De nouveau, Kertesz

21 juillet 2002

J’ai reçu les papiers de divorce et demandé le changement de nom. Pourtant, ce n’était pas mal. Le nom. Bien français, facile à s’en souvenir. Mais il existe des Kertész célèbres : un chef d’orchestre, un fameux photographe. Et des Kertész modestes, comme moi. Ce n’est pas un mauvais nom, tout compte fait.

Savez-vous ce que veut dire ? Tout simplement « Jardinier » en hongrois. Je suis encore loin de le devenir, mais je m’y suis enfin mise. Et j’ai plein de joie avec les résultats. Les quelques frustrations ne me découragent pas. Les géraniums que j’ai mis sur le bord de la fenêtre ne fleurissent plus ; les marguerites, vont-ils jamais refleurir ?

Je me réjouis de ce qui est réussi dans ma vie et ne pleure pas, ne pleure plus, sur les pots cassés, le lait débordé, certains de mes espoirs déçus. J’ai vécu, je vis de nouveau.

Dès le début, j’avais eu des doutes. Alina croyait que Sandou était un fort doux garçon, Marthe disait que Paul paraissait quelqu’un de vraiment bien, mon amie Anne m’affirmait que François serait bon pour moi. Ils avaient eu tous, certains qualités, et d’énormes défauts. À tour de rôle, je les avais admirés et aimés, l’un, puis l’autre. Je ne voulais d’eux que ce que je donnais : amour, fidélité, aide au besoin. Ils l’ont trouvé trop coûteux.

L’aide était unilatérale avec Paul, de plus en plus inexistante avec François. Pour Paul, je n’étais pas assez élégante, pour François, j’avais trop de succès et, d’après lui, des rêves. Pour Sandou ? Il ne supportait pas, lui non plus, mes succès, ni ceux de papa, ni mes études qui d’après lui m’éloignait de son niveau.

Je trouverai un jour un cercle d’amis.

Je n’ai pas besoin d’homme, disons plutôt, confiance non plus. Mais j’avais dit la même chose, il y a 17 ans et je n’ai tenu que deux ans à peine. C’est vrai, j’ai misé davantage sur François, je me suis trompé donc plus, cela prendra davantage de temps à refaire la confiance.

Mais les fleurs ne sont toutes les mêmes, les hommes et femmes non plus. Il y a de plus résistant, d’autres moins, de couleurs et natures différents aussi. Une rose n’est pas une rose, l’un a une odeur suave, l’autre des tiges lisses, ainsi de suite. Une plante est abattue par la moindre brise, l’autre résiste aux sérieux coups de vents. Survit. S’épanouit. Intérieurement, je suis déjà passé. Presque. Extérieurement, il y a encore de ravalement à faire. Mais mon regard est redevenu souriant, confiant, serein. J’ai déjà pleine de bonheurs dans ma vie et j’en aurai encore.



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