1er mars 1998

Bientôt, j’aurais 64 ans. Je serai retraitée, officiellement. En réalité, je le suis depuis quatre ans: j’écris, je vis.

À vingt ans, j’attendais avec craint: qui m’offrira un ‘marcisor’, signe en Roumanie le premier mars de ‘je pense à toi’ tout comme les muguets de premier mai en France.

Plus tard, j’attendais des fleurs.

Il a fallu que j’atteigne mes 45 ans pour découvrir: je peux m’offrir des fleurs à moi-même!

Je viens de m’offrir mes fleurs préférées, des magnifiques tulipes rouge feu, ils resplendissent dans mon petit appartement. Je suis enfin devenue mature. Presque.

J’attends que l'orage passe ou je passe à autre chose.

Comment enseigner quelqu’un à faire face avec ses difficultés? Ce matin, j’ai conseillé François de regarder la moitié pleine de la coupe et ce qu’il peut en faire et cesser de ressasser la moitié vide, tout qui ne peut plus être. Ou alors, arrive seulement si on lutte l’avoir, mais ne s’offre plus sur un plateau, de soi.

Je pourrais, moi aussi, faire une liste de ‘pas possible’ et de ‘je ne peux pas’. Je refuse de m’arrêter sur mon chemin à les contempler en perdant mon temps. J’espère toujours qu’ils se résoudront d’une certaine façon, dans son temps.

Entre-temps, je fais ce que je peux.

J’apprends sans cesse et je transmets ce que je peux à qui je peux. J’améliore mes textes. Je travaille comme une abeille, une fourmi. Je ne suis pas géniale, mais persistante.

Et, il y a tant des plaisirs sur la route !