28 décembre 2001

Maman, je t’es acheté deux pots de cyclamens hier, pas un seul. L’un, à trois fleurs roses ouvertes, grandes, fortes et belles, et des bourgeons qui sont en train d’ouvrir. L’autre est un énorme bouquet des fleurs rouge foncé. Je verrai lequel tient davantage. Je les ai mis dehors, un à chaque fenêtre, selon le conseil de Christian, mari de sœur d’Anelise et jardinier de métier. J’admire l’un du lit, l’autre du salon. Il leur faut peu de chaleur, beaucoup d’eau de bas, a‑t‑il dit.

Ils me chauffent le cœur. Les cyclamens, sont-ils féminins ou masculins ? Qu’importe! C’étaient les fleurs que tu désirais recevoir pour le vingt-six décembre, date de ta naissance, maman.

Bientôt, nous entrerons dans l’ère des euros. Presque comme les dollars, pour moi.

J’espère que Lemac, le chat de Lionel, reviendra manger aujourd’hui, comme hier après-midi et soir. Je ne devrais pas me faire de soucis pour lui, mais je m’en fais malgré tout. Plus pour Lionel que pour le chat? Je voulais qu’il puisse se promener, et Lemac se promène, alors? Où est-ce qu’il a pu dormir? Je le croyais devant ma fenêtre, mais ce matin, il n’y était pas. Est-il avec l’autre chat, noir, qui vient dans notre cour surtout pour demander à manger des voisins?

Je m’habille et vais chez Valérie. Je n’ai pas vu Nadia depuis six mois ou plus. Elle restera ma petite fille, même après ma séparation avec son grand père. D’ailleurs, entre eux la distance est devenu beaucoup plus grand qu’avec moi.

Valérie doit penser que c’était moi qui avais demandé que son père vienne d’avantage chez eux, et c’est vrai, avant et pendant mon départ pour l’Amérique. Elle ne m’a pas dit, mais elle doit m’en vouloir. Je voulais qu’il ne reste pas seul et comment pouvais-je deviner ses pensés maladifs de grand-père ! « Mes petits-enfants me font bander ». Comment on peut arriver à penser, écrire ça ! Voir une séductrice dans sa petite fille de cinq ans!

Je me sentais bien chez la mère d’Anelise, au milieu d’une grande famille, des gens biens, différents les uns des autres. Grand fête, bon vin, enfants. Mais je me suis rendu compte, par deux occasions, que je ne suis pas « sortie de l’auberge » complètement. J’ai si mal supporté les querelles. Les voix, l’intonation, le volume, la répétition.

J’avais envie de hurler, m’enfuire, m’échapper, loin de là. Je me suis échappée de François et non pas pour retomber ailleurs, au milieu des querelles et reproches sans fin. Même s’ils ne me concernaient pas, je les ai supportés fort mal.

Il faut de temps pour guérir, Julie! Et malgré le temps, les cicatrices vont rester et se faire sentir de temps en temps.

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