Rien ne va plus!

24 avril 1986, San Francisco

Rien ne va plus. Je l'ai prolongé autant que j'ai pu.

Au début de l'année, nous avons été encore ensemble à Mac Expo de San Francisco. Je sentais déjà qu’il y avait de graves problèmes entre nous, mais je n'ai pas voulu les voir, ni le croire.
En revenant, ma voiture, choisie par Paul, s'est abîmé : “c’est ta faute” a-t-il affirmé, aussitôt.
Ensuite les dettes sont tombées sur nous, sur moi et BIP aussi. Alors Paul a commencé à se droguer, à tomber, devenir de plus en plus malade et bizarre. Quand j'ai dit “assez”, il s'est ressaisi d'un coup, mais il se fichait complètement de nos problèmes.

Enfin, au moins, il n'est plus salarié de Bip.

Nous sommes partis pour Nice et à la descente d’avion j’ai eu des nausées à cause du Mistral.
Paul rigolait : “Aha !?!” D'un coup je me suis réveillée : Attention, Julie ! Paul ne t'aime plus, il te déteste, il te hait. Il était satisfait, content que j'ai des problèmes, que j'ai des nausées. J'ai été fort triste.

Après, j'ai cru ce qu'il m'avait dit, parce que j'avais voulu le croire - au lieu de croire ce qu'il avait fait et ce que j'avais lu sur son visage. Et le soir même, je me suis rendu compte qu’il ne voulait pas faire d’économies, même maintenant, quand je suis pleine de dettes et que Bip ne marche plus bien. Paul se fiche de nos dettes (mes dettes et celle de la société) et de la façon dont je vais les payer... et hélas, de moi aussi.

Il a essayé de me dissuader de partir en Amérique, sauf s’il venait avec moi. Il ne s'est pas inscrit au chômage, pourtant il en avait le droit et je lui ai dit que nous avions besoin de cet argent qu’il pourra ainsi fournir lui, pour une fois.

Les derniers jours il venait chez Bip seulement pour chercher la querelle: « Tu m'as mis dehors (de la société), tu ne veux pas que je t'aide. »

La dernière nuit avant mon départ de Paris, il m'a dit: « Chaque fois que j'ai essayé de t'aider, tu m'as frappé avec quelque chose. Tu m'as laissé dans le pétrin. » Puis il a ajouté: « N’oublie pas, je t'aime, même si tu ne m’aimes pas. »

En quoi consiste cet amour ?

Moi, je l'ai aimé, j’observais mais je ne le voyais pas tel qu'il était, je voulais croire dans mes espoirs; c'est si beau de rêver.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le pire, c'est de voir qu'ils sont heureux quand nous souffrons.
Le pire encore quand ils le font ouvertement .........


Sophos

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

non Sophos, pour moi, le pire était au début pour me réveiller de mon rêve, et ce n'était pas à la fin, le pire était de m'avouer à moi-même, au moins dans le cas de Paul, de m'avoir laissé fermé les yeux si longtemps, de m'avoir berné moi à cause... des pleine des choses.

Et dire, qu'à 50 ans je me considérais déjà vieille..

a nice, c'était un choc et une énorme délivrance aussi en même temps.