30 juin 2003

On a l’impression que tout va bien et puis, d’un coup, rien ne va plus. ma fille ne veut pas de moi cette été en Amérique, mon fils amène ses gosses à s’amuser à GP parade bien que j’ai peur des manifestations. Slava s’est refroidi puisque je l’ai un peu négligé lors Alina était ici et j’avais mal aux chevilles, et je n’ai pas réussi raconter de manière intéressante Laisser une Trace.

Madeleine m’a reproché à parler trop et on a même décidé d’écrire pendant toute l’année qui vient sur la thème Frères, fraternité.


Je n’ai ni frères, ni sœurs! En hongrois il n’y a pas de différence: testvér – en traduction mot à mot signifie corps de sang. J’ai eu une sœur jumelle : ma cousine. J’écrirai d’elle une autre fois. Plus tard, peut être aussi sur la vraie ou fausse notion de la fraternité. Aussi, de mes enfants et petits-enfants, sœurs et frères si différents les uns des autres. J’ai deux mois à m’en préparer, y réfléchir. Finalement, écrire sous contraint, n’est pas si mal.

En réalité, tout sujet est porteur et le vrai problème c'est l’été devant moi et mon enthousiasme d’écrire un peu trop, je me sens dégonflée. J’ai quoi faire, il faudrait seulement avoir l’envie de s’y mettre. Y croire.

«Tout est dans la tête» disait hier au radio un sportif de haut niveau. «Il faut y croire» ajouta-t-il.

Julie, ne perds pas courage !

25 juin 2003

J’aime ce cahier léger et mince au pages blanches veloutés. J’aime mon logement et son petit jardin. Les bignones sont en plein fleurs, ils font ombre aux roses pourtant pas tous fanés encore. J’ai l’impression d’avoir été ici toujours et de rester à jamais – pourtant je sais que ce n’est, probablement, qu’un havre et sérénité passager.

2008 fin juin: n'est-ce pas curieux que le tour de ce texte arrive juste maintenant?

Gros plan sur la cave

On ne m'a pas laissé entrer dans cette maison par contre, mais celles des voisins, ils m'ont parlés et laisser entrer dans leur jardin, tous étaient des nouveau par contre

La cave avait des fenêtres même alors, ou seulement après qu'on lui avait mise?

Budapest, Maisone et sa cave

J'ai retrouvé à Budapest la maison dans la cave laquelle j'étais pendant des mois l'hiver 1944 / 1945, quand j'ai commencé écrire mes journaux

Alina me prend en photo

après une bonne et longue discussion: enfin sourire

23 juin 2003

Ces trois semaines avec Alina et la semaine qui a suivi tout suite en Hongrie m’ont fortement sorti de mon chemin (voie ?) habituelle. Je n’ai pratiquement rien écrit, peu lu, relativement, etc. A ne pas parler de la possibilité de départ pour Lionel et sa famille à New York.

Tout est pour le bien, les conférences de Marly le Roy aussi mais je me demande de nouveau: «et maintenant quoi?»

Tant que pour mon travail que pour ma vie future.

Et oui, c’est aussi impératif de maigrir. J’en ai assez m’apercevoir – presque avec étonnement – d’être devenue une grosse vache! D’accord, je mange relativement avec discernement. Maintenant. Et alors? Ce n’est pas assez.

Retour à case de départ. Docteur ou Scardale. Et rapidement! Je ne peux (dois) plus apparaître dans un tel état de délabrement. Vas-y, Julie!

Je ne dis plus «Juli buli», je sais dorénavant «buli» veut dire boum, amusement pour jeunesse.

Combien de fois vais-je (dois-je) recommencer ma vie? Qu’importe. Ne pas m’en soucier d’avance et croire à ce que je clame «tout tournera vers mieux, chaque chemin détourné ouvre des horizons imprévus intéressants… et chaque havre de tranquillité et bonheur n’est que momentané.

Où que je sois, je réussirai de le recréer de nouveau et il me servira aussi d’en repenser avec nostalgie – ou plaisir.

Mes roses m’attendent.

Et le toit à réparer aussi.

Les décisions de l’ordinateur qui ne s'ouvre plus. Réparer? Acheter un autre? Quoi?

Peut-être certaines roses se sont fanées, tant mieux (ou tant pis) si je n’es pas décidée trop vite.

18 juin 2003

Une année, ce qu’était en Hongrie, ce qui sera.

Les retraités d’ici payent pour la piscine 400 forint: 2 euros. La framboise : 1 euros. La chambre ici 9 euros, vis-à-vis de Parlement, le logement sera 30 euros par jour. Je devrais venir ici pour vacances pour plus de temps.

L’eau été magnifique et surtout eau thermal. Nous devrions reste davantage aussi à Kovàszna. Si je nagerais de nouveau tous les matins, je maigrirais plus facilement.

Je me sens bien ici.

La journée de hier était fatigante pour les nerfs, je voulais comprendre tellement des choses, j’hésitais.

La langue hongroise va de mieux en mieux chaque jour.

Pourquoi ne pas écrire en hongrois, et qu’importe la traduction: d’abord, j’écris pour moi-même. J’ai de nouveau envie de me plonger dans la culture hongroise (et européenne). Je commence de comprendre pourquoi retournent ceux qui s’y décident.

Aujourd’hui, nous irons à Budapest, mais elle ne me manque pas.

Budapest

16 juin 2003

Je suis arrivée à Budapest, je suis actuellement, à 15 kilomètres où habite mon oncle dans un maison pour des vieux.

Les oiseaux chantent, vis-à-vis, une piscine, des sapins. Le ciel est bleu et depuis une heure il ne fait plus trop chaud.

Après trois jours, j’aurai le temps probablement d’aller à Vienne ou Cluj, voir aussi un peu les librairies de la capitale. Les beaux nuages se promènent lentement dans le ciel, une brise légère me caresse.

Je me sens bien ici.

Pourquoi la Hongrie me parut si loin? Peut-être que je ne suis pas venue en avion (deux heures de route plus le reste) qu’en 1961 lors notre émigration de Roumanie, et en train cela dure environ 24 heures. En voiture, encore plus. Mais aujourd’hui, le billet de train (avantage : on descend et continue si on veut) coûte autant sinon plus que celui d’avion. A suivre sur l’Internet plus souvent.

Sommes-nous cette semaine devant un énorme bouleversement familial? Si Lionel et sa famille iront travailler aux USA (j’y crois) bientôt, moi aussi. Je prendrai de nouveau mon sac sur le dos m’approcher de mes enfants.

On verra.

Annelise, s’y réjouit, se prépare déjà, Lionel choqué, plein de responsabilité devant le changement et aussi des doutes sur celui qui lui a proposé (sérieusement? me dit-il, je ne suis pas sur) et les conditions qu’on lui offrira là.

Qui sait, peut-être mes rêves d’il y a 25 ans se réaliseront. Sinon, partout c’est bien et j’ai (nous avons) un pied-à-terre près de Paris. (2008: 5 ans plus tard, ils partent maintenant, pour Londres).

Agnès a répondu sur un ton curieux, presque repoussant ce que je disais ('j’espère pouvoir être plus avec vous'); était-elle préoccupé des gosses ou est-ce assez pour elle combien ils (elle) me voit?

Ce ne vaut pas la peine d’y penser d’avance trop, s’en faire de souci : sera que sera.



La seule, dernière, réalisée.

15 juin 2003

Alina est partie. Que c'est merveilleux, l'amitié.

Je recommence de travailler.

Plus de 40 roses fleurissent dans mon jardin et les premières bignones s’ouvrent. Fini les cerises.

Demain je pars vers Budapest pour une semaine. Surtout pour parler avec mon oncle, l’écouter. Il aura bientôt 97 ans!

Revoir Hongrie après combien de temps? Au moins dix-huit ans.

(2008: bientôt j'ajouterai des photographies prises pedant le séjour de mon amie ici)

10 juin 2003

— Cette nuit, j’ai mangé tout le pain, je t’ai laissé seulement trois tranches.
— Où ?
— Dans le frigidaire.
— Je les laisse d’habitude dehors. J’ai mangé ce matin du pain, pris de congélateur.

Plus tard.
— La nuit, j’ai mangé toute la peine, laissé trois tranches pour ce matin, pour toi.
— J’ai vu, Alina.
— Trois tranches.
— Que tu viennes de manger. Les restes. (Rires)

Alina mange toujours la nuit, ou tard le soir, après que je suis couchée.

Malgré sa déclaration 'pendant trois jours je mangerai seulement du poisson avec citron', je suis allée hier soir exprès d’acheter du pain frais à céréales qu’elle aime tellement (mieux que le pain congelé, grillé) en sachant pertinemment (et contant dessus) qu’elle mangera l’entier pain avant le matin. Sauf les deux tranches que j’ai données hier soir à Gabrielle et David.

Au moins, offrir à mon amie quelques « friandises » qu’elle aime et dont elle se souviendra.

On se comprend, on s’admet et s’aime, mutuellement. A chacun sa voie. Et volonté.

— Puis-je rester dans la salle de bains ?
— Oui, Alina, bien sûr.
— Est-ce libre ?
Silence.
— Est-ce libre la salle de bains ?
Je jette un coup d’œil ébahi vers la salle de bains.
— Je ne sais pas. Regarde !
Rires.
Bien sûr, je suis dans la cuisine en train de griller de pain. Elle, dans la porte de la salle de bains. Il n’y a que nous deux chez moi.

Ce matin, l’humour du livre sur comment écrire, m’aide. Et notre douce complicité. Et l’angoisse de son départ s’approchant.

Nous avons fait des courses, j’ai préparé le poisson, nous avons mangé ensemble. Nous sommes en train de nettoyer l’épinard, elle ne voulait pas en manger pour midi.
— Que puis-je faire ?
— Lave les épinards nettoyés. Mets-les dans l’eau.
— Je ne veux pas laver les épinards.
— Bien, mets l’eau.
— Tu connais Radio Everan? me demande alors Alina.
— Bien sûr. (Ces blagues des pays d’Est, transmises de bouche à l’oreille.)
— Quelqu’un demande à Radio Everan (tous les blagues commencent ainsi)
«Que faire si je suis en dessert et je rencontre un lion?
- Tu ne dois rien faire, on lui répond par le radio. Le lion fera tout.»
— Dis-moi encore un, Alina.
— Un. Quoi ?
— Radio Erevan.
— Un auditeur demande Radio Erevan "Est-ce vrai l’information que Izig a gagné un Mercedes?"
— Et ? Que lui réponde-t-on ?
— "Oui, mais…"
— Mais ?
— "Mais ce n’était pas Izig, c’était Maurice".
— Ah !
— "Et il ne s’agit pas d’un Mercedes, mais d’un moto".
— Oh.
— "Et Maurice ne l’a pas gagné".
— Non ?
— "On lui a volé".
Rires.
— Voilà, les vérités sur les informations, conclut Alina.
Là dessus, nous sommes parfaitement d'accord!

9 juin 2003

Trois jours pleins a Marly de Roi, réunions APA. Rencontres, sourires, échanges.

Samedi après-midi le particulièrement émouvant et passionnant : « Rencontres, vies croisés, mélangés »

Hier entre 14 et 15 heures, j’espérais avoir au moins cinq ou six à ma « Carte blanche » : finalement environ 25 personnes sont venues m’écouter. Discuter. C’était bien préparé, bien délivré et les discussions intéressantes, me permettant de compléter ce que j’avais dit et faire même un peu de réclame au mes journaux.

Rencontres intéressantes en perspective. De toute de façon, de nouveau lecteurs. Gens intéressants.

Même si je n’aurais aucun écho officiel du groupe des lecteurs qui ont dû recevoir mes journaux en février, sinon janvier, j’aurais plein d’échos intéressants des autres lecteurs intéressés. Et j’espère aussi certains de leurs propres textes. De l’un ou deux peut-être même des critiques constructifs et / ou des corrections.

Et ce matin, une nouvelle idée.

«Et si j’écrivais (pour la faire publier) avec le thème de ma conférence? Battre le fer tant qu’il est chaud, utiliser ce qu’on peut…

Je pourrais d'y mettre pleines des autres choses en plus et m’apporter les lecteurs, lettres, contrats. Qui sait ce que 'cette femme' comme j'appelais jadis (Elena Ceusescu) peut encore m’apporter…

L’homme de CE soulignant l’importance de mon père, prévenant, organisateur, a raison : j’y réfléchirai davantage à tout ce que je lui dois. Et cette femme connaissant bien et personellement l'écrivain poéte hongrois Illes! Et l’autre, l’enseignante allemande près a aller en vacances ensemble. Et le Chilienne d’origine russo-croate-juif, Maribelle, sur qui l’on ne voit pas l’âge, prête à me rencontrer, me lire, elle aussi. Et tant d’autres souriant en m’apercevant dès dimanche matin !

Je ressens la fatigue, habituelle, que j’avais après mes cours ou discours, mais une journée reposante et je serais d’aplomb et plein d’idées nouvelles.

J’ai rouspété contre APA, puisque rouspéter était notre thème d’écriture dans l’atelier de dimanche matin et les gestes de la secrétaire m’ont énervée, mais en fait, je sors des réunions, ravie.

Ainsi de suite, Julie !

Vas-y. Travaille. Prépare le livre publiable. Ne perds pas les contacts. Rencontre des gens. Lis, écris, parle.

Souris-leur, toi aussi.

Tellement de gens intéressants rencontrés en si peu de temps !

Alina et les cerises

Le matin, encore en pyjama sortie pour en cueillir mais aussi pour faire quelques photos

25 mai 2003

La première chose qu’elle m’a dit en entrant chez moi (et voyant les photos des cinq petits sur le frigidaire de l’entrée cuisine) : ah ! voilà tes trésors !

Nous avons parlé de tant en deux jours et demi qu’il me semble beaucoup plus de temps est passé depuis l'arrivée de mon amie Alina.

Et non, je ne regrette rien !

Sandou : 17 ans (dont 15 de mariage)
François : 15 ans (dont 12 de mariage)
Paul : 3 ans

Pierre : 1 an (au milieu de Sandou)

35 ans et 25 (début) total 60

Et six ans d’autres? Trois et demi en Amérique entre eux 2 ans avec Abe de temps en temps et 1 an avec Larry (mes ces deux, surtout le dernière, plutôt en rêve) – et puis, ah oui, tous les autres.

Moise, l’entichement adolescent
Simon, baisers passionnés, etc

Je regrette seulement le temps à attendre et me sentir, de temps en temps, moins que rien. Mais, pas ce que j’ai fait ou vécu.

Alina avec moi

22 mai 2003

Ce midi, Alina sera là ! Et je dois être bien, plus de pharyngite, plus de cheville tordue, etc.

Un jour...

Le conservateur des documents d’APA, monsieur Vanet fils (c’est son père qui a écrit ses mémoires très intéressants sur son enfance, les femmes et la chasses) trouve intéressant ma vie. Il vient me recommander à Zoe, qui fait l’émission des vendredi soir à France Inter. Ferait-on ou non l'émission cet l’automne, on verra, mais si on le fait, ce n’est pas pour parler de ma 'vie intéressante', mais pour donner courage aux gens écoutant l’émission. (2008: on l'a fait à 'sa' manière.)

Ce matin, j’ai trouvé le fil conducteur: d’un mauvais coup, des bonnes choses en sortent.

En fait, en commençant à réfléchir plus profondément sur les leçons de ma vie (après la lecture du livre 'Laisser une trace'), je pourrais aussi dire qu’il y a aussi des 'cadeaux empoisonnés' qui, à l’envers, paraissent magnifiques au début, mais mènent vers les coups.

Oui, la roue de la vie tourne.

Ce qui serait encore plus intéressant peut-être, si jamais l’émission se fait, c'est de convaincre quelques uns de ses 350 000 auditeurs de tenir une chronique de leurs vies, journal ou notes, conserver des lettres, anciens photos, pour pouvoir les revoir, voir, transmettre.

***

C’est le dimanche 17 mai. Jeudi Alina arrive chez moi de la Roumanie pour trois semaines. J’espère que nous allons passer des bons jours ensemble et j’espère que notre amitié ne souffrira pas de ses 21 jours de proximité, mais s’approfondira.

J’ai commencé de nettoyer, faire de l’ordre. Mais ma cheville doit tenir !

***

Stéphanie m’a raconté qu’elle exposera fin août à Gers dans le cadre d’une association Franco Hongroise. Une autre occasion pour moi aussi de rencontrer de monde.

Slava va mieux. La prochaine fois, au lieu des textes, je lui ferais voir mes photos récentes. J’en suis contente, elles sont réussies.

Elise dit que ma prose n’a rien de 'commun mesure' avec celles d’avant, j’ai fait des réels progrès. Mais, encore… ah, bien sûr.

J’ai passé le cap.

Laissant l’ancienne vie derrière moi, F. vivre avec son ogre sorcière. Je souris, JE VIS de nouveau.

Je viens de mettre de la crème Nivea sur mes mains. Le dessus de mes mains, le seul endroit vraiment plein des rides montrant mon âge, mais aussi sur ma paume et les bouts des doigts: ils doivent rester doux pour caresser. Un jour.

11 mai 2003

Qui est-ce qui lira ce que j’écris ?

Si pas cette année, quelqu’un, un jour, sera intéressé.

Agnès m’a répondu hier : peut-être, un jour... Elle m’a découragée.

Ne te laisse pas décourager, Julie! Si pas tes enfants, petits-enfants, qui sait un descendant lointain les lira un jour. Si pas ceux d’APA, l'Assotiation pour Autobiographie, des autres. Déjà, ils t’ont apporté à connaître des gens sympa, des écrits intéressants.

Ne travailles-tu en vain ?

Voilà le dialogue, hélas vrai aujourd'hui, entre le 'critique' et le 'créateur' en moi.

Je ne dois pas me laisser décourager seulement parce que je ne sais pas encore, après plus de trois mois, si on a lu ou non les journaux que j’ai envoyés depuis longtemps déjà au groupe APA.Slava les a lu (ou parcouru), Françoise a commencé et Xavier aussi, et père Vanet a lu le premier volume, Giselle a lui les trois avant l’avoir passé à son copain.

Chacun réagira selon sa nature.

Et avec temps et meilleure compréhension, je pourrais les améliorer, ajouter davantage de contexte, améliorer le style.



1. Six mois après, rien encore.

2. Dont j’ai reçu par contre un merveilleux écho: Merci, Pierre D. merci Giselle!

3 mai 2003

Non. Je ne vais pas 'désacraliser' ce cahier pour l’indexer, ni utiliser des crayons couleur pour signaler quel sorte d’entrée est chacune. Je pourrais le faire avec la version ordinateur, je pourrais jouer avec celui-là par contre. Mais ce cahier est une partie de moi et l’on ne doit pas y toucher!

Quelquefois, il m’est arrivée de relire d’anciens cahiers et annoter, ajouter quelques commentaires à moi-même. C’est une autre chose. C’était aussi parler avec moi même, un moi disparu, ancien.

J’écris, jour à jour, quand cela me vient et ce que me vient, colorier ça serait comme me censurer, regarder de dehors au lieu d'y plonger. En plus, j’ai un autre cahier pour les souvenirs, récits, un autre encore pour consigner ce que j’apprends des livres sur l’écriture, même ceux conseillant comment réutiliser les matériaux enfuis en journaux.

Je retire de chaque livre ce que je veux, ce qui me sert.

Je ne crois pas que le journal est seulement de la matière première. Je crois, comme l’auteur le dit ailleurs que c’est une chronique sociale et personnelle. Un certain portrait du soi privé et, des temps, autour de soi.

Je me suis rendu compte en lisant le journal d’Agnès sur ses enfants (qui tient par ailleurs un journal privé caché) que ce qui manque en contexte de mes journaux est ma vie publique. Ce qu’elle met sur les enfants presque en exclusion d’autre chose.

Chacun tient son journal à sa manière.

J’en pourrais faire un cahier des photos commentées; un autre sur mes voyages ; un sur mes divers travaux, etc. Peut-être, je m’en mettrais un jour. Surtout, sur mes voyages.

Suis-je touriste ou voyageur? Plutôt la deuxième catégorie, quand je le faisais selon moi. La preuve, cette nuit passée chez l’épouse du charbonnier de train, au premier jour de mon premier voyage toute seule.

J’observais sa vie, la puanteur du lit que nous avons partagé, la saleté des draps d’où son mari habillé en noir de travail (pas retiré après avoir alimenté la locomotive) venait se lever, leur extrême pauvreté, l’extraordinaire bonté et amitié de cette brave femme envers moi. Elle m’a offerte du lait fraîchement tiré de leur vache, je lui est offerte mes biscuits simples, pour elle un régal, pour moi ce dîner où chacun de nous a contribué ce qu’elle avait.

François ne voulait pas que Jutka dorme chez nous, ce n’était pas assez beau selon lui. Je l’ai accueillie, comme tous qui viennent, même si pas des étrangers du train rencontrés depuis peu des heures. Un voyage peut laisser des traces toute la vie.

Quelquefois, même le 'tourisme'. La démarcation n’est pas si nette.

François photographiait les cathédrales. Moi, au même lieu, les gosses jouant autour de la fontaine, les pierres sur lesquelles l’eau coulait. Ailleurs, la femme au bigoudi allant vers le travail, prenant le métro. Et celui, non pris, lors ma dernière voyage de jeune homme cheveux courts roux et yeux bleus claires, la religion lui interdisant d’image. Ni le jeune noir, visage de singe et voix d’ange du bus de nuit. Comme il était laid! Comme il chantait bien!

J’aurais, non, je vais avoir pleines des choses à raconter. Sur les voyages faits et ceux que je ferais encore.

Peut-être c’est vrai, l’important est de ne pas avoir ni l’âme d’un touriste qui passe et compare, ni celui du reporter cherchant ce qui choque, mais l’âme d’enfant ouvert vers tout qui viendra.

***

Stelian (le dernier frère vivant de Sandou) vient de mourir, en France. Il sera enterré à Bucarest. Oncle Ladislav aveuglé à 96 ans veut mourir. Je regrette, mais a le droit de décider, surtout à son âge. Un jour, mon tour viendra.

2 mai 2003

On croit un passé être d’une certaine façon. Certains faits s’avèrent vrais, d’autres non.

***

Il y a deux semaines, j’ai gardé David (deux ans et demi). Il mangeait, j’étais assise dans la cuisine près de sa chaise haute.


Pourquoi tu as bobo ?

J’ai coupé le pain.

Pourquoi tu as coupé la baguette ?

J’ai aussi coupé mon doigt.

Pourquoi tu as coupé la main aussi ?

J’étais pas assez attentive.

Pourquoi tu as pas été assez attentive ?

J’étais fatiguée.

Pourquoi tu as été fatiguée, mamie Julie ?

Parce que j’ai trop travaillé.

Pourquoi t’as trop travaillé ? Pourquoi tu as un trop petit bobo ?

Parce que le couteau était petit.

Pourquoi ?

On coupe la baguette avec un petit couteau.

Je veux de la baguette, là, s’il te plait. Et un couteau. (il montre dans son livre, maintenant nous sommes déjà sur le sofa du salon). Là.

C’est toi qui va couper le pain. On peut le faire. Attention ! Ta main est trop près du couteau (du livre).

Et toi, mamie Julie, là. Tu est là! Pourquoi tu es là ?

J’étais partie pour quinze jours.

Elle est près de ta tête, mamie.

Là.

Mamie Julie, me demande alors Gabrielle, quatre ans, pourquoi tu as un chapeau sur la tête ? (sur cette photo)

Parce que j’ai un chapeau.

Pourquoi tu as un parapluie sur la tête?

Parce qu’il pleuvait.

En regardant le livre, maintenant nous jouons à pourquoi, tous ensemble et faisons semblant d’utiliser les objets qui s’y trouvent.

***

Je donne à Gabrielle le dessin que son cousin Alexandre lui a fait et envoyé à travers moi et aussitôt elle commence à chanter :

Araignée Gypsy, monte sur la gouttièrrrre ;

Arrive la pluie, Gypsy tombe par terrrre.

Mais voilà, revient le soleil,

Gypsy remonte sur la gouttière.

Jusque cette minute, je ne me suis pas rendu compte des enseignements et philosophie de cette petite chanson, illustré sur une bande vidéo que les gosses regardent souvent. C’est notre vie. On grimpe, on nous fait tomber, glisser, puis avec le temps, le beau temps revient et nous voilà regrimpons en haut. Et ça recommence.

Combien des fois m’est arrivée dans la vie : monter, tomber, regrimper ?

  • Après la guerre sûrement et au lycée roumain.
  • À l’occasion de l’arrestation de papa.
  • L’interdiction de finir l’université.
  • L’interdiction de travailler, « ennemi de peuple ».
  • Avec Simon.
  • Avec Sandou plusieurs fois.
  • Perdre travail, logement à Ham. Perdre Pierre.
  • Divorce, départ vers l’Amérique.
  • Poussée hors d’USA, revenir en France, Paris.
  • Lien avec Paul détruit, les enfants loin.
  • BIP tombe, sa défaite.
  • CNAM, poussée dehors.
  • RES devenu impossible.
  • François rend la vie commune invivable.

J’ai tombé, je me suis ramassée et après la pluie passée, regrimpée. (Même si sur pas le même toit). Souvent grimper vers le but était dur. Souvent tomber douloureux. En haut, au soleil, ne durait jamais assez. Par terre, était plein de boue.

Avec le temps (et gênes et éducation), on a de plus en plus de confiance. On sait qu’après la pluie, le soleil reviendra. On sait qu’avec le temps et efforts, on montera de nouveau vers d’autres buts peut-être, d’autres cimes à atteindre.

On craint aussi la durée d’une bonne situation, puis on oublie et l’on y croit trop.
Toute comme l’araignée Gypsy de la chanson.

30 avril 2003

Annelise est passe hier et en quelques minutes a coupe les branches trop hautes des lilas. Un bout de ciel supplémentaire est paru et davantage de brise venant vers le pavillon. Clic, clic, clic, elle a fait la même chose avec les branches dessèchées des bignonnes devant le salon. Plus de lumiere et soleil sont entres aussitot chez moi.

- Ca defoule! me dit-elle contente.
- Tu as vraiment fait des miracles! Et si rapidement. Viens, regarde le cien d'ici: maintenant on le peut.

Assise sur le sofa, mes jambes en haut (mes chevilles sont de nouveau legerement tordus) le livre a la main sans lire, je regardais dehors. J'admirais les nuages aux formes etranges defilant lentement sur le ciel bleu. Quel spectacle!

Elle a tant dégagé les bignones qu'un bouton de rose rouge est apparu tout en haut. Et très bientôt j'aurais des tulipes. Pas celles de l'année dernière, elles se sont hélas ouvertes et déjà fanées pendant que j'étais aux Etats-Unis. Ensuite les roses s'ouvriront et a chaque saison d'autres fleurs. Une telle quiétude et joie!
***
Hier, lors la visite éclaire de Michel qui est passe deux heures sur le bus en heure de point, Michel m'a dit que le dernier volume de mes journaux "Il neige a Paris" était plus agréable a lire a cause de ses nombreux dialogues, plus léger.

J'avais craint qu'il soit trop lourd a cause de son contenu. C'était donc une bonne idée de transformer les monologue interminables en dialogue et scènes, comme si le lecteur assistait. En fait, j'en étais, même quand je n'arrivais pas a placer un mot ici ou la, je réagissais. J'ai ajouté aux monologues trop longs notés un peu de mes réactions intérieures.

Pendant que Xavier, au lieu de rendre mes journaux, s'est mis a les lire avidement. A cause de cheville, je n'ai pas pu aller chez Slavia, une autre fois. Francoise réagira-t-elle aussi a ce que j'ai écrit, vécu, ressenti et pensé - par ce qui c'est passé? Je suis contente de lui avoir écrit une lettre.

Alina devrait arriver bientôt. Dominique rencontrée a Eaubonne vient me laisser un message. Je viens d'y rencontrer des gens intéressants avec qui j'aurais de quoi parler et en communiquant des nouvelles idées, étincelles jaillissent.

Le jardin me ravit. Cheville, dents, peau, s'arrangeront.
La vie est belle.
L'air est doux.
Julie, vite, touche du bois - mais savoure.

J'ai trois cahiers. Ce journal-ci, un nouveau cahier dans lequel je note des Souvenir de Paula, mon arrière grand mère, et un troisième avec divers souvenirs décrits, pour récrire plus tard. Peut-être un quatrième serait avec de la fiction, pour ressortir autrement ce qui se cache en moi. Je verrai.



27 avril 2003

Stephanie avait raison: quand on se croit en nuages, trop haut, trop heureux et l'on voit les autres avec pitie, le sort (nature, dieux, destin) nous tape sur le nez et demontre notre vanite, orgeuil, erreur.

Je me souviens comment je regardais Alina en me disant "la pauvre n'a pas un mari fantastique comme moi". En fait, Dorin travaille toujours avec acharnement et des excellents resultats et il est invite et apprecie parout dans le monde; il vit toujours avec elle et vient de lui proposer de payer son voyage vers la France. Pendant que mon ex plein des projets et toujours en nuages ne marche pas sur la terre, il n'a pas su se servir de ses talents a cause de son enorme orgeuil, entre autres.

Est-ce mon orgeuil qui m'ai fait perdre les hommes qui ont compte dans ma vie?

A 16 ans, je savais deja qu'aucune mariage, aucun couple ne sont pas parfaitement heureux, que l'entente ne dure pas a jamais ou tres rarement. Et meme alors, plein de compromis douleureux. Pourtant, j'ai cru qu moi et Sandou, moi et Francois... et je l'avais meme espere avec Paul si pas longtemps.

Valait-il la peine?

 Je suis sortie plus riche a chaque fois - pas en choses materielles. 

Promenades main en main, dormir blottir contre l'autre. L'amour physique longtemps satisfait avec Sandou, des enfants merveilleux, le sentiment de etre "a la maison". 

Des magnifiques ballades et evenements interessants vecus ensemble, regardes cote a cote avec Francois, des sons, saveurs, odeurs de champs avant le coucher du soleil, le gout des prunes murs ou d'un lapin aux pruneaux, danser ensemble et le sentiment de etre de nouveau jeune a 55 ans.

P., J. disparus, Paul et Francois restent. Sandou mort si jeune! Je vis dans sa maison et l'ete comme l'automne sa rose jaune the qu'il avait baptise "ma femme" emane son parfum subtil. Peut-etre en dix ans, si je vis encore, je trouverai quelqu'un similaire a me rappeler de Francois aussi.

Je l'ai paye cher a chaque fois, mais j'ai vecu.

Samedi, 26 avril 2003

J'ai essaye d'ecrire sans date mais cela me manque. Des fois je me trompe de quelques jours: aujourd'hui je viens regarder le calendrier expres, c'est bien 26 deja.

J'avais envie de ce voyage a Cluj mais je la crains aussi: que trouverai-je apres 50 ans?

J'ai rencontre Francoise, nous avons parle trois heures sans arret. J'espere que cela continuera, elle est encore mieux que je me la suis imaginee. Malgre son passage a l'Elysee et ces connaissances haut places, elle reste simple et ouverte. Quelque part a l'interieur, nous avons beaucoup des choses en commune, de quoi parler. Et aussi de nos diverses experiences.

Nous sommes allees mercredi a la biblioteque avec Slava, j'ai pousse sa chaise roulante: elle sourit meme quand elle souffre! Son fils est repousse par la mauvaise francaise de mes journaux, il faudrait que je recupere ceux qu'il sont chez lui. Il a autre chose a faire que de les lire. N'empeche, moi, son livre m'avait ravi, m'ayant fait comprendre comment les hommes vacilants, infideles, se justifient a eux-meme et devant les autres leurs actions. Sentent, pensent, pleurniches, vivent. Ne comprenant pas ce qui leur arrive: jamais de leurs faute!

La semaine est passee vite. Le decalage horaire me perturbe encore.

Pourrais-je recuperer toutes les donnees de mon Macintosh qui ne s'allume plus? On ne fait jamais assez des sauvegardes! Devrais-je acheter un PC ou un autre Mac? Un portable ou un ordinateur de bureau? Quand?

J'ai tellement a faire! Comment pourrais-je m'ennuyer? Lire mais surtout plusieurs projets d'ecriture.

Aucun reponse encore de APAm pourtant le journal de Sidonie depose en janvier aurait pu avoir un echo depuis. Il n'a que 60 pages, nettement moins que mes journaux! Un jour, ca viendra.

Lundi dentiste, mardi EDF, ensuite Michel passera par ici: j'espere que nous aurons de beau temps. D'ici la je dois nettoyer la maison et ranger encore un peu. Mais en gros, je mets tout en place et tiens les espaces vides.


20 avril 2003

Mon onclem 96, vient me laisser un message au repondeur: "Je suis devenu completement aveugle et j'attends de moins en moins bien." Je l'ai appele hier, avant avoir ecoute son message: il entend bien, mais sa morale est au bas. Et j'avais fait un faux-pas, helas j'en suis coutumier, lorsqu'il m'avait envoye les photos en lui disant que les remarques faites avec un marqueur transparaissent dessus.

Slava, 81, vient etre opere au pied, suspecte de cancer et ne peut plus se deplacer qu'en chaise roulante, meme se retourner sur le lit lui est difficile. Elle craint que je lui passe mon rhume, ayant un asthme chronique - je la verrai plus tard.

Stephaniem 90, se sent vieillir. Admettre deja pour elle veut dire pleine. Heureusement, elle vient d'avoir la visite de son fils et ils ont visite sa fille Claire qui est en bonne conditions maintenant et l'autre fils va aller la voir aussi bientot, et plus tard meme sa fille Andree.

Moi, je n'ai "que 69 ans" bientot 69 vers 70.

Au retour d'Amerique, ma maison, belle, m'a accueillie souriante, les fleurs jaunes en abondance dans mon jardin, les lilas odorantes en fleurs. Mon fils m'a fait cadeau d'une partie de l'argent que je lui devais, l'equivalent de mon billet d'avion (moins le prix des livres techniques que je lui avais achete la-bas) et m'a prete un portable PC pour la duree de leur sejour de Toulon.

La vie est belle... pour moi. Pour le moment. Pourvu que cela dure un peu plus et continue.

Je rencontrerai vendredi au restaurant hongrois Francoise avec qui je sens une communaute d'experience et sentiments. Bientot Alina viendra chez moi, sera avec moi pour quelques semaines!

Touche le bois.

Malgre mes dents ici ou la, la vie est belle. Mes petits-enfants, mes enfants m'aiment. Ils sont merveilleux. Le printemps arrive avec de plus en plus de force. Une pellicule de plus a developper; les photos numeriques prises par Lionel et Annelise a admirer sur leur PC; des recits a ecrire.

16 avril 2003, la guerre est finie

La guerre en Iraq est finie, les lendemains seront longs.
***
Depuis dix jours je n'ai pas pris la plume dans ma main pour écrire dans mon journal, mais aujourd'hui je suis émue, touchée et fatigue en même temps.

J'étais allée a la boutique des vieux livres de la bibliothèque de Whiton, choisie et acheté des livres d'occasion a 1 dollar pièce. Trop, peut être. 

Revenant affamée vers une heures et entrant dans le restaurant bagel, je me suis rendu compte que je n'avais plu que 4,55 dollars, or chaque repas salade ou sandwich coûtait entre 5 et 6.

- Je n'ai que 4,55 puis-je avoir quelque chose a manger avec ca?
La serveuse demanda le grand noir, responsable, qui dit oui. Il arrive. Me demande si je veux de la mayonnaise.
-Non.
-Moutard?
- Non, merci.
- Salade, tomate?
- Ah oui, merci, oui.
Il les met sur le bagel.

Aurais-je seulement de la salade? me traversa l'esprit aussitôt. Non.
- Quoi d'autre?
-Ce que vous voulez... thon, ou...
- Dindon?
-Oui!

Je suis ebahie. Il y met trois fois plus que d'habitude, beaucoup, beaucoup plus qu'on m'avait servi la derniere fois.

Ensuite il demande:
-Chips? Patates?
- Oui, merci.
Il met une salade de pommes de terres et ajoute dans la corbeille meme un concombre.
-Bon appétit!
J'ai mange comme une affamée et émue (non pas quand même jusque larmes) en lisant le journal trouve près de la table relatant la fin de la guerre.

A la sortie, je l'aperçois de nouveau:
- Merci!
-Bonne journée, me répond-il avec une grande sourire.
***
On ne parle pas en France assez sur cette Amérique-la.

6 avril 2003

L'avion été bondée. Je suis bien arrivée. 

Je dois quand même recolorer mes cheveux. Je ne peux rien contre leur coupe - sauf la prochaine fois, aller au coiffeur.

Partout ou nous étions ici des sourires pour les français et pour le moment comme s'il n'existait pas une guerre, loin, quelque part. Comme si personne ne mourrait. Probablement, les parents de ceux partis tremblent, eux. 

Dommage pour Slavia n'osant pas venir en USA "comment vont-ils accueillir les français?"

Ma fille aime mes photos, en fait leur apporter et montrer mes albums s'est avéré le meilleur cadeau pour eux. Le synthe a fait son effet, mais finalement les garçons ont été plus intéressés des CD et sont a l'ordinateur pour les découvrir.

Sur le congélateur de la famille:

Ton Christ est juif,
Ta voiture est japonaise
Ton pizza est italienne
Ton riz est chinois
Ta démocratie est grec
Ta montre est suisse
Ta chemise est indienne
Ta radio est coréenne
Tes vacances sont américaines
Tes chiffres sont arabes
Ton écriture est latin
Tu reproche a ton voisin d'être un étranger.

Ou l'a-t-elle allée le trouver?

J'aurai que faire pour les deux semaines!

Classe de ma fille en avril 2003

Children listen to the teacher - old photos
Sur le mur dans la classe de ma fille pendant la guerre in Iraq, elle enseigne une classe d'immersion en français près de Washington.

Elle est enseignant, les eleves assise par terre ecoutent - bien sure ils ne sont pas par terre tous le temps, c'etait juste pour se detendre

ces deux images figurent dans le volume imprime que je viens de retrouver et duquel je publie maintenant les entrees une a une

Encore une panne

J'ai profité de trier d'anciens papiers.

J'étais stupéfait de comment de loin le passé parait parfois déformé!

Exagérément dur ou exagérément facile.

Je suis tombé sur un vieux passeport, celui avec lequel je suis entrée en France le 28 octobre 1963 a Marseille. J'avais obtenu, non sans difficultés d'ailleurs un visa d'un seul mois!

Non seulement j'ai dû le prolonger, trois a trois mois d'abord, puis six puis une année par année, et cela presque jusque l'expiration des prolongements de ce passeport, juste deux années avant que je deviens avec ma famille citoyenne française, mais à chaque fois que je voulais aller quelque part, je devais demainder le droit de sortir du territoire Français pour pouvoir y revenir!

Dans mes souvenirs tout était facile à l'époque et je voyagais de pays en pays Européenne aussitôt arrivée. Je ne devais pas demander non plus des visas pour chaque pays et, au moins dans mes souvenirs je les franchissais sans aucune difficultés.

C'est vrai, d'après le passeport, j'ai voyageais pas mal dès 1964, mais facilement, non!

Je vois même que lors une entrée en 1968 déjà, on m'ordonnait de nouveau en ressortir dans moins d'un mois! Peut-être, mon passeport était expiré, puisque c'est le dernier notice estampillé que j'ai trouvé aujourd'hui dedans.

En tout cas, malgré les difficultés, les visas, les demandes a obtenir, nous avons pu voyager, ce qu'en vivant en Roumanie n'était pas possible. Tout est relatif dans la vie, donc en regardant en arrière, il me semblait que tout s'était passé comme du beurre lors notre arrivée.

Pas tout a fait, en fait, mais finalement, a chaque fois, j'ai réussi à m'en sortir, obtenir à la dernière minute les papiers, les visas, la visa de sortie et entrée, puis plus tard des plusieurs sorties et entrées.

Voilà, une panne peut ramener des anciens souvenirs sur une période ne figurant que très peu dans cette Retroblog.

Retrouver un ancien moi

4 avril 2003

Retrouver, relire, feuilleter un ancien cahier est souvent un plaisir. Mais aussi un déchirement. Une rencontre soudaine avec mon âme d’alors. Moi et une autre quand même. Je me cherchais, troublée, je cherchais à sortir de la situation, tout en ne me l’avouant pas encore, ne le comprenant pas. Empêtrée.

Je trouvais du plaisir en imagination. Cela explique la différence d’écriture : rond, lisible pour Sophie, la Princesse aux pieds nus par exemple, et nerveux, inégal, différent, comme parlant, dans le même cahier, entre les chapitres de fiction, les problèmes du présent. 'Intéressant' comme je disais souvent dans mon journal, jeune, souvent frappée de quelque chose curieuse.

Intéressant aussi ce que dit Stendhal dans son De Amour. Était-ce alors ainsi ou le voyait-il seulement comme cela? Que les hommes seraient plus francs, d’écrire sous la dictée d’imagination sans savoir où ils vont, que les femmes soient moins franches et donc moins sublimes, après lui.

Ce matin à sept heures le chant des merles m’a réveillé. J’ai voulu ouvrir la fenêtre pour mieux me délecter, mais j’ai vite refermé, il faisait encore trop froid. Ce n’est pas le moment de prendre froid, je pars demain matin.

Que seront ces deux semaines? J’ai l’impression, bien pleines.

31 mars 2003

Il faisait encore chaud et ensoleillé, mais la réunion d’écriture du groupe trois d’APA de hier m’a déçu. Je devrais chercher un autre groupe en plus, des gens passionnés d’écriture (et lecture des écrits des autres). Mais il ne faudrait pas juger trop vite : qui sait ce qu’en sortiront des rencontres avec eux (elles). Hélas, je suis revenue abattue et ce matin, il fait froid et gris.

J’ai pourtant bien dormi et longtemps, je me suis endormi hier déjà à sept heures ! et j’ai dormi jusque cinq heures de matin.

Je viens de parcourir les notes de Daphnée de Maurier sur Rébecca. Très intéressants ! Et j’ai lu la première nouvelle qu’elle a mise dans sa collection : une réelle talent. Pourquoi n’a-t-elle pas écrit après Rébecca (ni avant) de roman vraiment remarquable ? Qu’importe. Ce livre-là reste un classique, sort de la grisaille. 

Mitchell a écrit Autant Emporte le Vent, Tolstoï Guerre et Paix. Une seule œuvre géant, les autres pour s’en préparer ou l’après l’œuvre. Peut-être certains auteurs s’épuisent comme les programmeurs après y avoir trop mis en peu de temps. Toutes les œuvres, comme toute la vie ne peut être d’égale intensité et grandeur. Et Maurier a eu quatre ou cinq enfants, un mari, une vie intéressante. Tout n’était pas l’écriture.

J’avais acheté ses œuvres complètes à la brocante d’un village en Gars, l’été 2001. De ses livres, aucun ne m’est parvenu. Sacrée sorcière, sacré François! Mais je pourrais retrouver, si je le veux, ses livres. Ailleurs.

De toute de façon, je n’ai pas eu l’impression en les parcourant alors qu’ils étaient trop passionnants, même si je n’ai pas eu beaucoup de temps à les regarder. De Condon, j’avais expédié les livres à Paris et en arrivant, j’ai dû partir presque aussitôt de mon ancien logement parisien. J’avais d’autres préoccupations, d’autres soucis.

Hier j’ai eu un bon contact avec une jeune de 35 ans, paraissant 25 avec ses cheveux longs bouclés, clair mais pas blond, et ses précisions académiques. Une fille ayant commencé encore plus tard que moi – ce que je croyais presque inexistant ces jours-ci. 

"Rencontrer des hommes, libres, intéressants et intéressés, où ?" me dit-elle. 

C’est vrai, à Paris ce n’est pas facile. En s’enfermant dans ses livres ou à la Bibliothèque Nationale, elle ne peut pas en trouver! Quoique… à la bibliothèque?

Acteur, témoin, pion ?

29 mars 2003

Sommes-nous témoins ou acteurs (ou seulement pions) de l’histoire ? Et que constituent des faits 'historiques'?

Est-ce seulement les guerres et révolutions? Les règnes des rois? Ou alors, est-ce aussi la loi autorisant l’avortement et ses conséquences? La révolution micro-informatique? Les drames personnels vécus pendant une époque? La façon de vivre et comment on a vu le monde?

Si on se tient au mot juridique, témoin veut dire quelqu’un ayant vu ou entendu, mais pas assisté à l’évènement. Or cette notion n’existe pas vraiment qu’au théâtre, et même là, l’émotion vibrante, émanant du public peut influer, donc changer les jeux d’acteurs, donc l’action. Sinon, un témoin peut regarder sans intervenir ou aider, même en ne faisant rien, l’évènement devient différent.

Prenons maintenant le mot 'pion' venant d’échiquier, on utilise ses pions et ils sont déplacés comme des soldats 'dispensables', pas importants. Sommes-nous pions, victimes?

Probable, souvent.

La nature. Le sort, le destin. D’après d’autres, le bon Dieu. Les gens rencontrés, les personnages 'importants', décideurs et leurs lieutenants, tous influent sur notre vie. Même nos ancêtres.

Malgré tout cela, chacun de nous vit et agit dans sa sphère plus ou moins grande. À de l’influence. Sur sa famille. Un village. Une communauté. Ses amis (et ennemis). Contribue à leur histoire, donc par ricochet, à l’Histoire.

J’étais témoin, pion, victime, acteur. J’ai regardé, enchanté ou épouvanté, me sentant près ou éloigné de ce qui se passait.

Nous avons tous regardé de loin le procès de Luca et Jacob dont Gheorghiu-Dej voulait se débarrasser. Ou déjà, qui sait, Ceausescu, pour n’avoir pas de rivaux à la succession? Nous savions qu’ils n’avaient pas commis les actes dont on les accusait. Personne n’est intervenu pour les défendre. Personne n’osait. Luca, cassé, a reconnu tout qu’on lui suggéra. Jacob jura en vain de son innocence. Luca fut fusillé aussitôt, Jacob condamné à perpétuité.

J’ai regardé, épouvanté, un mois plus tard, la femme de Jacob, maman d’Edith, comme un cadavre sur la civière, dans le grand salon de son ex-mari. Cassée en deux mois, rendue folle à vie, sans dents.

J’ai aidé Edith, je suis redevenue son amie, sortie et discuté avec elle, invité autant que j’ai pu. (Elle a ensuite séduit les garçons me courtisant.)

J’ai écouté, attristée, dix-sept ans plus tard, Jacob, raconter de son sort avec de l'amertume. Il était tenu seul dans une cellule pendant 17 ans, 17 fois 12 mois, 17 x 12 x 367 jours. D’innombrables heures se tourmentant, comment il convaincra les gens qu’il était innocent de ce qu’on l’accusait (trahison). Ébahi, une fois sorti ("un erreur" lui dit-on officiellement – tout comme à mon père après qu'on l'avait détenu pour sept mois), ébahi que tous rencontrés après, lui disaient "nous n’avons pas pensé que vous étiez coupable". Ses tauliers, les gardiens de prison, son seul contact avec extérieur, lui parlaient de la furie des gens contre ses agissements inventés par la police secrète et les politiciens d’alors. Il se croyait haï. Il était objet de pitié, puis d’oubli.

Comme les prisonniers dans l’opéra Fidelio de Beethoven que j’ai vu le même jour qu’Egon, ami de Jacob, en prison pour trois ans, enfermé seulement ayant été ami. Egon venait d’être libéré trois heures auparavant et il était encore tout blanc. Hagard, comme ceux sortant à l’air pour la première fois, sur la scène d’opéra. Heureux de pouvoir parler au téléphone avec sa jeune femme, la première fois depuis trois ans.

De ces « disparus », nous ne savions même pas s’ils vivaient encore, tout comme pour papa pendant sept mois.

Étions-nous témoins ?

Victimes ? Acteurs ?

Ma cousine envolée en fumé à Auschwitz était victime. Mes cousines retenus six mois « seulement » dans la camps de concentration de Bergen-Belsen et marqués à vie. Mais moi? J’ai souffert seulement par ma famille disparue autour de moi.

Et ensuite ?

J’étais pion, croyant à la construction d’un avenir glorieux où tous auront selon leurs besoins, plus tard, selon leurs désirs. J’y ai consacré beaucoup des heures de ma jeunesse, adolescence. Il a coloré les lunettes à travers lesquelles j’ai vu le monde et tout ce qui se passait autour de moi. Longtemps. J’étais un pion dans la construction de ce monde où quelques-uns, sans pitié et beaucoup plus méchants que les rois, plus sans âme que les pires 'capitalistes', sous la couverture 'pour le bien de peuple', ont accaparé pour eux-mêmes des fortunes incroyables et exercé un pouvoir de tyran, en exploitant les jeunes y croyant et tous les autres, ouvriers, paysans, tous les êtres humains

Quand j’ai gêné, on m’a jeté de l’échiquier. Presque arrivé au but, après six années d’études à côté de travail acharné, on m’interdit de passer l’examen final de diplôme et même de travailler. Non seulement comme chercheur, mais aussi comme manœuvre remplissant des fioles avec essence pour briquets.

J’ai réagi, sinon agi. Devenant femme. Apprenant des langues. Demandant de partir du pays. Puis me mariant, décidant à devenir mère.

Je me suis laissé déplacer par mon père, puis mon mari, partie en Israël où papa me laissa 'provisoirement', puis j’ai suivis mon mari quand il m’a dit « tu peux venir maintenant en France » et la suivis aussi une année plus tard de l’Ain en Somme, près d’un autre moulin.

En Roumanie, j’avais conseillé mes amies.

En France, après 1968, mais c’était le hasard, je me suis révoltée. En réaction à l’infidélité. J’ai aussi changé la destinée de plusieurs jeunes filles à qui j’avais appris à travailler et analyser des matières chimiques. Mis le pied à l’étrier comme plus tard à d’autres jeunes en informatique. Et puis?

Au minimum, j’étais un des acteurs de la révolution micro-informatique. Pas la plus visible, mais y participant activement, presque dès le début et pendant longtemps.

J’écris depuis une heure, le reste, une autre fois.

28 mars 2003

Les jacinthes de toutes les couleurs embaument mon petit jardin, les crocus et les narcisses fleurissent, les lilas bourgeonnent et les merles ont commencé à chanter.

Un nouveau printemps arrive.

Bientôt je pars voir mes petits-fils de Washington. D’accord, la banlieue, mais c’est quand même Washington pour moi. Plus tard, j’irai en Hongrie et Roumanie. Alina viendra ensuite chez moi. Nous irons ensemble visiter la côte d’Azur. Slavia est prête à visiter Ireland avec moi, elle m’a présenté ses fils, très sympas. En juin, deux jours intéressants à Marly. J’irai aussi à Ambrieux et Saint Didier.

Ce printemps, cet été, ne ressemble pas à l’ancien. Je suis sortie, je sors de mon cocon. Enfin.

J’ai laissé tout pensé des anciens maris, rêves, derrière moi et je fais de nouveaux rêves. Réalités.

Je me préoccupe un peu (pas assez) de ma maison, mon ménage, je jardine (au moins, j’arrose mes fleurs et plants bourgeonnants), je garde mes petits-enfants d’ici et joue avec eux. Je rencontre des gens. Sors, voyage. Vis.

Je lis de bons livres, m’oublie encore souvent dedans.

À un moment donné, je commencerai à maigrir. M’occuper de nouveau de mes dents. Acheter, comme a souligné hier Annelise des vêtements à ma taille de maintenant. Surveiller ma santé.

Je suis sûre, qu’avec les joies et activités, ma santé s’améliorera aussi.

J’ai de nouveau pleins de projets, certains réussiront. J’y travaillerai, persisterai, serai flexible.

Avoir plaisir des années qui me restent.

C'est l'histoire de ma vie

23 mars 2003

Slavia m’a dit hier de regretter sa vie, pas moi. Arès nos discussions, je suis revenue à la maison et j’ai écrit :

C’est l’histoire de ma vie

L’histoire de ma vie
Est comme mon pays natal
Pleine de vallées et collines
De trous, abîmes et peu de cimes
Quelques plateaux paisibles, heureux
Où l’on se croit en haut du monde
Sans s’apercevoir qu’on est près du bord.

C’est l’histoire de ma vie

Je l’ai vécue et elle était pleine
De douleurs, regrets, échecs.
Pleine de travail, enthousiasmes et joies
Persistance, croyances et aveuglements
Des déceptions aussi - trop de fois
Et malgré tout, je ne regrette rien.

C’est l’histoire de ma vie

J’ai cru que je resterais toujours
Dans ma ville natale adorée
Du paradis familial on a dû s’enfuir
Du paradis imaginé, tourné en ennemi
Parcourir, connaître et aimer d’autres lieu
D’autres personnes, se faire d’autres amis.

C’est l’histoire de ma vie

De plusieurs pays, je me suis enrichie
Même les gens m’ayant heurtée m’ont grandie.
Maman m’a élevée indépendante
M’a appris tôt que mes actes ont des conséquences
J’ai assumé, souvent tombée, mais j’ai rebondi
Longtemps après ou l’heure qui a suivi.

C’est l’histoire de ma vie

Mon père m’a appris à ne pas renoncer
Les circonstances profiter, longtemps résister
Mes dents serrer et monter, chanter
Même quand on a mal, et sourire,
Devant l’adversité faire face ne pas s’enfuir.
Mes amies m’ont aidé à m’épanouir.

C’est l’histoire de ma vie

Mes maris m’ont aimée puis m’ont trahie
Mais les amies ont accompagné toute ma vie
M’ont soutenue, consolée, raconté et écoutée
Malgré moi, souvent la vérité m’ont montrée
J’ai agi selon ma tête, souvent selon mon cœur
Je ne regrette ni raisonnement ni emportement.

C’est l’histoire de ma vie

Pleine des projets, pas mal réalisés
Pas seulement de rêves, mais réalités
Deux magnifiques enfants et cinq petits
Deux livres publiés et plein d’écrits
J’ai aidé chaque fois que j’ai pu
Au moins autant qu’on m’a épaulée.

C’est l’histoire de ma vie

Ouverte, décrite beaucoup, si pas tout
Je l’ai pensée, même si jamais assez
J’ai aimé, plusieurs fois adoré
Je ne regrette pas même si je me suis trompée.
J’ai haï, et m’en suis libérée en n’y pensant plus.
De l’amertume, l’apprentissage me sortit.

C’est l’histoire de ma vie

Le long du trajet tortueux et les sentiers non battus
Les livres et leurs auteurs m’ont accompagnée partout
Les récits, les romans et mes poèmes préférés
M’ont enchantée, aidée et m’ont éclairée
M’ont fait réfléchir et ma vie approfondir
Ils m’ont aidé à vivre et décrire l’histoire de ma vie.


Peut-on témoigner?

22 mars 2003

Peut-on « témoigner » de ce qu’on sait que par « oui dire » ?

Peut-être pas dans un tribunal. Mais quand on nous a dit quelque chose et en plus ce qu’on nous a dit nous a influencé, a eu un impact sur notre vie, alors, oui. Il fait alors partie de notre vie.

Nous ne vivons pas isolés et non seulement ce que nous expérimentons, mais aussi ce que nous entendons et lisons, ce qui nous impressionne fort, fait partie de notre vie. Comme nos ancêtres et notre environnement.

« Vous réglez vos comptes ? »

Je ne crois pas. Hélas, je crains, qu’une autre les règle à ma place. Mais en fait, il n’y a pas des comptes à régler. Une malade, quelqu’un pas bien développé psychologiquement, même devenu méchant parfois, d’accord. L’important était de m’en éloigner.

C’est fait.

Peut-être aussi faire comprendre aux autres ce qu’on souffre vivant près d’un maniaque dépressif. Il arrête, autant qu’il peut, votre vie pendant la dépression et il vous piétine le temps des manies. Votre cœur saigne pour lui pratiquement ne vous donnant pas le temps à respirer et penser à vous.

Non, ce que j’ai écrit, pendant que cela se passait, était témoignage vécu, pas règlement de compte.

Je lui voulais, peut-être en 1999, mais c’est si loin de moi aujourd’hui! Comme d’habitude, le plus important est de montrer qu’on peut survivre, rebondir.

Même à ça.

À tout sort de déceptions.

Slavia rigole de ma naïveté à chercher à chaque fois le « grand, vrai amour » et à me sacrifier, longtemps.

Je lui ai répondu: celui aimant plus, a davantage de joie. Même si plus de chagrins aussi.

De toute de façon, je sens que je suis vraiment allée au-delà.

Je viens de lire plusieurs autobiographies merveilleuses. Chacune une vraie individualité. Chacune son style très personnel.

Père Vannet décrit avec une verve inégalable, son enfance paysanne et incartades d’abord, et il en fait un tableau que je vois devant mes yeux; puis ses conquêtes féminines et entre autres, 'la dépanneuse', et enfin, ses récits de braconnage.

Jaqueline, décrit sa jeunesse à Pantin dépourvu de la chaleur qu’elle cherche désespérément, puis dans un autre volume, son triste mariage. Ce dernier livre a provoqué un écho en moi. Je n’ai pas pu décrire aussi bien qu’elle, cette peur de mari qui vous glace. Peut-être, en relisant, je pourrais mieux expliquer la période Ham, avec mon premier ex.

J’ai rencontré hier tas des gens intéressants et récolté pleines d’idées à creuser. J’ai fait très bien d’y aller le matin et pas seulement l’après-midi.

pm. Je me suis rassurée sur le ton convaincu avec lequel Lionel m’a dit « 'Elle est bonne!' Qu’ils soient heureux, longtemps.

Je peux, moi-même

21 mars 2003

Slavia avait raison : je peux, moi-même, corriger pas mal des choses du mon texte. Mais quel travail !

En huit ou dix heures, 70 pages sur papier et à peine 40 en ordinateur. En réalité, c’est beaucoup, même s’il m’a paru un travail de Cendrillon.

En regardant de nouveau le volume Je suis un pauvre mari je viens de constater qu’il est crucial : il commence amoureusement et fini avec ras de bol, tout en ayant vers ses débuts l’explication, dans un texte de quelques lignes recopié d’un auteur, la prémonition de ce qu’arrivera.

Que c’est vrai que les textes m’ont accompagné toute ma vie et à chaque fois je trouvais (au moins souvent) celui convenant le mieux, éclairant ma situation.

Je lutte toujours avec mon rhume. J’espère que ce n’est que ça et qu’il me laissera en paix pour pouvoir profiter de la journée d’APA demain et le Salon des livres dimanche.

Quelle leçon des divers styles dans les quatre livres autobiographique empruntés à la librairie!

20 mars 2003

Lemac est mort cette nuit. Il était tellement malade ces dernières semaines que c’est mieux pour lui. Et pour Lionel qui n’a pas ainsi dû, voulu le laisser achever par un vétérinaire. J’espère seulement qu’on ne l’enterrerait pas ici. Ou alors, seulement ses cendres.

Sinon, la guerre a commencé en Irak et je tremble pour les parachutistes et les troupes d’élites comme s’ils étaient mes enfants. J’espère qu’on n’aura pas trop en plus au cimetière d’Arlington. Et, comme me disait Stéphanie, les obus irakiens n’attendront pas Israël et ses rayonnants arrière petits-enfants.

Je me suis réveillée ce matin après six heures de sommeil à quatre heures et j’ai travaillé sans arrêt jusque midi, comme dans mes bons jours, huit heures d’affiliées.

Le soleil entre par la fenêtre entre ouverte et illumine mes jonquilles jaunes de printemps. Magnifique !

14 mars 2003

Ce matin (il y a quelques minutes) je me suis mise du crème Nivea sur les mains. La paume et au-dessus. En frottant l’un main de l’autre, je me suis dit : en faisant ceci jour par jour ils seront lisses et doux pour caresser.

Je me suis attrapée moi-même.

Caresser, qui ?

Reconnais-le, tu as encore envie de caresser un jour quelqu’un. Plus envie de caresser que d’être caressé, tout comme quand t’étais bébé.

Et hier, en regardant tes cheveux, ton visage rayonnant avec le halo du permanent l’entourant, les yeux souriants, quelque part t’avais la même pensé derrière la tête. : Je suis prête à ce qui arrivera. Je parais, de nouveau, sympa. Heureuse de vivre et à la paix avec le monde et regardant avec chaleur ce qui viendront, ce qui arrivera.

Qui sera, sera.

Tourner la page

12 mars 2003

Tourner la page.

Dominique vient de me dire qu’elle signifie qu’on a fermé le passé, compris et allé plus loin. Sans l’oublier néanmoins.

Je n’ai pas 'tout' compris, mais je l’ai affronté et le passé ne me hante plus. Depuis qu’un jour je l’ai appelé et lui a parlé sans sentir ni amertume ni nostalgie, j’ai tourné la page.

Maintenant, de nouveau, j’aime mon visage dans le miroir. Un vrai sourire détendu et non plus désabusé, forcé. Pour y arriver, il fallait tourner la page, faire la paix en moi, chasser l’amertume.

Un nouveau printemps arrive. Je commence à connaître de nouveau gens agréables et intéressants. À travers Lire et Faire lire, j’ai connu par exemple la mère de Dominique et ce midi, sa fille. Dimanche j’irai à un concert chez « Madame de Sévigné » et le samedi après j’assisterai à une table ronde d’APA, rue d’Ulm. Je sors de ma coquille. Enfin.

Je viens de retrouver

Non, je n'ai pas encore retrouve mes textes pour continuer le journal - mais demain pour sure je les trouverai. Pour le moment, je viens de tomber sur une grande volume, des textes juridiques de 2002, achetes en 2003.

Heureusement, je suis loin dorénavant de toutes ces préoccupations juridiques que j'avais alors!

Que des soucis éloignés même si d'autres, mais plus souriants sont devant moi aujourd'hui.

Les couleurs qui nous frappent

1 juin 2008

En attendant retrouver les textes de mon ancien journal, je voudrais vour raconter ce qui vient me frapper ce matin.

Les couleurs qui nous entourent nous paraissent si naturels qu'on les observe a peine.

Il faut aller 'ailleurs' le plus souvent que certaine couleurs vous frappent. Le bleu fort sur les maisons, surtout portes et fenetres de Tunisie, le vert couleur printemps de l'herbe de Irlande, le rouge violet des murs en Mexique [vus seulement sur les photos], etc. Et meme les differences en couleur d'un lieu vers ou on revient.

Paris, vu la premiere fois me parut tout gris - mais il pleuvait aussi et c'etait avant le grand nettoyage des murs. Il a repris son couleur plutot beige claire maintenant pour moi.