24 juillet 1991

Aujourd'hui nous partons en Amérique pour trois semaines. J'espère que nous reprendrons des forces, nous en avons besoin pour prendre ensuite un élan encore plus fort. Au retour, peut-être nous apprendrons comment vivre plus calmement. Nous ne réussissons pas à nous reposer assez, à nous détacher du travail au moins un ou deux jours.

Nous n’avons pas réussi, non plus, à résoudre le problème du rangement des tous les livres, papiers, revues de François qui s'accumulent sans cesse dans notre petit, sinon agréable appartement. Le plus important est que nous nous entendons très bien et nous avons le même besoin de tendresse.

Il faudra quand même apprendre, réapprendre à nous relaxer. Même si le travail que nous faisons séparément ou ensemble nous passionne et nous plaît.

Nous avons choisi des sujets qui bougent très vite, change tout le temps, nous avons envie d'être à l'avant-garde ou au moins “à jour“. C'est bien. Mais quelquefois il faut prendre un peu plus de temps, de recul. J'espère que les prochaines semaines nous y aideront.

Faire quelque chose d’intéressant, être aimé et aimer, prolonge la jeunesse intérieure et nos vies. Sandou était hélas “mort avant de mourir” puisqu'il ne trouvait plus quoi faire après sa préretraite, son remariage raté et la mort de cette femme. Il ne trouvait plus sa place, ni en France, ni en Roumanie.

À ses 22 ans Sandou me disait déjà : “tout m'est arrivé, il n'y aurait plus rien d’intéressant à attendre !” Ce n'était pas vrai, bien sûr, mais cet état d'esprit conduit à être mort avant l'heure.

Si on reste prêt à tout ce qui peut nous arriver et qu'on se réjouit de ce qui vient, on est là - comme je l'ai fait, quand étant très déprimée j'ai découvert un coucher de soleil avec des nuages magnifiques qui était là pour moi, pour que je les admire, me réjouit, alors il y a tellement de choses formidables dans cette vie, si seulement on sait les apprécier, les goûter !

Un regard de François, une caresse, la senteur des fleurs, un sentiment soudain d'entente avec Lionel, les feuilles des arbres dansant dans le soleil et le vent, le sourire de mes élèves adultes quand ils m’aperçoivent dans la cour. Les discussions et découvertes avec François est nerveusement fatigant mais c’est fantastique les choses que nous voyons, entendons ensemble. Que de joies !

À la rentrée, il faudra liquider aussi vite que possible les anciennes affaires, pour commencer - encore une fois - une nouvelle étape de ma vie.

C'est quand même fantastique à 58 ans d’être si pleine d’énergie, de créativité et de trouver une place idéale pour l'exercer - et d'en trouver en même temps une pour François !

Nous avons besoin surtout de nous détendre, nous relaxer. On ne peut pas vivre continuellement sous tension ! J'ai besoin de me refaire, de recharger mes batteries.

Vivre avec François c'est fantastique, mais nerveusement ce n'est pas de tout repos. Sauf, quand il me tient tout près de lui.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je t'admire ...
et j'aimerais être, à cet age .... aussi en forme !!!!

Mais c'est vrai qu'il faut apprendre à prendre le temps de faire des pauses ...

La vie passe si vite qu'on a l'impression de "passer" plutot que d'agir ...
Pas facile de se poser quand la roue tourne si rapidement .... enfants, travail, maison, tout se mèle,e t il faut réussir pour tout, avancer pour tout ...

Et le temps ...as-tu réussi à le prendre un peu ...

A te voir aujourd'hui ... tu prends le temps pour toujours avancer !!!
Bisous, Julie,
Sophie