Trois heures difficiles

16 janvier 2002

Trois heures très difficiles hier près de François.

D’abord, à la banque.

Il s’est avéré que le maximum de plan d’épargne logement était 400 000 et non 550 000 comme il prétendait dans sa lettre. Aussi, la responsable de la banque a dit que même si j’avais eu de signature (je ne l’ai pas eu), je n’aurais pu toucher son compte d’épargne spécial logement, transférer de l’argent sans qu’il contresigne. En plus, ce compte n’était pas ouvert que de 1992 à 1994 et il l'avait fermé depuis. Il a reconnu déjà pendant que nous étions à la banque qu’un grand parti la vente de sa maison héritée est parti directement pour payer le prêt d’achat de sa maison de Celles, comme j’avais d’ailleurs indiqué.

Au début, il prétendait encore que j’avais fait des transferts d’argent vers ou à travers Amérique, en prenant du sien. Puis, il a abandonné ceci quand je lui ai rappelé que ma fille s’est mariée presque en même temps que nous et que depuis son mariage je n’ai pas dû lui envoyer d’argent. Et d’un.

Il m’a ensuite, au café, parlé des trois mille francs mensuels que je versais à mon fils pendant ses études, ses cinq ans d’études.

J’avais oublié de lui rappeler que lui aussi a payé les études de ses trois filles; que mon fils ait travaillé pendant les premiers deux ans et pendant la dernière année et que le fait de le déclarer avec nous a sérieusement réduit nos impôts les années restants. Je lui ai dit par contre que maintenant, c’est mon fils qui m’aide: il m’a acheté la voiture dont j’avais besoin et il m’a prêté sa maison. J’ai oublié aussi de lui dire que, s’il vivait de SMIG, comme moi, il pourrait mettre rapidement à côté pas mal d’argent et pourrait rapidement payer ses dettes qu’il a fait tous, depuis notre séparation.

Il a reconnu, (pourquoi ?) que les derniers cinq ans de son enseignement universitaire étaient basés sur ce qu’il a appris de moi, à travers moi, dû à mon déchiffrage du terrain des «objets, évènements, scripts» et de la documentation que je lui fournissais au fur et à mesure. Il a aussi reconnu (pourquoi ?) qu’il est intervenu et arrêté ma collaboration avec mon co-auteur dans l’écriture de mes livres, avait promis mais pas tenu le remplacer. Il a arrêté ainsi macarrière fort prometteur d’écrivain technique.

Il m’a demandé seulement de dire à sa nouvelle campagne que je ne veux plus vivre avec lui en aucun cas, comme il m’a affirmé qu’il n’en voudrait pas, non plus.

Somme tout, il crée, il paraît heureux, même avec les poids qu’il porte. Peut-être il a trouvé quelqu’un qui sait « le diriger » bien, comme il lui faut. J’espère que sa nouvelle 'femme' va rester près de lui longtemps, qu’il sera heureux avec sa nouvelle famille. Elle a sept enfants et pleins de petits-enfants et en plus, des frères et des sœurs. Lourd charge…

Il a oublié de payer son loyer depuis des mois…

Ils vont déménager bientôt. Je devrais vider la cave, moi aussi, d’ici-là, cave plein d’anciens souvenirs, mais d’abord, il veut en retirer quelques affaires anciennes de ma société qui ne me manqueront pas.

L’important était que j’ai pu lui expliquer - j’avais pas mal réfléchi dessus - que le dernier goût d’eau qui a fait déborder le vase était quand il est venu me dire que «Mireille, la femme plus intéressante et intelligente que j’avais jamais connu» en ajoutant aussitôt «Toi, tu ne vis pas sur terre, tu ne vois pas les réalités». C’est vrai, j’avais supporté de n’être pas (plus) jeune, mince, la plus belle, mais non pas être dégradée par lui quant à mon intellect. Et susciter son intérêt. De n’être plus en rien «la plus…».

Il a eu donc la réponse à sa question qu’il m’avait posé une centaine de fois cet été, sur la route, dans le train vers Paris et après «Pourquoi?»; une réponse qui l’a satisfait, je crois, au moins, il l’a compris, profondément.

« Toi, tu ne croyais pas en ce que je croyais » a-t-il aussitôt répondu pour se justifier.

Nos mondes s’étaient éloignés l’un de l’autre : c’est pour cela qu’on divorce. Et aussi, puisqu’on ne se supportait plus et on le montrait. On se blessait. Peut-être, lui davantage, plus violemment en paroles que moi, mais je le blessais aussi de mes yeux et en ne croyant plus « tout » ce qu’il disait. Divaguait. Alors, il prétendait que c’était moi qui invente, divague.

Enfin, tout ceci est le passé, vieux.

Heureusement, il ne me heurte plus.

Heureusement, il a une autre.

J’espère que dans un mois la demande de divorce sera déposée et d’ici avril ou mai, nous serons définitivement, irrévocablement séparés l’un de l’autre. Alors, on pourrait peut-être évoquer aussi de bons souvenirs.

Nous avons payé chacun nos consommations au café. Il n’a même plus offert me payer mon orange pressé. Bon. Je lui aurais payé son café s’il aurait voulu. Il a payé avec des Euros, mois avec mes francs. D’ici un mois, je finirai tous, alors je me mettrai aussi à utiliser des euros.

Euros et divorce. Euros et indépendance. Euros et futur !

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