Nous sommes fiancés

Autre chose ?

La dernière journée de l'année 1989 nous nous sommes fiancés. François m'a acheté une petite mais magnifique bague en diamant, une traditionnelle bague de fiançailles.

Avant cela, j'ai passé trois jours dans "sa famille", aux moins avec ceux qui ont répondu à la convocation de la sœur de François, pour fêter sa fille et son début de carrière comme chanteuse dans le chœur de l'opéra de Lyon. La nièce de François était ravissante, très tendue jusqu'à la fin du spectacle, mais resplendissante ensuite.

Par contre, la sœur de François a été pleine de “combinaisons“, des sous-entendus et plans divers avoués et inavouables : punir son fils, défendre sa fille, m'éloigner de François, me présenter à certains, se lier à, lier François à X ou Y, etc. Elle a une langue de vipère, et, comme elle me l’a dit elle-même : elle prépare différents ingrédients, ensuite elle agit selon l’occasion, lance des mots qui font leur chemin. Elle a « préparé » au moins deux femmes différentes à présenter « par hasard » à François. « Innocemment… »

Au début, elle avait fait semblant de m’accueillir avec chaleur, elle est très très forte à faire semblant. Peut-être en fait elle trop, faute d'avoir une forte personnalité. Elle est sans pardon, blessante, calculatrice et n’a rien à faire d'autre qu’utiliser son temps, son charme et son intelligence à se mêler de la vie des autres. J'ai répondu du tac au tac, en général, mais j'en suis sortie épuisée.

Heureusement, on nous a donné un "congé" de 30 heures ; et nous avons pu fêter, savourer entre nous nos fiançailles en nous promenant dans les alentours de Lyon. En commençant par un inoubliable bain de mousse... à la vanille ! un dîner avec un pavé de sandre, puis, le lendemain matin, une promenade et pique‑nique dans la voiture entourés des arbres étincelants par le givre comme dans un conte féerique. Nous avons même valsé autour de la voiture sur un air d’Offenbach venant du radio.

Oh que c'est bon d'être heureux ensemble! Quelle joie de voir l'amour, le romantisme avec les mêmes yeux!

J'ai beaucoup appris sur la famille et sur François enfant photographié avec un costume avec manches trop courts, adolescent (il était un fort beau garçon) et surtout à travers les photos de famille que sa sœur possède, mais qu’elle ne m'en a pas donnée. Pas un, malgré sa promesses.

J'ai eu de la chance aussi à la fin, elle a essayé de me recruter, avoir des informations régulières sur son frère « pour son bien ». Ah oui ! (test? vrai?). En entendant ma réponse, elle a immédiatement reculé : « bien sûr, avec son consentement, je ne l'avais pas imaginé autrement », mais j'ai entendu sa voix déçue et vu son visage affreusement désappointé...

Je n’oublierai jamais non plus, son visage décomposée en apercevant à travers un vitrine sur les écrans de télévisé, les cadavres des époux Ceausescu. S’est elle identifiée avec Elena Ceausescu, pourquoi ?

À l'université, des trucs politiques, cliques contre François, on verra ce qui arrivera.

Pour moi, ce qui était le plus important est que François ait montré qu'il se souciait vraiment de moi, qu’il a la volonté de m'aider, autant que moi l’aide. À sa manière. Le reste, le résultat est moins important.

Je crois qu'on s’est mieux approché l'un de l'autre. Il y a sûrement peu de vrais couples comme nous. Il faudra tout faire pour que cela soit durable et continu. Cette confiance, cette intimité, ce rapprochement.

Existe-t-il des recettes? Comment peut-on retenir une femme? En lui assurant un amour durable, en la laissant libre d’être. Et un homme? Comment apprendre à faire la balance entre suggérer et non conseiller, entre liberté et prévoyance?


Ensuite, on nous a donné trois jours de congé et nous nous sommes promenés sur les routes bordés des arbres givrés, dansé autour de la voiture, chanté de l'opérette, fait tas des bêtises agréables. Même aujourd'hui, après tant d'années, je m'en rappelle avec plein de bonheur.

Le laisser se brûler ?

17 janvier 1990

Je lui ai donné beaucoup de confiance, c'est bien, mais il se croit tout puissant d’un coup et ne connaît plus de bornes. Il ne se rend pas compte, qu'avec cela il se fait mal. On lui tend un doigt et il veut le bras, les deux bras. Et, si on ne les lui offre pas, alors hélas, volontairement, il piétine tout et rompt toute possibilité d'entente. Il se fait ainsi haïr. En plus, il veut se prouver qu'il est libre et majeur, malgré tout le mal que cela peut provoquer aux autres.

Stéphanie dit qu'on doit le laisser se brûler, mais cela me fait tellement mal à moi. Comment mon "moi" profond va prendre ça? Lui, il se justifie avec toutes sortes d’excuses...

4 janvier 1990

Depuis ? Beaucoup, énormément des choses nouvelles ces derniers temps.

La Roumanie s'est débarrassée de la terreur des Ceausescu. En quelques jours tout a basculé. Nouvelle année, 1990, bonne augure. Un énorme effort de solidarité de toutes parts a commencé ensuite, auquel j'espère participer dans un futur proche. La situation immédiate, c'est un après-guerre sanglant, hélas, mais rempli d'espoirs immenses pour toute l'Europe de l'Est. Malgré - ou avec le concours de la Russie. Les choses changent et en même temps j'ai l'impression qu'enfin une lutte sans compromis s'est aussi engagée contre les drogues.

Aucun roman policier ou d’espionnage, de science-fiction n'a pu prévoir la réalité, qui probablement se préparait, se cachait déjà depuis pas mal de temps. Le premier pas visible a été probablement la nomination d'un pape polonais... Peut-être, un jour, dans beaucoup d’années, on saura comment cela a commencé, s’est déroulé dans les coulisses.

Pour le moment l'important, pour moi, c’est que cela arrive. Je ne le croyais plus. On nous avait trop fait croire qu'il n'y a pas de retour en arrière possible dans l'histoire. En réalité, il n'y avait plus de possibilité de progrès vers la société de communication, dans des systèmes basés sur la terreur et la dictature.

État de siège

En Transylvanie c’est l'état de siège.

Mille hommes tués, sans eau, sans électricité, ni nourriture, mais des gens qui n'ont à perdre que leurs chaînes, continuent de manifester. Dans les autres pays de l'Europe de l'Est, enfin après quarante ans c'est la liberté, on peut parler ouvertement et les gens montrent massivement qu'ils veulent autre chose. Ils n’en veulent plus supporter le poids écrasant de la tyrannie communiste.

C’est seulement dans ma Transylvanie que le sang a coulé. Ça a commencé a Timisoara. Ce matin on parlait aussi de Brasov et même de ma ville natale Cluj.

De toutes les grandes villes, ma province de Transylvanie où les Hongrois et Allemands cohabitaient avec les Roumains, était encore plus réprimée que les autres parties de Roumanie.

Je la croyais sincère

21 décembre 1989

Avant-hier nous avons dîné avec la sœur de François, j'ai donné apparemment une bonne impression. Elle nous a dit : "dommage, que nos parents ne t'aient pas connue". Ses paroles ont beaucoup compté pour François.

Elle veut qu'on lui rende visite à Lyon pour les fêtes de fin d’année, surtout pour encourager sa fille qui chantera pour la première fois à l’Opéra.

Nous irons, mais après nous repartirons... sur notre chemin...

Hier, c'était la grande fête à l'Université et j'ai vu le grand poids de François : “quand le tigre se réveille”. Les anciens l'ont tous salué comme un des leurs, et beaucoup de ses anciens élèves sont devenus profs. Il n'est pas du tout diplomate, mais quelles connaissances et combien de projets il a ! “Comme toujours”... dit-on de lui.

Où est le problème? François est de plus en plus enflammé (et plus nerveux). Et j'ai dit, « bien, essayons faire comme si nous étions mariés » Il proteste : « faire semblant, ce n'est pas la situation réelle. » Quelle est la différence ?

Qu’est-ce qui ne va pas en moi ? J'ai une réserve intime. Lionel a raison, cet été tout aurait été gâté si j'avais été sa femme. Et François a un « viens, ne viens pas ». Mais peut-être le « ne viens pas » est-il passé ?

François comprend, il a compris et chaque jour comprend davantage, combien je lui ai fait de bien. Jamais il n'a parlé aussi ouvertement avec quelqu'un. Ses parents l'ont élevé en lui désignant tous les autres comme des ennemis et en le rendant amer, voulant du mal aux autres, puisqu’on lui en avait fait à lui. Peut‑on guérir de ça ? Il n'est plus amer, mais il est encore plein de craintes, peurs qui se résorbent lentement. C'est vrai, il n'est plus celui d’il y a deux ans. A-t-il changé ? Beaucoup ?

En société, ou à la plus petite chose qu'il sent comme si elle était "contre" lui, il devient encore très difficile. Maintenant, depuis que je le prends encore plus au sérieux, j'ai peur de ce qui va arriver.

D'habitude il est chaleureux, bon, puis d'un coup il change, devient égoïste, susceptible, hurlant, râlant, mauvais. À aucun moment je ne sais qui j'aurai avec moi le moment suivant. Avoir de la considération, compter avec quelqu'un, il ne sait pas ce que c'est.

Je vais aller chez le docteur, il faudrait faire plus attention à ma santé et aussi à mon apparence. Pour François, l'apparence reste importante, mais surtout la façon dont les autres me regardent. L'opinion des autres est plus importante pour lui que pour moi. Reconnaissons-le, je ne suis pas de bois non plus, mais c'est surtout l'opinion de ceux que j'aime et que j'estime qui compte pour moi, ceux en qui j'ai confiance.

Sois. Bilan de fin d'année

18 décembre 1989

Une nouvelle année s'achève, 1989. Extrêmement chargée et pleine pour moi et elle a tout à fait l'air de se terminer bien pour tous.

Mon fils vient de finir définitivement l’armée et s'est remis à étudier, mais aussi enseigner brillamment deux langues à la fois à l’école Berlitz des Champs-Élysées ! Anglais pour les françaises et français aux Américaines et Japonais. Ma fille, après avoir obtenu son contrat Apple pour l’école où elle enseigne les handicapés, a trouvé un vrai ami, Donald, et peut-être beaucoup plus !

J’ai réussi à aider François, il est de plus en plus heureux, équilibré et épanoui. Je ne l’ai pas fait en le planifiant, c’est le résultat de nos nombreux éclats et âpres discussions, d’ouragans, de la confrontation de nos deux mondes.

Il aurait fallu le faire - comme quelquefois je l'avais réussi avec Alina, mon amie d’adolescence - en montrant plutôt qu'en parlant. Comme il me l'a dit aujourd’hui. Stéphanie aussi m'a conseillé ceci une fois : « ne pas discuter, montrer ». Il faudrait que je me le rappelle plus souvent. C'est formidable mais très fatigant de vivre avec un homme aussi brillant et si fougueusement énergique que François.

Le samedi 16 décembre 1989, il m'a demandé de devenir sa femme : "Commençons l'année 1990 comme mari et femme" ce qui signifie beaucoup pour lui.

Il y a une année c'était mon rêve. Est-ce bien de réaliser nos rêves ? Il faut réfléchir, lui l'a fait. Qu’est-ce que cela comporte ?

Surtout ne pas oublier les quelques vérités fondamentales que François m'a dites : “Un homme est un enfant, il veut, veut, mais en réalité pas du tout ce qu'il demande. Il demande la reddition, mais ce qu'il désire vraiment c'est la personnalité.”

Tel qu'on est où tel qu'il s'imagine qu’on est ?

Il lutte tout le temps pour me convaincre que “LA VÉRITÉ” est telle que lui la voit, perçoit, croit. En même temps, il espère que je resterai la même. C'est très, très fatigant. Heureusement j'ai toujours eu une base très stable. Évolutive, Dieu merci, et toujours prête à apprendre de nouvelles choses, sur mes bases stables et certains buts bien déterminés. Comme dans la Bible : on ne peut pas facilement “me détourner de mon chemin”.

J'ai fait des haltes dans ma vie. Des détours. Mais pas sans poursuivre mes buts principaux et sans jamais vraiment les abandonner.

Dans certains domaines François est très fort. Il dit qu'il m'aime, qu’il a du bonheur de vivre avec moi. Moi aussi avec lui. C'est vrai que des dizaines de liens divers nous unissent. Mais quelquefois trop, c’est trop.

Il voudrait m'impliquer dans tous ses plans, mais il a de moins en moins la patience d'écouter mes désirs, plans et besoins « c'est secondaire, c'est un détail, etc. ». Cela me paraît de plus en plus inégal.

Pas de paroles, Julie, action ! Laquelle ?

J’ai des soucis de tous les jours, en plus des grandes émotions à cause des bouleversements des pays de l'Est. L’actualité devient brûlante en cette fin de siècle. Nous observons ensemble aussi les bouleversements dans l’Informatique et chacun de nous a besoin d'en tirer ses conclusions. J’ai aussi des soucis pour l'avenir de mes enfants. Et l'espoir de réussir à faire coexister assez pacifiquement dans la vie quotidienne Lionel et François.

Comment faire pour que nos instants formidables d'entente et de tendresse durent et soient stables, durables dans le futur, sans qu’aucun de nous ne doive faire des concessions dans sa personnalité, renoncer à ses aspirations profondes.

Y a-t-il une solution ?

Si j'avais perçu François aussi complexe, difficile (aussi merveilleux et génial) qu'il est, peut-être n'aurais-je jamais osé l'approcher. Il est beaucoup plus complexe et profond qu’il m'a paru au premier instant, ceci est un énorme gain et poids à la fois. Pourrais-je me maintenir à sa Hauteur ? La réponse est bien sûr de conserver chacun sa personnalité et travail.

Mais mon travail, c'est quoi ? Ma vie (hors lui) devient quoi ?

Mon silence, mon besoin de foyer tranquille est bouleversé par un ouragan chaud, tendre, fougueux, exigeant, musical et sans la moindre notion de Silence, de Repos qui m’est pourtant absolument nécessaire à ma réflexion, ma reconstruction, ma créativité est incompris, inconnu ou pire, inadmissible par lui. Là, il y a un très grave problème. Peut-on le résoudre ? Par les faits, pas par des mots ? ?

François dit que certaines choses sont secondaires, d'autres « Primordiales ». Mais comment peut-on savoir lesquelles ?

J'ai besoin d'une amie femme près d’ici, pour lui parler. Une femme qui aura la patience de m'écouter raconter ce qui parait des « babioles » pour François mais important pour moi. Est-ce que notre amitié est seulement unidirectionnelle ?

On ne peut pas changer nos rapports, tant que certaines de ces questions ne seront pas mieux réglées, au moins dans mon esprit.

Être sa mie, une vraie, une bonne, merveilleux ! C'est mon rêve et il est en train de se réaliser. Mais à côté de ça conserver un but. Mon but d’épanouissement. Lequel ? Là, est la question.

Je viens enfin de retrouver mon stylo noir, j'ai été encore une fois injuste envers François, il ne me l'a pas repris, au contraire, c'est lui qui me l'a donné son stylo préféré.

François m'a dit qu'il trouve extraordinaire que dans ses ennuis et bouleversements j’étais là, à côté de lui en l’épaulant. C'est vrai qu'ayant eu plus que les autres mon compte de problèmes j'ai appris comment en tirer le meilleur parti, j’ai même appris à en profiter, anticiper ou surnager.

Et maintenant ?

Je vois l’ancienne Bip qui s'écroule, la récente vacille.

Et l'avenir ?

Je vois une nouvelle génération de micro-ordinateurs naître à l'horizon que nous avons su le déceler peut-être un peu plus rapidement que beaucoup d'autres. Il y a encore et encore.

Je me laisse bousculer par François, par sa curiosité, par son sérieux intellectuel, de plus en plus loin. Mais pour construire il faut s'arrêter de temps en temps et le faire avec les briques les plus modernes mais disponibles. J'ai besoin de Réaliser. Comment concilier les deux besoins légitimes mais différents ? Le sien, le mien.

Merveilleux homme, merveilleuse femme, humains tous les deux, avec tout ce que cela comporte. Comment les concilier, comment faire que - comme nous le souhaitons tous les deux - cela dure, très longtemps ? !

C'est tellement humain, confortable, agréable mais dangereux de "laisser aller", flotter, s'enivrer de bonheur sans y réfléchir, puis un jour se réveiller avec son "portefeuille vide".

Comment faire pour conserver cet immense bonheur - d'avoir trouvé, reconnu, retenu et aimé quelqu’un qui est son égal dans tant de choses fondamentales ? Et réciproquement. C'est une immense responsabilité pour tous les deux, ensemble et séparément.

Après deux ans ensemble on commence enfin, à vraiment communiquer sur ce qui est au fond de nous mêmes. On le sentait, on le savait plus ou moins, mais maintenant, comme dit François : "on communique sur un autre niveau".

Sa carrière, être finalement reconnu, qu’on reconnaisse qu’il a raison, est d'importance capitale pour lui. Longtemps il m'avait dit qu’il n'était pas ambitieux. Mais de plus en plus je vois qu'il a une soif inassouvie depuis longtemps d'être reconnu, estimé, admiré, écouté, cru, suivi. Ce ne sont pas des ambitions pécuniaires.

Plus ça va, plus “le Lion s'éveille”.

Il disait aimer le travail qu'il avait. Ceci paraît de moins en moins vrai. Tout semble merveilleusement se cristalliser vers un de ses projets qui permet d'un coup l'utilisation de toutes ses expériences, compétences extraordinaires et variées. Je lui ai donné un peu - beaucoup - de confiance et un petit coup de pouce ici ou là, quelques nouvelles orientations et perspectives, puis je lui ai laissé la liberté totale (je lui ai dit de ne plus m'aider à faire mon livre, notre livre - qui lui pesait tant). Le résultat paraît merveilleux, même si cel n’est pas encore tout à fait là. Périls ? Gigantisme, et ne pas tenir compte assez des facteurs humains qui sont piétinés en chemin... Important ? On verra.

Julie, ce n'est plus ton rôle de lui rappeler à nouveau de tenir compte des gens, tu l'as déjà fait, cela suffit. Il est fonceur, comme moi. Laisse-le foncer, assiste-le tant que tu peux, sois là à l'encourager quand il en aura besoin.

Trouve ton chemin, réalise tes ambitions. Tu as su le faire pendant 55 ans sans lui, continue. Sors davantage. Sois plus avec les autres. SOIS.

26 mai 1990

D'un livre sur les couples :

Il y a des cycles individuels et cycle couple qui consiste en :

• Idéalisation de l'un par l'autre, accompagnée d’énergie.

• Négociation implicite des règles

• Désillusion, on découvre l'autre différent de l'image crée en nous.

• Luttes entre les deux et chacun séparément

• Productivité, occupé ailleurs. On laisse les problèmes latents en attente

• Redéfinition de vie et réintégration, davantage de tendresse, de compréhension et un partage plus grand.

  • De temps en temps, surgissent de mémoire des souvenirs des anciennes agonies destructrices liées aux besoins infantiles primitifs.
  • C'est important de se trouver soi-même, de résoudre certains problèmes qui n'ont pas été résolus quand on a quitté la maison paternelle.
  • Il faut apprendre à gagner avec et pas contre l'autre.
  • Attention ! les qualités qui attirent au début, peuvent devenir plus tard sources des conflits. Parce qu’on veut de l’intimité et de l’autonomie en même temps.
  • Pour qu'il y ait des modifications dans notre système Relationnel : il faut une place où les vieilles blessures puissent être guéries et avoir la possibilité de regagner des parties de soi-même qui, à un moment donné, ont été abandonnées ou mises de côté.

On fonctionne mieux quand notre confiance en nous est bonne.

Des parties de moi que j'ai enterrées pour pouvoir grandir, survivre, n'être pas trop blessée, sont aujourd’hui guéries, ressuscitées, refleuries.

Quelquefois je m'ouvre trop en croyant que François ne va pas me blesser et pourtant. Stéphanie a raison, il ne faut pas me marier maintenant. Il est trop diffèrent.

Il ne sait pas (ou ne veut pas comprendre), ce que veut dire être étrangère ; toujours et partout. Il ne comprend pas le douleur d’avoir souvent essayé d’être comme les autres et pas réussi. A la fin on s'est retrouvé toujours en dehors, mise à côté. Et après avoir vécu cette situation de nombreuses fois, on décidé que c'est bien ainsi, qu'on va vivre seule ou entre nous, à côté des autres, similaires, et l’on se défendrait ainsi, nous et nos identités.

Il prétend que lui aussi est « étranger » puisqu'il n'a pas voulu entrer, appartenir à aucun groupe. Mais chez lui, c'est plutôt de la provocation. Ou alors effectivement c'était sa seule voie pour sauvegarder sa personnalité ?

Il me conseille de me regarder, telle qu'on me voit : “une étrangère”. Pourquoi ? Je ne lui suis pas inconnue, étrangère. François dit « si » : j’ai un autre accent, une façon différente de voir la vie. Mais c'est une sorte de vie qui lui plaît, en général.

Je n'étais nulle part tout à fait chez moi - éventuellement en Israël - mais là-bas non plus, pas complètement. Mais au moins, là-bas on m'a regardée ainsi, bien que je ne parlais pas l’hébreu. En Transylvanie ? À peine sont-ils restés là quelques garçons juifs, on a éliminé tous les autres pendant l’holocauste. En plus, je suis en Vie, mais on m'a élevée dans la religion, protestante Calviniste.

Jamais, jamais je n'étais tout à fait comme les autres, ni chez les uns, ni chez les autres. C'est pour cela que je suis devenue spéciale, entière et dans tout cela il y a aussi du bon, même si quelquefois c'est difficile à supporter. Les points de vue et la volonté des autres m'ont peu touchée et je sais créer chaque fois un chez moi, un foyer, un pays là - où je suis, là où je vis.

20 novembre 1989

Agnès vient de m’appeler : enfin elle est très très amoureuse et extrêmement heureuse. Enfin, elle a trouvé quelqu'un de bien. Enfin, elle est aimée et appréciée vraiment par quelqu'un. Il s'appelle Don et veut même apprendre le français. J'espère que cette fois elle a trouvé quelqu'un avec qui communiquer, quelqu'un qui est aussi chaleureux qu'elle. C'est son tour maintenant, à ma grande fille.

Lionel enseigne chez Berlitz l’anglais et le français, c'est très intéressant et très instructif, mais aussi très fatigant. Il n'a pas encore de vrais moments de détente, si nécessaires pourtant.

François a très bien réorganisé notre appartement. Il est de plus en plus amoureux, mais pas plus attentif à mes autres besoins. Je supporte mal la musique continuelle, le bruit quand je suis fatiguée ou énervée, mais surtout, quand je travaille, les paroles de la commentaire à la radio sur l’oeuvre du compositeur. Je ne sais pas le lui dire, le lui expliquer assez gentiment. Mais avoir un homme amoureux à mes côtés à mon âge est très agréable. Sa carrière marche de mieux en mieux. Plus ça va, plus il a envie de faire l'amour. Est‑ce lié ?

Je me régale à programmer de mieux en mieux, mais programmer avec macros Excel après avoir scripté en Hypertalk ce n'est pas le pied... Autre chose ? Je ne m’occupe pas assez de ma société BIP, son sort est encore indécis.

Le reste ? Quelque chose me manque : j'ai toujours la frustration de mon livre non terminé, pas publié, pas publiable encore. Je ne sors pas assez non plus, je ne vois pas assez de gens.

Anne est arrivée de Londres avec son mari, mais on n'a pas eu vraiment l’occasion de bavarder seuls. Quelle femme extraordinaire et brave, quelle vie difficile elle a eue ! et sans se plaindre. Relativement à elle, j’ai vécu le paradis : et je me plains, je veux toujours de plus en plus.

Avec François, cette force de la nature ultra actif et ultra intelligent, la vie est pleine mais aussi fatigante. Merveilleuse et dure à la fois. Et je ne suis pas facile non plus...

J'ai encore tellement de choses à apprendre, à vivre et la vie s'envole si rapidement. Mais je ne suis pas une "rapide". J'ai besoin de prendre mon temps. Du recul pour choisir. Me reposer. Comment l’obtenir?

10 décembre 1989

C'est vrai que la vie s’en va, mais je fais quand même pas mal de choses pendant ce temps, si fugace en ce monde.

20 septembre 1989

François est ravi : il a du succès avec ses articles dans les revues Hyper Mac et Science et Vie Mac, il recommence à être bien perçu à l'Université et ses cours vont bien. Depuis que je suis avec lui, il a fait des progrès considérables : il recommence à réaliser son potentiel. Il finit des choses. Il est apprécié. Il m'a dit 20 fois ce matin : "je t'aime". Puis, j'ai parlé de mon article qui n'a pas été publié...

Maintenant il s'agit de voir, moi, suis-je ravie?

François m'a empêché depuis deux ans d’écrire MON livre, en disant qu'il m'aiderait... Tombé à l’eau...

Depuis que j'ai commencé à écrire seule, il me critique après coup, et même avant de finir de le lire entièrement. Il ne me parle que de mes fautes de français... à tous les mots… d’après lui. Il ne parle pas, ne commente pas le contenu de ce que j’ai écrit.

Au travail, ça ne va pas mieux. La faute n'est pas la sienne, c’est la mienne, mais la façon qu'il croit que je devrais agir ne marche pas et moi, j'ai perdu le goût de le continuer à "ma façon". Quand je le fais d’après mes idées, je réussis : pour preuve, l'entrevue d’hier et les nombreux renseignements que j'en ai tirés. Mon contact avec les autres reste bon, mais je voudrais retrouver aussi mes succès créatifs.

Pourrais-je réaliser le livre avec l’aide de… qui ?

Heureusement j'aime François, je l'admire et il est tendre, génial et talentueux. Mais il faut que moi aussi je réussisse quelque chose. En plus de l'aider, lui. Je ressens comme une réussite, je suis heureuse et fière quand il réussit mieux qu'avant. Il avait tellement des possibilités cachées, inutilisées, elles fleurissent de plus en plus et elles nous font plaisir. C'est merveilleux. Il s'agit dorénavant de trouver comment je peux fleurir moi aussi.

Paul m'admirait, me donnant la dose de confiance dont j'avais besoin. Avec le succès de Bip j'avais aussi des vibrations positives de plusieurs côtés, mais ensuite tous s'y sont trop appuyés. Je disparaissais dans tout ça et c'est la société Bip qui menait, exigeait, toujours davantage. Elle devenait trop lourde à porter. Je devais me distancier, redevenir moi.

Il s'agit de voir ce que je ferai avec « moi » ?

Agnès arrive bientôt. Espérons qu'un jour elle aussi trouvera un père pour ses futurs enfants, un compagnon. Lionel réussira, il est en bonne voie. François brillera de nouveau et mieux que jamais en réalisant ses vieux rêves enfouis et m'aimera encore, j'espère... longtemps. Mais il est un homme. Un homme réel, complexe et pour nous, femmes, quelquefois difficile à saisir. Pourquoi a-t-on mis tellement de diversité, de complexité dans chacun de nous ?

Je sens que je dois me trouver un domaine réservé, à moi. Le cultiver seule. Le réussir, m'en réjouir.

Et hélas, aussi gagner ma vie. François dit qu'il est mon mari ; mais il dit aussi qu'il n’est pas capable, ou prêt à supporter les frais financiers. Sandou voulait que je ne travaille pas, François veut que je gagne de l'argent. Pour moi et pour mes enfants bien sûr aussi. Le fait de l'aider à en gagner plus qu’avant, et l'aider à en dépenser beaucoup moins qu'avant, ne lui suffit pas. De toute façon, c'est mieux d'être indépendant.

Il faut me rappeler de ne pas l'affoler, alors il devient catastrophé et s'arrête de penser logiquement.

Je fuis les problèmes? comme il me le dit. J'attends plutôt qu'ils se décantent, qu'on trouve une solution, que l'idée arrive...

Hier, j'ai été malade comme une chienne. Aujourd'hui je me repose, je me gâte. Ensuite, j'aurai encore plus d'énergie.

Nos qualités, nos défauts ne sont pas les mêmes. Mais il faut les voir, les constater avec les yeux ouverts. Et être plus indulgent l'un avec l'autre.

ca ira

14 septembre 1989

Agnès m’a téléphoné de Washington ce matin que tout va bien... Elle a eu un contrôle d'Apple, ils ont beaucoup apprécié la pile HyperCard que nous avons réalisée ensemble cet été.

Je suis allée nager, j'ai rencontré des gens, j'ai donné des cours. J'ai revu Stéphanie qui m’a donné du courage. Je me suis fait une vie moins harassante mais pleine.

Je me suis calmée et François aussi est redevenu plus chaleureux. Nous avons réalisé avec lui un magnifique programme de Charge d'Enseignement pour l'Institut de Programmation, utilisant Excel et HyperCard combinés !

Aujourd'hui je suis fatiguée et j'ai mal au ventre. Il ne faut plus montrer à François ce que j'écris pour le livre. Je ne supporte pas sa façon de me critiquer « j'ai dû changer tous les mots » et je ne dois plus critiquer ce qu'il écrit, parce qu'il ne le supporte pas, lui non plus.

Je suis lasse, je vais me coucher.

Je dois m'habituer à ce que la vie soit ainsi, les gens ne sont pas parfaits - moi non plus ! et il y a des hauts et des bas, des temps plus ou moins heureux.

François “ne supporte pas” beaucoup de choses, entre autres, qu'il ne soit pas en tout le meilleur, qu'il ne soit pas impliqué en tout, consulté pour tout, etc.

Il ne supporte plus mes succès non plus. Il lui en faut et il ne lui en faut pas. Ah, là là ! Que la vie est dure.

Mais quelques fois, comme la semaine dernière et avant ça, c'était merveilleux - et demain sera de nouveau une belle journée.

Pas de paroles Julie, de l’action !

Une autre lettre

J’ai retrouvé hier la carte postale où je te prie : crois en moi et crois encore que je peux réussir et je le ferai. Je l’ai fait. J’ai cru malgré tout et toi aussi ! Maintenant c’est ton tour. Je te demande de croire en toi-même.

Je crois, je suis convaincue que tu peux et que tu vas réussir. Voici quelques ingrédients qui pourront t’aider sur le chemin, je les ai trouvés hier dans un poème anglais : “Prends des risques et ne te laisse pas dominer sur le chemin par la peur de l’échec ! Aie confiance en toi-même !

N’abandonne pas quand cela tourne mal, accroche-toi jusqu’à ce que la courbe remonte. Sois flexible, il y a plusieurs voies pour arriver au même but : essaye une autre aussi.

Crois dans la voie que tu t’es choisie même si elle est dure et même si les autres ne voient pas où elle va mener. Aie de l’endurance. Le but difficile donne à la longue plus de satisfaction."

Personne n’est parfait, mais accepte tes faiblesses et sache profiter à plein des forces fantastiques que tu as. Tu es Toi.

Aime‑toi, comme moi je t’aime !
Julie

Fin du cahier "Que faire?"

Mon livre, ma renommée sont moins importantes, j’ai renoncé à eux.

Peut‑être, secrètement, je désire encore écrire de nouveau, mais ce n'est pas essentiel. Ma tendresse et sa tendresse sont là, sont les plus importantes.

Et, graduellement, le Nous s’est formé, reformé. Lorsque venait une idée, peu importait qui en était l'initiateur. On s’est aidé à apprendre, à travailler, à enseigner. Nous créons ensemble et nous sommes aussi fier de nos propres idées que de celle de l’autre, provoquant une chaîne d’idées venant de l’un et de l’autre.

--- Fin de recopie à partir du cahier "Quoi faire" ---

Je me sens seule, même près de lui

Il s’est senti exclu, malheureux mais surtout il a tout fait pour s’auto-exclure davantage, s’isoler, faisant bande à part. Pour moi, c’était le dernier été avec mes deux enfants pas encore mariés près de moi.

François m’a suivi à Paris, mais je me sens seule.

Qu’est-ce que je veux ? Qu’est‑ce que mon âme exige ? mon cœur saigne...
Dorénavant certains de ses mots ne signifient plus rien : “ma femme, ma dame” dit-il toujours, mais je n’y crois plus.

Je n’en veux plus ?

Comme je le lui ai dit, et c’est vrai : il est mieux qu’il n’était il y a deux ans. Il avait un besoin : besoin d’aimer, d’être aimé. Ai-je trop satisfait ce besoin ? Peut-on vraiment être trop aimé ? Moi, je n’en ai jamais assez. Quand j’aime, moi aussi. Mais quand...

Je ne suis pas pire que j’étais... Alors ?

J’ai perdu l’adoration. L’adoration réciproque.
Pourquoi ? Comment ?
Est-ce qu’un cœur blessé peut être réparé ? Est-ce que c’est le fait de ne pas pouvoir compter sur lui qui me dérange tellement ?

Je savais, qu’on ne peut compter finalement que sur soi-même. Mais je l’oublie si vite ! On peut compter un peu sur mes amies. Parfois sur mes enfants, quand ils sont là et quand ils ont le temps pour moi.

Un vrai couple, un « vrai mariage », est-ce juste un rêve?!

Je savais aussi que nous n’avons pas deux caractères faciles mais on s’aimait tellement que ça glissait...

Pourquoi y ai-je cru ? En quoi ?

Où sont sa passion et ma tendresse? Où sont mon livre et ma renommée?

J’ai été heureuse de l’aider à se faire une renommée digne de ses talents qu’on ne reconnaissait pas ces derniers temps. Je l’ai aidé à mieux écrire, mieux écouter les autres, moins les blesser.

Mais lui ?
C’est "son livre", son article, son programme, sa fierté, son intelligence. Sa maison, son argent, son… Et la mienne, les miens ? Et mes idées ? elles sont devenues des parties de son article. Oui. Ses idées sont devenues parties de programme que j’écris. Où est le bien où est le mal ?

Un été indien viendra-t-il de nouveau ?

L’été dernier qui nous a tellement rapprochés, a-t-il dû être suivi de celui‑ci ? Est-ce ainsi la vie ? La “nature humaine” ?

On est heureux quand on croit, quand on anticipe, quand on imagine... Pourrai-je croire de nouveau ?

Et un jour…

Et un jour…

Un jour j’ai commencé à sentir qu’il devenait nerveux, malheureux ; que ma présence n’était plus suffisante pour le remplir de joie. Je me suis battue. J’ai cru que c’était passager.
J’ai continué à vivre, poursuivant mon rêve de bonheur : d’être la compagne de quelqu’un que j’avais enfin trouvé après tant des années. De me sentir sa femme.

Et puis ? Est-ce que quelque chose en moi s’est cassé cet été ? été de mère heureuse. François s’est senti négligé, s’est comporté de manière fort désagréable, ensuite même... mesquin, méchant, sans égard aux sentiments des autres, les heurtant. Je le savais avant qu’il peut être fort désagréable, pourtant je croyais que c’était mon François, m’aimant, nous aimant.

Ma nervosité augmentait au fur et à mesure, puis mon équilibre s’ébranla aussi, la douleur et les doutes revenaient. Puis de nouveau boum ! tout allait bien, je retrouvais « mon François tendre » et ainsi de suite. Je supportais de moins en moins cette continuelle “roulette russe”, en haut - en bas, mal - bon, équilibre - déséquilibre. Je souffrais de plus en plus. Cela faisait très, très mal. Pourquoi ?

J’ai été heurtée dans la confiance en moi, je commençais de douter de nouveau de mon jugement, mon amour. J’ai trop aimé, trop donné sans compter, sans comptabiliser et, d’un coup, François me faisait sentir qu’il me donnait “trop” et que je demandais “trop”, et il me reprochait même de donner “trop”. On commençait à compter : l’argent, les idées, la chaleur...

Je suis allée en vacances dans sa maison de campagne en couple, je suis revenue à Paris seule.

Et puis

Et puis ... François est revenu à Paris.

Il a raison : « Essayer de faire des choses qu’on ne sait pas faire (donc que nous ne réussissons pas) nous rend malheureux. »

Il faut découvrir, savoir et faire ce qu’on sait et aime faire. Et il faut prendre chaque jour comme il vient. Ce qu’il donne.

Nous avons donc renoncé à écrire ensemble un livre.

Mais travailler, programmer ou enseigner ensemble, cela marche bien, puisqu’on peut répartir les tâches et bâtir chacun sur ce que l’autre propose, réalise. Surtout si c’est moi qui dois finir, ou lui seul - séparément. ça marche, et même donne un NOUS créant des choses ensemble !

À défaut de passion, la tendresse vraie et profonde est non seulement suffisante, mais même plus durable et peut être un lien extrêmement fort - plus durable que la passion, merveilleuse mais volatile. Ces quelques minutes d’entente absolument merveilleuse, fantastique : peuvent-t-elle durer ? se reproduire ?

J’ai l’impression que François m’a pris plus que Paul et qu’il m’a laissé moins.

Paul était salaud, incapable de faire quoi que ce soit, de travailler et c’est moi qui faisais tout. Ma confiance comme femme a grandi, puis diminué, mais mes capacités intellectuelles ont augmenté. Mes rêves se sont effondrés graduellement et je suis restée amère, mais pas trop déçue. Je n’ai pas eu trop de mal à retrouver la confiance en moi, après m’être pardonné comme un « escapade », une folie qu’on s’offre.

François n’est pas, n’était pas parfait, mais... chaud, vraiment avide, intelligent, intéressant, ravi, tellement vrai. Je lui plaisais vraiment comme femme, je me suis sentie jeune (rêve ? réalité ?) je rayonnais. Je l’aimais. Il m’aimait. Avec passion, comme moi.

Mon cœur a fondu, toute mon énergie s'est concentrée à mieux se découvrir. On se découvrait chaque jour, chaque semaine, des nouvelles qualités, des ressemblances plus profondes, de similitudes étonnantes : une même façon de voir, de lire, de contempler, un même besoin d’apprendre, de créer, une même joie de se promener main dans la main. Partager.

Il aimait me faire l’amour (adorait... !), me jouer du piano, me tenir dans ses bras... Moi j’adorais l’écouter, le sentir... Nous nous délections de l’harmonie tranquille, profonde entre nous.
Sa façon de manger, de parler en société ne me dérangeait pas, moi. Lui, oui, et il l’a changée, il s’est changé. Pour lui. Pas pour moi. Au début je savais qu’il aimait ce Nous, Et même quand il se trompait ou exagérait, j’en souriais... Je l’aimais. Tel quel. Je sentais qu’il était bon.

Carte postale

Carte postale écrite à François :

Les vrais amis, les vrais liens se révèlent dans l’adversité. Les vrais caractères aussi. Je me suis peut-être laissé aller, repos, arrêt, etc. mais il y a une année seulement ma colonne vertébrale a été brisée : rien d’autre.

Je suis toujours aussi solide, toujours moi. Ce n’est pas la première épreuve traversée et finalement vaincue. Regarde–moi !

Me suis-je trompée?

(toujours du cahier "Que faire?")

Jamais rivaliser, nous spécialiser. Entraide en coulisses. Bien établir les terrains respectifs. Encourager l’autre en ce qu’il veut faire : ne pas le décourager, ne pas vouloir le changer !

De temps en temps faire un bilan et découvrir ce qu’on peut, ce qu’on veut et analyser les moyens que l’on a pour l'obtenir. Ce qui est en notre pouvoir et ce qui ne l’est pas, ce qui est possible si on OSE, si on agit, si on réfléchit. Et le Réaliser.

Il n’y a pas de Solidarité si ce n’est pas réciproque. Ni Joie unilatérale, satisfaction, quand on vit ensemble, si elle n’est pas partagée.

La vie ensemble, n’est pas facile. C’est un être fragile à Soigner. Tu savais ! que chaque jour, chaque semaine, chaque mois heureux de ta vie est Gagné et Rare ; tu savais le Savourer !
De nouveau tu as oublié, de nouveau tu as cru qu’il y avait “le Vrai“, “l’Éternité”, “la Loterie“ et qu’une fois gagnée cela dure...

Hélas, aussitôt que l’on croit à l’éternel, le durable, le sûr, aussitôt il s’enfuit ! disparaît, se dissipe, se dissout, s’éloigne. Puis on se réveille d’un rêve impossible, éternel, humain et l’on reste avec quoi ? Souvenirs doux, souvenirs amers - et soi même.

Se réveiller d’un conte de fées dans lequel on croyait vivre c’est dur et ça fait mal. Malgré tout, et de nouveau, j’ai cru à mon prince charmant arrivant et me choisissant pour être sa reine. Un homme n’est un prince charmant, que tant qu’on le croit, qu’on se berce, qu’on y rêve. La réalité, les réalités de ce monde...

Peut-on être heureux en vivant avec les pieds sur terre ? puis-je être heureuse après m’être réveillée d’un rêve ? Fantastique. Ou est-ce que je nageais... vers la fin, toute seule..... ?

On s’aime. Certes. On est attachés l’un à l’autre. On aime être près l’un de l’autre. Se promener main dans la main. Mais.... on ne se rend plus heureux l’un l’autre. Au lieu de rassurer, la présence, la venue de l’autre a commencé à inquiéter. Que dira-t-il, comment me regardera-t-il ? Alors, ce n’est plus “ça”.

On se rendait si heureux l’un l’autre. Par quoi ?

Par le besoin, bien exprimé de François d’aimer et de vouloir rendre heureuse une femme. Par le besoin de François de communiquer, d’être ensemble, d’être liés fortement, que j’ai perçu en lui et beaucoup apprécié. Par l’expression, l’acceptation par moi tel qu’il se montrait, tel qu'il était. Par sa découverte, à travers moi, d’un meilleur monde, plus vivable. Par l’expression d’une chaleur, d’une admiration et de joie de ce qu’il faisait. On donnait sans rien exiger et l’on recevait énormément en retour, tous les deux.

Où, comment cela a-t-il tourné au vinaigre ?

J’ai trop donné sans qu’il lutte pour cela ? Mon offrande paraît aujourd’hui de moindre valeur ? J’ai continué à attendre l’acquis, l’amour, chaleur et joie sans me rendre compte, à temps, d’un problème.

Si. Je me suis rendu compte que, de temps en temps, il était moins heureux et moins ardent. Mais - il disait : « j’ai des soucis professionnels ». Des soucis pour lui. Puis des soucis pour lui à cause de mes soucis à moi, puis à cause de ma famille. Puis à cause du livre, de mes «exigences» ?

Comment est-ce arrivé ?

Nous avons eu des discussions orageuses au début déjà, cela n’a pas perturbé notre entente, notre amour, notre bonheur. On s’est “trop” connu ?

On s’énerve. D’un regard. D’un mot. D’un geste fait ou pas fait. Il y a une tension dans l’air qui nous rend susceptible, irrité et élimine la possibilité d'une vie ensemble et d'un bonheur tranquille.

Je le croyais, je l’ai senti comme mon mari. Et Lui ? Au début j'étais sa conquête. Puis “sa” ? femme ? amante ? conjointe ?

Je sais. Je donne trop et j’en demande trop. Je m’abandonne trop, je me donne, je m’oublie puis... Est-ce qu’on regrette tous les deux, a-t-on l’impression d’avoir trop donné ?

Où est-il mon amour ? Où est-ce son amour ?

Où en est notre puissance de rendre l’autre heureux, notre bonheur d’avoir réussi à rendre l’autre content, à le faire se sentir mieux dans sa peau ? Comment le retrouver ? Y a-t-il une recette ?

Je n’aurais pas dû dire “mon mari”. Je n’aurais pas dû m’irriter qu’il travaille sur son ancien programme. Je n’aurais pas dû lui reprocher que l’écriture de notre livre traîne. Je n’aurais pas dû admettre qu’on travaille ensemble et qu’on dépende tant du travail de l'autre.

Je devrais lui montrer mon admiration, qui est réelle, pour ce qu’il sait, pour ce qu’il voit mieux que moi.

Vivre dans le même logement ? Travailler ensemble ? Merveilleux, pour les deux. Et en même temps, source de poison ? De se sentir incapable de le rendre détendu, heureux. Peut-il l’être ? Apprécier ce qui l’entoure, le voit-il, sent-il ? J’ai besoin de vivre heureux. Je m'en trouve les moyens. Et lui ?

Je me sens comme un poisson à sec. Et en plus, pleine de ressentiments. François a, lui aussi, des pareilles sensations. Où va–t–on, où suis-je, me suis–je trompée ?

Vivre ma vie en harmonie avec quelqu’un, est-ce impossible ? Seulement un rêve ? C’est possible, si on admet que chaque heure ne doit pas être du miel. Quelques heures heureuses chaque jour c’est déjà fantastique !

Conserver l’indépendance, s’encourager, séparer les domaines du travail, se sentir et se donner de la place, de l’air, la tranquillité d’esprit nécessaire à la création. Donner seulement quand ce que l’on donne ne sera pas regretté plus tard. Donner ce qu’on peut de bon cœur, pour que ne naisse pas plus tard des rancœurs. Voir argent, temps, conseils... S’aider à s’épanouir réciproquement.

Au revoir

– Au revoir François ! je pars en voyage.
– Sans moi ? Tu ne m’emmènes pas ?
– Non, pas cette fois-ci. Mais je réfléchirai.

Et maintenant?

L’été, le printemps et l’automne dernier ont été MERVEILLEUX.

COMMUNIQUER
S’AIMER
ADMIRER
ÊTRE ADMIRE et
AIME d’une âme, d’un esprit égaux aux miens !

Attention ! Égal, mais différent.
Et puis ? et cet été, et demain ?

Julie, tu as déjà eu des jours merveilleux, comme tu espérais et même plus de la vie, dans ta vie ! T’es devenue plus jeune, plus Heureuse, Tu as perçu un nouvel éclairage sur certaines choses, de nouvelles façons de les montrer.

Tu as été très, très amoureuse et très très aimée !

Et MAINTENANT ? où va-t-on ? jour après jour on s’approche. Oui et non. On s’aide - ou l’on se détruit ?

Tu es OK ! et même Formidable Julie et pas bête.
Sois forte et courageuse, tu verras, tu vivras. Suffit-il du vouloir pour pouvoir ? Veut-il encore vraiment ? Sait-il ce qu’il veut ? Ne cesse pas de t’épanouir !
J’ai déjà fait des énormes pas en une seule semaine ! Continuer.
Dale Carnagie dit : “Ne condamne pas : essaie de comprendre, quel est LE, ou quels sont LES motifs cachés ?”

Quel est le Raison - conscient ou non - de son comportement, son changement ? Liée à quoi ? Depuis quand ?
Que faire ?
C’était NOUS. Vérité ou leurre ?

Puis ça a commencé à être chez LUI : son argent, son ordinateur, ses ennuis, son futur, son renom, ses talents. Mes enfants, mes ennuis, mes problèmes trop lourds pour lui. Mon poids, mon avenir, mes possibilités, présentées, vues en gris.

“Je n’ai pas le choix”, dit-il.

Si ! --> Il a le CHOIX. Mais MOI aussi !

Tu sais...

Te REMETTRE Solidement sur Tes Pieds !

Paroles ? Espérances ? Rêves ?
à Actes ! Attitude ! Réalité !
Tu te donnes le courage et le droit de

Rêver • Croire • Aimer
Tu n’as pas peur de Regarder les RÉALITÉS.
Tu sais tirer des CONSÉQUENCES
Tu as appris que c’est Ta VIE et que tu es Responsable de la Tienne ; pas de celle des autres.

Tu SAIS, Tu Assumes TA Responsabilité.

Pour que les années qui passent... Tes années, Ta vie, Soient Pleines :
• Années d’enfance Confiantes,
• Années d’adolescente en lutte,
• Années de jeunesse Étudiantes, Travaillant puis plus tard Amoureuses,
• Années de mère Pleinement Heureuses !
• Années d’amante Satisfaite, puis trompée, mais ressaisie, rebondies ;
• Années de travail Constructives, d’études et recherche de buts ;
• Années d’amour Réparateur, redonnant Confiance et puis Nostalgie et Renouveau
• Années du Divorce, du Courage,
• Années d’Apprentissage, d’Avenir, de Découvertes et Revalorisation
• Années de Construction, Gestion, Édition, Créativité, Renouveau
• Années d’amour, de voyages, de déceptions, de solitude et puis, de nouveau,
• Année de découvertes, d’énormes espoirs, de renaissance,
• Années de chaleur, tendresse, respect réciproque, admiration, bonheur, communication.
• Année de douleur, de maladie, de décisions et de courage.

Et celle - ci ?

Pourquoi cela me fait-il tellement mal au cœur seulement d’y penser ? Ce qui a été. Ce qui a été est fini. Ce qui va être ?

Travailleuse, tu aimes

Tu es TRAVAILLEUSE !
Tu aimes lire, contempler, t’amuser, te reposer.
Mais, tu adores Travailler, Bien, Longtemps, avec Résultat,
Optimisme et Ardeur.
Tu réalises, tu obtiens, tu fais.

Tu AIMES :
Écrire, Nager, Communiquer, Lire, Enseigner, Savourer, et
Sentir.
la brise du vent, les senteurs du soir,
une main tendre, un corps enflammé,
le saveur d’un fruit, senteur des fleurs,
la chaleur d’un REGARD ou d’une voix.
Vivre Sans Heurts en HARMONIE autour de Toi.

Tu sais CRÉER cette atmosphère d’HARMONIE autour de Toi, chez toi. Quand tu t’y mets on sent la VIE, la CHALEUR, la Tranquillité et l’équilibre INTERNE et autour de toi.

Tu aimes avoir autour de toi des OBJETS qui te parlent
de l’amour, de la chaleur, d’oser, de l’inconnu vers où l'on va,
T’entourer des images, des choses familières d’aujourd’hui et des siècles passés, de sentir les ancêtres te sourire, t’encourager, Mais en même temps,

Tu as appris à --->

PARTIR sans Rien,
“les mains dans les poches”,
en emportant TOI même,
Tes souvenirs, Ton courage,
Ton savoir et Ton optimisme,

Quand le temps arrive, te presse Qu’il faut Se sauver, Partir, Rebâtir, Recommencer.
Même si, Ton corps te fait mal, Ta peau est sensible, Tu as appris à ne pas TROP y Penser. Ton mari a pu te tromper, il a réussi à te dévaluer.

Tu as appris à t’en SORTIR, Te ressaisir, Te revaloriser
Certains ont pu te laisser tomber, d'autres ont su te leurrer, abuser.
Tu t’en es sortie, Tu t’es pardonnée.
On ne peut pas TE TROMPER...
On ne peut plus TE DÉVALORISER... longtemps.
Tu Sais t’en Sortir, te rebiffer
---->

Sentimentale, Jeune, Adulte

Tu es SENTIMENTALE
Sensible, Attachée, Attachante, Rêvant, Vivant, Savourant,
Gourmet de la vie, et de ses beautés, de ses plaisirs sans devenir esclave pour autant, sachant la savourer en femme LIBRE !

Tu es et reste JEUNE
d’esprit, de regard
Tu n’as pas perdu le regard curieux des enfants,
Ni leur confiance dans le monde et les autres,

mais quand même ->

Tu es ADULTE !
Tu sais prendre des décisions
Tu sais en subir les conséquences
Tu prends tes responsabilités
Tu sais être lucide et ne pas te laisser berner... trop longtemps
Tu agis, et tu sais Vivre avec Toi-Même.
Tu es bonne Amie avec Julie qui est OK !

et en plus -->

Optimiste, Créative

T’es OPTIMISTE.

Tu crois longtemps, fort longtemps, qu’il y a un moyen d’en sortir, de s’entendre, d’être heureux et de faire en sorte que la vie, même si elle n’est pas pleine de roses vaille la peine, qu’on la VIVE sans peurs du lendemain, qu’on la vive AUJOURD’HUI. Pas hier, vers le futur, les pieds sur Terre.

Vivre pleinement notre aujourd’hui et ne pas regarder tout le temps les nuages à l’horizon. Où serons-nous ? Quand ils arriveront, s'ils arrivent...

Si l'on croit fort en quelque chose, on à de fortes chances de le réussir. Beaucoup, beaucoup plus de chances qu’autrement.

Mais Julie, reste quand même avec les pieds sur terre et n’arrête pas de réfléchir, de progresser.

En plus de cela --->

Tu es CRÉATIVE.
Tu imagines, tu crées, tu réalises, tu finis.

Tu enseignes, tu donnes du Courage et le sentiment que les autres qui sont tous - à tes yeux - tes égaux, peuvent aussi : Savoir, Faire, Créer, Aller plus loin !

Tu regardes, tu contemples, tu t’éloignes, tu absorbes, et ensuite... cela arrive. Après s’y être plongé, il faut laisser reposer pour que surgisse l’idée créatrice. Ensuite travailler. Relire. Repenser. Éventuellement recommencer. Et l’utiliser. Les passer aux autres.

En plus, tu es ->

Honnête, fidèle, flexible

T'es HONNÊTE et Fidèle,
TANT QUE L’ON TE REND LA PAREILLE.
Tu es à côté de tes AMIS,
ENFANTS,
AMANT
en leurs BESOINS et problèmes.
Tu ne laisses pas “Tomber”
ceux qui en ont le plus besoin.
Tu ne les juges pas sur des choses extérieures
mais sur leurs ÂMES ET ACTES.

Être à côté, ce n’est pas les prendre sur son épaule, ne pas se mettre à leur place. Donner ce que l’on peut. Ce que l’on croit qui peut les aider le plus.
“ That woman is a success who leaves everyone better than she found.”
et en plus à -->


T’es FLEXIBLE !
Forte et souple.
À chaque nouvelle ÉPREUVE, tu sais t’en Sortir !
Comme une balle qui rebondit,
Comme une fleur qui repousse de terre,
Comme une chienne qui ressort de l’eau.
Et tu as appris à te laver de la vieille Poussière,
de nouveau SOURIRE,
de nouveau CROIRE,
de nouveau OSER et Réaliser !

Il n’y a pas de vie sans épreuves, sans problèmes. Ni sans sourire, sans soleil, sans fleurs, sans oiseaux qui chantent, d’autres gens qui répondent à ton sourire.

Il est normal que parfois on se sente submergé de problèmes mais j’ai appris à les peser, à les mettre en attente, loin, et de resurgir à un moment donné. Que de fois déjà réalisé ! Cette fois aussi resurgir. Je le fais. Je le ferai. Je peux.

Et en plus >

Chaleureuse! Sympa!

T'es CHALEUREUSE !
• Tendre
• Soucieuse de l’autre, donnant,
• Partageant avec plaisir, ce que tu as :
des biens, des connaissances et des idées.
Tu as un cœur et un corps chauds ! tu es une vraie femme.
Tu as été un volcan sous la glace. Maintenant ne le cache plus.
Sois et reste espiègle et pleine de vie, comme tu étais... à 5 ans. Cette fille que ta mère a aidée à se former est restée en toi. Laisse‑la se libérer, s’épanouir.

et en plus --->

T'es SYMPA !
Tu regardes les Autres avec sympathie, leur faisant sentir qu’eux aussi sont bien ! Tu es courageuse, et l’on peut compter sur toi, tu es Ouverte, et bouillonnante de VIE
Tu es capable de communiquer avec tes yeux, utilise les ! Ton sourire, tes paroles et ton écriture, ce ‘Vous êtes bien’, ce "Tu es capable, ose !’ Continue !

et en plus--->

Que Faire? Cahier de réfléxions

Seule à Paris

Paris, septembre 1989 du cahier spécial de réflexion sur nous !

Je suis partie seule à Paris, pour me redonner du courage et j’ai commencé un cahier séparé sur moi, sur nous - espérant qu’il me donnerait des idées.

Je suis bien !
Telle que je suis aujourd’hui.
Prenez-moi comme je SUIS ou allez votre chemin...
Julie ! évite ceux qui projettent une fausse, une mauvaise lumière sur TOI ! Et ne te laisse pas sous-évaluer !

T'es INTELLIGENTE !
Pleine d’idées intéressantes,
Tu comprends l’essence des choses,
Tu sais en extraire l’essentiel,
Tu sais l’appliquer ! et l’expliquer.
Tu sais jeter une nouvelle lumière sur les choses, les voir sous un angle inhabituel, surprenant, intéressant, vrai.

Et en plus ---> (d’ici commence la page suivante du cahier)
suite mercredi à mon retour

23 août 89

Ima, Anyuka, Maman. J'ai la grande joie d'avoir pour quelques semaines Agnès et Lionel autour de moi. Hélas, François se promène avec une figure désagréable, triste - presque tout le temps. J’espérais avoir du bon temps, des vacances en famille, mais comme François se sent exclu et se comporte comme tel, ce n'est pas possible. En plus, mes nerfs ne supportent plus sa mine affolée, catastrophée, boudeuse, coincée, qui réapparaît à n'importe quel moment chez lui.

J'ai des problèmes financiers, mais je SAIS que c'est momentané et je ne me laisse pas déranger dans ma joie par cela. François ne comprend pas pourquoi je ne m’inquiète pas plus et pourquoi je remets à plus tard certains problèmes pour me consacrer presque totalement à mes priorités : aider mes enfants et écrire, finir si possible le livre, apprendre à mieux programmer, me promener et reprendre ainsi mes forces. Me lever à 6 heures du matin, travailler à "ma manière" jusqu’à 11 h, sans gagner d'argent tout de suite. Travailler avec plaisir et qui sait, comme d'habitude, trouver ensuite comment le faire fructifier.

On m'aime. François m'aime lui aussi, autant qu'il le peut, à sa manière. C'est dans son caractère de s'affoler si vite.

Je crois que je vais essayer de vivre à Paris un mois seule, laissant François vivre ici, dans sa maison. Venir le voir ou inversement. Mais être moins ensemble. Pour avoir plus envie de se revoir et avoir plus de tranquillité quand on est ensemble.

J'aime être ici à la campagne moi aussi, mais seulement quand cette maison reste un havre de paix. Sinon, on peut s’en aller vite quelque part, à Montmartre par exemple.

Donc le laisser à La Celles et partir à Paris!

J'ai eu de nouveau quelques jours d’amour, de chaleur, de tendresse et même de grande créativité. Ensuite, de nouveau des tensions, douleurs au cœur, et le sentiment d'éclater. Et oui, j'ai besoin de crier (hurler?) quelquefois et ici je peux finalement encore moins crier, éclater qu'à Paris. Je me remets sur pieds et puis d'un coup, j'ai l'impression d'être de nouveau déséquilibrée.

Bien sûr, cela dépend de deux éléments : d'un côté ce qui me pousse, mais aussi parce que je ne suis pas assez sûre de moi. Mon équilibre n'est plus assez stable. C'est à cela que je dois surtout réfléchir, pourquoi ? Que faire pour le regagner?

Équilibre. Vivre dans la Tranquillité. Est-ce possible avec un homme névrosé ? Bon, intelligent, tendre - mais malade. Au lieu d’aller mieux, il va de mal en pis. Je peux surmonter beaucoup d'épreuves si on ne m'ôte pas mon courage, tout le temps.

“Lutter pour ma tranquillité et lutter pour conserver l’estime de moi-même!" (écrivais-je en 1986), c’est encore valable aujourd'hui. Qu'est-ce qui arrive ? Est-il possible de conserver en même temps ça et François? C'est là, la question.

François m'apporte la chaleur et la tendresse humaine, me permet de ne pas me sentir seule, de pouvoir communiquer (?), de me sentir utile, d'être ensemble. Je suis adulte. Mais les adultes aussi ont besoin des autres, d'un autre, de chaleur, de "défi intellectuel"... Quel en est le prix que cela vaut ? qu'on peut se le permettre ?

Je n'aime pas lutter ! et j'aime être moi-même. Qu'on ne me dise pas ce que je dois manger, quand et comment, ce qu’on doit faire ou ne pas faire ! Même quand il ne le dit pas, il crée une telle pression...

Je ne le supporte plus, je craque, mes nerfs se détruisent.

Où est-il, que reste-t-il de la "grande loterie" ?

Une année, est-ce tout le temps pendant lequel je puis être heureux avec quelqu'un ? Une année avec Sandou (la deuxième après mon mariage), une année avec Pierre, une avec l'affreux Paul. Oui, il y a eu Larry aussi, mais fort peu, qu'importe, j'étais très heureuse.

Et aussi seulement une année de bonheur avec François ? Est-il vraiment fini mon bonheur? Tout n'a été qu'un mirage? Où est le problème, où est la solution ? Pourquoi tout a tourné au vinaigre ?

Je ne veux pas laisser détruire mes rêves !

Je ne veux pas ne pas pouvoir être détendue avec mes enfants

Je ne veux pas avoir peur de le voir éclater de nouveau

Je ne veux pas être inquiète de ce qui va encore lui déplaire

Je ne veux pas sentir une angoisse en moi.

Je veux vivre tranquille, étudier, me reposer, être indépendante,

Je veux garder mon visage "agréable" et détendu,

Je veux rire de rien ou de tout, sans que cela choque,

Je veux avoir du plaisir dans les moments de ma vie sans pressions

Je veux vivre sans ses inquiétudes pour le futur projeté sur moi.

François est hélas très influençable et depuis que l’éditeur adjoint de la revue a projeté sur nous une certaine lumière, partielle, un point de vue subjectif et superficiel, il y croit, il le voit tel. Pourtant il y a tellement plus entre nous. Il le sait, mais il ne peut pas en même temps ne pas être influencé par les préjugés des autres, même pratiquement des inconnus.



Stéphanie m’a conseillé de faire une liste et y mettre d’un côté les qualités, de l’autre les défauts de François, l’étudier, réfléchir : vaut-il pour moi de continuer?

Au lieu de me pencher sur François j'avais probablement besoin de faire un bilan sur moi-même et reprendre confiance. La voilà. J'ai ouverte un cahier spécial, à part. Son titre: "Que faire?"

23 juillet 89

J'ai un fils merveilleux et nous avons recommencé à vraiment dialoguer avec François. On vient de découvrir aussi que travailler ensemble n'est sain, ni pour moi, ni pour lui, et surtout pas pour notre couple. Nous allons essayer de finir quand même ce livre-là, puis seulement s'aider, à faire chacun de nous notre "truc". Si on le veut fortement - et on le veut, on peut s'entendre. On se comprend, surtout, à partir du moment où l’on recommence à vraiment communiquer.

Je me suis aussi rendu compte qu’avec François nous sommes devant un "truc impossible" à la Echer, deux oiseaux volant presque à sens envers n'existant pas à cause de l'autre. Notre œuvre commune a besoin de tous les deux, mais chacun la considère au fond de lui comme "son" bébé. Moi aussi je veux mettre les idées géniales de François dedans et Lionel aussi l'aide, mais en même temps je voudrais qu'il apprécie davantage ma contribution. Que je puisse sentir que ce livre ne m'échappe pas.

François a commencé à me conseiller, puis, petit à petit il reprend la main. Avec les idées originales de "mon" livre, puis "notre livre", finalement "son" livre ? Nous allons essayer de finir ce livre sans s'entre-déchirer. Cela serait vraiment dommage. Ai-je fait des progrès ?

21 juillet 1989

De nouveau et de nouveau il se confirme que j'ai des enfants extraordinaires qui m'aiment énormément et intelligemment.

Prendre des vacances, prendre du bon temps, s'amuser c'est quoi ? Différent pour chacun. Surtout, faire ce qu'on AIME.

Moi, j'aime JOUER et CRÉER avec l'ordinateur, écrire, tester sur le Mac, essayer, expérimenter. Avant, ma grande passion était de LIRE des romans ou pièces de théâtre. M'imaginer dans une autre vie.

J'aime aussi nager, mais seulement si je peux le faire tranquillement, sans que cela soit associé aux conflits, collusions possibles ou crainte qu'on me saute dessus.

J'aime faire l'amour, quand envie, amitié, amour, tendresse, partage viennent des deux côtés. J'aime converser, tant que ce n'est pas générateur de conflits, de blessures personnelles. J'aime aider, tant que cela ne me coûte pas trop, en renonciation de ma personnalité, de ma propre valeur.

Puis-je vivre longtemps encore dans cette tension ? Non.

Je suis assez forte, mais je ne résiste pas bien à cela et je déteste les mauvaises surprises, changements d'humeur.

Je suis à La Celles avec mon fils sortant de l’armée, chez François, à la campagne. Dans SA maison. On travaille sur SON ordinateur et il a l'impression - fausse d'après moi - que nous mangeons sur ses deniers. Qu'on achète des choses, qu'on jette, qu'on néglige, qu'on ne les ESTIME pas assez. En plus, que nous ne sommes pas de VRAIS ou BONS Français. Qu'on ne prononce pas pour que "TOUT le monde" comprenne ; que je n'écris pas comme "Tout le Monde", que je ne conçois pas qu'on ne doit pas faire ÇA, qu'on DOIT faire Cela. Que je vois les choses sous un angle différent.

J'en ai assez, j'en ai marre, cela commence à déborder.

C'est bien d'être ensemble, mais il y a une limite au prix qu'on peut payer pour chaque chose, au-delà de laquelle elle ne vaut plus son prix, devient trop chère.

Je suis si triste. Encore une fois un futur dans lequel j'ai cru s'écroule, est en train de couler. Je suis chaque fois trop naïve, pas assez réaliste.

Être accepté, est-ce un mythe ? Accepter quelqu'un, d'accord, mais jusqu'où nous accepte-t-il ? moi, et mes enfants, qui sommes une entité. Ce que je ne peux pas accepter c'est de ne pas être acceptée. Est-ce trop demander ?

Je ne me suis jamais senti autant étrangère.

Je me suis toujours dit que les gens incultes, bas et méchants peuvent me reprocher ma différence (accent, comportement, écriture) mais j’avais vu cela jusqu'à aujourd’hui uniquement comme de petites mesquineries d’êtres faibles. Les gens forts, intelligents, ont vu et découvert en moi mes qualités de cœur, d’âme, d'intelligence, de pénétration et compréhension - le reste étant des détails. C'est vraiment comme cela qu'ils me voyaient, je le crois. Bien sûr, quand cela leur convient, quand ils n'avaient pas d’autre arme pour se défendre contre moi, ils pouvaient utiliser ma façon de prononcer ou, d'écrire - mais seulement quand ils deviennent trop faibles par rapport à la force de mon intelligence. Et ils avaient soin de ne pas trop le montrer.

Je vivais, peut-être comme François me l'avait fait remarquer une fois, sur une île à moi, mais entourée de VRAIES amies, pour qui et entre lesquelles je ne suis pas une étrangère. île où je me sentais bien, en sécurité, aimée et appréciée. À Montmartre, dans mon nid, havre de paix, calme, tranquillité, chaleur et création. Cette force de la nature qu'est François est venue et l'a perturbée. Je me suis laissé perturber, arracher de mon nid tranquille, parce qu’aussi bon que cela puisse être, ma solitude me pesait déjà, mes amies étaient loin et moi je suis quand même une femme de tempérament.

J'ai risqué - les yeux ouverts - je n'ai pas négligé Bip mais momentanément ma création, isolement, sécurité, équilibre.

Il m'avait revalorisée comme femme, être humain - pendant un temps. Je pouvais VRAIMENT communiquer avec lui, j’étais avec quelqu'un qui avait vraiment besoin de moi, qui se souciait de ce qui se passait et, j'avais l'impression d’avoir quelqu’un sur qui on pouvait compter. Je lui ai amélioré sa confiance en lui et démontré qu’il avait quelqu'un sur qui on pouvait compter près de lui.

On essayait de réaliser ce que chacun de nous voulait en s'entre aidant, en se conseillant de notre mieux.

Je commençais à croire à la réalisation de mon rêve, mon besoin d'avoir enfin un HOMME, un mari qui m'accepte TELLE que je suis. Ce qui me fait si mal, c'est que je me suis leurrée en croyant qu'il m'avait acceptée, entourée, aimée, estimée, adorée - telle que j’étais.

Pendant une année, oui, peut-être. Puis est venu ce qui vient inévitablement : les hommes s'habituent aux bonnes choses, les trouvent normales, même moins intéressantes ou attirantes, et n'y attachent plus assez de valeur. Je dis “assez“ parce que, lorsqu'on se sépare et qu’ils restent seuls - ou avec d'autres femmes - ils se souviennent, regrettent et cela leur manque.

Après un temps, à cause de leur passion éphémère, la lutte leur manque. Je ne sais pas être assez coquette, froide pour les tenir tout le temps sur le "qui-vive", (en chaud puis froid), je n'aime pas ça, je me refroidis et ça me dégoûte rapidement. François m’a pourtant dit que lui, ne veut pas, n'a pas besoin de ça, mais plutôt de sécurité, d'amour. Cela je le lui ai donné, c'est ce que je sais donner. Mais cela ne suffit pas. Aide, conseils, amitié, compréhension, abandon ne suffisent pas.

Les hommes ont ce besoin de dégrader, d'abaisser, de me faire sentir que je ne suis pas assez bien.

Sandou me faisait sentir vieille à 33 ans déjà ! puis à mes 42 ans encore - en courant après des femmes de 20 ans et en disant “nous sommes trop vieux pour ceci ou cela” et “tu es aigrie ! ”

Paul regrettait que je ne sois pas assez élégante, coquette "16e". Il n'a pas réussi à me donner des complexes parce que je l'ai trop peu estimé. Ce qui m'a heurtée relativement à lui, était surtout que moi je l'aie si mal jugé et chassé de moi la première mauvaise impression. Je me l’ai pardonné, avec le temps. Parce que je l'ai aimé beaucoup et c'est merveilleux de faire des choses avec quelqu'un qu'on croit aimer même si ce n'est que momentanément.

Faire des folies passagères dans la vie c'est admissible, si cela ne vous coûte pas trop, et Paul ne m'a pas coûté autre chose que trop d'argent. Et qu'est-ce que c'est que l'argent dans la vie? Une chose secondaire, tant qu'on n'est pas malade, malheureux, qu'on a un toit et du pain. Le tout est de ne pas SE perdre! De ne pas se sentir inférieur, mal dans sa peau!

François se sent mal dans sa peau et probablement à cause de ça il accuse les autres. C'est son éducation ou sa nature. C'est son malheur relativement à son entourage. Il blesse, provoque et je crois même, qu'il aime ça. Tant qu'il ne l’exerçait pas sur moi, ceci ne me dérangeait pas trop. Je lui avais expliqué que ce comportement ne l'aidait pas à être accepté, à réussir ce qu'il désire, mais c'était son affaire. Par contre quand il commence à me blesser, moi, c'est déjà mon affaire.

Je dois réfléchir vite et sérieusement et ne pas me laisser diminuer. Par quelqu'un qui VAUT quelque chose, c'est beaucoup plus blessant et plus grave.

22 juillet 89

Je viens d’enregistrer les paroles de François qui m’ont tellement blessée et je ne comprends pas. Dans le contexte, avec ses gestes et son regard, ils m’ont fort heurtée et en les réécoutant - comment est-ce possible? - ce qu’il disait parait anodin. Je ne comprends pas vraiment.

20 juillet 1989

Le contrôle fiscal de Bip a bien démarré, le reste on verra en septembre. Le contrôleur (une femme sympa) m'a même donné du courage, en me disant : “Ne renoncez pas, vous allez sûrement trouver que faire, une niche à prendre ! Prenez votre temps, vos vacances et réfléchissez tranquillement.” Et, j’ajouterai aussi à cela, profondément.

J'ai l'impression que François a commencé à se rendre compte de ce qu'il veut faire, et de l'énorme progrès qu'il a déjà fait ces derniers temps.

Agnès est en vacances dans le midi de la France, elle revient et sera avec nous dans quelques jours. Valérie viendra aussi pour une semaine. Lionel est avec nous, il travaille très bien avec François et commence à prendre le goût de la programmation. Comme je le pensais, il apprend très vite. Lionel n'est pas encore “mordu par l’informatique” mais le fait quand même sérieusement.

Tout pourrait aller mieux si je comprenais les raisons pour lesquelles François est souvent inquiet et même, tellement mécontent. Sinon, c'était une journée magnifique avec natation, Macintosh, des avancées et deux êtres que j'aime autour de moi.

Suis-je très bavarde ? Oui. Trop ? Pour eux, peut-être. Pour Valérie et Agnès je ne crois pas. Je parle, je ne "bavarde" pas pour ne rien dire. Est-ce que c'est ce qui dérange le plus ? Difficile de comprendre les hommes, même les meilleurs.

Pourrai-je jamais assez raconter, expliquer, chanter les odeurs des soirs à la compagne ? Du vrai "concentré" comme dit François. Fantastique et varié d’un endroit à l’autre, d'un soir à l'autre. Inoubliable. Á cela s'ajoutent l’harmonie à deux, les promenades main dans la main, un regard, un sourire heureux, fier et chaud, les couleurs. Le goût, ce soir, de deux variétés de prunes... D’autres fois des cerises, des pommes et bientôt les poires. Décidément la campagne a des secrets inconnus, qu'elle est en train de me dévoiler cet été, l’un après l’autre.

15 juillet 89

J'avais prévenu François, il y a quelque mois déjà, de ne pas me dire ou me faire sentir des choses qui pourraient me redonner des complexes d’infériorité, ou bousculer la confiance que j'avais quand je l'ai connu. Je crois vraiment que, moi, je lui ai donné confiance en lui–même. Lui aussi m'en a donné au début, beaucoup en tant que femme, mais hier il m'a dit que j’étais devenue (presque) trop chatte.

François m’a également donné confiance parce que je sens qu'il a besoin de moi, de ce que je peux lui offrir. Mais lentement, il a réussi - volontairement ou non je ne sais pas - à diminuer ma confiance en tant qu'auteur, avec l'aide et la complicité de celui qui corrige nos articles.

Dois-je travailler avec quelqu'un d'autre pour m'aider à réaliser mes idées, pour pouvoir écrire à ma façon ?

Il continue, en me faisant de plus en plus de reproches sur ma façon d'écrire - “ce n'est pas français” - et maintenant, même sur la façon dont je parle. Est-il né de nature grincheuse ? Peut-on être heureux avec quelqu'un plus d'un an ?

C'est vrai, déjà une année de vie tellement pleine de bonheur c'est un cadeau du ciel, mais cette fois-ci j'ai vraiment espéré beaucoup plus. Me suis‑je encore une fois trompée ? Est-ce que je ne sais pas bien le prendre ? Est–ce sa nature ?

Je suis triste, triste et nerveuse. Dommage. Il y a une grande tristesse interne en moi. Je ne sais même pas clairement ce qui l'a provoquée.

La panique qu'il a eue samedi ? Dans le besoin, on voudrait bien avoir quelqu'un qui nous soutient moralement. Mais finalement comment attendre de quelqu'un qui panique pour lui–même si facilement, pour des choses si peu importantes, qu'il vous soutienne moralement quand de plus grands ennuis paraissent vous arriver. Il s'est tout de suite vu - LUI - avec problèmes et avec des motifs de panique et d'énervement.

Oui - indirectement, il avait ou pouvait en avoir, par ricochet, des ennuis mineurs, relatifs et c'est surtout cela qui le dérangeait, pas mes gros ennuis à moi. Il y trouve assez de motif pour être énervé, au lieu de me donner l'encouragement, l'aide dont j'ai besoin. Il a compris maintenant, mais hélas, seulement après que moi, j'aie déjà reçu à plein le choc de son comportement. Je n'en suis pas encore revenue.

Mon dernier ennui est un contrôle fiscal de Bip, qui je crois peut bien se passer si j'ai un peu de chance.

Mais notre relation ? Que va‑t-elle devenir ? Il faut que je la revoie, la réévalue. Que je ne lui demande pas plus qu'il ne peut donner. Ne pas lui faire ce que je lui reproche. Chacun de nous peut apporter "en faisant de son mieux, autant qu'il peut", et pas plus. Finalement, ce n'est pas si mal que ça, tout ce que cela représente de chacun de nous. Mais il ne doit pas y avoir de trop grandes attentes.

Ce n'est pas facile être lucide et d'être amoureux en même temps.

Être "chatte" et le doser, pour ne pas en faire trop, ruser, ne pas s'abandonner, ne pas se donner entièrement, complètement, non plus. Se donner sans se perdre, là, peut-être réside le cœur du problème. Ne pas se heurter. Continuer à communiquer. Ne pas s’accuser.

Essayer de s'accepter, vraiment, l'un l'autre. Ce n’est pas facile à réaliser.

Selon Carnagie

“Tu ne m’admets pas comme je suis !”, dit il.

Oui, je n’admets pas qu’il ne m’admette pas TELLE QUE JE SUIS et qu’il ne voit pas ce que j’ai de formidable. Je n’admets pas quand il me retire ce qu’il m’a donné : admiration, amour. Je ne veux pas de succédané. Je sens la différence. Je n’aime pas la façon dont il me voit depuis - depuis quand ? et pourquoi ? Comment connaître mieux l’âme humaine ? Comment faire que l’indulgence, la compréhen­sion, l’acceptation reste, soit mutuel et vrai, profond - sentie et montrée.

Je dois m’éloigner, réfléchir, savoir quoi faire et comment.
Ce que je dirai, ce qu’il dira ? Non !
Ce que je ferai, ce qu’il fera...

Carnegie conseille de dire :
“Vous avez raison, je vous comprends.” Mais tant que je ne comprends pas les raisons ?

Carnagie dit aussi :
Ne pas blâmer l’autre d’être tel qu’il est, ne vous moquez pas de sa colère, de ses réactions, Plaignez le, offrez lui de la compréhension. (Jusqu’où ?) N’exige rien, ne demande rien. Contente toi de ce qu’il peut, ce qu'il veut donner. Si cela ne te satisfait pas, ne le blâme pas : éloigne-toi. Reste ami. Montre lui que tu sympathises avec lui.

Il est comme il est, et il a le droit à SA vie... tout comme moi, j’ai le droit à la mienne, tel que moi je l’entends.

Selon Dale Carnagie :
« Nous pouvons nous dominer ! Frappez sa vue et son imagination.
Respectez les opinions de l’autre. »


Oui, mais Réciproquement !

Admettez vos torts de bon cœur, commencez à parler. Posez des questions positives. Laissez parler l’autre à son aise. Laissez croire que l’idée vient de lui.
Toujours ?
Essayez de voir son point de vue.

Et réciproquement !

Offrez-lui sympathie, compréhension, amitié.
Lancez un défi. Faites lui une belle réputation à mériter. ( ?)
Louez d’abord, critiquez après.
Montrez les erreurs d’une manière indirecte.
Suggérez au lieu de dire, encouragez, louez les progrès.
Laissez lui sauver la face.


J’ai fait des erreurs de tact. Pourquoi ? Mon amour propre a été trop blessé. Je n’ai pas assez réfléchi, j’ai trop “ressenti”.

Autres conseils de Carnagie pour garder le bonheur au foyer :
Tranquillité, Indépendance, Laisser seul, Ne pas se quereller, ne pas récriminer, ne pas se plaindre.Ne pas critiquer, pas de jalousie. Acceptez les autres tels qu’ils sont.
(Réciproquement !)

La première règle à appliquer, c’est de les laisser être heureux à leur manière”
Oui, pourvu que... cette manière ne vienne point gêner la nôtre.

Acceptez votre partenaire tel qu’il est, n’essayez pas de le réformer.
Et le réciproque !

Ne demandez pas TROP, l’un de l’autre, rendez justice au mérite de l’autre, restez courtois. Encouragement. Exprimer l’Admiration. Ne pas critiquer devant les autres. Le comprendre, l’aider dans ses moments de fatigue ou de nervosité”.
Oui, Important : y penser !

Chercher toutes les occasions de l’encourager et de lui exprimer votre admiration.
Oui, Important.

Laissez-lui diriger ses affaires librement tel qu’il l’entend.
Julie ! - Mais si un autre le dirige ? ou des autres ?

Faire courageusement face aux rêves financiers.
Chacun de son côté ?!
Efforts pour s’entendre avec sa famille.
Mais aussi la mienne ? !
Savez-vous faire le sacrifice d’une opinion SANS importance ( ?)
Essayer de comprendre ce qui est derrière les mots. Se mettre d’accord en trouvant un terrain d’entente ! Ne pas trop s’isoler. Ne pas être trop ensemble, non plus.

2 juillet, La Celles

Bientôt mes 55 ans seront terminés, et ça continue...

Comparé à il y a quelques années, tout va mieux, sauf mon poids et Bip. Lionel a terminé l'armée, nous sommes venus à Celles tous ensemble. être entre deux et ne pas savoir vers où l’on va, n'est pas facile pour lui. Lionel est en bonne santé et j'espère que le moral suivra et qu'il se rendra compte que quand il s'y met il peut.

Agnès a terminé sa première année de travail, a obtenu plusieurs Mac' gratuits d'Apple pour son école, mais a raté ses examens de Maîtrise. Elle rattrapera ses études et apprendra bientôt l’HyperCard. Elle sera ici dans une semaine pour un mois entier. Lionel devrait aussi être quelques semaines de plus avec nous. Et Valérie viendra pour une semaine, elle devient aussi ma fille maintenant et je m'entends merveilleusement bien avec elle.

François a deux mois et demi de vacances. Je me suis donnée aussi deux mois et demi et nous sommes venus à Celles, à la maison du “Cours du Bout de Chemin” ! Silence, tranquillité, bon air, promenades dans les vergers et à travers les champs, intimité, “repos en couple” et bien sûr beaucoup de création.

C'est extraordinaire comme en deux semaines le livre que nous écrivons ensemble a mûri, a changé, s'est développé ! Aujourd'hui je crois qu'on est entré dans une phase décisive : on commence à bien voir comment le tout fonctionnera ensemble. Nous avons déjà écrit des centaines de pages. Il y a encore à écrire et des chapitres à modifier. Mais cela prend une très bonne forme. Et, en plus, cela détend l’atmosphère.

Nous commençons à nous rendre compte comment bien travailler ensemble ; comment s’inspirer mieux et plus rapidement des idées les uns des autres, les comprendre plus vite, les bonnes idées et les critiques (ou contre-propositions) aussi. Nous sommes encore (et resterons toujours ?) très sensibles aux critiques et nous n’avons pas assez de tact, ce qui crée une amertume superflue, qui peut faire très mal. C'est une chose de comprendre logiquement, c’est une autre de l’admettre avec son âme.

Mais on vit pleinement. On vit, on crée, on s'aime, on sent l'odeur de l'herbe coupée, des champs de blé, on se promène en se tenant la main, on se fait un câlin. Puis de temps en temps l'atmosphère monte, les colères éclatent. On se calme. La musique de plus en plus exquise jouée par François coule. Tout est de nouveau beau et léger, chaud.

Ainsi va la vie, notre vie, ma vie.

1er avril 1989

La vie a des hauts et des bas, il faut la surveiller tout le temps et en faire ce qu'on veut - ce qu'on peut. Le temps passe... et ne s'arrête pas.

Cette chose est dite libre qui existe par la seule nécessité de sa nature et est déterminée par soi seule à agir. Cette chose est dite nécessaire ou plutôt contrainte, qui est déterminée par une autre à exister et à produire quelque effet dans une condition certaine et déterminée, donnée et suit nécessairement un effet.
Tout ce qui est, existe ou bien en soi, ou bien en autre chose. La connaissance de l'effet dépend de la connaissance de la cause.
J'entends par substance, ce qui est en SOI, et conçut par soi.
(Per substantiam intelligo id, quod in se est, et per se conciptuea.)
Chacun, en effet, doit exister en lui-même et doit être conçu par lui-même. L’affection d'une substance est ce qu'il est, comme c'est conçu.
Une chose est impossible, s'il y a contradiction avec l'essence ou il n’y a pas de cause extérieure qui puisse le produire. Libre est ce qui suit de la nécessité de la nature de Soi : volonté, désir, amour.

de “l’Étique” Spinoza

Spinoza dit, que tout ce qui arrive, arrive par les seules lois de la nature et suit la nécessité de son essence, que seule la nature est cause libre (et encore) et que ce qui se fait vite péri de même. Est-ce vrai ?

Nous pouvons nous rappeler facilement des choses que nous pouvons facilement imaginer (par nos sens), qui nous paraissent agréables.
Par contre ceci l’est sûrement:
Les gens supposent que toutes les choses de la nature agissent, comme eux-mêmes, en vue d'une fin. Les gens se figurent être libres, parce qu'ils ont conscience de leur volonté, appétit, et ne pensent pas aux causes par lesquelles ils sont disposés à vouloir et à appâter.

20 mars 1989

20 mars

Où en suis-je ? Tout n'est pas aussi mauvais - comme je le craignais. Il ne faut pas m'affoler. Ce qu'il faut, c'est de la tactique, réfléchir et provoquer une certaine angoisse à la place d'une parfaite sécurité. Être gentille, mais de temps en temps fatiguée ou froide, et quand lui est ainsi, faire semblant de ne pas m'en apercevoir, ou ne pas trop m'en faire.

Hélas, notre longue "année de miel" s'est passée. Mais ce qui arrivera pourra être beau et bon - si nous sommes intelligents - puisque nous le voulons tous les deux. Qu'il ait le sentiment d’avoir sa liberté et en même temps, que je me soucie de ses idées, ses théories. Il ne le croit pas tout à fait, parce qu'il était trop habitué soit à des “oui oui” soit à de critiques malveillants.

Qu’arrivera-t-il entre-temps avec mes sentiments?

Moi aussi, j'ai des hauts et des bas". Quand il est heureux, quand il a du plaisir avec moi, il devient tellement beau et il me rend folle de lui. Quand il est fatigué, de mauvaise humeur, mécontent, il est si laid que j'ai envie de m'enfuir. Quand il me caresse de son sourire, de ses yeux, je fonds, mais si avant il m'a heurté de ses yeux ou a crié, rouspété contre moi, alors… je fonds quand même mais beaucoup plus lentement.

Je lui ai proposé d'aller quelque part seul pour ses vacances de pâques et il a répondu avec amour "Julie!"

Qu'est que ce cela signifiait?

C’est important pour François qu'on le reconnaisse qu'il est grand et intelligent, que ce qu'il fait est bon (pour moi aussi, mais pas autant). Hélas, il se compare à moi, il veut absolument être "plus intelligent" etc. et ça commence à être désagréable. Pourquoi ne pas reconnaître mutuellement ce qu'il y a de meilleur dans l'autre? ce qu'il comprend mieux?

Ce qui l'énerve le plus, est quand il pense que je ne le crois pas. Tout ce qu’il dit n’est pas parole d'évangile! Quelquefois je ne le comprends pas, d'autres fois je vois les choses différemment que lui.

Croit-il que ce que je dis, moi, ne vaut que dalle? Même avec un homme intelligent, chaleureux, le contact et vivre ensemble est difficile...

Son cœur? Quelquefois j’ai l’impression qu'envers ses enfants (et les miens) il se comporte curieusement, je ne le comprends pas. Je devrais parler moins, l'appeler moins souvent pour qu'il vienne avec moi, lui montrer moins de chaleur, lui avouer moins mes sentiments. Attendre les conséquences. Ce n'est pas facile à réaliser. Je l'aime, j’ai de la joie avec lui et il est là.

Julie, sois intelligente !

Depuis que je suis restée seule à travailler. Bip va nettement mieux, la société a redémarré. J’ai des nouveaux contacts et les clients me reviennent et ils ont confiance en moi.

Donne lui l’argent de notre prochain article et aussi autre chose, maintenant que la société a redémarré. Écris toi aussi un article en retour de celui qu'il a écrit pour t'aider. Ne pas trop me hâter de me marier, ni d'en parler. Plutôt veiller, que ça dure.