Toi,

qu’un désir d’un instant ?

Ceci ne peut pas être la vérité,

J’ai pourtant senti ton isolement

Peut-être, est-ce Toi le miracle,

Que j’attende depuis des années,

Qui est tendre et gentil,

Et qui s’enflamme aussi du grand désir.

Avec une imagination qui s’envole

Qui n’est pas détruite par le jour à jour

Qui est toujours prêt pour l’amour

Et dont le cœur s'enflamme encore.

Hélas, je crois que je me suis trompé sur Toi,

Que pour Toi, je n’ai été qu’une aventure d’un instant

Je garderai ton souvenir avec amour : ‘Je t’aime’

Je regrette que tu ne sois pas devenue mon gardien.

Je sens presque ainsi maintenant... mais quand arrivera-t-il le « vrai » ?

Questions, réponse (journal)

Ces questions, trouvées dans un article d'un journal, m'ont aidée à le faire avant d’être obligé à sauter.

Qu'est-ce qu'est important pour moi ?

Les enfants. L'amitié. Apprendre. Les livres.

Essayer et voir du nouveau. Progresser.

Mon foyer, ma place habituelle.

Les gens tant qu'ils ne me déçoivent pas.

La ville, les discussions.

La nature, le silence.

Nager en piscine ou dans un lac.

Un regard chaud. Amour, tendresse, contentement.

Les bons fruits, bien manger.

Un bon contact avec les autres.

Croire en l'avenir.

Ma santé.

Avoir confiance en moi‑même.

“Need and be needed.” (Désir et être désiré.)

Ce qui est moins important :

Ma carrière et mon travail tant qu'ils ne deviennent pas essentiels à mon existence.

La science, si elle n'est pas intéressante ou alors quand je n'y crois plus. Les gens quand ils sont méchants ou luttent contre moi.

L'argent, s'il n'est pas indispensable, s'il y en a assez pour loger, manger - et de temps en temps voyager.

Les vêtements, quand je ne recherche pas trop à plaire ; mais même alors je n'aime pas que cela arrive à cause de ce que je porte.

Les titres et les positions. Toute qui paraît bien à l'extérieur mais où il n'y a pas grand-chose à l'intérieur ; d’après moi, ils sont importants seulement pour des petites gens. Les places “élégantes”, la “bonne société” mais une agréable compagnie, c’est bien. L’ambition. Si j'en ai, c'est réussir d’être sympathique, je le reçois, même si ce n'est pas toujours de ceux de qui je le voudrais.

Le sable enfui : les possibilités qu'on ne peut plus attraper. Les années. Mon corps. Mes maladies. Mon accent. Ma destinée. La sûreté du demain.

Mes buts ?

Immigration en USA et trouver du travail. Nous pourrions être heureux ici

Me faire des amis, partager, donner, plaire, être apprécié

Redonner confiance à Agnès et l’aider à choisir sa carrière.

Que mon fils trouve des bons amis et s’éloigne de mauvais

Mes intérêts croissants dans les ordinateurs

Réussir mon discours à la conférence de Floride (réalisé)

Ces questions aussi, m’ont aidées à réfléchir au futur immédiat...

Pourquoi les voulez-vous ? Y a-t-il de conflits entre eux ? À quels sacrifices êtes-vous prêts pour les réaliser ? Lesquelles pouvez-vous les réaliser ? et dans quel ordre ?

Les pires choses qui vous sont arrivées dans votre vie ?

Holocauste : le mort de ma cousine Poussin, gazée, brûlée à 10 ans.

Notre départ de la ville de mon enfance à 14 ans.

Quand on ne m’a pas permis de finir mes études et interrompu ma recherche

Le mort de maman et les douaniers roumains jetant ses cendres sur un journal

Mon mari reprenant une amante et rejetant mon amour

Ma fille partie pour une année vivre avec son père (mais elle est revenue)

Mon cancer de la peau (finalement pas trop grave)

Quelles luttes avez-vous finalement gagnées dans votre vie ?

J’ai réussi à continuer mes études, même si seulement à distance. J'ai reçu un doctorat d’état, même si seulement 20 ans plus tard. J’ai divorcé et recommencé une vie nouvelle, je plais quand même.

Surtout, j’ai réussi à surmonter mes difficultés, faiblesses, maladies.

Qu'est-ce que j'ai réussi à accomplir ?

Indépendance, amitié, revalorisation de mon moi.

J’ai appris que personne ne peut reprendre mes rêves.

J’ai appris à perdre en beauté et de penser positivement

Quels ont étés mes joies et mes bonheurs ?

Finir les derniers examens de l’Université (plus de 40 en 6 ans).

Avoir reçu mon CAP d’informatique (je peux donc étudier encore !), ensuite j’ai reçu mon doctorat d’état.

Les joies en maths, en informatique. La 5e symphonie, les poèmes, les livres.

Mon chef apprécie mon travail, bonnes discussions

Cet automne, mes enfants sont revenus après leurs vacances.

La façon dont mes enfants se sont développés.

Vraies amitiés : Alina, Anne, Stéphanie (même si elle sont loin)

Les baisers de Simon, l’amour de Sandou, le... tout de Pierre. Se réjouir avec Ab, la joie de plaire de nouveau. Aimer, être aimé, être bonne amante.

Pourquoi est-ce si important de se connaître ?

Voilà la réponse du poète hongrois Faludy, il y a plusieurs siècles

"Certains, quand ils ont des malheurs, ne cesseront pas de se plaindre et d’avoir des doutes, ils ne s'y mettent pas, n'essayent pas de sortir de leur problème et ils en ressentent doublement le poids. Celui qui se connaît bien réfléchit et réussit à trouver le médicament, la guérison de sa blessure. Le sage, même s'il est au milieu des pires désastres s'en démêle (si c'est dans ses possibilités) et chante victoire."

Sur la roue de la chance

juin 16, 1980

Je devrais réfléchir sur mes faiblesses, me rendre compte plus clairement ce que je pourrai faire ou non dans l'avenir. Mais pour le moment, je suis incapable.

Sur la roue de la chance

assieds-toi avec soin,

Fais-la tourner, sans tomber,

Si elle t'a bien portée et

a fait tout à ta guise

Ne sois pas trop heureux.

Sur la roue de la chance

Assieds-toi avec soin !

Sa bonne humeur et sa roue

vont de la même façon

Elle tourne, elle change ;

ou elle t'attend avec un trésor

Demain elle te rend malheureux

Crois moi, sa bonne

humeur et sa roue

Vont de la même façon.

Elle ne regarde pas le mérite,

Elle est sans égard, sans regards

À qui elle a donné de l'or aujourd'hui,

demain elle jettera de la boue

Beaucoup de grands seigneurs

Qui 'ont habité son jardin, sa campagne

Ils le savent bien, ils l’ont vécu

Elle est sans égard, sans regards

Quand elle est ta mère,

quand ta sorcière

De son travail ne donne pas des comptes

elle te respecte, puis elle te tire en bas

elle te loue, puis elle te fait honte

elle t'apporte du chagrin souvent

Quand elle est ta mère, quand ta sorcière.

poème hongrois de Falludy, 15e siècle

Il faut quand même prendre du temps pour réfléchir : je le dois!


20 avril 1980 Woods Hool

C’est curieux, mais depuis hier, les choses n’ont plus la même importance. Certaines le sont davantage, d’autres moins. La lumière sur elles, l’ombre a changé.

Je suis davantage en paix avec moi-même et donc avec le monde autour de moi et j'ai le sentiment que pour le moment “personne ne peut me faire de mal, m’atteindre”. La quiétude de cette crique, la nature tranquille, les cris des mouettes, les chansons et poèmes de Peter (l’assistant de Szent Görgyi) et sa théorie qui me l'ont suggéré. Ils ont provoqué en moi une dizaine d'idées et de pensées nouvelles, je me sens revivre, je commence à mieux réfléchir. Et pas seulement en relation avec le futur immédiat, les luttes concrètes qui m’attendent, mais en général, sur les comportements et aux sentiments qu'on a de nous-mêmes et des autres, mais aussi au sujet de Bruce et de notre besoin de mieux communiquer. Encore et toujours me revient la phrase « Seul celui qui sait donner, reçoit », d'où est-ce tiré ?

Je trouve fascinant de constater à quel point des personnes différentes peuvent avoir les mêmes sortes d’expériences, mêmes pensées, sentiments et découvertes sur eux mêmes et sur les autres.

J’ai compris davantage sur moi (sur mes enfants et sur Bruce) et ce qui est vrai pour moi. Sur ma façon de concevoir la fidélité : du moment que je reçois de Bruce ce dont j'ai besoin (au moins sexuellement), je ne me laisse pas séduire par un autre. Pourtant, Peter a tout essayé, musique, poèmes, discussions sérieux, sur sa vie et la vie en général.

C'est vrai aussi que j’ai encore pas mal d'inhibitions. Est-ce bon ou mauvais ?

Sur les autres idées apprises ici de Peter, je devrais réfléchir plus tard. Bien sûr, ma paix d’âme est facilitée par de la paix du corps apportée avec moi, paix que Bruce me donne. Je ne sais pas si son importance est ou non essentielle.

Je viens d’avoir une révélation : certains plaisirs intenses de la vie sont similaires. On peut avoir la même jouissance, béatitude, joie intense par l'assouvissement en amour, les joies d'allaitement de son enfant, joie qui nous prend à la gorge en écoutant la Vème symphonie de Beethoven, en savourant un coucher de soleil, en écoutant le chant et guitare de Peter, le bonheur d’une promenade main dans la main ou nager tout seul dans un lac entouré des arbres. Des expériences très différentes peuvent provoquer un état d’exaltation similaire ; vous le sentez dans votre âme et vous le sentez dans votre corps.

Comment est-ce possible ? Et j'ai le même sentiment d’exaltation quand je trouve une chose nouvelle, excitante pendant mes recherches. Comme peuvent-ils êtres si différents et si similaires ? Euphorie ?

Peter l’appelle expérience « d’un autre sens ». Cela m’apprend à ne pas rejeter un nouveau mot, seulement parce que je ne le comprends pas ou je ne crois pas dans le mot utilisé et d’attendre jusqu’à ce que je me rende compte de ce qu’il signifie pour l’autre. Cette expérience m’a aussi montré quelle signification différent un mot peut avoir d’un être à un autre. L’importance des mots et l’explication de ce que veut dire pour chacun mon amie Stéphanie le l’avait pourtant appris.

C’est merveilleux de découvrir un nouvel être intéressant.

L'a-t-il fait exprès ou non ? Pendant qu’il chantait en s'accompagnant sur sa guitare, je l’ai vu comme dans les paroles de sa chansonen jeune garçon courant sur la côte et en vieux marin du temps de jadis. Est-ce le même ? Et moi et les autres ?

15 juin 1980

Dans la vie - disaient déjà les philosophes grecs, l’importante (mais difficile) est la connaissance de soi. Il faut un grand courage pour essayer de se découvrir honnêtement. Je recopie ici des extraits de l'essai de Peter “En recherche du vrai Soi” (de l’importance de bien choisir à qui l’on s’ouvre).

En absence de "contrôle d'âme délibéré", il suffit d’être jalousé, grondé, déconsidéré ou même mal aimé, pour réaliser un transfert des impressions inconscientes qui rendront certaines actions moins (ou plus désirables à suivre mais ne venant pas de soi). Ceci peut arriver en disant à quelqu’un quelle joie suscite un projet, pour plus tard nous rendre compte que le cœur n’y est plus. Il faut donc faire attention quand on s’ouvre à quelqu’un d’autre et qu’on raconte une chose privée, il faut bien savoir choisir quand on partage une expérience et quand on ne la partage pas.

Je ne suis pas convaincue qu’il ait raison, je réfléchirai. Tout cela peut causer des problèmes, Julie. Attention ! L'harmonie autour de toi est très importante.

Des impressions peuvent venir aussi des sentiments émotionnels forts qu’on peut "attraper" des autres : nous sommes tous comme le poison dans l’eau, autour de nous nagent les émotions, sensations des autres - d’où vient aussi l'hystérie de masse.

Mais puisque que Lionel et moi avons été “gâtés”, nous avons, peut-être moins de "matériau réprimé" utilisable par quelqu’un d’autre de mauvaise intention.
Heureusement, puisque aujourd'hui, en regardant en arrière je crois que ce que Peter essayer passer à moi, il l'avait appris d'une sorte de secte, et surtout, il voulait me convaincre que c'était mieux pour moi à retourner en France, en tout cas, quitter l'Amérique et là où je travaillais.