Quatre ans depuis notre mariage

7 Novembre 1994

Quatre ans depuis que nous sommes, et si Bien ! mariés. C’est aussi l’anniversaire de la mort de papa et celui de la révolution russe, fêtée dorénavant seulement par quelques nostalgiques. Il y a deux jours j’ai vu Gorbatchev à la télé, il a rajeuni.

François et Julie grand-père et grand-mère et... jeunes amoureux.

À cette occasion j’avais envie de décrire quelques-uns des nombreux liens qui nous unissent, plus qu’on aurait cru, nettement plus qu’il y a quatre ans et de loin plus qu’avec n’importe qui d’autre.

Corporels : pas seulement être là, câliner, satisfaire l’autre chaque fois qu’on devine ou que l'autre en manifeste l’envie, mais s’y donner complètement et avec amour. Aimer jouir et aimer faire jouir. Sans jamais faire un drame de la fatigue, des lassitudes momentanées de l’autre, se comprendre, s’attendre.

Mais en plus, la tendresse des nuits, du coucher et du réveil. Dormir enlacés, se retourner en même temps la nuit, le plaisir de sentir la peau de l’autre, de caresser, être caressé, massé, sentir l’autre. Être là.

D’âme : avoir des sensibilités très rapprochées, pleurer, rire ensemble, avoir de la joie, de l’émotion et de la tristesse partagés, sentir à l’unisson beaucoup de choses.

Partager. Un film, une histoire, une musique, une rose, un paysage.

Non, on ne les “partage” pas, puisqu'on les regarde ensemble, avec des sentiments qu’on sent de l’autre, qui émanent de l’autre, c’est avoir un plaisir agrandi... pas une part du plaisir, mais plus grand que si on le voyait seule. Ceci non plus, nous ne l’avons jamais ressenti ainsi auparavant. Non pas à cette hauteur, profondeur.

J’ai l’âme un peu plus masculine, François un peu plus féminine et on se rejoint énormément en sensibilité, dans la façon dont nous ressentons tout qui laisse une empreinte d’émotion. La rose que François offre à mon regard, les feuilles d’arbre impressionniste tremblant sous les derniers rayons du soleil que j’offre à François. Nous nous offrons ainsi plein de cadeaux que nous rapportons avec nous et dont le souvenir nous rapproche.

Puis créer, travailler ensemble, des cours, des travaux dirigés, etc.

Je suis fatiguée, lasse, mais ma préretraite est réglée. Ou presque? Non. Plus. Bientôt, je ferai le boulot d'une grand-mère à Washington pour deux semaines. Et mon livre avance bien!


8 Novembre 1994

Ça fait exactement quatre ans que je suis mariée à François. Aujourd'hui, en descendant pour ranger ma voiture je me suis regardée dans la glace de l’ascenseur et je me suis sentie si jeune, si bien dans ma peau. Le miroir me dit aussi que je vais très bien. Heureuse, détendue. Le monde est beau! Et, comme dit François, quatre ans de mariage ont laissé leur empreinte sur moi.

La traduction et l'introduction de mes journaux en Mac y est aussi pour quelque chose. Je vis un peu dedans et parfois je ressens l'émotion vécue au temps que je suis justement en train de traduire, de corriger.

C’est la première fois que je relis mes journaux du début jusqu'à la fin, je suis arrivée juste après la semaine où je suis devenue femme et je ressens bonheur et soulagement après mes doutes et mes hésitations - je me rends compte que j’avais réussi à être heureuse en n'importe quelle circonstance! La force que cela me donne, m’a toujours donnée.
Rappel des temps quand à 25 ans je venais d'être mis dehors de mon travail, interdit de continuer mes études, juste avant que je décide de sauter le pas et devenir femme.

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