14 mai 2000, Argenteuil

Nous venons de manger chinois, Ionel, Elise, sa mère Bernadette, Stéphane, Marc, François et moi. Tous sont partis.

Ne reste à la maison que Gabrielle, elle dort, le cuisinier de ce soir, François et la nounou (moi). Silence. Les autres vont tapisser et peindre les murs de nouvel appartement. Je me sens fatiguée sans raison. Je n’ai pas fait grand chose pourtant.

***

« Avec le temps, tout s’en va. » Oui. Non.

J’avais envie de dire «avec le temps rien ne s’en va» après les minutes qui me firent surgir certains mémoires imprégnés en moi. Tout. Rien. Noir. Blanc.

Que s’en va, que nous reste après le passage de temps? Que reste à la surface et que resurgit et nous frappe de temps en temps?

Une image de loin, une certaine complicité, compréhension. Et il m’a gratté une fois le dos «Qui te grattera ton dos si tu ne veux plus de moi?» Je me le suis grattée tout seule. Quelquefois, on se souvient comme dans un film, autrefois en scènes voire images isolés. D’une odeur ou d’une voix qui nous a fait trembler.

Peut-on les oublier ?

On peut ne pas y penser. Ils resurgiront rarement. Merveilleux moments ou affreux, ils ont laissé un empreint en nous.

J’ai sommeil, mais j’ai encore plus envie de rentrer. Être chez moi, dans notre propre bordel habituelle. Retrouver des vaisselles non lavés, des aliments et restes sur la table à manger d’entrée, des vêtements lavés pas rangés dans les sacs, magazines, livres, journaux, cahiers et notes de musiques pêle-mêle sur le sofa, par terre, sur le table, partout. Le lit mal fait, le drap froissé et bougé.

J’ai envie de retrouver la main de François tenant la mien, son corps près de le mien.

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