20 septembre 2002

Je n’ai pas pris avec moi ce journal, lourd, mais j’ai écrit dans mon cahier de notes pendant le voyage.

Que c’était bien d’être loin de tout ça ! Ça, veut dire, les ennuis dus à François et non pas à ma maison ou mon jardin, ni mon fils ou mes merveilleux deux petits-enfants.

Oh, comme David a couru vers moi avec yeux étincelants, les bras tendus, criant « Mamieeee ! » hier soir, en revenant de la crèche. Quel mercredi agréable passé avec Gabrielle avant-hier, quel progrès elle en a encore fait ! Ses mains sûres sur le papier, elle peint des couleurs l’un à côté de l’autre en rangés ou séparés et parle tellement sophistiqué !

Nous sommes aussi allées à la piscine, enfin rouverte, et j’y suis retournée hier midi : 300 mètres pour commencer.

Le chat n’essaye plus à rentrer dans la maison, même avec la fenêtre ouverte, ni le jour, ni la nuit, tout juste il se met sur les marches devant la cuisine quand il a faim. Ses poils sont devenus plus sains.

Madame Filipetto est revenue de chez sa sœur et c’est la deuxième fois qu’elle me laisse des figues de son jardin sur la table devant ma maison. Elle est venue me voir déjà plusieurs fois et m’a raconté ses vacances, les ennuis avec son fils, et aussi de son propre enfance. Elle supporte de moins en moins bien ses 92 ans.

Oui, Julie, tu es jeune. Tu n’as «que 68 ans».

Le voisin à côté moi joue parfois du piano lamentablement, sinon ils sont fort tranquille et sympa, et même l’autre voisin d’en face, au-dessus Mme Filipetto est sortie hier dans le jardin et m’a souri de loin en faisant un signe de main. Les voisins de l’autre côté de trottoir se sont dérangés, elle en robe de chambre déjà, après avoir observé que j’avais oublié une nuit la vitre côté passagère ouverte. J’ai bavardé avec l’autre voisin d’en face le lendemain, tout en admirant une belle couchée de soleil de la rue - je ne peux pas la voir de ma maison. Elle ne lit pas, mais fait des mots croisés et adore sa maison, ne partant pas même pour ses vacances.

J’ai parcouru samedi avec Annelise et les deux gosses le brocante vide-grenier du passage piéton du centre d’Argenteuil, acheté des livres (déjà expédiés à Agnès pour son école américaine et ses élèves apprenant le Français). J’ai même trouvé une méthode d’apprentissage de flûte, quoique pas exactement celui qu’elle m’avait demandé.

Depuis que j’ai travaillé une journée à l’aider dans la classe qu’elle tient, je sais mieux quel sort de livre faut pour les enfants de là-bas. Je lui ai envoyé aussi les négatifs demandés, avec le marché, la boulangerie Agnès en pourrait faire tirer les photos qui l’intéressent.

De nouveau, j’ai deux roses, une jaune et une rose, dans ma belle vase d’apparence cuivrée et ce matin le tapis mauve et l’ancien buffet me sourient. Si je dois écrire, ça serait intéressant à essayer un collage, sur les objets qui m’entourent, leur histoire et ce qu’ils me disent. Mais dans un autre cahier, pas ce journal.

Michel dit que le journal gagne, entrecoupé avec récit et dialogues.

Je viens retirer de l’imprimeur le volume deux d’énième chance pour le lui passer. Coupé avec beaucoup de sous-titres et commentaires courts entre les monologues interminables du Monsieur, c’est devenu nettement plus digestible. Manque encore certains récits, comme la lutte de mon ex contre les «Moulins de vent: le bus et minibus» juste avant nos derniers vacances. Il n’était pas déchainé seulement contre moi.

Malade, d’accord. Harcèlement moral pourtant insupportable et une jalousie professionnelle sans bornes. Jaloux, à chaque fois que quelque chose, dans n’importe quel domaine d’ailleurs, me réussissait.

C’est bien de ne plus être submergé par tout ça!

Hélas, en revenant de vacances, une semaine plus tard je trouve l’assignation devant le tribunal de l’ancien propriétaire de logement parisien. Monsieur n’a toujours pas payé le loyer pour les mois vécus là avec sa négresse, bon, disons l’africaine, et en plus, il paraît (est-ce vrai ?) que notre avocat m’avait raconté des bobards.

Hier, le conseiller à la mairie me dit que je suis co-solidaire de dettes de loyer malgré la séparation et cela jusqu’au divorce définitif. L’avocat m’avait affirmé que dès notre séparation je n’ai plus aucune obligation (autre que pour le fisc) et m’a conseillé de ne pas aller au constat de sortie, comme ce n’est pas moi qui est sortie, mais lui.

On nous demande énormément d’argent, entre autres pour refaire le parquet affaissé que j’avais demandé depuis dix-huit ans souvent au propriétaire à réparer, il avait reconnu à chaque fois que c’était à lui de le faire, il promit tout et ne fit rien. Avant le vendre, avec un million, il voudrait refaire l’appartement sur notre dos.

Je serai obligée de prendre un avocat, et dire que Maitre M. m’avait conseillée d’y aller me défendre moi-même ! Qui croire ? J’étais convaincue de sa bonne foie, elle me déçoit, elle aussi ? Et Annelise est d’humeur agressive aujourd’hui : ne dis pas, n’appelle pas ainsi, ne… heureusement les enfants paraissent bien et équilibrés.

Mais même avec eux, elle dit : «C’est ainsi et pas autrement!»

Je me suis réveillée ce matin à quatre, il est six heures et demie, mais c’est vrai, je me suis couché vers dix heures du soi. Six heures de sommeil n’est pas si mal au fond.

Bien que depuis quelques jours je prends de nouveau de tranquillisant, je me réveille la nuit, avant l’aurore et je passe dans ma tête des arguments pour le juge et je suis remplis d’amertume contre mon ex. Tout en habitant dans le logement avec sa nouvelle compagne, il n’a pas daigné de payer le loyer depuis que je suis partie. Il m’avait interdit d’y entrer depuis septembre, il y a une année et, veut mettre le payement de son loyer sur mon dos. C’était en plus lui qui avait insisté de devoir habiter à Paris.

Je ne dois pas m’enfoncer en ces problèmes, me tourmenter en vain (se tourmenter n’avance pas le smilblic) et cela pas seulement jusqu’à l’audience de novembre, mais des mois passeront en plus jusqu’à ce qu’enfin la chose soit décidée et encore davantage, réglée.

Je dois absolument regarder en avant et non pas en arrière, cette année, arrêter me lamenter, regarder mon nombril. Nager, perdre des kilos, sortir, écrire. Refaire ma vie, en faire une nouvelle.

Hier dans le miroir de l’ascenseur de la piscine je me suis plu : en blue-jeans et une chemise bleu large, ma nouvelle coup de cheveux et mon sourire espiègle revenue.

Ainsi de suite, Julie !

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