S’allonger ou rompre

J’étais tellement heureuse d’avoir trouvé un homme intelligent, chaud, s’intéressant à moi profondément après tant d’années que je me suis « allongée, aplatie » pour s’arranger.

J’ai arrêté à cause de lui d’écrire pour publier, ce qu’avait été mon plus grande joie juste avant le connaître. J’ai arrêté de collaborer sérieusement avec qui que ce soit pour améliorer la « musique française » de ce que je rédigeais.

Rompre.

Rompre avec le passé. Rompre avec l’ancien logement. Rompre avec quelqu’un devenu ou redevenu un être qu’on n’aime plus.

Nous avons finalement découvert, tous les deux que nous suffoquions près de l’autre, nous avions besoin de l’air. La fenêtre du salon-bureau est grand ouverte vers le jardin.

Avec une petite valise

Un souvenir en apporte une autre. Des détails enfouis mais pas effacés. Ce matin, je me suis rappelé de ma petite valise plein de jouets. « Mets-y ce qu’il te faut » m’avait dit maman. J’avais dix ans, presque. Je les ai remplis de mes jouets, cahiers, livres préférés.

Une demi-heure plus tard, maman entre dans ma chambre. « Qu’as tu mis dedans? »

Elle a toute sorti et a mis, fâché du retard ou de mon comportement, des vêtements et des sous-vêtements. Plein de choses sans importance. Pour moi. Je n’étais pas contente, du tout. Et pas de poupée. Pas de livre. Pas des crayons.

Mes petits trésors, elle les considérait comme pas importants, à laisser derrière nous, derrière moi.

Elle a compris plus tard. Trop tard.

Ce départ a été transformé en perte. Irrémédiable. Même si, une année plus tard, j’ai retrouvé mes livres, une partie au moins des anciens trésors sont devenus des choses sans importance.

Quand elle a compris, elle m’a offert un petit sac à dos d’enfant dans laquelle je pouvais mettre, conserver, transporter avec moi n’importe où mes trésors personnels. Tout qui entrait dedans. Mes vers, un bout de chocolat, des crayons couleur, je ne me rappelle plus tout à fait bien tout qu’il contenait ce sac, mais j’y tenais et je le conservais avec soin. Je le transportais avec moi pendant les bombardements. Je dormais avec. Tout que je voulais prendre s’il fallait s’en aller, s’enfuir de nouveau vite. Ce sac m’a été volé par des soldats russes au milieu d’une nuit épouvantable et depuis, oui, depuis je n’économise plus, je ne mets plus à côté beaucoup de choses et je me réjouis d’aujourd’hui.

Dans une petite valise que viens de sauver maintenant mes journaux, quelques anciens bijoux, quelques papiers d’anciens procès, toutes les disquettes contenant les copie de mon travail. Quelques photos.

11 heures, chez le dentiste

J’ai fait toutes les photocopies et j’ai déposé le dossier (j’espère complète) chez l’avocat. Ce matin, nous avons clos notre compte commun à la banque pour fin septembre. Il faudra m’occuper à transférer les charges sur mon compte. Le transfert de payement de loyer à mon compte est déjà demandé, j’espère qu’on le commencera pour octobre.

François m’a remercié de mon aide et de mon efficacité et m’a demandé de voir son psy le mercredi 12 septembre, « Pour lui expliquer le motif de ta demande de séparation ». Devant lui. Demander conseille à Stéphanie que dire devant le spécialiste.

J’ai où aller vivre pour le moment. Il y a un bus pas loin. Mon fils m’invite y vivre. Il veut me rendre la voiture quand je le veux.

Lionel me dit : Il est quand même foncièrement bon. Aide-le à trouver une place, un appartement à Paris. Suis-je obligée de l’écouter sans répondre quand il me crie dessus, m’injurie, m’accuse? Et tout qu’il dit, invente? Il est malade, maman, il est naïf, dit Lionel. OK? Il délire!

J’ai besoin de m’en détacher, m’éloigner.

Je ne supportais plus les paroles continues de mon mari, je ne supportais plus ses injures continuelles. Je ne supportais plus la parole saccadée, enthousiaste ou malade et de plus en plus fort. Je ne supportais plus sa façon de sortir, d’attaquer, s’affirmer.

Il paraît qu’en le critiquant, ne serait-ce que par mon silence, je « l’empêchais de s’affirmer, se réaliser ». J’espère que seul il se sentira libre de se réaliser.

J’espère que seule je pourrai reprendre à écrire.

Écrire, pour moi c’est respirer. Écrire est vivre. Écrire et même faire lire, publier, montrer, mais surtout, écrire, réfléchir, approfondir. Comprendre. Moi aussi, sans attache me tirant vers le fond, me liant au bord je me sentirai sûrement plus libre.

Où va-tu?

J’ai finalement dû quitter l’appartement à cinq heures et demie ce matin. Je n’en pouvais plus.

Où va-tu ? N’oublie pas, l’avocat a dit que tu dois me dire. Si tu t’en vas au milieu de la nuit, c’est que tu as où aller.
— Au dentiste.
À cette heure ?
— Avant, au café.

J’écris ceci d’un café.

Heureusement, j’ai trouvé un café tabac ouvert à six heures le matin. Je ne voulais pas croire que mon « Happy end » tournerait à ça. Pourtant…

Stéphanie me conseille à recommencer à écrire. J’écris.
Pourquoi vas-tu en Roumanie ? Il a peur. Qui vais-tu contacter là-bas?
Je lui ai pourtant expliqué plusieurs fois :
j’y vais accompagner et être avec mes deux petits-enfants, aider Lionel avec eux.
Ah !
— Puis-je être un peu avec mon amie Alina qui vient m’écrire qu’on lui a diagnostiqué une ‘sclérose cérébrale’.
Je ne savais pas !
Pourtant c’est lui qui m’a transmis l’information pendant que j’étais à Washington.
— Pourtant, je t’avais dit. J’étais horrifiée. Je t’ai dit au téléphone. (C’est lui qui m’avait transmis à l’époque l’information par Internet.)
Je ne comprenais pas de quoi t’étais horrifiée là-bas. Cette histoire de viande ne tient pas début. C’est là qu’on t’a obligé de divorcer de moi. Pas la peine de me cacher, je sais tout.
Aïe, aïe.
Il est sept heures et dix minutes.

Cette nuit il a fouillé dans mes affaires.

Hier, j’ai eu la maladresse de dire: ne cherche pas dans ce coin, c’est mes livres là. Il me donne une clé, un de trois, qu’il a paraît-il «retrouvé par hasard».
Où sont autres clés de l’appartement de mon fils?

Heureusement, Lionel a emporté hier soir mes journaux et les papiers principaux dans la petite valise noire hier soir, en sortant de son travail. Mon Macintosh aussi, subitement devenu «notre outil d’écriture.» Tout qui est à moi est devenu «commun»? Il a pourtant son PC. Et même un autre Mac.

Il a réussi lundi s’aliéner ses propres filles.
C’est toi qui leur a parlé contre moi !
Tous sont contre lui et rien n’est de sa faute.
« Il n’est pas sur la terre. Il faut le laisser parler, » me dit-on.

Le laisser parler, à cinq heures du matin? Le minuit? Toute la journée? Toutes le temps pendant les vacances? Toute la nuit?

Il paraît qu’avant les vacances on lui a donné des mauvais médicaments, j’espère que le nouveau l’aidera. Sera mieux. En relisant mes journaux, j’avais l’impression que les états de surexcitation de François proviennent à partir du moment qu’on a commencé à liquéfier son sang. Guérir une chose, empoisonne ailleurs. Pas sûr, mais hypothèse possible.
« Tu voulais m’empêcher de vivre ! » a-t-il dit, il y a pas longtemps. Alors, pourquoi essai‑t‑il encore me retenir? Changer ce que je suis?

J’ai mal au ventre. Je dois abandonner à penser et vivre dans tout cela.

De temps en temps, pour quelques minutes, je me dis : mais c’est celui que j’aime! J’ai l’impression qu’il me tend la main, me sourit. Je ne lui rends plus la main.

De tout de façon, l’ancien François ne dure pas longtemps. A-t-il été toujours comme ça et je me suis seulement leurré, de nouveau?

Paris, 1 septembre 2001

Il prétend maintenant qu’il ne veut pas le logement après fin septembre qu’il le veut, au maximum, jusqu’au 7 octobre.

J’aurais voulu dormir cette nuit à Paris, pour pouvoir être à l’heure au dentiste, le rendez-vous est tôt le matin. Ne pas devoir faire le trajet de l’Argenteuil. Être à l’appartement, prendre encore quelques affaires, récupérer mes journaux et mes papiers officiels ainsi que les papiers nécessaires à préparer le dossier de divorce pour l’avocat.

Pas possible de dormir.

François m’a laissé jusqu’à cinq heures de matin «tranquille», en allant «simplement» fouiller (probablement dans mes affaires, que grand bien ça lui fasse) dans la pièce à côté et bougeant tous le temps quelque chose ou autre, les déplaçant, cherchant dieu sait quoi, mais vers cinq il vient se coucher près de moi et commence à parler.

«La joueuse de trompe australienne n’était pas un hasard jeté devant mes pieds. ‘On’ savait quel genre de femme va m’intriguer, me plaire. Ce n’est pas un hasard qu’elle est disparue depuis. Elle, et aussi, son amie, la brocante, dit-il.»

Il la cherche encore?

« Tu n’as pas traduit un quart de ton journal original !

Ensuite, il me demande de lui donner mes journaux sur un disque pour qu’il puisse envoyer à la fille de Canada.

« Confie‑les moi. »

Pour utiliser, son propre terminologie : et quoi encore ! Je lui dit simplement, que je n’ai pas l’intention de lui donner : ça m’appartient.

Plus tard, il se déchaîne contre mon amie de Roumanie, que nous allons visiter bientôt.

«Ton amitié avec Alina à qui tu te confiais a causé l’arrestation de ton père et qui sait combien d’autres. Son mari était à Securitate et Alina lui avait raconté tout que tu lui disais. L’arrestation de la mère de ton amie Edith aussi, qui est devenue folle dans les mains de Securitate, et votre faute en réalité. Tu ne parles pas de tout ça dans ton journal!»

Tout est fabulation, pourtant ca me fait mal.

Alina, je l’ai connu après que mon père est sorti et nous avions seize ans toutes les deux. La mère d’Edith est sortie quand nous avions dix-huit ans et Alina n’était pas encore mariée. Que d’inventions et quel fiel !

François n’apprécie pas que j’aille la voir en Roumanie et m’attaque, méchamment.

«J’analysais des documents pour un service spécial, mon boulot de professeur n’était qu’un à‑côté.» etc.

Comme il dit lui‑même souvent, je répète en moi : 'Et quoi encore ?'

À cinq heures et demie du matin, finalement je me suis habillé. Partie, définitivement, du logement de la rue Mont Cenis et de François.

Le sept septembre à dix heures, sera enfin la signature de la demande de divorce à l’amiable.

Je l’espère.

Hier soir, sa voix était saccadée, excitée, maladive.

« Je ne peux trier qu’en ton absence.»

Il s’était donc levé à trois heures, au milieu de la nuit. Pourtant, c’était la dernière nuit que j’étais là : pour le mois entier il restera seul dans ce logement.

Je crois qu’il veut qu’on nous mette dehors avant mi-mars. Peut-être, simplement, il est super malade. Son excitation a accru pendant les trois semaines que j’étais avec mes petits-enfants mais il n’a pas commencé à ce moment-là.

Mais au milieu de la nuit ?

Il parlait, parlait, parlait. Sans arrêt. Et n’importe quoi.

Hier, dans le taxi qui nous emmenait vers l’avocat, il a raconté de site Internet 'Amazon'.

«Elle va disparaître. Celle qui vend des livres. Surtout pour les femmes. Pas n’importe quelles femmes. Vous savez, celle, avec un fouet...»

Bon, les Amazones de préhistoire, des légendes, peut être, mais la site où on trouve de livres?!

Que d’inventions, accusations abracadabras!

Bon, quelle importance? Peut-être, seulement pour relativiser tout le reste qu’il me dit.

Un jour, il veut habiter dans notre logement, le lendemain, non, puis oui de nouveau. Un girouette.

Il avait fait encadrer un portrait agrandi de moi, pris vers la fin de nos vacances à Lectour, un jour quand j’étais déjà excédé de son comportement, de tout :

«C’est le meilleur portrait de toi que j’ai fait. C’est vraiment toi! La mère juive, acre et moralisatrice, avait-il affirmé.»

Puis, il avait admiré ses propres talents de photographe : les reflets en eau où mon visage était absolument heureux : une tout autre femme… qu’il avait fait pendant le premier matin à Lectour. Je nageais en me rappelant la piscine des mêmes dimensions du jardin de ma grande mère. Paradis perdu, retrouvé pour quelques minutes.

J’ai eu le malheur de dire que j’étais encore heureuse. Alors.

« Que c’est arrivé ensuite ? »

Je ne réponds pas, ça ne sert plus à rien.

Il continuait à me harceler. Me parler sans cesse.

On peut divorcer pour «harcèlement moral» mais c’est long et pas facile à prouver. Pourtant…

J’ai résisté, tant que j’ai pu.

La même question encore et de nouveau. Cinquante fois. Cent fois. Je ne me rappelle même plus de la question. La question qu’il me pose change de temps en temps, le harcèlement et répétition reste.

La première fois, j’essaie de lui répondre sincèrement. Il ne croit pas à ma réponse. Il veut savoir «la vérité que tu cache, me cache

Il recommence à le demander :

« Pourquoi tu me quittes ? Dis-le. La vérité! ».

Je ne lui répondais plus. Il redemandait.

Il y a quelques jours, il a trouvé ‘sa’ réponse : un complot venant d’Amérique pour le détruire, lui interdire de devenir le grand spécialiste européenne.

«Je regrette de t’avoir harcelé avec mes questions. Tu ne pouvais pas répondre. On t’a obligé. Ce n’est pas ta faute, dit-il autre fois.»

Mais peu après, il revient à sa vue de moi comme une « mère juive » de l’horrible pièce de théâtre à laquelle il m’a emmené non par hasard paraît-il.

«Oui, tu veux me dire quoi ne pas faire. M’obliger à être petit. Me contenter au rôle d’un petit prof retiré, discret. Et quoi encore…»

Il oublie que je ne veux plus que m’éloigner de lui. Rien d’autre.

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2007: Oh, c'était une nuit et un matin horrible. Partir de chez moi, parce que je n'en pouvais plus, avec seulement un petit valise a la main. Oui, mes journaux s'y trouvaient, faisant partie de mes trésors dont je ne voulais en aucun cas me séparer. Mon passeport. Une chemise de nuit. Pas beaucoup d'autre choses, sauvegardés. Pourtant, je ne savais pas encore... beaucoup des choses qui allaient suivre. Mais n'enticipons pas. J'ai descendu les marches de la Butte Montmartre avec ma petite valise, jusqu'a la Mairie, près duquel était mon dentiste. Mais ce n'était que cinq heures et demi le matin. Heureusement, le café de la Mairie était ouverte. Plus tard, il va me harceler: "chez qui tu es allée à cette heure matinale? C'est ton amant!" Qui??? Enfin, n'importe, maintenant. J'ai survécu, j'ai laissé aller. Beaucoup des choses à laquelle je tenais.

Le logement du Mont Cenis, Paris, les meubles que j'avais acheté petit à petit pendant mes 23 ans que j'y habitais, des vidéos que j'avais, l'amitié dans lequel j'avais tellement cru. Je suis partie, et pendant pas mal de temps, trop long pour moi alors d'ailleurs, je vivais avec cette petite valise. Mais mes journaux étaient avec moi. Ma vie n'était pas "perdue".


Julie, laisse aller!

31 août 2001, Argenteuil

Oui, je l’ai beaucoup supporté. Fini.

Souvent, j’étais heureuse.
Souvent, il m’humiliait et je lui trouvais des excuses. C’est fini.

Julie, laisse aller!
Lui.
La maison.
Tout ce qui était.
Tout qui n’est pas toi.

Nous nous sommes rencontrés à cause du scandale qu’il faisait devant mon stand. C’est normal qu’on se sépare, avec François criant de nouveau. Je ne lui offre plus rien pour le faire taire. Juste une distance critique.

À la sortie de l’affaire être celle que j’étais avant.

Comment ?
Laisser aller.
S’éloigner.
Écrire.
Voyager.

Préserver ce à quoi, ceux à qui je tiens le plus et ne pas s’accrocher au reste. Laisse aller.
Maigrir. Soigner ma peau. Mes os.
Nager. Marcher. Ne pas s’enrailler !

Il est devenu enragé début d’été. En face de moi, j’ai dorénavant un homme que je n’ai pas connu. Noir d’intérieur, me disait-il au début de notre connaissance et hélas, je n’ai pas voulu le croire. J’avais tort. Il ne m’a pas trompé sur la marchandise, c’est moi qui me suis trompée, bernée moi-même.

Julie, souviens-toi qu’un lever de soleil, des nuages roses, une étoile qui pâlit lentement, un ciel s’éclaircissant progressivement peuvent te donner une telle joie!

Cela fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion d’admirer un lever de soleil tel que j’admire ce matin de la terrasse de l’appartement de mes enfants. Il y a cinq nuages roses en bas de l’horizon, à gauche. Tout en haut, l’étoile d’aurore est encore visible. Il est six heures et demie, fin août.

Je me rappelle mon premier lever de soleil admiré du toit d’Institut de Recherche où je travaillais, j’avais cette nuit-là surveillée une réaction chimique et j’étais seule et heureuse. J’avais dix-huit ans.

Tout à l’heure j’ai aperçu dans le miroir de la porte mon visage, le sourire enchanté. La même que François avait photographié jadis. Un lever de soleil peut provoquer donc le même enchantement. Hurrah!

Ma solitude commence bien.

Maintenant, les nuages roses sont devant, en bas de l’horizon et l’étoile est presque plus visible.
Sérénité.

La nature offre tellement des cadeaux !

J’essayerai de trouver un logement d’où l’on peut observer, avoir de la joie de lever de soleil.
Je ne vais pas m’ennuyer seule. Il y a tellement de choses à faire!

Il est sept heures. Le jour s’est levé. Le radio du salon commence doucement avec de la musique. Plus tard, s’y ajoute quelques paroles.

Le soleil tout rouge, qui jusqu’à maintenant avait seulement coloré les petits nuages, vient d’apparaître à l’horizon. Il monte rapidement. Il brille trop. Je ne peux plus le regarder sans m’aveugler.

Il y a treize ans, il n’était pas «un petit professeur obscur d’informatique» pour moi, mais plus. Il vient de disparaître tout à fait avec ses fabulations rocambolesques. Comme dit sa fille, il prend une poussière, existant, un demi-mot, et il le gonfle. Il bâtit autour tout un cinéma. Il devrait écrire de fiction.

Il essaie de «m’absoudre», et bien sûr en même temps lui-même de toute responsabilité dans l’échec de ce "nous" qui vient de disparaître. Faute à sa bru. Faute au mari de ma fille. Faute aux services secrets. Lesquels ? Puis la faute des Hongrois, des Roumains, des américains, etc. Tout y passe!

Sept heures et demie. Il fait jour.

« Que la lumière soit !
Et il fut. »

Une belle journée de fin d’été commence.

J’ai un bon livre.
De bonnes idées.
De nouvelles résolutions.
(engrossed in = captivé, absorbé, plongé dans)

Qu’est-ce que je veux ?
Vue vers l’est - éventuellement.
Calme, sûrement.
Chauffage centrale; gaz si possible.
Ascenseur
Baignoire
Lumière

Place pour mes livres
pour le fauteuil
pour une table
pour un lit d’une personne

Chercher un logement est une possibilité de visiter, de découvrir Paris. Hurrah !
***
Depuis un temps, François m’étouffait. Je n’en étais pas tout à fait consciente.

Laisser aller.
Ce n’est pas facile, mais possible.

Patienter.
C’est beaucoup plus dur.

Au lieu d’aller à l’avocat à l’heure aujourd’hui, il est allé parlementer avec Lionel. Va-t-il venir devant l’avocat demain? Le fait que je n’achète pas un logement ne lui convient pas.

Il s’accroche. Finalement, il va s’accrocher au vide.

Proposition à lui faire : partir jusqu’à 14 septembre, puis je pars pour deux semaines. Après, l’un de nous s’en va définitivement.

Mieux vaudrait ne pas louer d’appartement jusque le divorce est finalisé ou, au moins, les deux «conciliations» rendez-vous devant le juge derrière nous.

Je devrais annuler le rendez-vous avec le dentiste, le reporter à une autre date.

Et si j’allais quelques jours visiter mon oncle? Chez Stéphanie près de Toulouse? Non. Seule, à Faremoutiers? Voir ou parler à Doucet, son psy?

« Far fetched » = fabulations.
Broder sur…

"J'ai caché ma nature" me dit-il

Dimanche

« Tu as magouillé avec Valérie et son mari pour me faire interdire leur PC et leur maison. »

Est-ce moi qui a écrit à une jeune femme sur l’Internet, envoyé ou non, « j’ai deux petites filles qui me font bander»? Je ne lui rappele pas. Je n’ai pas parlé avec eux ces dernières temps. La dernière fois quand je l’avais fait, j’ai surtout essayé de la rassurer. Et lui demander d'aider François, son père.

« Tu m’as accepté réellement quand j’ai complètement caché ma nature. Tu parles! Pudique. Morale bourgeoise. »

Tout cela ne devrait plus me faire tellement mal.

« Tu es aussi manipulateur que Nadia. On lui a appris comment faire pour avoir un gars jusqu’au trognon. Même mécanisme, même but. Avoir n’importe quoi. »

Il délire. Il parle de sa petite fille.

Elle a cinq ans !

« T’as enlevé mon carnet de mon sac. J’ai vu quand tu l’as remis.

Je ne l’ai pas fait. Que peut-il y avoir ?

« J’emporte mes choses à Celles avec Sophie mardi, ainsi elles ne pourront pas disparaître. J’aimerais que le mot ‘faire de l’ordre’ disparaisse de ton vocabulaire. Tu as bien dit qu’il ne fallait pas parler vulgairement. »

Lui peut me dire n’importe quoi, mais pas moi. Il me propose un armistice.

Mais aussitôt il ajoute :

Tes morales sont des radotages.

C’est une critique, François.

Ce n’est pas une critique mais la réalité.

Je ne t’ai jamais demandé François d’adopter mes références mentales. Morales.

C’était implicite. Tu admets le divorce par consentement mutuelle ou alors je raconte tout. Mutuel, d’accord, si je peux rester ici jusqu’au bout. Si tu essaies de saboter mon travail, par contre…

Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais rien saboté.

Je suis entièrement d’accord pour un divorce par consentement mutuel si tu me laisses mener mon affaire comme je l’entends.

Mais il ajoute aussitôt.

Mais si tu dis à ta belle-fille... Toute intervention après des gens, je ne peux la considérer qu’hostile. Si tu t’amuses à me brouiller avec tel ou tel de la famille… Ce n’est d’ailleurs pas un divorce, mais une séparation par consentement mutuel.

Puis, ajoute, sur un ton menaçant :

Attention, les avocats peuvent dire n’importe quoi au procès, ça peut te faire fort mal…

Plus tard :

« Tu te prends pour qui? La reine de Sabbat? On est un couple, on a des droits égaux. Respecte mon boulot, mon boulot est ici, à Paris. Ailleurs, je n’ai pas une connexion équivalente. Aucune attitude hostile de ta part! ou alors…

Pas de chantage, François. J’en ai assez !

Aucune attaque contre moi ! Tout tentative de ta part pour me mettre un tort sur le dos, ne peut que se terminer au tribunal. À ce moment-là, on est des adversaires.

À condition, à condition…

T’as vécu toute ta vie dans l’irréel. Dans un grand, énorme monde de croyances. Où la liberté n’existe pas, t’es contrôlé. T’as des impératifs moraux…

Sa fille m’avait dit, hier : "Il réécrit l’histoire pour qu’il s’en sorte bien. Il invente des scénarios. "

Il continue, mais je suis trop lasse pour noter la suite.

Qu’importe …

30 août 2001

Il m’épouvante.

Il invente et prétend croire à des histoires de plus en plus rocambolesques.

Tous conspirent contre lui et veulent nous séparer. Veulent qu’il ne puisse pas réaliser un travail essentiel pour la France et Europe. Espions, services secrets. Interdictions. Trafiquant de voiture. Chef des bordels. Et quoi encore!

Le beau-père de ma fille serait payé comme espion pour l’empêcher à travailler pour le bien de l’Europe et sa culture, empêcher son ‘grand œuvre’ se réaliser et m’obligerait de divorcer. Le propriétaire de l’appartement de Paris serait un trafiquant de voitures en réalité et un dangereux mafioso. Le voisin d’en bas, dérangé par le bruit qu’il a fait pendant que je n’étais pas à la maison, sera un chef de bordel et veut acheter toute la maison, ses six étages et en faire un bordel. Et ainsi de suite.

Il délire de plus en plus. J’ai l’impression qu’il y croit.

C’est grave.

De plus en plus enragé

« T’as explosé sur l’extension de la bi-sextualité chez les femmes et aussi sur l’échangisme. C’était la problème avec Toinette. Pas avec Michelle, elle m’aurait aidé si j’avais eu besoin professionnellement. Elle l’a fait. Tous les clubs des universités étaient échangistes. Autour de 68, la monogamie était complètement exclue. C’est un état de fait. »

Il délire de plus en plus et il veut que je le crois. Il insiste.

« Quand tu monte sur tes grands chevaux, c’est ridicule! Qu’est-ce que ça signifie, ça n’existe pas? La marée ne montera pas. Le soleil ne se lèvera pas. Au nom des choses bizarres tu prétends… dans la société française, c’est non existant. A tout ça, je ne peux te dire ‘oui oui’.»

Attaque. Il mord, comme un chien enragé.

« J’aurais pas du dire ‘oui oui’ avant, bien que je savais que je t’ai laissée parler. Je ne t’ai pas dit ce que je crois, ni ‘arrête de délirer’.

Arrête de prendre tes rêves pour la réalité.

Si encore c’était sur un point de détail. C’est l’existence, composant fondamental des français, des européens. Je ne peux pas te dire que je crois à tes fantasmes moralisateurs. »

Il s’est plongé sur l’Internet en SM, bondage, dominance, amazones, livres érotique et pornos. Je ne veux pas le croire quand il m’affirme que 85% des Français sont échangistes et j’ai osé le lui dire.

Il ne le supporte pas.

- Ne parle pas comme ça! La morale pour moi c’est terminé! On se sépare sur un certain plan, mais sur ton attitude dépend… mes rapports avec ma fille. Comme tu l’as fait déjà.

- François, je n’ai jamais parlé mal de toi à tes filles.

- Depuis dix ans, tu me harcèles avec tes ‘principes moraux.’ Oh! Assez!

Je sens d’un coup qu’il savait qu’entre nous ca se cassera.

Il le savait avant moi.

Pour le moment, son souci majeur est ce que je dirai ou non à sa fille, ses filles. Et de ne pas contrecarrer ses projets. Je n’ai pas parlé avec l’aînée et j’ai plutôt essayé d’assurer à la cadette qu’il n’a pu faire mal à sa fille, que tout se passait seulement dans sa tête. Je ne me mêle pas de ses projets. François ne le croit pas, il est persuadé du contraire, que je veux tout contrecarrer.

***

Tout à l’heure, je ne réussissais pas à ouvrir aussitôt le coffre de la voiture pour sortir ce que nous avons acheté. Je lui demande de l’ouvrir.

Il hurle maintenant :

- Non! Ouvre tout de suite! Toi!

Tous les gens de café, près de la voiture l’entendent.

C’est fini, vraiment fini. Je ne serai plus son paillasson! Il ne s’essuiera plus ses pieds sur moi !

***

Je lui ai dit que je ne l’aime plus, qu’il ne m’aime pas. Il a protesté faiblement. Soi-disant il faut que nous y soyons à cinq fixe. Ni avant, ni après. Je dois le conduire et il était pressé tout à l’heure.

Il vient de remonter au logement, appeler Stéphanie, se plaindre de moi de nouveau, lui demander conseille. Puis essayer de parler avec sa fille ou se consulter avec quelqu’un d’autre.

Je suis assis sur la terrasse de café, j’ai bu un express. J’écris.

Il voulait récupérer les clés de la voiture : "C’est moi qui l’a acheté!"

Mais qui va conduire ?

Je ne lui ai pas fait remarquer que je l’ai conduit depuis qu’on l’a cette voiture partout, ni que c'était moi qui avais payé l’assurance depuis des années, ni que j’ai payé toutes les réparations et révisions d’année en année ce qui remonte à plus que le prix de la voiture et j'ai payé aussi toutes les contraventions. C’était moi qui avais peiné pour trouver un parking chaque jour sur cette Butte Montmartre bien pleine.

Ce n’est pas la peine de lui répondre, lui rappeler. La voiture a 160.000 kilomètres (bravo Citroën!) et presque quinze ans. S’il le veut vraiment… pourquoi pas!

Il descend et recommence aussitôt, devant les gens, sidérés, du café.

«Tu as besoin d’être suivi par quelqu’un comme Douce (son psychiatre) Tu deviens maladif.»

Plus tard :

«Le troisième jour à Lectoure j’ai changé, irréversiblement. Pas dans ce que j’étais là, pendant que j’avais vécu, mais comme j’étais à Toulouse. Finie la transformation due à mon arrivé à Paris.»

Je ne réponds plus. Que dire ?

Paris, fin août 2001(je note)

« Tu t’es permis de revenir à la maison plus tôt. Tu m’as complètement troublé. Non ! Tais–toi ! Tu te permets de mentir, d’inventer selon tes besoins.»

Quoi ? Et c’est lui qui ment, invente. Pas moi.

Il m’agresse sans cesse. Me harcèle. Et maintenant, je ne peux revenir à la maison sans qu’il me le reproche ? Je l’ai dérangé dans son liaison « rose » sur le Web.

Impossible de l’aimer, de tenir à lui, à celui qu’il est devenu. Même mon corps se révolte contre lui, se révulse. Son contact me hérisse. Autrefois, il me faisait fondre.

Je le dérange, il ne peut plus regarder ses sites préférés ? !

Un peu de silence à respecter ! me crie-t-il, maintenant.

Mais aussitôt après, il commence à remplir le silence.

- J’avais en effet autrefois du plaisir à discuter avec toi. Tu ne parles plus que de futilités. De tes croyances. Tes croyances m’intéressent autant que celle du pape. Des âneries. Depuis quelque temps, tu parles sans rien dire.

Plus tard, il m’a fait peur me disant :
- Ta voiture a disparu. Elle n’est plus où elle était. (Heureusement ce n’était pas vrai, non plus.) Stéphanie n’a pas de docteur. Le téléphone là-bas ne marche plus du tout. Bon. Il y a des cartons dans la voiture.

Ensuite il revient à ce matin :
- Tu n’as pas pu t’empêcher de revenir avant onze heures. Pour mettre ton nez dans mes affaires. Il entend par cela, regarder sur l’écran de son ordinateur.
Puis il enchaîne parlant de sa carte Intégral qu’il a perdue.
« J’ai récupéré ma carte avec des menaces. C’était miraculeux. Quand ils se croient forts, ils écrasent les gens. Bon, alors je n’ai absolument rien à amener.
— Tu continues à écrire ? me demande-t-il tout d’un coup (en observant que je note ce qu'il dit) en ajoutant : Ce que je raconte n’est pas de la bonne littérature. Ce n’est pas de l’injure. Simplement de l’ironie. C’est comme ça que tu t’occupes pas de mes affaires ? »

Mais ça ne l’arrête pas de m’injurier et de me dire n’importe quoi.
***
Qu’est-ce que c’est encore que cette ânerie ? Cette lubie. Et quoi encore?
— Tu ne dois pas me parler ainsi, François.
Arrête de déconner. Tu décides pas !
— Toi non plus pour moi.
Et quoi encore ?
Je ne réponds plus.
C’est mes affaires. Discutailler, monter sur tes grands chevaux. Sans réalité. Une morale de siècle dernier. Qu’est-ce que tu veux me dire…

Le lendemain, il me dit :
Viens ici. La problème entre nous était que le matin tu oublies ce qu’on a fait la nuit. Ceci m’a toujours dérangé. T’étais une dame
Avant, il le disait ‘dame’ avec admiration, là, c’est sur un ton ironique.

Tu ne voulais pas en parler.
Maintenant, il prétend - d’où le sort-il ? - que je ne voulais parler de ce qu’on faisait ensemble la nuit (dans le temps).
C’est la pire forme d’hypocrisie bourgeoise. Ne pas prononcer les mots. Faire et ne pas en parler. Je l’ai respecté. Il fallait que tu oublies. Tu le niais.
— Tu mens. Ou tu as oublié.
— T’as dit : « je n’ai jamais aimé ça »
— Ce n’est pas vrai.
T’es hypocrite, Julie.
— Hypocrisie ? Moi, non. Je regrette…
Il n’y a pas que moi qui le regrette. Même l’église a dit que l’hypocrisie est le plus grand pêché, m’interrompt aussitôt François. On n’en a pas parlé, donc ça n’existe pas. Ton arrogance sur le sujet ! Tu n’as pas parlé, pas avec les mots.
— Si, François.
Tu m’as dit hier soir : « on ne couche plus ensemble. » C’était de l’hypocrisie.
— Non, je ne veux plus vivre avec toi.
J’admire ta franchise. Le retarder de trois jours c’est encore de l’hypocrisie. C’est depuis… au moins depuis que t’es revenue des États-Unis. Je ne t’ai pas posé de question pourquoi.

Il veut ensuite me pousser à parler avec mon amie en espérant qu’elle lui donnera raison :
Je l’ai dit à Stéphanie. Elle est seule, malade. Elle attend que tu l’appelles. Elle me l’a dit formellement. Précis. Décrire ce que tu attendais d’un mari.
Je préfère de ne pas lui dire ce que mon amie m’a conseillée. Je me tais.

Il continue.
Tu as une dose de pudibonderie maladive. Une incapacité à formuler ce que t’as fait. Même pas penser aux choses qu’on a faite. Des jésuites. Mes parents avaient un tas de blocages mais là-dessus non, on en parlait. Le Jésuitisme.
— Moi ?
D’où prend-il tout ça ? D’où le sort-il ?
Il divague de plus en plus !

Plus tard, le même jour :
Non, mais je remarque gentiment ton aide et ta coopération, dit monsieur ironiquement. Effectivement, tu m’a pas emmené d’ici. Cet appartement n’est plus mon logement, ça, tu auras pu me le dire. Parce que tu n’as plus besoin de moi au point de vue financier…
Quoi ? ? ?

Tu me mets dehors quand tu n’as plus besoin de moi. Comme un citron pressé. Pendant dix ans, j’ai tout payé …
— François, ce n’est pas vrai !
J’ai toujours eu une confiance totale. Je ne t’ai rien caché. Je n’ai eu aucune femme avec qui j’en avais tant. C’était une grosse erreur.
— Moi aussi…
Autrement nous n’en serions pas là. Autrement tu ne me dirais pas « fous le camp ». Sans que j’aie ébréché en quoi que ce soit les engagements que j’ai pris. Tu n’as pas été capable de dire ce que j’ai fait. En trois semaines, je t’ai demandé cinquante fois et redemandé :'Pourquoi tu ne veux plus de moi.'
Oui, il l’a demandé, au moins cinquante fois.

Au début, j’ai répondu.

Il n’a pas accepté mes réponses et il continuait me le demander. Encore et encore. Pendant des nuits ; dans la voiture ; dans le train : « Dis-moi, pourquoi, dis-moi la vérité, pas des fictions. »

Pourquoi ? Je ne répond plus, du tout.

« Que faut-il changer dans mon mode de vie ? Rien. Rien n’est possible. Ou ce couple n’a jamais existé. Faute de complicité. Je ne veux pas y croire ! » dit-il. « Moi, je ne te hais pas du tout. »
Et il continue aussitôt avec :
« Je te vois tel que t’es. Tu pousses… Ce que tu oublies c’est que tout ce que tu fais je l’enregistre automatiquement. T’es d’une infirme totale avec les gens. »

Il n’arrête pas, mais je ne peux noter que des bribes.
« Des femmes honnêtes ? Tu te prends pour qui ? Si c’est tes parents qui t’ont appris cette attitude. Un tel mépris pour les gens ! Peut-être… »
Je n’arrive plus à suivre, il parle trop vite et je n’arrive plus à noter.
« Tu n’admets pas le genre de vie du midi, quand on parle avec tous les gens pendant une heure. Ça t’emmerde. Tu n’as jamais été polie avec moi. Dans le train. Une partie des vacances. Tu n’as pas le droit de me dire… La société française fait partie de mon métier. »
Et il continue sans arrêt.

« Boucle-là ! »

Voilà encore par lui. Il n’arrête plus.

En plus, apparemment, cela ne le dérange même pas que je note ce qu’il dit au fur et à mesure. Je note au moins, une partie, ensuite j’en ai assez même s'il continue à parler sans arrê :

« Parce que ce que tu m’as dit, c’est bidon, Julie. Autrement, c’est une maladie mentale. Ou tu as quelqu’un. Ou quelqu’un t’a convaincu que soit j’avais fait des choses horribles, soit pour une raison, quelconque vivre avec moi serait mauvais pour toi. Ce que tu dis c’est du délire. Une lubie.

Arrête de me traiter en enfant de dix ans. Arrête de me dire ce que je dois penser. Arrête ton intolérance, tes critiques morales contre moi. Ta tyrannie. Tyrannie ! Le fils est émancipé, immédiatement.

Tu me condamnes au nom de principes dont je n’ai rien à faire. Ce que pensait ta grand-mère, moi je m’en… Les divagations que tu sors !

Ta grande mère n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas montrer son nombril. »

Moi, non plus, mais je ne lui fait pas remarquer. Et il continue, sans s’arrêter, pendant des heures interminables.

« Ce que tu veux : un conformisme bourgeois. Tu fais de projelitisme (?) morale implicite à longueur de journée. Au nom des principes. C’est stupide. Tu essaies de m’imposer des codes de comportement archéologiques.

Même avant, les gens avaient le droit d’aimer qui ils voulaient, quand ils le voulaient. Indépendamment du mariage. Ils étaient sexuellement libres. Il fallait proclamer les règles de la période d’essai. »

Dans le train vers Paris, il s’était arrêté pour parler avec une groupe de jeunes. En passant vers les toilettes, ils m’ont dit qu’il le trouvaient sympa. J’ai osé de ne pas leur demander "pourquoi".

Il s'était alors déchaîne contre moi :

« Tu n’as pas envie de communiquer avec les gens. Tu n’as pas envie de communication réelle.

Autrefois… quand on me parlait, je ne savais pas répondre. Il me fallait cinq minutes. Maintenant… Pour MOI, c’est un état normal de dialoguer avec les gens. Que ça soit pour toi un obstacle entre nous, le fait que je ne suis plus un infirme social.

Le fait que n’importe qui me trouve sympathique ça te gêne. Sinon, pourquoi tu n’as pas continué de parler avec eux, leur demander pourquoi ils me trouvaient sympa.

Tu n’as pas cherché à savoir en quoi je leur ai plu. Ça ne t’intéressait pas. Ton non, non. Continue. Parce que tu veux pas participer à cet échange.

Tu ne veux pas participer non plus à l’opération de promotion de l’orgue du Condom. Pourtant… Quand tu dis que tu t’intéresses à ma carrière de musicien, ton intérêt est virtuel, théorique. C’est mon activité. Tu ne veux pas y participer. Faire partie de ma vie. La vie, l’activité professionnelle, en complète fusion. »

Il a continué ainsi pendant tout le trajet.

Finalement, j’ai éclaté :

- Ce HARCÈLEMENT continu, je le supporte de moins en moins ! Regarde, même les voisins t’ont fait signe d’arrêter de hurler. Ils sont fatigués, veulent un peu de paix. De silence.

Et il m'avais alors répondu :

- Tu veux me prouver que t’es absolument dépourvue de sens moral.

- Ne me harcèle pas. Laisse. Moi . Tranquille.

Et j’ajoute :

- Une heure…

Je n'ajoute qu’en moi : "au moins, sinon jusqu’à la gare de Paris."

- Boucle-la et fous-moi la paix avec tes déjections morales. Tu te permets de me critiquer tout le temps, en fonction de fantasmes purs. Bon, bon, tu considères tout que je fais… . ».

Il ne s’est pas arrêté jusqu’à la gare!

J’essai de ne plus entendre, c’est dur, il parle fort et je suis coincée entre la fenêtre et lui dans le train. Bientôt, on sera à Paris, je pourrais respirer, enfin.

Deux dames, m’aident à descendre les bagages, les sortir vers la porte. Elles me regardent avec un air disant qu’elles ont souffert avec moi, tout au long et me proposent de témoigner contre lui, m’incitent à m’en débarrasser.

« Ça sera fait et bientôt, je leur répond. Merci, merci beaucoup, mais je n’ai pas besoin de votre témoignage. Si besoin est, j’en aurais plein d’autres. »

Elles partent, en me faisant un dernier signe de sympathie avec le main. Ça existe, les gens bien, partout !

J’avais fait semblant

« J’avais fait semblant jusqu’à maintenant »

« La seule façon pour que ça puisse aller entre nous est si tu cesses de critiquer tout ce que je fais et dis.

Ce que tu fais, non. Ce que tu dis. Quand tu dis que 85 % des couples sont échangistes…

Je lui réponds quelquefois, de plus en plus rarement.

François continue.

« Tu n’as pas le droit de porter un jugement moral. Ta façon de voire la vie sociale est tellement anti-réelle. Tu vis dans le monde de tes livres. Comme si le monde était ce qu’il était il y a dix ans.

L’échangisme est devenu le mode standard de vie d’un couple et c’est cela que tu veux pas admettre. C’est pas une vérité, c’est un constat.

François, qu’entends-tu par l’échangisme ?

Mélanger l’amour à quatre à la fois, l’échangisme c’est quand on prête pour six mois le mari ou la femme, fondé d’ailleurs sur la bisexualité.

Qui vit comme cela ? demandais-je.

Anarché, (la Canadienne) bi, ma cousine, bi

Puis il ajoute :

Pendant un certain temps j’ai fait semblant de croire ce que tu croyais. J’ai voulu préserver ce qui était entre nous en admettant des choses auxquelles je ne croyais pas. Tout comme avec mes parents. Tu crois à une normalité de la société. Merde alors ! Etc.

Finalement, j’en ai assez et je m’exclame :

Tu ne me laisse pas dormir François : c’est une agression.

Je t’ai laissée dire. Actuellement, je ne suis plus en … détails. Je suis obligé de travailler sur le monde réel. Longtemps, je t’ai laissé croire une certaine chose sur moi, le reste était sous la couverture. Maintenant il n’y a plus de carapace. Je vois les gens avec leurs particularités sexuelles. On peut ne pas le voir. Je te laisse dormir. »

Mais il continue en parlant de toutes les homosexuelles et lesbiennes qui sont autour de lui avec qui il cause sur le Web rose.

Une fois de plus, tu te mets en dehors des gens normaux. De la mode. Sortir, tu ne sais pas qu’est-ce que c’est. Je dois te le dire parce que c’est comme ça. Ce que tu essaies de m’impos se sont des pensés de début de siècle.

« Tu n’existes qu’en me contestant »

À Lectoure, toujours (autre cahier)

« Il arrive un moment, dans la vie de chaque être humain, où il doit regarder la réalité en face. Lorsque tel est le cas, c’est comme si le lien entre l’émotion et la raison était tendu jusqu’à l’extrême limite de l’endurance, et parfois il se rompt.

Dans cette série de nouvelles de Daphné Maurier, des hommes, des femmes et des enfants, en arrivent au point de rupture. Au lecteur de juger si le lieu a résisté s’il s’est rompu. » (Introduction)

Tension, trop haute.

Il paraît qu’il n’y a pas de « happy end » dans la vie. En tout cas, pas dans la mienne. Pas avec les hommes, en tout cas pas avec lui.

Un jour on se lève et l’on se dit : ‘qui est celui-ci ?’

François dit que sa personnalité est changée. Depuis un mois, il n’est plus « l’obscur professeur d’informatique, » il est devenu ARTISTE. Organiste célèbre, danseur du premier classe, chanteur à la télévision (parmi 1000), extroverti, ouvert vers les gens. Se mettant en scène sans cesse. Montrant qui il est, réellement.

« Je montrerai qui je suis !. »

Il sait tout mieux que les autres.

Il voit, lui, « la vie réelle » tandis que moi, je « fantasme », les couples échangent, on va danser au restaurant pour s’exhiber, se montrer.

Le matin il descend à peine une rue en pente, il rouspète que les enfants ne se lèvent pas pour lui céder la place. Il trouve la chaise trop dure, trop étroite. Le soir, il danse toutes les danses au restaurant sans s’arrêter un instant.

Encore ses paroles que ne s’arrêtent plus :

« T’es faux-semblant. Tu ne dis pas que t’es malade. Le fait de dire que ta tête tourne ne voulait rien dire. Tu n’es pas partie parce que tu étais fâchée, mais à cause de ta maladie. »

Il parle du bal où il s’était arrêté pour se quereller avec moi au beau milieu de la piste et je suis rentrée à l’hôtel.

« Le problème est là et pas ailleurs. »

Il ajoute :

« Ton interprétation est idiote. »

Ceci revient encore et encore.

« Tu n’existe qu’en me contestant !

Ta façon complètement stupide que t’as de guetter ce que je fais pour pouvoir protester, fabriqué de toutes pièces.

Tu as besoin de contester tout ce que je fais. Tu es une anti-François primaire. Le jour où tu n’auras plus cela, Stéphanie le croit aussi, tu auras un vide. C’est un besoin inné.

Tu ne peux pas admettre que je sois quelqu’un d’intellectuellement normal. Tu devras te demander la cause de cette attitude. Elle dit que tu ne peux pas en en sortir : tu existes seulement en t’opposant à moi. »

Il continue sur le même ton accusateur :

« Tes critiques sont de plus en plus à priori. Au fond, tu n’as pas envie à savoir ce que je pense. »

Je n’ai plus envie de l’écouter, c’est vrai.

« Parler avec moi t’est devenue maintenant une corvée parce que cela dérange ta façon de penser. »

Moi, je suis dérangée par sa façon de penser et me parler. Je ne lui réponds plus rien, de tout de façon, il ne m’écouterais plus, quoi que je dirais.

Et il affirme encore :

« Pendant 13 ans, j’ai essayé d’être le mari dont tu avais besoin, d’être un mari comme au début de ce siècle.

Que je vis, moi, discrètement ? Merde la discrétion ! Je ne sais pas pourquoi on serait discret. C’est renoncer à être. Pourquoi ? Se fondre dans le décor ? Plus jamais. Sauf…

Seulement, le décor des gens que tu n’admets pas. Exhibitionnistes. Qualité fondamentale. Pour toi, être remarqué c’est un drame. J’ai essayé d’être discret avec toi, j’ai essayé avec toi.

Vivre, c’est hier soir. Sur la piste. »

Et ensuite, il dit se plaint de moi, tellement injustement!

« Pourquoi vouloir vivre avec une malade ? Pour toi j’ai étouffé ma personnalité pendant treize ans. »

« Est-ce que tu l’admets ? »

Non. François. La réponse, c’est…

Bon, tout à l’heure.

Il sort, sans attendre la réponse. Ce que je pense ou dis, « n’a plus de conséquence, » pour lui.

***

« Je ne veux plus être une petite souris discrète. Avec Michèle, je n’étais pas. Avec toi, j’ai effacé ma vraie personnalité pendant treize ans. »

La clé est là peut être.

Il me l’offre (sur un plateau).

Une étape dure

C'était une étape dure de ma vie a passer et probablement aussi assez intime comme me l'avais fait remarquer quelqu'un, mais je pense a celles ou ceux qui doivent passer par des choses similaires, les récits qu'on n'est pas seule est si bienvenue dans ce cas! Alors, je continue, je vous emmene avec moi a travers 'monts et vallées'.

Le fossé s’agrandit

20 août 2001, Lectour

Tout se désintègre.

À la fois, comme d’habitude dans la vie. Les coups, les déchirures arrivent les uns après les autres, en série.

Je dois partir du logement où j’étais depuis vingt ans ; à moins de l’acheter. M’y accrocher sera suicidaire d’après Stéphanie. Seule, je pourrais pourtant vivre là. Soyons sincères, c’était ainsi que je me le suis imaginé quand j’y pensais que je voudrais l’acheter, je pensais au futur lointain. Vivre avec François là bas est devenu un enfer. Suffocant. Pour lui aussi.

Vivre où alors ? Aller où ?
Voyager davantage.
Maigrir !
Vivre en plein, selon moi. Non pas d’après François.

Permettre à lui aussi de ne plus cacher sa « vraie personnalité ». Vivre comme il en a envie. Avec d’autres aimant s’exhiber.
Mais je dois avoir un trou à moi.

Un lieu où je peux recevoir Gabrielle ou David. Ou même Nadia et Vincent. Ou Alexandre, ou Henry. Ou Thomas. Une femme que je rencontrerai.

Pourquoi pas là ?
Il ne partira jamais alors ?
Louer. Ne rien acheter. Au cas où…

Une erreur fondamentale était de l’emmener avec moi ce printemps. La confiance totale pendant treize ans, puis, d’un coup, changement de personnalité.

Non. Il me dit maintenant qu’il avait dissimulé sa vraie personnalité parce que j’en avais besoin d’avoir à côté de moi un autre que ce qu’il était réellement. Alors, il s’est changé. En apparence.
Tout qu’il dit, me fait froid au dos.

Notre appartement est lumineux. Il le dit sombre.

J’hésite encore un peu. J’ai fort peu de temps pourtant. Des décisions fort importantes, sinon vitales, mais décisives pour le futur, doivent être prises rapidement. Dix jours encore et il faudrait décider pour acheter ou non l’appartement qui était mon « chez moi » depuis vingt ans. Quelques mois seulement restent pour trouver et louer ailleurs. Mais avant, décider si on peut se supporter encore, si cela vaut la peine ou non. J’ai l’impression que c’est tout décidé en réalité, par lui. Par moi, aussi.

Le fossé entre nous se creuse de plus en plus.

Il faut faire un « cahier de charges ». Réorienter nos vies. Chacun dans la direction qu’il le désire.
Est-ce douloureux ? Tout rupture l’est, plus ou moins.

« Mauvaises vacances ? »
Non, fort fatigants.

« On se met dans la voiture et tu me raconteras » avait-il dit pendant qu’on descendait l’escalier. Il a commencé aussitôt un monologue sur l’organiste d’ici, un des ceux lui ayant interdit de jouer sur l’orgue du pays, il l’accablait de tout. Bien sûre, n’importe quoi arrive, ce n’est jamais de sa faute. Les autres. Trafiquants, fascistes, etc…

Le trou qui se creuse entre nous est plus profond, d’heure en heure plus large aussi. Et j’ai l’impression qu’en son for intérieur il s’est déjà persuadé lui même qu’il serait mieux pour lui de s’en séparer de moi.

Il insiste alors, pourquoi ?
« Tu auras un grand vide, dit-il, personne contre qui parler »
Et il ajoute :
« Je pourrais refaire ma vie tenant compte de ma vraie personnalité, que je viens de retrouver à Lectour, entre des êtres qui n’ont pas tes complexes. »
Que dire de plus ?

Tout cela peut mal se terminer pour lui, mais je ne suis pas son gardien, ni sa mère. Chacun est responsable pour sa vie, ses actions et de leurs conséquences.

François est entré dans ma vie comme un tourbillon et j’avais enfin quelqu’un avec qui communiquer. Il ne m’écoute plus. Il s’écoute et il écoute les autres. De bon et de mauvais conseil, les autres. Tous qui l’admirent, tous qu’il admire, fasciné par eux ou plutôt, elles.

Je ne le fascine plus.

Le « Nous » a disparu.

Je n’arrive plus à l’admirer tel qu’il est. Redevenu ? Devenu ? Excité, surexcité. Exhibitionniste.
Fini, même si pas clos encore.

En relisant ce journal, je me rends compte qu’il commençait avec mes problèmes avec François (et ma santé et retraite) et qu’il arrive à sa fin (oserais je le dire « logique » ?) deux ans et demi plus tard.

Est-ce qu’à cause de ceci que sans savoir, j’hésitais de le finir, d’écrire sur les dernières pages ?
Grand soupir.

C’est bien de se relire.
D’écrire.
Avoir quoi relire. Retracer la voie parcourue. Revoir les événements, au fur et à mesure.
Depuis ce temps-là, je n’ai pas sérieusement progressé avec l’écriture non plus. L’atelier a rendu l’âme.

Tout n’est pas vide. J’ai progressé, appris. Compris.

Je continue à relire ce journal. Le plus j’avais de succès, le plus il me rabaissait.

Je vis de nouveau sous Equanil en petit doses, mais journaliers. De nouveau,
Il danse sans interruptions trois heures le soir, et le lendemain, il utilise son bâton pour marcher comme s’il était invalide. Est ce son comportement est dû au liquéfiant du sang ? Sautes d’humeur, irritation, peut-être, mais pas son envie d’être grand, visible.

De nouveau, des cadeaux, des caresses, mais un total manque d’intérêt envers moi, des monologues sans fin.

Et fureur : « Tu ne m’écoutes plus ! ».
Là, il a peut-être raison.
Il insiste encore d’acheter l’appartement qu’il a choisi :
« Tu es contre que j’ai une entré séparé. »
Puis il s’écrie d’un coup :
« Séparation à l’amiable, d’accord, et rapidement. À condition que tu ne m’attaques pas. Que tu me laisse travailler. Que tu… »
Et il continue. Mais mon cahier vient se terminer, j’écris ceci sur l’intérieur de la couverture. Il n’y a plus de place.

François me dit

François me dit :
« Ce qui t’intéresse n’a pas de signification. »

Je suis entrée dans le cloître seul, avant les autres. J’ai pu ainsi la visiter en tout quiétude. François a encore parlé sans arrêter pendant le repas (trop gras) avec le voisin et il continu. Non, ce n’est pas « parlé », monologué. Raconté. Il est toujours en train de parler. Avec eux ? Non, devant eux.

À un moment donné, après une heure de son monologue, j’ai voulu ajouter quelques mots à propos de ce qu’il disait, il m’a interrompu brutalement et en déconsidérant devant les voisins ce que j’avais voulu ajouter.

Peut-être c’est amusant de l’écouter une heure ou deux, toute la journée, jour après jour, c’est impossible, invivable.

Hier, à Lectour, il a commencé à six heures et demie en me réveillant et il s’est fâché à dix heures et demie le soir quand je lui ai dit de me laisser dormir.

« Je m’en vais ! » disait-il d’un ton boudeur.
« Va-t-en » j’ai répondu excédé finalement.
Aujourd’hui il me l’a encore rappelé :
- Comment as-tu pu me dire « va-t-en » ?
- J’étais crevée. Tu voulais pas dormir. Tu ne me laissais pas dormir. Tu parlais encore et encore.

Ce matin :
« Tu me dis jamais ce que tu veux. Comment t’aime… »
Et quand j’avais dit, m’avait-il écouté ? !
Se rend-il compte qu’il écrase les autres ? Oh, là là ! Que veut-il encore ?

Ce n’est pas étonnant que je sois fatiguée presque tout le temps. Davantage qu’après avoir gardé les trois petit garçons, pourtant pleins d’énergie.

La collégiale de Le Romieux a encore des restes des partis peints. Fabuleux. Et un petit jardin de fleurs médicinales me rappelant un roman se passant dans le XIIIe siècle.

Nous avons acheté tous les deux trop de livres. Intéressants. Belles. Certains, de 1e éditions. L’art de reliure était fort beau autrefois. Les livres respectés, relus davantage.

Amere retour

3 août, Paris

Je suis trop choqué pour décrire notre appartement, tout que j’ai trouvé ici en arrivant. Et trop fatiguée. Une autre fois.

2007: je n'etais pas en etat de decrire comment je l'avais trouve, il suffit pour le moment peut etre d'ajouter que le lit avait ete utilise non seulement par mon mari et puait, sur le table deux tasses et assiettes, horrible.

Le début de nos vacances : Souvenir

Après avoir passé du temps avec Agnès et mes petit-fils, comme je ne voulais pas que François se sent abandonné, laissé pour compte, j’ai proposé qu’au début du mois août, nous allions visiter les lieux de son adolescence, dont il parlait souvent avec nostalgie, dans le Gers. Lectour, et Marcellin où il s’était sentit pour la première fois libre, le village d’où lui vient le plaisir de cuisiner aussi. J’espérais que cette voyage lui ferait bien et nous rapprochera.

Je n’avais pas pu me tromper davantage.

Pendant qu’il organisa cette voyage, il découvrit une site, parlant de « parfums » qui avait des liens vers des sites érotiques, pornographiques. Il s’y perdit dedans et les liens qu’il forma avec une certaine canadienne.

On arrivant à Lectour, nous avons passé deux jours d’abord dans l’hôtel qui est devenu l’ancien maison où il avait habité avec ses parents et, il s’est avéré, des réfugiés. Dont une fille, violé dès douze ans par son père, qui lui avait lancé un défi, qu’alors, il n’osa relever. J’ai trouvé une petite piscine, semblable à celle de jardin de mes grand parents et dès la première soir, je l’ai utilisé avec délices. Il m’a fait des photos, nous étions heureux. Le temps d’une soirée.

Le lendemain, nous avons commencé une cure thermale et on lui permis de jouer à l’orgue de l’église de centre. Tout paraissait bien. Mais, dès ce jour, il était obsédé de ne pas pouvoir chatter avec la canadienne, ne réussit pas d’avoir accès au Web. Il était « en manque », il devint de plus en plus enragé.

Il joua à l’orgue, il médit l’organiste. On lui interdit l’orgue.

Il trouva un autre orgue, dans un village voisine où je l’ai conduite, il médit l’épiscope du région à sacristain. Il n’y pu revenir.

Le matin, nous étions aspergés de l’eau chaud, couverts de boue, j’après–midi on découvrait la région et ses divers orgues. Il me montra Marcellin et la petit école où sa mère enseignait pendant que son père était au prison, ils avaient habité au-dessus d’école, lui et sa mère. Il avait raconté cette année, comme le plus heureux et le plus libre de sa vie. Nous avons acheté d’anciens livres au brocante, goûté la cuisine du pays. Tout aurait dû se dérouler agréablement, mais non. Il devint enragé, contre tous, et finalement, contre moi. Finalement, son comportement horrible devant mon amie et sa hôte, fit déborder la vase.

e mal de Francois

De : François
A : judith
Date : 29/07/2001 03:37
Objet : Ah, ah, ah !

Ma très chère femme,

> J'espère vraiment que quand tu reviendras, tu laissera là bas, la plupart des livres,
Je n'ai pas l'intention de laisser ici des livres
# c'est Agnès qui m'a dit, ou écrit je ne sais plus, que tu te dépêchais de les lire tous, et de les trier, pour n'emmener que ceux qui te plaisent vraiment : j'avais oublié qu'ils te plaisent tous, plus ou moins.

Je commence à mieux comprendre ton vrai problème, et pourquoi tu t'es trouvée paniquée devant une telle attitude, mais tu aurais pu me faire confiance et me le faire comprendre a demi-mot, sans faire tout ce mystère, et j'aurais été moins inquiet.

> je ne crois pas qu'on peut laisser la tristesse derrière soi si rapidement, même si avec le temps tout devient moins dur je suis bien d'accord : tu comptais beaucoup sur ce mariage, tu t'y est beaucoup investi, après le fiasco du précédent, et les attitudes fermées et rétrogrades ne peuvent que te désespérer, comme ils le font de même pour moi.

Je continuerai demain l'analyse de ta lettre, et répondrai à toutes tes questions, même celle que tu ne poses pas; et aussi te raconterai en détail mes rencontres miraculeuses:

Tout le monde pensait, moi y compris, que le plus difficile serait de convaincre des gens
normaux de s'intéresser à ce que je veux faire, et travailler avec moi. Et bien, pas du tout ! en une demi-journée j' en ai ramassé 8 sans rien demander, et sans avoir même à me baisser : et ce n'est pas n'importe quoi, - un vieux violoniste russe, il a en fait le même age que moi, mais ça ne se voit. pas du tout; avec une excellente formation classique, une très bonne sonorité et le goût de varier ses interprétations;
- deux architectes, en fin d'étude, spécialistes aussi de la construction de sites de type très attractifs;
- un étudiant en classe supérieur, qui se retrouvera l'an prochain à l'Ecole Polytechnique, musicien et très bon informaticien;
- deux musiciens amateurs, sortant de conservatoires dans un bon rang, prêts à tout pour sortir de l'ornière.
- la meilleure joueuse française de trompes australiennes, qui ont été la grande attraction des cérémonies de Jeux Olympiques, à Sydney., et ont un son vraiment féerique, très varié, et tellement bien adapté pour certains aspects de la sexualité et de l'érotisme, les plus mystérieux et les plus sombres.

Tu vois tout va bien: et ne va pas croire, comme Jeanne, que je leur ai fait des tas de promesses: pas du tout iols sont personnellement intéressés, bénévoles et volontaires, sauf le vieux russe, mais là c'est un des membres de l'équipe site qui s'en charge. Première réunion en conférence au téléphone, lundi matin, pour que je leur raconte mes idées sur notre site Janus, et qu'ils m'exposent leur expérience, leurs envies et leurs intentions. Après on pourra faire la même chose par Internet un des cinq est en train de rassembler tout ce qui est nécessaire pour un système de mail - conférence, en attendant en Septembre, la même chose sur le web lui-même, plus puissant.

Tu vois que mes idées ont des résonances extraordinaires, quasi miraculeuses.
A très très bientôt avec beaucoup d'amour, de tendresses, et surtout une certaine partie que j'ai vraiment outrageusement négligé depuis qu'on se connaît,
François

Nouveau cahier ou titre: Supportrer jusque quand

En tout cas, ici avec le Supporter jusque quand, commence la separation complet, une phase nouvelle, vecu tres difficilement et quand la reponse devait venir rapidement - meme si en realite cela a dure encore quelques mois ameres.

J'ai demande mon amie de la Roumanie il y a une semaines, "continuer a publier"?

Elle a repondu: c'est ta vie, c'est ainsi que tu l'as vue et vecue, ne t'arrete pas. Alors, oui, je vais continuer, vous allez passer par quelques mauvais et ameres moments, tel que moi, je les avais vecu a l'epoque - finalement pas si loin que cela, nous somme le printemps 2001 deja.

"Il est envaihissant"

Condon

Aussitôt arrivés, nous sommes entrés dans la cathédrale.

François ne m’a même pas introduit à son ancien collègue, ni à son époux. Il est monté directement en haut à l’orgue avec son collègue et l’épouse a disparu.

Je suis allée à la poste comme il me l’avait demandé, j’ai parlé avec le docteur qui m’a confirmé que point n’était besoin d’encore une consultation.

J’attends que quelque chose se passe.

Les égards, le respect de l’autre, au moins pour moi, n’est pas à l’ordre du jour chez François. Hier, jusqu’à tard, après un merveilleux dîner qu’il m’a offert, il voulait que je lui réponde : « Que doit-il faire, comment être pour qu’il puisse rester mon mari. »

Il est allé jusqu’à dire qu’il pourra s’engager à ne pas dire que ma façon de voir est irréaliste, d’un autre siècle, tiré de romans à quatre sous, daté d’il y a treize ans au moins.

Quoiqu’il se moque de moi de plus en plus souvent et qu’il m’a dit ce matin, qu’hier il a affirmé une chose et son contraire pour inciter ma réaction et prouver, se prouver que je dirais 'non' aux deux - j’ai de temps en temps pitié de lui. Il lutte de plus en plus méchamment.

« On ne sait pas que provoqué je peux être fort… » me dit-il lui-même de soi.

Fort méchant ? Je le sais.

Pendant ces vacances, François a eu de joies intenses. Hier, je suis allée le récupérer après qu’il avait joué des heures à l’orgue et ses yeux brillaient illuminés par bonheur, ce que je lui souhaite souvent. (Il ne brille plus depuis un temps à cause de moi). Bonheur de danser, bonheur de parler, bonheur de jouer de l’orgue.

Bonheur de s’exhiber.

« Il ne faut pas croire que je suis un bon petit garçon. Que j’étais. »

Sous-entendu, trop longtemps.

« J’ai réussi à me détacher de la morale de mes parents. Tu devras, toi aussi. Tu peux pas. Ou veux pas. »

Il croit ce qu’il lit. Ce que quelqu’un lui a dit.

Mais il ne croit plus à moi.

Il est midi. Je suis assise dans l’église à Condon François, en haut, continu de jouer de l’orgue.

Tiens. On entre maintenant à l’église avec des trottinettes!

Deux heures n’est pas suffisant pour maîtriser un instrument inconnu. Hélas. Pas bien en tout cas. Qu’importe finalement pour moi l’impression qu’il aura sur ses anciens collègues. Justement, celui‑ci vient de m’apercevoir du haut. François joue ou parle sans s’arrêt. Ininterrompu.

Tiens, ce morceau sonne bien.

François avait affirmé :

« On m’a chargé d’enregistrer. De tester l’orgue. Voire ce que sonne bien sur celui-ci. »

Le croit-il, lui même ‘qu’on l’avait chargé’ avec cette tâche?

Et quel cinéma racontant à tous que la mairie va arrêter la circulation du centre ville pendant qu’il enregistrera! Aucun bruit extérieur ne pénètre dans cette cathédrale.

***

« Il a une personnalité envahissante » vient me dire l’épouse de son collègue après le déjeuner auquel ils nous ont invité. Au restaurant, on lui a signalé qu’il avait parlé tellement fort qu’il avait fait fuire des clients et qu’il ne sera pas bienvenu de nouveau.

Le docteur lui avait aussi dit: « Si vous ne sortez pas, je serai obligé de vous mettre dehors. Ne revenez pas. » François continuait de parler, parler, chercher des papiers, parler encore. Le docteur s’est énervé, et même menacé. Avant que le docteur aussi maire de la petite ville où nous étions ne vienne à la main, j’avais réussi de tirer François dehors. Pas facilement. Et de tout que le docteur lui avait dit, François a compris : « Ne revenez pas jusqu’à la fin de la cure. » Mais non !

« Ce que tu dis, c’est l’empilage de bouche » me dit François. C’est lui qui fait ceci pourtant, de plus en plus souvent.

Je n’ai même plus le droit de suggérer lesquels de mes livres prendre, envoyer à Paris, lesquels laisser ici, puisqu’ils ne représentes pas d’intérêt réel.

C’est nos livres, répond-il.

Certains, sont les miens, il s’agit seulement d’eux.

Tu n’avais pas cette obsession de répondre à tout ce que je dis. C’est devenu inconscient. Maladif. Parce que tu as un besoin absolu de me répondre. C’’est l’agressivité systématique, non, c’est l’opposition systématique.

François, arrête s’il te plaît.

À condition que tu ne réponds pas, parce que 90 % tu ne sais même pas de quoi je parle.

Alors, pourquoi me parle-t-il sans arrêt ?

Vivement demain après-midi ! Demain nous serons à Paris. Et vivement mi-septembre et mon départ en Roumanie avec les gosses et mon fils. Je n'y suis pas retournée depuis plus de trente ans.

Qu’as tu contre moi, dis ?

François, tu ne me respectes plus.

Je ne peux pas te respecter, tu sors en permanence des âneries. Le monde actuel dans lequel tu vis, tu ne le connais pas, ne l’acceptes pas. Tu veux absolument conserver des illusions. Ils peuvent faire de l’échangisme et être beaux et gentils. Il ajoute : Tout qui est comportement sexuel est abominable pour toi.

Et ensuite :

Comme la pub, les chansons, la littérature, l’aspect sexuel joue un rôle prépondérant… à l’Internet, on vendait des choses. Je répète, ce côté marchand est FINI! Le Web renseignant ne va pas se développer, ne va faire vivre des millions des sites.

De quoi parlent les gens ?

De goût et inclinations perso. Quelque fois ils font de l’exhibitionnisme. Je vais les aider à ce que cette coloration ne soit pas stupide. Les goûts sexuels. Orientation. Certaines orientations. L’aspect culturel.

Et il continue sans arrêt d’un ton indigné :

Je ne suis pas ‘un homme rangé’ ! Je suis hors normes. Un Artiste. Je peux montrer mon nombril comme les femmes. Autrement, je ne suis pas original. T’étais fâchée parce que je suis allé danser la Salsa. Avec des minettes aux nombril nu. Et pris rendez-vous avec elles le lendemain à midi à la piscine.

Non, je ne savais de toute façon rien des minettes. Jusqu’à ce que François me le dise, il y a un instant. Probablement je fais la grimace et il éclate aussitôt.

Qu’est-ce qui ne va pas ?