Petit intervention ? !

10 mai 1999

D’une petite intervention que je ne voulais pas faire, il y a trois mois, du sang qui a commencé l’été dernière, maintenant on me conseille, vivement, d’enlever l’utérus entier. « Cela ne vous sert plus » dit le docteur qui m’aide à maigrir tout en ajoutant « ce n’est pas une grande intervention ».

Mais qui sait quels autres problèmes une telle intervention peut provoquer à la chaine ?

À ne pas parler d’une semaine d’hôpital et tout qui s’ensuit quand on vous opère ou vous coupe. J’ai peur de douleur et j’ai peur des conséquences.

Que c’est facile au docteur de dire « ce n’est pas grave. ».

Bon, je suis dans l’antichambre du troisième docteur, on verra ce qu’est son opinion. C’est lui qui fera le « petit intervention » si je m’oppose à faire enlever l’utérus entier. Et sinon ? Je suis vraiment inquiète.

Enfin François se sent bien et pouf, il fallait que ceci m’arrive. En réalité, depuis une année ceci menaçait, c’est l’été dernier, pendant l’atelier d’écriture franco britannique, que j’ai commencé à saigner subitement. Un peu, au début. Finalement c’est arrêté, puis revenu l’automne. Il paraît que c’était dû aux hormones.

Est-ce si important de prendre des hormones ? Ma grand-mère, arrière grand-mère, n’ont pas pris et elles ont vécu longtemps. L’un 78 ans, l’autre 96 ans.

C’est vrai, qu’il y a cette tumeur (bénigne d’après l’échographie et aussi les prélèvements) dans l’utérus, pas des tumeurs mais des fibromes et l’un d’eux est dans la paroi et grand.

L’endocrinologue qui m’aide à maigrir prétend qu’on « ne peut pas savoir si c’est cancéreux ou non jusqu’on ne l’a pas enlevé et analysé, coupé en petits morceaux ». À vrai dire, en France, même alors on le dit seulement à la famille, rarement au patient. Et les adhérences? Et l’intestin gros tombé depuis la première naissance? Que arrivera-t-il avec tout ça?

J’ai l’impression, la série noire n’est pas terminée,.

La première petite fille arrive bientôt, enfin Lionel devient père. Je n’ai pas peur de mourir (c’est François qui en a peur), mais je crains de souffrir, souvent, longtemps. Je crains les conséquences d’une telle intervention radicale.

Enfin, François voulait bien voyager, vivre plus intensément : il a repris l’envie de tout. Et maintenant, c’est à cause de moi qu’on ne pourrait pas ? Hélas, c’est vrai que pour le moment je ne peux plus marcher longtemps sans avoir mal, sans saigner.

Est-ce l’état fera l’économie de ma retraite ?

Pourquoi mon gynécologue n’est pas songé à vérifier toutes ces dernières années si les traitements qu’il me prescrivait ne me causaient pas des fibromes. Je dois les traîner depuis longtemps, beaucoup avant qu’ils se révoltent et saignent. Et maintenant, le croire ? Mais Lajeunesse me conseille la même chose.

Mon cœur est lourd. Et il n’y a que moi pour décider que faire. Quoi ? De toute façon il faut du temps pour m’habituer à l’idée. Dégonfler l’importance que je lui donne..

Bon, il faut relativiser.

Je n’ai pas été violé par une bande sauvage, on n’a pas détruit mon foyer, brûlé tout que j’avais, je n’ai pas dû partir comme en mars 1944 et laisser tout et tous derrière en quelques minutes pour sauver la vie. Ma famille va bien. Agnès travaille dur, mais elle est heureuse avec ses trois garçons et son mari, Lionel a trouvé un travail intéressant et il sera papa bientôt et il s’entend bien avec Lilly, François est de nouveau plein d’énergie et d’enthousiasme, de projets. Mes cours ont bien réussi, l’atelier d’écriture même mieux que j’avais espéré.

Je m’oblige à penser à quelque chose agréable, le livre de cette année montrant le progrès réalisé par ceux de mon atelier. Bien sûr, tous n’écrivent pas avec la même maîtrise, mais chacun d’eux a fait des progrès considérables. Entre eux, Josette, Danielle et Pierre ont écrit des récits inoubliables. Annie un très beau poème et un récit rempli d’humour. Alice, Muguette et Nicole ont manqué souvent et cela se ressent sur leurs textes qui n’arrivent pas aux niveaux des autres, mais elles ont progressé, elles aussi. Tous écrivent avec plus du courage et plus souvent et plus longtemps.

Dix livres ? Non, imprimer au moins trente exemplaires. Ou alors vingt et refaire une autre édition plus tard ? Il y a encore des corrections à faire, mais leur montrer le résultat de leur création en forme de livre vaut la peine. Tel qu’on est, commander cent est hors question, dommage.

Pas autant que me laisser enlever… m’opérer. Aïe, aie, aie.

Bientôt mon tour arrive. Je verrai ce que dit ce docteur-ci après m’avoir examiné avec son appareillage moderne.

***

Ce docteur m’a dit qu’une grande intervention n’est pas nécessaire et, d’après lui, ne le sera pas plus tard non plus.

Au début juin, avec moins de 24 heures à l’hôpital (mais quand même anesthésie générale) il nettoiera tout avec ses instruments sophistiqués et comme j’ai 65 ans, d’après lui cela ne reviendra pas. Nul besoin de tout enlever, dit-il, et d’avoir une longue convalescence.

Ouf. Au moins cela paraît plus « légère » des alternatives.

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