« Fondamentalement bon ?»

10 mai 2002

J’ai mon héros ! Je viens le rêver et aussi la première visite qu’elle lui fait, mais elle est encore en ombre. J’espère qu’avec le temps, ils se dévoileront devant moi et entre eux.

Hier j’ai gardé David, mais nous lui avons laissé trop longtemps regarder la vidéo. Il n’a qu’un an et demi. Après une courte sieste, j’ai visité Stéphanie à son hôtel.

"Raconte !" dit-elle, comme d’habitude.

J’ai raconté mon dernier rencontre avec François et mon cauchemar.

— C’est un homme bon, malgré tout.

— Bon ? sans ajouter « il aime torturer », mais c’était dans le ton.

— Mais très malade. Après un temps elle ajoute: Pourquoi tu es resté avec lui tant? Comment as-tu pu supporter? C’était tellement dur!

— À cause de ce que tu viens de dire : sa maladie. On se marie pour le 'bon et le pire'. Je devais supporter le pire. Tant que j’ai pu.

— Même davantage. Et en plus, il était jaloux de tes succès. Tous tes succès.

— Pourtant, c’est pour ça qu’il a été attiré. Quand mon livre est sorti. Et en même temps, il a tout fait pour m’empêcher ensuite…

— Il n’a pas supporté quand tu as continué à avancer. À chaque fois. Et il trépignait sur la même place.

— Mon estomac est tout chamboulé depuis quelques jours. Je ne comprends pas.

— Nous nous disons que cela ne nous fait plus rien, mais ce n’est pas possible en réalité. Tu t’inquiètes toujours pour lui. Moi aussi. C’est quand même quelqu’un de fondamentalement bon.

— Ce que prétendait mon fils aussi. Avant le voir en action en décembre. Et moi?

Il n’a pas supporté que mon livre sur Hypercard devienne un best-seller et encore moins l’excellent critique dans Le Point sur moi et le livre. C’était au tout début. Il est devenu désagréable presque aussitôt. On pourrait dire 'ce n’est que des paroles'. Mais j’étais en train de m’y mettre écrire la suite du livre et il m’en a empêché en se mettant entre moi et mon co-auteur, puis entre moi et ma table de matières préparées, ensuite entre moi et mon intention de donner courage aux lecteurs. Le contenu, la forme. Jusqu’à je comprenne : le livre ou lui. À l’époque, je l’est choisi. Lui, l’amour, la famille, plus important.

Est-ce le marque d’un homme 'bon'?

Il n’a pas pu me décourager en tout, pourtant, dieu sait s’il a essayé. Réussi pas mal, surtout quand il y avait d’autres, plus influençables autour de moi. L’a-t-il fait consciemment? N’importe, le résultat a été la même. CNAM, MGEN, Mes Journaux, il n’est pas responsable pour tous mes échecs, empêchements, mais de pas mal.

Bon, mais malade ?

Maladivement jaloux ?

Et je n’ai pas raconté à personne ce qui se passait entre nous, les choses trop intimes. « Je n’aime pas ça ! » « Mais non, tu verras, je te prouverais. » « Non, j’aime ça. » Et il évita, contourna, voulant continuellement prouver ses propres vérités, même en cela. Bon ?

J’ai lu une blague dans le télé journal de Lionel hier :

— Nous avons beaucoup en commun, mon mari et moi, disait une dame à son amie.

— Par exemple ?

— Je l’aime et il s’aime, lui aussi.

Je le trouvais vulnérable, je l’aimais. Il m’aimait parce que je l’aimais. Admirais. Jusqu’à ce que je ne puisse l’admirer davantage. Alors, il s’était mis à me haïr.

Il est bon? Et tout qu’il a fait ces derniers temps?

Il a été téléguidé, sous emprise. C’est probable. Pourtant… Oui. Il est adulte, majeur.

Il n’y a rien à faire. Il est responsable de ses actes. Personne ne peut l’empêcher s’auto détruire.

Stéphanie est convaincue que cette femme fera tout pour le détruire. Se mariant, puis…

— C’est à ses enfants qu’il incombera de s’en occuper ensuite. Tu as fait plus qu’était humainement possible.

Est-ce qu’il pressent déjà l’orage s’approcher? Regret-il déjà, comme dit mon amie, les choses de passé?

Que m’importe. Laisse tout cela derrière toi !

Je le laisse, sauf, finir ce que j’avais à écrire. Mais mon estomac, mon corps ne sont pas aussi dociles. Se révoltent, restent encore bouleversés malgré ce que ma tête décide.

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