Je dois continuer à sortir

25 avril 02

Il faisait chaud, cette nuit. J’ai arrêté le chauffage et ouverte les fenêtres. Et ce matin, je me suis réveillée aux chants des merles. Le buisson devant la fenêtre bourgeonne et les oiseaux ont dû y faire leur nid.

Bientôt, j’irai à Paris, près du parc Luxembourg, participer à une animation d’écriture théâtrale. J’écris beaucoup, mais toujours sur le même sujet, devrais-je m’éloigner, prendre la peau d’un personnage fort différent? Ressasser la séparation, les heurts, ça suffit! Il faut faire le saut pour sortir du brouillard, au moins, prendre la première marche.

Cette semaine, rencontres intéressantes, ouverture d’esprit, diversité. Mais tous passionné pour ce qu’on écrit, mettre en scène ce qu’on imagine. Que de talents!

Je dois continuer à sortir. Chercher d’activités, trouver d’occasions.

Les oiseaux chantent toujours. Hier, ma voisine a déposé des muguètes de son jardin devant ma porte.

«Qu’est-ce que vous vouliez dire»? me demanda l’animatrice. On ne se demande pas quand on se lance, mais il faut interroger le texte, pas soi. Elle a raison aussi me dire, il faut resserrer l’écriture. Élaguer les récurrentes inutiles, le déjà dites.

Il ne faut pas trop vite juger les autres.

Tout observation, tout rencontre peut servir. Elle a raison de noter: que de croquis, de personnage à tirer juste en traversant lentement le parc, écoutant les gens, les regardant.

L’interaction avec les autres a été merveilleuse, chacun a apporté aux autres au moins autant que l’animatrice. Douze participants. J’ai parlé, discuté avec plusieurs.

Henry, le retraité disait que 'Princesse' est un personnage intéressant et je devrais publier ce petit roman. Irène, retraité des standards téléphoniques, joue dans théâtres amateurs et m’a remercié pour lui avoir prêté mon livre sur l’écriture. Je vais m’en inspirer pour écrire, disait-elle. La belle femme d’origine mêlée, polonaise et égyptienne juive, vit avec un syrien - belge, travaille avec marionnettes et d'autres, pour le moment sur la Tragédie de l’Homme de Madàch. Bonne actrice, elle est aussi une très bon écrivain, pleine de flamme.

L’amie de l’animatrice que j’ai crue trop 'intellectuelle' au début, avec la mauvaise connotation qu’on lui donne ici, a écrit une scène 'Manifestons, allons à reculons' formidable et marrant que nous avons mis en scène et joué hier devant les autres.

L’énergique actrice petit et ronde, pleine de vie et de patience. Elle a dû en baver, mais elle va en avant. Se lance, mène.

Et toutes les autres.

Henry, le seul homme du groupe s’est fort bien intégré et a bien joué. Ai-je oublié de jouer? Ai-je jamais su? Devrais-je essayer pour sortir davantage de moi-même? M’obliger de bouger plus, parler plus fort, mieux énoncer, m’impliquer surtout davantage dans la vie qui s’écoule autour.

Tout en me laissant temps de contempler mon jardin, m’en réjouir.

2008: c'était loin, j'avais presque oublié, hélas il m'a aussi dit qu'écrire des pièces de théâtres ce n'est pas un des mes talents mais surtout que c'est si dur de les faire jouer! Depuis, je n'ai pas écrit du théâtre, pourtant ma rêve de jeunesse.

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