L'image et la réalité

Problèmes entre l’Image que nous nous faisons de quelqu’un ou quelque chose et la Réalité. L’image gravée dans notre tête nous empêche pendant longtemps de nous rendre compte des réalités ne correspondant pas ou ne correspondant plus à notre rêve initial.

Longtemps après que se sont passés beaucoup d'événements contraires à ce qu'on nous disait, je croyais encore au rêve communiste. Quand mon père a “disparu” pendant 7 mois, emmené par la Securitate, je me disais “il y a encore des méchants”. Quand le parti communiste roumain a changé de cap, dévié’, je me suis rendu compte que les journaux mentaient, je me disais : “mais en Union Soviétique”. Et quand les chars russes ont écrasé la révolution hongroise et que j'étais désillusionnée aussi des communistes soviétiques, je me disais : “mais les idéaux...” Je m'accrochais encore à mes illusions.

Il a fallu que je sente la Tyrannie sur mon propre dos, que je lise le poème « Une phrase sur la Tyrannie », mais surtout, que je vienne en France, pour voir et vivre la liberté, et sentir ainsi la différence ; ne plus devoir craindre d'entrer dans une mairie, dans un commissariat de police, etc. pour qu'enfin ; l’image, l’illusion si fortement ancrée en moi « le Communisme c'est le Bonheur pour tous » soit remplacé par « Communisme égale Tyrannie ».

La même chose est arrivée avec Sandou, mon premier amant et mari. J’avais dans ma tête un ‘gentil garçon honnête’ qui m’adorerait et m’aimerait fidèlement et pour toujours. Malgré de nombreux signes, malgré mon instinct et mes observations du contraire, malgré ses tentatives pour me diminuer et l'évidence qu’il me trompait, qu’il se passionnait pour une autre, même quand je me rendais compte qu’il voulait me dégrader de plus en plus (tout en me considérant comme sa chose), je m’accrochais à la première image ancrée en moi.

Il a fallu que je trouve une lettre avec ses projets d'avenir avec une jeune fille ayant l'âge auquel il m'avait connu vingt ans auparavant, pour me rendre compte qu’il fallût rompre : maintenant ou jamais ! Et j’ai encore pleuré des mois... mes illusions perdues de bonheur familial, d’un seul homme dans ma vie et une seule femme dans la sienne.

Et avec Paul ? Depuis le début, j’avais eu un fort sentiment de danger, de faux, mais malgré tout, je le voulais. La fierté d’être « aimée » par un homme si ‘bien sous tous rapports ’ (BCBG) me faisant découvrir ‘le vrai monde’, découvrir Paris, me montrant comment vivre (surtout comment dépenser l’argent, le mien), me fit oublier mes premiers craints. Je constatais, mais ne croyais pas, qu’il était menteur, lâche, soûlard et même escroc, se souciant peu de moi. Je ne voulais pas le croire, ni le voir. Je me disais : “et alors ? combien d'épouses vivent de ce que leur conjoint gagne.” Tous les signes qui ne me convenaient pas, je les enfouissais en moi.

Je suis même arrivée à me dire “c’est ta faute si...” Jusqu’au jour où j’ai constaté que “l’aide conjugale” n’était pas réciproque et que j'ai vu qu’il me haïssait, était content de me voir dans le pétrin ou malade.

On fait miroiter devant nous quelque chose qu'on désire profondément et nous courons vers ce mirage et sur le chemin... nous ne voyons plus les réalités.

François vient de me dire, « Mais si tu n’avais pas désiré, cherché quelqu'un pendant tout ce temps, tu ne serais pas arrivé jusqu’à moi. »

A-t-on besoin d’être si aveugle pour continuer la quête ? Il faudrait en discuter avec Stéphanie.

J'aime tellement François surtout parce qu’il est vrai et non factice. Parce que je ne le vois pas idéalisé et que je peux l’aimer tel qu’il est, et malgré tout ce qui me gêne en lui. Le comprenant, l’aimant, en fait comme nous aimons un ami. Davantage encore, puisqu’il y a aussi la satisfaction des « pulsions de ça » entre nous.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je pense que l'on sait malgré tout, au fond de nous, s'il y a un problème. et on le sait tot ....
Mais on ne veut pas toujours, pour de bonnes ou mauvaises raison, en tenir compte, quitte à en souffrir !!!

c'est aussi une facon d'avancer, de continuer la route, le chemin, en espérant qu'il s'améliore ;-)
Mais c'est vrai que parfois, on trouve un autre chemin, pas plus facile d'ailleurs .... mais sans ces doutes qui nous viennent dès les premiers instants ou presque pour d'autres ;-)

Sophos