Regard en arrière

— Quand s’arrête-t-on à regarder en arrière ?

— Pour beaucoup, il n’arrive jamais, dit François.

— Pourquoi ?

— Il n’y a pas l’alternative.

— À quel âge as-tu décidé de quitter ta femme ?

— En 1974, j’avais 44 ans. Un jour, m’est paru qu’il n’y avait pas d’issu. La situation devenait inexorable.

***

— Combien de fois t’as pensé à ton père? je lui demande plus tard.

— A 24 ans : Je ne ferais pas avec ma femme comme mon père. Je ne voulais pas jouer ce rôle, lui dire que faire. Je ne me sentais pas capable. Pour moi, c’était trop lourd. Décider tout, jouer à l’oracle. En plus, j’étais revenu d’Algérie fort secouée. Choqué, blessé. Pas seulement sur mon doigt.

Il montre son petit doigt tordu par la balle.

— Algérie. La moitié de temps surveillé, en atmosphère hostile, l’autre moitié avec des lourdes responsabilités que je croyais tenir le mieux possible. Dans un certain sens, j’ai eu une vaine énorme. Pause. De m’être tiré avec ma vie.

Après le changement d’esprit, a-t-elle comprise que l’homme revenu d’Algérie n’était pas celui parti ?

— Elle avait l’horreur que nous perdrons notre statut. En partie, au moins.

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