J'ai 53 ans

12 juillet 1987

Les années passent, aujourd'hui j'ai 53 ans. Ma mère est morte à cet âge et je commence à avoir peur que le temps, le mien, passe très vite aussi. Mais pour le moment je suis en plein boum, en pleine activité, je me sens très bien.

Notre livre "PostScript à votre Service" qui n'aurait pas vu le jour sans moi, ni sans mon co-auteur, vient de paraître et commence à connaître un succès mérité. Il aura un public limité, mais il est actuel, bien écrit et contient l'atmosphère d’égalité et de démystification que je voulais lui donner.

Dans ma joie plusieurs choses se mêlent : mon rêve d’enfant d'écrire et de publier, mon besoin de communiquer réalisé ; “je leur ai montré” ; mais surtout, la joie de la création. La psychologie, l’esprit du livre sont les miens et se sentent dans chaque phrase ; par contre l'expression tient plus de P. Brandeiss que de moi, bien que nous ayons pas mal modifié le texte afin de mieux exprimer mes idées. Agnès vient de finir sa traduction en anglais et je mets beaucoup d'espoir dans sa publication aux U.S.A. On verra.Un deuxième livre sur des conseils de Mise en Page sera mis en route dès demain. J’ai presque fini d’écrire le tome II du livre sur PostScript (les suites et tous les exercices), mais je dois trouver du temps pour le terminer. Je n'ai pas encore trouvé de co-auteur pour m’aider à le mettre dans un français acceptable.

Je viens de découvrir Nietzsche : "Le Gai Savoir", c’est étonnant, ses mots auraient pu être écrits aujourd'hui ! Il y a tant à faire ! Lire, écrire, réaliser !

Je ferai ce que je peux dans le temps qui me reste.

J’ai fait la connaissance de Stéphanie il y a onze ans. Il y a quelques jours, elle a réussi à guérir encore quelqu'un, l'ami de Lionel dont j'avais toujours eu si peur, celui qui l’a attiré à un moment donné à se droguer. Quelle amie, quelle femme merveilleuse !

Ce matin ma fille m'a appelée de Washington, en me souhaitant un bon anniversaire et elle m'a demandé :
– Que fais-tu ?
– Ce que j'aime, nager et puis, peut-être, aussi le point sur ma vie.
– Avec qui ? m'a-t-elle demandé.
– Avec moi !
Heureusement, j'aime bien ma propre compagnie, tout comme celle de mes livres, du papier blanc et le crayon.

Quelquefois j'ai peur que mes journaux brûlent ou se perdent - et avec eux, d’une certaine façon ma vie... Mais en réalité tout ça est d'une importance temporaire et surtout pour moi. Mes journaux me servent de souvenir et de réflexion. Ils me sont utiles tout de même. Je tâcherai d'améliorer mon Français et mon Anglais et d'écrire quelque chose d’autre avec les corrections d'Agnès. Comme un défi.

J’essaie de me trouver du temps pour tout et ces derniers temps j'y arrive assez bien. Suis je dans une bonne période? Je l'espère. L'horoscope a-t-il quelquefois raison ? Il me prédit qu'en juillet et août, ça marchera: “Ne vous arrêtez pas et ne mesurez pas votre élan”. D'accord. De toute façon quand je m'arrête - loin de BIP, ma société Bureau d’Informatique Personnalisée, je crée, j'écris, je pense, je décide: je travaille encore mieux. Alors ce n'est plus du travail mais du plaisir. J’apprends continuellement et ainsi je reste jeune, émerveillée comme un enfant par de nouvelles découvertes.

Le livre “PostScript à Votre Service” n'est pas un livre de vulgarisation, ni une simple introduction à PostScript. Il porte en lui toute une philosophie: la désacralisation de la langue PostScript et de la programmation en général, mais en plus, il démontre qu’avec peu d'effort, chacun peut comprendre et savoir, apprendre, comprendre que l’informatique n'est pas réservée aux “élites”! C'est ma façon d’être démocrate.

Ce livre est aussi l'incarnation de mon credo: «nous sommes sur un pied d'égalité avec les lecteurs» qui découvrent les nouvelles notions quelques mois seulement après moi. Bien sûr j’ai “macéré” les notions, je les ai rendus plus digestes, c'est en cela que consiste mon art, ma création et ma personnalisation du sujet. On aurait dû modifier l'introduction utile mais pas très réussie. Nous l'avons refaite pourtant plusieurs fois, comme le reste du livre. Il aurait dû être captivant comme dans un livre à suspense pour que le lecteur veuille continuer à le lire sans le reposer. Aussitôt après, c’est prenant, mais hélas, pas le premier chapitre, pourtant essentiel, puisqu'il est au début.

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