28 novembre 2003

Encore des chaises, belles chaises et fauteuils dans un grand salon. Et beaucoup d’espace, chez Marie, rue d’Écoles, à Paris.

Une très belle appartement et des gens sympathiques pas des parvenus, bien dans leur richesse, au moins dans l’appartement hérité. Tout l’immeuble était à la grand-père du mari.

Un quartier agréable à vivre et fort bien pour des universitaires. Elle a lu mon journal, Au-delà du rideau du fer d’un coup, et s’est proposé non seulement à la corriger (améliorer le français) et m’écrire un avant-propos, me suggérant aussi que Harmattan le verra alors avec d’autres yeux et le publierai. Nous verrons.

Ses suggestions étaient toutes très judicieuses et autant en petit qu’en grand. Si le courrant n’est pas passé comme il l’aurait dû, c’était ma faute. Je l’ai interrompu souvent juste quand elle voulais me raconter quelque chose, par exemple sur Louise Labé et sa poésie.

Elle dit qu’autant les poèmes font bien dedans, autant les lettres et récits augmentent la compréhension du contexte.

D’autres yeux, d’autres regards.
D’autres temps, j’ajouterais aussi.

Merci Marie du courage que vous m’avez apporté! Merci mes lecteur me donnant un renouveau d’énergie à travailler dessus pour l’améliorer. Le rendre plus vrai, plus intéressant, plus compréhensible.

«Vous avez changé d’avis, vous même». Bien sûr, ceci m’est arrivée souvent, elle l’a lue et comprise vraiment.

20 novembre 2003

J’ai donné un des exemplaires de mon Au-delà de rideau de fer à une dame rencontré au repas entre deux sessions de l’APA. Elle vient de m’écrire. De nouveau, me rend du courage. Elle l’a déjà lu et considère le livre de valeur et s’offre même de corriger le français, le grammaire et les tournures des phrases.

Quelque chose peut encore en ressortir.

J’avais donné l’Ennième Vie à Slava pour le lire, elle avait trouvé le début poétique. On verra le reste. Je travaille. J’espère pas pour rien. J’espère que d’autres liront mes textes. Y passer de temps, les laisser mûrir, moi m’améliorer, ne me gêne pas. Ceux qui le considèrent seulement comme un passe temps agréable me dérangent par contre.

C’est agréable y travailler, des fois par contre c’est dur. Cela fait passer le temps. Tout cela est vrai. Mais les textes ont aussi une valeur. Pour les autres. Comme témoignage aussi. Marie écrit, même littéraire. Faire lire. J’espère, je réussirai.

Aussitôt lu son appréciation, j’ai commencé à imaginer le début de la deuxième volume «La traversée des rivières turbulentes» Tourner dans mon esprit comment la commencer. Par où.
Avec la bague de mariage de mon mari disparu: symbolique de la suite? Où l’arrêter? Mon retour à Paris en 1981 ou le rencontre avec François?

Les rivières turbulentes sont-ils de début d’un mariage se détachant jusque un nouveau rencontre important ou à partir de mon arrivé en France jusque mon retour en France quelques années plus tard? Ou alors comprennent-ils le grand bouleversement de changement complète de métier?

Pour le moment, je joue (et apprends en jouant) avec les logiciels graphiques trouvés sur mon ordinateur Sony et j’écris en moi le début du deuxième volume.

Je l’avais écrit déjà il y a environ dix ans - mal. Depuis, j’ai appris quelque chose. A l’utiliser. Le vide entre 1963 et 1968 devrait être comblé avec quelques récits, faisant revivre surtout la première année de mon arrivé en France. Puis refondre ou réécrire les récits sur Ham. Faire quelque chose du récit informatique, que je n’ai pas encore fini d’écrire.

Arrondir, compléter, le journal sur les traversés, sans l’allouab trop. Tout un programme!

Déjà, il faudrait commencer à relire et corriger le texte journal de cette période: le 10e journal et le début de 11e. J’ai mise 20 ans (de 10 à 30) en neuf journaux et le prochaine 20 années le tout dans un seul cahier (même si plus épaisse)!

Il comprend trois parties:

Avec Sandou à partir de la premières déchirements
En Amérique, près de Washington
L’aventure informatique à retour à Paris

Si j’ajoute aussi le 11e journal, il y aura 'seule la première fois et écrire enfin' en plus. Ajoutant ou non le début du nouveau rencontre. M’y mettre!

18 novembre 2003

Aujourd’hui j’ai coupé les trois derniers boutons des roses de mon jardin, ils décorent bien le salon om je suis la plupart de temps§. Il en reste encore une, très haut, je peux la voir de ma salle de bains. J’ai coupé aussi des branches.

Si au moins j’arrivais à couper de mes textes avec autant d’insouciance!

Le matin, j’ai introduit des vers de Jaques Prévert écrits, je crois, entre 1940 et 1944, «paroles» édité après la guerre.

Aucun longueur apparent, souvent pas de virgules ni points et quelle poésie, quelle profondeur des propos! J’ai recopié ceux qui m’ont le plus touché, environ dix. Surtout ceux parlant, chantant des relations entre couples. Mais il a écrit aussi des verts et pas murs, sur le Maréchal, et d’autres que je n’arrive pas à bien saisir, comprendre. Je les relirai plus tard.

Combien un poète peu dire en quelques lignes courts!

Que fait d’un écrit un poème? Que fait-il qu’il le devient? Un cristallisation des sentiments. Une image avec quelques mots ou phrases. La plupart de ses poèmes déchirants, non pas tristes, mais touchants. Des rimes mais des rimes presque invisibles, comme allant de soi. Des sons, des mots, servant le sujet, émotion du texte.

J’ai mangé chez Annelise à midi et l’après-midi j’ai joué avec des images. J’ai testé plusieurs programmes et compris un peu mieux ce que je peux en faire.

Que des modifications possibles avec ces outils multimédia riches de mon nouveau ordinateur!Que des possibilités! J’en suis comme enivrée.

Aujourd’hui, j’ai commandé encore de l’encre couleur par Internet et j’achèterai encore du papier photo brillant. A la place de lecture, cela devient mon nouveau hobby. En réalité, je vais les combiner. Je ferai l’album pas réussi il y a quelques jours sur la famille, ancêtres. Photos commentés, montrant l’âge qui passe. Les générations de plus en plus anciens.

Et je devrai faire un avec les marches. Un autre avec les gens. Un avec fleurs et nature. Les immeubles, la ville. Chaque chose à son temps.

Hélas, la photocopie couleur coûte encore pas mal. Je trouverai quelque chose. Peut-être par WEB?

Bonne nuit mon cher journal,

Aujourd’hui levé à 5h je me couche tôt.

16 novembre 2003

Hier j’ai participé à la journée « Journaux Monstres et Sexualité des Journaux » à la Maison des Ecrivains. Tenu par A.P.A. : je m’y suis inscrite juste il y a une année.

Un des écrivains invité m’a éclairée vous n’écriviez pas sur votre relation, lien important, parce que vous étiez en couple, harmonie communiquant et vous ne ressentiez pas le besoin de s’isoler - et communiquer avec un autre moi. C’est vrai: j’étais tellement « dedans » que je n’avais pas le besoin ou l’envie de le regarder de « dehors ». Je l’ai fait plus tard. En journal ou en récit - souvenir.

Qu’ils peuvent être méchants certains auditeurs! Je suis intervenue quand le ton des questions avaient franchement dégénéré, insultant les intervenants.

J’ai préféré de loin celui qui a écrit « Aimer » sur une liaison homo profonde. Il cherchait la « vérité » dans l’écriture. La femme, moins profonde, mais intéressante elle aussi est devenue subtilement blessant, elle aussi vers la fin, en mentionnant ses écrits comme « hétérosexuels »: donc quoi censurer ainsi? Ce qui paraît intéressant par contre, elle a fait paraître Journal et Livre écrits sur la même période, même événements. Peut-être, pourrais-je apprendre aussi quelque chose.

Sinon, les membres de « ma » groupe d’écriture m’ont snobées, mais j’ai rencontré deux autres femmes à qui j’ai confié une exemplaire de Rideau de fer. J’aurais au moins quelques nouvelles points de vues, des observations.

Cette nuit (matin, 4 heures) je me suis réveillée et j’ai regardé le DVD My Fair Lady en anglais puis un partie en français. C’est extra, non seulement on peut changer les langues, sous titres, mais aussi accéder aux différents séquences, chansons, revoir plusieurs fois les parties qu’on a aimée.

Puis, ayant lu un peu le livre manuel arrivé hier sur Publisher, j’ai commencé ce matin un brochure: souvenir familial. A continuer.

6 novembre 2003

Annelise est formidablement efficace! En quelques minutes, elle a rétablie le téléphone qui ne marchait plus depuis des jours, elle m’a connecté à l’Internet, a configuré la connexion, a admiré ma bécane et système, etc. etc. J’étais contente qu’elle l’a tellement apprécié, surtout l’interface XP, la vitesse et comment j’ai réussi déjà à la personnaliser; en même temps, je dois avouer, j’avais des palpitations qu’elle ne change pas trop mon nouveau jouet.

Elle m’a montré d’autres économiseurs d’écran. Non merci, je préfère la mien ayant un look simple et élégant. En même temps il donne l’impression de profondeur. Mais depuis qu’elle l’a touché, je peux regarder deux fenêtres côte à côte en même temps, et transférer tout comme dans le Mac des fichiers de l’un à l’autre. Hier j’ai réussi à faire mon premier CD, en y mettant tous les images. Et il restait encore de la place!

Je dois encore comprendre un peu les différences entre CD-R et CD-RW? Pleines des choses à apprendre! Mais c’est une telle joie!

Je me suis fait une chouette cadeau.

Annelise m’a aussi donné (prêté) six DVD et la mise à jour de quelques logiciels n’étant pas sur l’appareil.

Je dois envoyer l’argent à l’avocat pour l’ancien propriétaire. Je traîne les pieds depuis une semaine « montrer ma bonne foi » mais eux, vont-il le montrer? Quelle bonne foi y a-t-il dans la nouvelle famille Savoyard? Je suis convaincue, aucune. Je me suis réveillée ce matin en pensant à lui, coupant la branche sur lequel il était assise à chaque fois. Brouillant tous qui l’ont aidé, travaillé pour lui, avec lui.

Je vais faire faire ma volume sans et une autre avec les images, mais faut-il les mettre dans le texte ou au milieu, séparément, sur papier glacé? Séparés ou rassemblés? (2008: j’ai fait une de chaque)

Annelise m’a aussi fait le cadeau de présenter mon «C’est ma vie» sur le Web, en Powerpoint avec un strophe à la fois pour plus grand impact. Je suis impressionnée. Par elle et par ses talents. Elle retravaille et se sent pleine en forme.
Elle s’était rendu compte aussi ces dernièrs temps que c’était pour elle mieux de travailler que rester à la maison, vivre entre les autres et non renfermée entre quatre murs. Je le savais déjà depuis longtemps que cela sera mieux pour elle.
Musique d’ambiance c’est bien, quelques seconds le jazz me manque même, mais je préfère finalement mieux la silence.

Il est 5 ½ le matin.

Je me mets à bouquiner sur Windows XP pour les nuls. Je ne suis pas (tout à fait) nulle, mais leurs livres sont bien écrits et clairs.

5 novembre 2003

Les belles feuilles roux d’automne sont tombées, mais j’ai encore des roses et des gueules de loup dans mon jardin.

Aujourd’hui, j’ai réussi d’incorporer pleine d’images dans mon dernier journal, je verrai ce que ça donne sur papier. Chaque jour j’apprends davantage sur mon ordinateur et l’utilisation des applications qu’il contient, et ce que j’ai ajouté. Ce matin, commencé à six heures, je me suis réveillée à deux heures de l’après-midi que je n’ai pas encore rien mangé. Le temps s’était envolé, mais j’ai scanné presque toutes les dernières photos que je voulais introduire. Si j’y mets plus, il ne sera plus de texte avec des images mais des images avec le texte.

De 164 pages, le manuscrit s’est gonflé à 194, est-ce les images s’imprimeront? Où faudra les réintroduire dans les pages? Où le faire faire par l’imprimeur? Mettre à part les pages couleur?

Essayer ce que ça donne en gris? Apprendre à préparer un CD avec le tout?

J’ai négligé avocat, docteurs, envoi du courrier, mon téléphone qui ne marche plus, mais j’avance.

Bien, je mange, puis lirai un peu. Un repos, je crois, bien mérité. Huit heures de travail sans arrêt!

1 novembre 2003

Il y a plein des « première fois » dans la vie.

Aujourd’hui j’ai regardé pour la 1re fois un film DVD sur mon nouveau écran Sony, après avoir choisi la langue, la forme et ensuite, plus tard, je l’ai vue de nouveau avec des commentaires de la scénariste et du producteur ou était-ce le metteur en scène? Formidable!

Que des décisions et travail pour faire un film! Quoi couper? Où mettre les scènes? Comment les habiller? Où tourner? Quelle musique d’accompagnement mettre à chaque épisode? Les lumières, décors, accessoires, la jeux des acteurs et leur choix, etc. Fascinant!

Sinon, au cimentière avec madame Filipetto. Je dois m’intéresser de la longeur de concession du tombe de papa (et maman), j’ai vu aujourd’hui trop des « concession échoués ».

Je n’ai pas réussi à faire un CD pour mes données.


Chaque jour j’apprends quelque chose de nouveau, aujourd’hui j’ai mis plusieurs images ensemble et compris un peu comment travailler avec des « calques » dans le photos hop pour améliorer l’image, et permettre à la fin qu’il soit changé ou reste la même.


J’ai oublié aller à la pharmacie. Eh bien, lundi j’irai prendre les médicaments et la crème.
Et quand commencerai-je à maigrir?


J’ai des idées nouvelles pour les images. Je vais essayer de faire une page Ambrieux (faite), une Budapest, autre Paris, une sur le marché d’Argenteuil, puis Les statues de Stéphanie, Alina en France, et même sur les places libres. On verra ce que cela donne. 10 pages au lieu de cent pour les images couleur, c’est mieux déjà, mais je n’ai pas encore testé le reste, ni un logiciel de mise en page.



Je viens par contre découvrir que Works a aussi une collection d’images avec des commentaires, assez ample espace d’ailleurs. Demain.


Oui. Il faut sortir du zone de confort pour avancer.


Oser faire un pas (ou plusieurs) dans l’inconnu.

1 novembre 2003

Il y a plein des « première fois » dans la vie.

Aujourd’hui j’ai regardé pour la 1re fois un film DVD sur mon nouveau écran Sony, après avoir choisi la langue, la forme et ensuite, plus tard, je l’ai vue de nouveau avec des commentaires de la scénariste et du producteur ou était-ce le metteur en scène? Formidable!

Que des décisions et travail pour faire un film! Quoi couper? Où mettre les scènes? Comment les habiller? Où tourner? Quelle musique d’accompagnement mettre à chaque épisode? Les lumières, décors, accessoires, la jeux des acteurs et leur choix, etc. Fascinant!

Sinon, au cimentière avec madame Filipetto. Je dois m’intéresser de la longeur de concession du tombe de papa (et maman), j’ai vu aujourd’hui trop des « concession échoués ».

Je n’ai pas réussi à faire un CD pour mes données.

Chaque jour j’apprends quelque chose de nouveau, aujourd’hui j’ai mis plusieurs images ensemble et compris un peu comment travailler avec des « calques » dans le photos hop pour améliorer l’image, et permettre à la fin qu’il soit changé ou reste la même.

J’ai oublié aller à la pharmacie. Eh bien, lundi j’irai prendre les médicaments et la crème.
Et quand commencerai-je à maigrir?

J’ai des idées nouvelles pour les images. Je vais essayer de faire une page Ambrieux (faite), une Budapest, autre Paris, une sur le marché d’Argenteuil, puis Les statues de Stéphanie, Alina en France, et même sur les places libres. On verra ce que cela donne. 10 pages au lieu de cent pour les images couleur, c’est mieux déjà, mais je n’ai pas encore testé le reste, ni un logiciel de mise en page.

Je viens par contre découvrir que Works a aussi une collection d’images avec des commentaires, assez ample espace d’ailleurs. Demain.

Oui. Il faut sortir du zone de confort pour avancer.

Oser faire un pas (ou plusieurs) dans l’inconnu.

31.10.2003

Hier midi j’ai acheté mon premier PC.

Après 23 ans je suis devenu infidèle à Apple qui m’a trahie, d’après moi, en mettant Unix au-dessous son système Macintosh. En fait, de moins en moins des choses séparent le système actuel d’Apple et de Microsoft. Au moins, c’est ainsi que je raisonnais avant l’achat.

J’ai trouvé un portable à écran large, mais pas exagéré, claire, un Sony comme celui que Ionel s’était fait acheté contre son travail fourni il y a trois ans, mais en plus il a un CD et DVD graveur et un lecteur incorporé. J’étais dans les nuages.

Surtout, qu’après leurs offres, je peux le payer en six mois, et à cause de mon adhésion à Fnac, pas plus cher que si je l’aurais payé aussitôt. Plein de place, vitesse, USB (je pourrais enfin utiliser mon scanner pour accaparer les photos et l’imprimante couleur), etc. etc.

Je rentre à la maison, avide de l’essayer, j’ouvre.

Aucun manuel pour l’accompagner
.
Juste une page: comment le brancher et, même pas expliqué comment l’ouvrir! Heureusement, ça je sais.

Première mauvais surprise: il est lourd. Plus que j’avais eu l’impression dans la boutique, avant l’acheter. Et pas mince comme l’ordinateur de Slava. Bien sûr, me dis-je, CD et DVD et les gigas de disque prennent du poids.

J’ouvre. J’allume.

Il prend des siècles à bien vouloir se mettre en route, tout en me demandant pleines des informations indiscrets. Lui donner un nom, qui l’utilisera, etc. Le journaliste ayant écrit récemment «quand on utilise un Macintosh, nous avons l’impression qu’il nous appartient, nous avons un copain pour ce qu’on veut réaliser; quand on utilise le système Microsoft, l’impression est que nous sommes à son service».

Il ne m’a pas laissé explorer mon propre ordinateur, tant qu’il n’a pas demandé une quantité des questions, puis une fois répondu, tourné, tourné, gravé quelque part profond et mystérieux mes réponses.

Une fois que tout fut fait et dit, la surprise affreuse: toutes les caractères sur l’écran avaient un aspect anti-déluviens, pas lisses comme dans le Macintosh depuis des décennies déjà m’avait habitué, pas non plus comme ceux sur le Sony de mon fils et ma copine. Ai-je acheté un vieux ordinateur? Un mauvais?

J’avais envie de le rendre, aussitôt.

Je dus, heureusement, aller chercher les gosses au centre aéré et leur donner à manger. Ensuite, nous avons écouté et regardé Fantasia de Walt Disney et discuté sur les divers instruments de musique. David, surtout, était fasciné.

Retour chez moi. Essaies, désespérés à changer les caractères affichés sur l’écran. En Windows home édition et non pas le Professionnel, on s’imagine qu’il faut cacher le plus possible devant l’utilisateur. J’ai tout essayé, sans améliorer l’aspect.

Changer l’aspect de bureau, de bleu éclatant à autre chose, ça va, changer l’emplacement et grandeurs des ions et même agrandir ou réduire les caractères était facile, mais hélas, grands on voyait davantage qu’ils n’était pas lisses. Vite, remettre tout à petit!

En cherchant, par hasard, je découvre Works sur le disque, pourtant le vendeur m’avait affirmée qu’il n’y était pas, il y a aussi une bonne version même si nommé ‘élémentaire’ de Photoshop pour triturer les images.

Je trouve une belle image, je le change en ’aquarelle’ je modifie le contraste, la luminosité et j’enregistre. Mes iris! Premier jouet sur le PC: j’ai nommé la bécane ‘PremierPC’. J’aurais dû dire « mon premier pc » mais les espaces étaient « interdites » dans cette réponse.

En découvrant Works, qui MARCHE, je suis ravie. Facile, puissante, intègre texte, tableur, base de données, et ravie, je découvre pouvoir y mettre des images ’bit map’ (ancien paint de Bill Atkinson) mais aussi y ajouter des objets! J’y introduit mes iris aussitôt, entre les lignes de texte. Des modèles de mise en page, des ions et une aide en ligne, enfin un bon interface utilisateur.

Je me suis couchée rassurée, tout n’est pas perdu - et j’aurais des heures à m’amuser avec mon nouveau jouet, instrument de travail.

Ce matin, je me suis rappelé pourquoi un graveur CD était important pour moi.
Depuis des jours, je me tourmente comment intégrer le texte de mon dernier journal avec les photos nombreux prises en même temps. Une des réponse, venu après la période de gestation si nécessaire, est de graver un DVD: le texte et, à côté, peut être ouvrable, lié avec hypertexte, c’est-à-dire un click sur le mot qui s’y réfère, des images.

Les dernières images.
Maison
Jardin et fleurs
Argenteuil
Paris
Avec Alina
A Budapest
Chez Stéphanie
Ambrieux et la route
David a trois ans!

Ou alors les images séparés avec commentaires d’une phrase ou un paragraphe en ’label’ au dessous l’image.

J’ai découverte récemment qu’on peut leur donner un nom et une label, description et demander qu’elles soient imprimées ensemble. Peut-on aussi les voir sur l’écran ainsi? A tester, découvrir!

Lire les manuels, livres aussi, bien sûr, mais surtout en jouant avec, en allant à la découverte. Ensuite, on utilise pour le travail Pro, ce qu’on a ainsi appris en s’amusant. Testant, tâtonnant comme un enfant.

Bientôt, je vais prendre Gaby au centre Aéré, aujourd’hui elle doit y être tôt, ils vont au Patinoire. Ensuite, David. Puis je reviens jouer.

A oui, avant me coucher hier soir, par pure hasard, j’ai enfin tombé sur un lien me laissant le choix entre les caractères Microsoft et les caractères genre TrueType: enfin, elles sont lisses aussi sur le PC.

Je me suis couchée, contente avec le monde et rassurée de mon achat. Je doute de plus en plus d’avoir envie de le changer.

D’un façon subtil, il est devenu 'mien' et j’y tiens déjà. Même si ce n’est pas un Mac, il deviens un copain. A moi.

2008: Comme toi, mon cahier, mon journal, mon confidente.

25 octobre 2003

Bon. J’ai corrigé les 166 pages de mes derniers journaux (ceux écrits depuis le divorce prononcé et transcrit) et j’ai sélectionné des centaines des photos prises depuis, environ cent (pas assez).

Et maintenant?

Je ferai une édition sans images. J’y est mise pas mal avec les mots. Mais je voudrais, je suis décidée d’en faire aussi une avec images. Je dois découvrir comment.

Une image par page? Mélangé avec le texte? Deux ou trois images par page avec un minimum des commentaires (ou au pire seulement le numéro de la page)?

Ne penses trop pour le moment au coût de la réalisation! Je viens de dépenser d’argent pour acheter de l’encre frais pour l’imprimante couleur, de papier glacé et la chaîne scanner, ordinateur, imprimante fonctionne. Au moins, je pourrais essayer sur quelques pages.

Je me suis rendu déjà compte que la mémoire de mon ordinateur, ou celle de mon traitement de texte (hélas texte et pas mise en page) ne supporte pas trop des images.

Quatre à cinq et puis crac.

Je pourrais toujours faire une ou deux pages à la fois, séparés ça marche.
Je peux aussi mettre titre et commentaires aux images à imprimer avec le logiciel de traitement d’image, même celui du scanner, assez sophistiqué, merci Agfa!

Où retrouver (ou acheter) une logiciel de mise en page? Dans le Ready Set Go que j’avais jadis introduit en France, on pouvait mettre textes et images sans qu’il rouspète.

Dans une autre ordre d’idées, au lieu d’être abattu, mon fils paraît plutôt libéré depuis qu’il sait qu’il n’ira plus travailler à New York. En réalité, c’était mon rêve, probablement pas le leur.

Il était par contre ravi de rencontrer des utilisateurs du logiciel sur lequel il a travaillé l’été dernier sans prendre des vacances: ils ont dit d’avoir choisi et acheté celui-ci à cause de sa facilité d’utilisation, son interface agréable. Il ne s’agit pas des dessins mais de l’interface utilisateur, la spécialité de mon fils.

Mes dents vont mieux, grâce au bon dentiste d’Argenteuil et ses soins, mais mon dos brûlé partout de nouveau par le dermatologue me dérange encore. Et une deuxième fois, l’ordre de ne pas aller à la piscine pour deux semaines au moins. A chaque fois que je m’achète un abonnement…

Demain c’est l’anniversaire d’Agnès. 42 ans déjà que je lui donnais naissance à Jérusalem. Ici le début de Ramadan, tous autour font des courses et Sarkozy fait faire des exercices d’évacuation et aide dans le métro à Paris, les radios donnent parole aux arabes disant qu’Israël « n’à qu’à » laisser tous les réfugiés revenir, « n’à qu’à » donner Jérusalem comme capital aux palestiniens, n’à qu’à… sinon…

Là-bas, on tue des gens. Ici on blague sur le bonheur de ceux se faisant sauter avec des explosifs autour de leur ceinture.

Là-bas, il y a 42 ans, on jetait déjà des cailloux sur mon bébé de quelque jours. «Que celui qui jette le première pierre n’ait absolument rien à s’en reprocher» parait-il que dans le Bible, selon les prophètes, ou l’un entre eux au moins, ce qu’avait dit Jésus.

Hélas, c’est plus facile de haïr un autre que de réfléchir à ses propres fautes. Plus facile de condamner que de comprendre. Plus facile, voir moi-même déjà, à se rappeler du mal que des moments de bonheur qu’un autre nous a causé.

Se rappeler des moments de bonheur ouvre la plaie, le fait saigner de nouveau - puisque associés de près, liés, arrivent les autres - ou au moins le rappel qu’ils n’ont pas duré comme on l’avait espéré.

Même quand on y entre avec la tête claire «profitons des moments», une fois dedans, la tête se met en sommeil et les émotions décident «ça va durer», puis on pleure et rage quand les moments magiques s’évaporent. Même quand au lieu des minutes, c’étaient des heures; au lieu des jours, des mois entières; au lieu des mois, des années.

On se sent flué de la sorte qu’on avait imaginée déjà mieux que toutes les autres humaines, un conte de fée sans fin, avec fin heureuse à jamais.

Pas au début, au moins dans mon cas, mais aspirée dedans à chaque fois par mes sens. Ma sexualité, oui, mais aussi mon âme, mon cœur, mes aspirations profondes de femme.
Je vais m’obliger d’écrire aussi des jours heureux, mais curieusement ça fait plus mal que de «jeter la pierre» sur ce tant (tout) on m’a fait tort.

12 octobre 2003

C’est curieux le regard, l’attention. Tout concentré sur les branches roux ou les quelques feuilles verts avec bordures rouges illuminés par le soleil, je regardais du salon fascinée les feuilles d’automne, de dessous. Je ne voyais rien d’autre!

J’avais déposé mon livre pour admirer l’automne et je me disais, maintenant je comprends pourquoi ma mère l’aimait tant et ce qu’elle y trouvait. Leur beauté dépassait même ceux de mes fleurs, les roses odorantes ou les dahlias aux formes étranges. Mais non, en réalité chaque chose à sa propre beauté!

J’ai pris mon appareil photo pour essayer d’immortaliser les feuilles brûlant presque sous le soleil de l’après-midi, la lumière les transperçant, et d’un coup, j’ai aperçu dans la fenêtre de l’objectif pleins des autres objets entourant les quelques branches sur lesquelles mon attention s’était fixé à l’exclusion de toute autre chose. J’ai dû m’approcher, sortir dans le jardin pour tenter d’imiter ce qui restait dans ma mémoire.

Je verrai si j’avais réussi, mais l’intéressant est comment nous (moi) filtrons, excluons du tableau complet tout ce qui ne nous intéresse pas. L’arrosoir, le toile sale, les fauteuils, les arbres verts de bignon, je n’ai perçu rien de cela avant prendre l’appareil en main, toute fascinée par les feuilles vus de l’autre côté que les rayons de soleil dont je ne voyais que l’effet.

Je ne sais pas si tous sont comme moi, mais je me concentre souvent sur ce qui me frappe, ne voyant pas ce qui l’entoure. Mais depuis que j’écris et je photographie, je regarde davantage.

C’est bien. Mais je dois aussi bouger beaucoup plus.

7 octobre 2003

Hier je me suis régalée: enfin j’ai réussi à utiliser mon scanner acheté il y a deux ans, avec Annelise et Ion. Avec ceci et l’imprimante couleur, (qui a osé de nouveau se plaindre du manque de l’encore!) je peux faire des photocopies. Égayer mes écrits avec des images et illustrations.

Bientôt j’irai prendre madame Filipetto de Anthony, j’avais raison en acceptant qu’elle me ’paye’ ainsi elle ose me demander de l’aide.

10 octobre 2003
Vivre, mais prendre de recul. De plus en plus. Réfléchir, essayer de comprendre ce qui m’était arrivée.

6 octobre 2003

Ion à Londres: aujourd’hui avec Norman. Hélas, aussi ayant attrapé un très sérieux urticaire. J’espère que ce n’est pas très grave

Mes bronches commencent à se nettoyer, mais je touche. Aujourd’hui je ne sortirai pas encore.

Grande joie: je viens de recevoir les traductions en français, très bien traduits, des journaux de Victor Klemperer « Je veux témoigner jusqu’au bout » éditions Seuil. 1000 pages en anglais, les deux volumes font 1700 pages en français. Quel régal! En plus, l’édition anglais s’arrête à leur arrivé chez eux, le 14 juin, celui-ci contient aussi le reste de juin à décembre 1945. Encore avec lui un bout de chemin! 58 euros, j’avais hésité, heureusement pas trop longtemps. Maintenant je réfléchis à qui je devrais encore offrir ce somptueux cadeau.

Il a commencé d’écrire, journal ou chronique de sa vie, à seize ans et il ne s’était pas arrêté que trois mois avant mourir. Le seul dommage est que c’est l’éditeur qui décide quoi mettre à côté: il ne vit plus.

Hier, j’ai lu comment Màrai est mort. Il avait appelé la police le prévenir de son suicide juste avant de se tirer une balle dans la tête pour s’assurer qu’il ne sera pas retrouvé par la famille ou la femme de ménage ou un voisin.

Les deux hommes ont écrit jusqu’au bout, mais Màrai avec plus d’attention.

Klemperer, dans les années nazi, au péril de sa vie (mais aussi ceux dont il parlait dans son journal).

Tous les deux, devenus connus, édités, traduits, nettement plus après leur vie, après 1989. Après.

2 octobre 2003

Quelquefois on voudrait étirer le temps, autrefois il s’envole sans qu’on se rend compte. Depuis hier, avec une bronchite pharyngite virale, le temps passe trop lentement. Je respire avec difficulté et j’attends que les trois premiers jours ’les plus difficiles’ d’après la doctoresse, passent.

Je suis au milieu, un tout petit mieux que hier, mais est-ce ma maladie va se comporter sagement, après prévisions? Me laisser vivre (ou au moins vivoter) et penser à autre chose que le nez qui coule et par où puis-je respirer maintenant?
J’arrive à lire, un peu, dormir, de temps en temps. Manger, peu - ceci me manque le moins.

Pas vraiment travailler.

Heureusement, ce n’est pas grave, mais je suis tellement seule: qu’arriverait si une maladie plus grave me terrasse un jour? Et je suis loin de Paris, je n’ai pas des amies près. Annelise travaille de nouveau et Lionel est encore en Angleterre pour quelques jours, en plus, ils ont des enfants à s’en occuper.

De tout de façon, comme le virus est contagieux pendant les premiers trois jours (d’après le docteur ensuite non), je ne voudrais pas infecter personne, le repasser à un autre. Donc, patienter.

Samedi, je sortirai, à la pharmacie ou je demanderai un peu de l’aide. Depuis ce matin, ma gorge me fait aussi mal.

C’est passager, passager. PASSAGER.

Mais le temps passe lentement

Bon, je vais essayer de lire de nouveau.

Je ne me suis endormie qu’à une heures de matin, mais avec deux réveils au milieu de la nuit, j’ai mieux dormis que la nuit d’avant.

Journal de sept. 2003 à juin 2004

10 mois : « comment j’ai tombé dans les images et la photographie)
Septembre 2003

J’aime ce carnet, avec ses feuilles vélins, un peu jaunes et sa couverture imitation peau beige claire. Le toucher est important quand on écrit - aussi.

Hier, j’ai emmené les trois cent pages de ‘Au-delà du rideau de fer’ à l’imprimerie. Hélas, aussitôt arrivée à la maison avec le résultat, je me suis rendu compte que c’était trop large, difficile à lire et j’ai même trouvé des erreurs de grammaire dans le texte. Et puis, les styles ne sont pas assez homogènes.

Je me suis trop dépêchée le donner.

Il aurait suffi l’exemplaire, une seule, celui imprimé par moi, reliée, pour le constater. Mais si je me mets sérieusement, je peux corriger et réimprimer de nouveau, elle m’a dit qu’ils ne s’y mettront pas avant la semaine prochaine. Nous sommes seulement jeudi.


Puis, il me faut absolument aussi des journaux rassemblés, minces, un à un, pour m’inciter, me donner le courage de relire, réfléchir. Ajouter ou couper les souvenirs ou les placer à la fin. Voir, déplacer ailleurs.

Tout doit mûrir.

Je voulais rajouter, et il le faut, le récit de perte de religion, et hier soir je me suis rendu compte qu’il n’est pas complet, hélas, qu’en décrivant aussi le « jeu à la docteur » avec Edith, la raison que ses parents m’ont pris en grippe. Maman, leur avait reproché cet amusement proposé par Edith, je lui avais raconté naïvement notre jeux. Combien nous avions, onze ans? Douze ans? Après, on lui a même interdit de jouer à la balle avec moi, ensuite, on m’avait interdit même l’entrée dans leur cour. Sans cette épisode, on ne pourrait pas bien comprendre leur attitude après notre confirmation. A l’époque, je ne fis pas le lien, je me suis dit que c’était parce que mes parents n’allaient pas à l’église.

Cette épisode va ajouter l’humour nécessaire à la drame de la perte de dieu et l’exclusion ressentie.

Oui, il faut donner du temps aux récits de mûrir, s’approfondir. En soi, sur le papier. Alors, pourquoi je considère que les entrées de mes journaux sont lisibles, ‘tel quel’? Ils ont un autre intérêt, l’immédiat. Les sentiments mis, l’expression fraîche.

J’ai l’impression que depuis un temps ’je sens mieux’ les genres, est-ce depuis que j’ai écrit le récit « O putin »? Ou est-ce les corrections gentils de Gabrielle? A quatre ans, elle « sait »! Les genres et les bonnes expressions française, mais surtout avec plus d’attention au accords des genres et aux expressions.

J’ai commencé à créer une nouvelle forme de journal, imprimé en couleur, combinant ce que j’avais écrit avec les photographies de ce dont je parle dans le texte.
J’y suis horrible, mais c’était il y a un an. Et les fleurs, David, les objets sont très bien. Le tout, l’idée, me parait intéressante.

23 septembre 2003

Il n’y aura pas de départ.

Dès le début ce chef ne paraissait pas sérieux. Mais elle a recommencé à travailler (après deux ans) et mon petit fils vient de commencer l’école maternelle.

Le hurricane, transformé en torrent tropical à Washington, n’a pas fait des dégâts chez Agnès, mais ils ont manqué d’électricité plusieurs heures (jours ?).

J’ai terminé la réimpression des 276 pages de « L’autre côté du rideau de fer ». Ouf. Mieux qu’avant, même si ce n’est pas encore tout à fait ça. J’ai introduit quelques nouveaux souvenirs et les lettres de maman.

Je viens de finir lire les journaux de Márai et les 1000 pages de journaux, 1933 – 1945, de Victor Klemperer, allemand protestant, d’origine juif, marié à une chrétienne courageuse. À couper le souffle.

Le mien est plus intime, néanmoins non inintéressant. Je ne crois pas me leurrer dessus, même s’il n’y a aucun écho depuis février de l’association et ils n’ont pas daigné publier les titres de mes volumes.

Écrit sur l’intérieur de la couverture.

Je me sépare toujours difficilement d’un cahier. Que faire? Les pages sont terminés. (Mon français s’améliore.)

Je n’ai pas relu ce cahier, mais je souris beaucoup plus qu’il y a dix mois et, entre autres, la préparation des cahiers (même si je n’ai pas d’écho officiel, j’ai eu des lecteurs APA), m’a fait du bien. Et j’ai reçu cet été une merveilleuse lettre d’une ville proche de Grenoble, d’un homme ayant lu «les éveils».

J’ai lu récemment pas mal de Mémoires, les uns plus intéressants que les autres. Ils sont bien, mais les bons journaux sont comme des romans policiers, plus vrais, plus immédiats et nous avons le trac avec l’auteur ne sachant pas ce qui arrivera. En réalité, les uns comme les autres peuvent être bien et chacun d’eux nous conduit dans un autre monde qu’on découvre avec émerveillement. Quelquefois, une petite phrase, un détail, nous fait découvrir la culture, la mentalité, les préjugés d’antan; les horreurs ou les joies de l’auteur qu’il nous permet de vivre avec lui.

Merci !

2008: que c'est curieux de lire ces lignes juste le jour avant mon départ, et quand la famille est déjà arrivée là, aujourd'hui les petits commence le Summer School! Il fallait attendre que les choses murissent: cinq ans et au lieu de NY c'est Londres, mais le rêve (mien, le sien, le leurs?) s'est réalisé finalement.

13 septembre 2003

Très bonne discussion hier avec Lionel. J’ai compris qu’on ne partira pas cette année.


Il va à New York et Kansas City la semaine prochaine, à Genève la semaine suivant, à Londres le début octobre (alors il saura oui ou non du départ) et s’il y a de place pour lui, assister à un séminaire avec Norman la première journée au milieu d’octobre.

"Mon chef aime le fait que je n’hésite pas à dire quand quelque chose ne me plaît pas, dit-il. Ensuite, cinq autres disent aussi «ça ne nous plaît pas à nous, non plus» - mais avant aucun n’osait l’exprimer. J’ai aussi compris que l’essentiel est de convaincre, non ce dont quoi l’on convainc, en cela on lui fait entière confiance (presque). Mais ensuite, les divers groupes, partout dans le monde, doivent appliquer – si on veut une 'look unie' de la société." il m'a raconté, en gros.

Il a commencé à prendre en sérieux son début d’embonpoint. Je le dois aussi, même si chez moi ce n’est plus un début. Sports, bouger! Demander de l’aide. Aller aux docteurs. M’occuper plus de mes petits enfants.

C’est samedi matin, il fait beau. Huit fleurs différentes dans mon jardin.

Le mari d’Isabelle avait raison bien sûr : une fois coupé, les plantes tentent de se rattraper et se développer dans d’autres directions. J’ai coupé selon ses conseils, mais la peur au ventre, mon beau rosier jaune à environ un mètre de sol et depuis pleins de nouvelles branches ont poussé et de nouveau c’est plein de bourgeons.

L’ancien dahlia couleur feu a enfin fleuri et la rose claire aussi un peu plus loin. Une rose, rose claire, près de la bordure et toujours des bignones. Trois touffes de gueule de loup des couleurs différentes. Les petites fleurs bleues et d’autres, différents, blanches. Même la plante vivant sur d’autres a ouvert des entonnoirs blancs. Et celles, rouges et blanches ou bi-couleur, poussés sur le bord de béton à l’entrée, curieuses, s’ouvrant à l’ombre matin et soir et se fermant devant la pleine lumière. Quelques bignones, orange, arrivent jusqu’à ma fenêtre (et obscurcissent le ciel). Cette nuit pourtant la lune, presque pleine, est entrée par la fenêtre ouverte, est venu en visite sur mon lit et m’a réveillée.

PS 2008: et moi, en quelle direction vais-je me développer?

11 septembre 2003

Il y a deux ans, l’horreur à New York et beaucoup de courage, abnégation aussi. J’étais en Roumanie souffrant encore d’affres de débuts de séparation, David faisait ses premiers pas.

Quelle distance parcourue depuis !

Une chance (est-ce?) aussi que nous irons tous à New York: Lionel avec sa famille et moi ensuite. Pour lui, il parait évident autant qu’à moi. «Tu ne vas pas rester seule en France si tes deux enfants seront l’autre Atlantique.»

J’espère qu'il n’a pas abîmé sa chance (j’espère) d’y aller. Nous le sauront probablement à la fin du mois. () On me disait, même Stéphanie et Lionel, que François était bon «seulement malade». Seulement malade? Est-ce la maladie (nerveux ou autre) permet d’excuse, n’importe quoi? Maman était bonne jusqu’à la fin, souffrait avec ceux qui souffraient, se réjouissait de leur joie, ma joie. Malade nerveuse, depuis un temps ou seulement souffrant de douleur et obsession (même si l’infidélité et l’abandon psychologique étaient vrais). Elle était bonne jusqu’à moelle épinière. Très peu égoïste, sans jamais se réjouir de mal de l’autre. Sans se regarder seulement son propre nombril.

Journaux de Márai et de Klemperer

27 août 2003

À la là ! Il n’y a plus que trois pages dans ce journal.

Pas seulement que mon fils m’a emmené à temps à la gare, mais il a eu même l’attention de mieux fermé la dernière minute mon sac au dos. Que dieu lui donne une longue vie, heureuse. Ou le sort. Les gens.

Les écrits de Márai m’ont bouleversé.

Je suis sur le train vers Toulouse. Depuis que j’ai décidé de divorcer, il y a deux ans, je n’ai pas été chez Stéphanie.

Pourquoi sont-ils assis presque tous dos vers la direction et presque les uns à côté des autres ? Encore sept minutes, le train partira.

Márai voulait emporter avec lui dans l’émigration quelque chose de Hongrie : pendant une année entière il lisait les œuvres des écrivains hongrois « de deuxième rang », a pris en lui le prose et les vers bien écrits, savoureux. Il savait que dehors et loin il pourrait ainsi mieux continuer écrire en hongrois. Bien sûr, il était déjà presque 50 alors, moi je n’avais que 15 ans quand je me suis arraché de la Transylvanie, de l’environnement de langue hongrois. Je n’écris hongrois que rarement (comme ici) et seulement quand je pense en hongrois maintenant c’est sous l’influence des livres de Marai. Mais déjà, le mot «sous influence » j’ai du chercher tout à l’heure. Mes réflexions et phrases arrivent déjà plus facilement en français. Pourtant, là je ne suis pas tout à fait chez moi, non plus. Hélas.

29 août, vendredi

Ce matin, Stéphanie tremble, à peine peut-elle marcher. Je la regarde. Petite, toute blanche, encore maigrie, un rien la détruit.
Non, pas rien! Un gâteau trop sucré et une fatigue d’avoir dû rester debout plusieurs heures hier après-midi dans la poussière et éclats de bois. C’était trop.

25 août 2003

En lisant (re) mes journaux pour les corriger avec mon français d’aujourd’hui (je suis arrivée à mes 23 ans), en regardant aussi l’original hongrois, j’ai eu une joie inattendue, oublié depuis longtemps : ils sont bons, intéressants. Ils reflètent bien ces temps-là dans mon développement, mais aussi des circonstances dans lesquelles j’ai vécu.

Oui, il n’y avait de liberté de parole (en public) ou d’écriture et souvent je n’y ai mis que de demi mots. De toute de façon, les problèmes d’approvisionnements alimentaires ne m’intéressaient pas assez pour que je m’y attarde, même quand ils empoisonnaient certains jours.

J’ai bien écrit des tramways bondés, de la haine, des gens retenus en prison sans aucune faute, de la perte de la foi (après une longue agonie). Sinon, tout à fait humainement, chacun s’intéressait pour sa personne et sa propre vie. Comme toujours, partout.

On s’habitue à faire la queue et donner de bakchich pour un meilleur morceau de viande quand enfin notre tour arrive. Avoir peur de la police et tout édifice officiel. Voir les débrouillards passer devant vous, obtenir ce que vous rêviez. Ne plus croire à rien dans les journaux. La bouche à l’oreille.

Se préoccuper de sa survie.

Pour moi, les examens. Un garçon. Les premiers baisers passionnés. Simon m’enflammait, c’était la combustion, étincelle instantanée et je jouissais sans me rendre encore compte. Je me croyais froide, ha ha ! Avec lui, je fondais, m’enflammais, brûlais. Même si j’avais refusé à lui 'céder'.

Avec Sandou, plus tard, c’était comme entrer, lentement, progressivement, dans un lac tiède, familier. D’abord, de toutes petites vagues et sans se rendre compte on allait plus loin, sans se rendre compte les vagues s’agrandissaient et devenaient plus chaudes. Ce n’était jamais, presque jamais, la combustion, flamme instantanée. Peut-être à cause de cela justement, il n’y eut non plus ni regrets ni dégoûts.

J’avais confiance totale en lui.

Je me suis laissé berner, les yeux fermés. Mais probablement, souvent, il était même sincère. Et il ne me trompait pas sous mes propres yeux comme Simon à la fin. Encore longtemps, au moins.

En corrigeant, à ma façon, j’introduis probablement des nouvelles erreurs, fautes grammaticales qui feront grincer les oreilles ou yeux des français. Mais il deviendra plus authentique et j’ai dans ces textes une mine pas encore tout à fait épuisée.

Par exemple, fin juillet 1957 j’écrivais: ils ont confiance en moi (père, Simon) et j’espère qu’ils ne seront pas déçus, je ne tiens pas ce que je ne promets pas.

Par la suite, je ne me donne pas à Simon (qui l’espérait encore) et je franchis le pas avec Sandou (que mon père espérait éviter). Ils ont cru, mais je ne l’avais pas promis…

19 août 2003

Avec une température plus normale, j’ai recommencé à travailler.

Non, on ne peut pas faire de mémoires à la place des journaux – au moins pas les premiers. On peut ajouter des récits, ce qui manque, du contexte, mais ce que je croyais alors, aveuglée, on ne peut pas mieux l’exprimer !

16 août 2003

De 39° tombé à 24° d’un coup, comme si c’était froid. J’ai survécu en végétant. Maintenant : action!

  • Maigrir.
  • Nettoyer, faire d’ordre à la maison (c’est facile, Julie !)
  • Travailler de nouveau et aussi réfléchir.
  • Appeler Slava, demander quand c’est mieux pour lui.

En plus, ne pas penser en quelle langue j’écris, m’exprimer comme me vient la plus facilement, sur le moment. (Cette entrée est commencée en hongrois, jusqu’ici.)

Il paraît que depuis 50 ans l’été n’a pas été aussi chaud. Enfin, momentanément au moins, la température est tombé de 15 degrés cette nuit. Non. C’était d’abord 4 ou 5 un jour, puis le suivant et le suivant. 3 fois 5° = 15.

Que la chaleur revienne… un peu ?

Que la fraîcheur dure ?

Nous ne sommes jamais vraiment contents de ce que nous avons – ou alors pas assez longtemps.

S’occuper aussi des photos et réclamer celles manquants. Agrandir ou imprimer les meilleures. Toutes les photos ne sont pas bonnes, c’est normal, mais j’en ai fait certains fantastiques cette fois. En arrangement, mise en scène, profondeur, thème, couleurs, expressions.

Des dernières. La photo d’Alexandre, compagne de Bernadette. Celle de la tête des deux filles, blond et brun, penchés vers l’eau. Les arbres s’éloignant sur la route. L’auberge ‘à la Maurice’. Mais surtout la jeune fille et jeune garçon discutant sur la rue en se tenant loin.

***

Budapest, Hongrie. Ils rendent hommage à leur révolutionnaires et aussi aux victimes massacrés, d’accord. Mais d’abord, on les a tués. Le culte des révoltés reste, non, revient. S’imprègne de nouveau dans la jeunesse.

***

Quelle est mon ' ombre'? Mon côté soleil? Les deux Julie et Judith? Ou J. et Eve? Juliette? Il y a plus d’une personnalité, plusieurs facettes dans chacun de nous.

Je sais travailler très sérieusement – mais aussi me prélasser. Me concentrer, mais aussi regarder autour. Chaude, mais aussi implacable (quand on me marche trop sur les pieds.)

Je ne crois d’ailleurs que l’Ombre est mauvais, négatif : on a besoin des deux. La Lumière et puis aux coups durs de la Force. Réfléchir ce que déclenche la sortie de l’un et de l’autre. Non pas qui mais quoi.

D’abord, relire et réviser mes journaux. Puis autobiographie (ou mémoires) et notes de voyage.

Ceux de Slava ressemblent à celui écrit par moi lors ma première visite à Budapest, bons juste pour moi et me rappeler par où j’ai passé.

L’important n’était pas là !

L’important était dans les longues promenades en ville, une fois jusqu’à trois heures de l’aube, avec Agnès Déri et le café avec le pianiste jouant en sourdine et la cathédrale où je me suis engenouillée sous la musique de l’orgue et la lumière des vitraux, avec dévotion, émue. L’amitié. L’entant. Et le cabaret où l’on osait blaguer sur ce qui se passait.

C’est de nouveau une énumération. Le défi consistera de bien décrire ces quelques instants, les faire revivre sur papier avec leur atmosphère sublime, inoubliable.

Lionel, Annelise et les gosses sont en Roumanie pour dix jours. Ils survivront à la rencontre avec de la famille, puis se baigneront dans la chaleur d’Alina et les siens.

Photographier le même sujet trente fois, peut donner de nouvelles perspectives, idées. Davantage, regarder vraiment autour de soi. Les photos disent ensuite même ce que sur le moment on ne voyait pas. Par exemple la distance à laquelle ils se tenaient pendant qu’ils parlaient. Les expressions. Le plus qui s’y glisse.

Il faudra mettre le scanner acheté il y a deux ans en marche et faire le premier livre photographies et textes parlant de ma vie «après». APA ou non, je trouverai ensuite des lecteurs.

Commencer. Puis on peut toujours réviser. Heureusement. Aujourd’hui. Grâce aux PAO et aux années qui me restent encore.

Pas 24, ce matin il était 18° dehors : 20° de moins qu’il y a seulement deux à trois jours.

6 août 2003

C’est bon à la maison, même s’il fait 39° à l’ombre à sept heures de soir (mais 33 dans la pièce derrière les volets) et à l’aube frais, 27° avec les fenêtres ouvertes.

Je fais ce que je veux et mange aux heures désirées et personne n’est là pour me condamner.

Travail pour d’autres signifie coudre, laver par terre ou réparer le frigo, travail pour moi est d’écrire, corriger. Aussi photographier, observer. Détente n’est pas la télévision, mais la lecture. Chacun avec sa vie. Enfin, moi avec la mienne.

Même si madame Filipetto me dit d’un ton de reproche «Vous n’avez pas fermé un de vos volets». C’est vrai. «Et je ne savais pas que vous êtes revenue, avant que madame T. me le dit.» Il y a plusieurs qui voient ce se passe donc (à l’extérieur de la maison.) Et «je suis venu voir si c’était vrai». Bien. Quant aux volets, je devrais avoir aussi partout, sinon ils ne sont que symboliques (ou comme signaux à mes voisins.)

Et oui, je ne voulais pas qu’on puisse savoir facilement que je ne suis pas à la maison. D’où un volet ouvert devant les marches menant vers la cave. Et les ordures que mme. Filipetto me les a sorties, et le courrier que mon fils était sensé de ne pas laisser déborder de la boîte à lettres (au moins, prendre les livres arrivés.) Sinon, je me refuse le sentiment d’insécurité depuis ce nuit de panique à cause des pas entendus de l’année dernière.

3 août 2003

Je relis le début de ce journal: que de chemin parcouru depuis! Que des aventures. Comme si je n’étais plus la même qu’à la fin de l’année dernière: je me suis plongée dans la vie. Et que des photos – souvenirs depuis!

2 août 2003

Un nouveau beau matin, six heures et demie à la compagne. Sous la tente, Annelise et Alexi dorment, dans la maison, tous les autres.

J’ai réussi à me préparer un expresso, mangé des Tucs salés et une bonne poire. Relue et corrigé mon texte sur la Culpabilité. Comme Annelise a mis mon sac et le papier s’y trouvant (et aussi l’ordinateur portable) dans la pièce bureau où dorment maintenant Bernadette et Alexandre, je n’ai pas sur quoi écrire le troisième volet des 'frères' qui sera finalement sur mes 'camarades biens pensants.'

C’est l’avantage d’un contraint extérieur, il stimule et donne des nouvelles idées. Je crois que je serai capable décrire ma vie entière avec le motif 'frère, fraternité' vu en large, bien que ou parce que je n’ai pas eu de vrais, de sang. Peut-être, je les aie toujours cherchée.

1 août 2003

Ce qui me fatigue davantage est quand on me dit ce que je n’aurais pas dû faire ou dire. Et il faut passer encore cinq jours entourée. À ne pas parler de ce qu’on ne me dit même pas des «j’aurais dû».

Près du Lyon

31 juillet
La nature. Manger dehors. Une minute, une chaleur étouffant, et peu après, regarder de l’abri de maison mais la porte ouverte les grêles sauter dans l’herbe fraîchement coupée.
«Et mon fils à la colonie?» était le premier souci de sa maman toute suite après «les grains de raisin grandis seront abîmés, éclatés.»
Quelques minutes, le soleil revient, puis une averse encore plus forte.
«Pour nous, c’est bien. Cette année, il n’a pas plu ici plus de six fois et l’on n’avait même plus le droit d’arroser. Sauf les plantes qu’on vend.»
Une piscine, Gabrielle nageant presque seule, de plus en plus courageuse. Un dîner avec des formidables courgettes: le vrai goût naturel! Mais que de travail et connaissance pour ce goût 'naturelle'! Tant en choisissant le grain, le cultivant, soignant (lui), qu’en cuisinant au vapeur (elle, la sœur de ma bru.)
Et le goût exquis et fort différent des deux tomates que son mari m’a cueilli spécialement le dernier minutes! Un vert, un jaune. Un allongé, l’autre arrondi. Je ne savais pas qu’il y avait autant de variétés des tomates, et oui, et tant de savoir qu’il puisse avoir pour cultiver légumes et plantes!
Un barbecue avec fin herbes (vraiment fin et délicats) cueillis fraîchement. Quelle journée!
Voyage, oui, de huit heure le matin à deux heure d’après-midi, mais avec pas mal des haltes et sans embouteillage. Fatigue. Les enfants bons, mignons. Annelise conduit sûre d’elle, bien. Moi aussi (après les 15 minutes nécessaires pour la prise en main de leur voiture). Courses au grand magasin.
Mais rien tel qu’une bonne tomate sans sauce ou une courgette au vapeur.
Aujourd’hui, nous allons à Ambrieux. Je pourrais au moins me l’imaginer. Et peut-être, en revenant, nous passons par Saint Didier sur Chalaronne qui m’a accueilli en France en 1963. Oui, déjà quarante ans!
Je suis allée voir le potager caché du jardin par des petits sapins, tapis juste derrière eux. Il ne paye pas de mine, mais sans être «tape l’œil», quelles richesses cachent-il! Même des poivrons. Le reste, il faudrait me les expliquer.
Un coq chant au loin, la maison dort. Quelle heure peut-il être? Très tôt, probablement.
Au loin, la colline inondée de soleil me sourit. C’est bien à la campagne!
Et mes souvenirs étaient exacts, c’est un jeune homme très intéressant et plein de profondes connaissances. Et sa femme, nettoie par terre, s’il le faut vingt fois par jour: tout resplendit, mais sans nous dire (au moins à nous) «faites attention».
Un saule pleureur au coin gauche, un bouquet de géraniums roses que le soleil éclaire plus le petit nuage assombrit un instant. Il y a une paire d’oiseaux au-dessus de ma tête. Des voitures ou tracteur passent au loin. Je me sens bien.
***
Nous avons été aujourd’hui à Ambrieu.
Bien sûr, le bibliothécaire était déjà parti en vacances et tout été fermé, déjà fin juillet, une journée d’avance. La promenade était belle quand même. Je croyais Ambrieu un village (et père Vanet paysan), non, c’est une petite ville entourée des collines (et lui propriétaire d’un restaurant, retraité).
À douze heures pile, tout était fermé. J’ai réussi à acheter de pellicules mais pas de cahier, ni du papier. Au retour, Bernadette (mère d’Annelise) et Alexandre étaient déjà arrivés. Ai-je froissé avec quelque chose ceux d’ici ou sont-ils seulement préoccupés? On verra.
Je dois bouger, m’exercer plus, un peu de monté et descente à pied m’a trop fatiguée.

17 juillet 2003

Hier nous avons mangé ensemble, Ion m’a raconté sur son travail comme conseillant et encourageant les autres. Meilleur développeur que la plupart! Avec sourire: "je dis à chaque fois que je ne suis pas développeur" (il est ergonome, s’occupant d’améliorer l’interface avec l’utilisateur). À cause d’une compréhension profonde des principes de HTML, XTML, STML, Javascript mélangés pour faire un seul «cascading sheets» (arborescence) etc. il sait et aime les créer. Il a en plus un énorme atouts, qu’il aille à New York (Time Square!) ou qu’il reste près de Paris. S’il va (20% me dit-il) c’est pour minimum cinq ans, lui avait dit son chef de là-bas. Mais il veut revenir en France et ne pas aller que dans ses conditions.

Nous verrons ce que l’avenir dira. Sort feraQui sera, sera. Il joue, lui, cool: je l’ai admiré.

Agnès m’a appelé aussi hier, ils viennent de rentrer après des vacances de dix jours d'Outers Banks of North Carolina. Que de souvenirs j’ai de là! Puis, son mari l’a interrompu: il a besoin de ligne de téléphone, il m’a permis de t’appeler avant qu’il recommence à travailler. Il n’a pas eu patience d’attendre encore quelques minutes. C’est ainsi Julie, et pas autrement.

Je suis heureuse qu’ils ont eu tous des bonnes vacances.

J’espère qu’il sera la même pour Lionel et sa famille en Roumanie. Il y vont pour une noce familial, puis à Predeal avec Alina.

Non, je ne trouve pas que Daniella a brisé notre mariage (il pourrissait déjà), c’est lui qui a brisé sa vie et ses fiançailles. Qu’elle a voulu sortir de la Roumanie, avec lui ou non, il représentait la tentation davantage que sa jeunesse pour lui. D’après ses lettres, elle était plus éprise que lui (mais je n’ai pas lu les siens.) x

Même si c’était à cause d’elle que Sandou a repoussé mes avances avant son départ de lac de Guarda et provoqué la fureur qui peu de semaines plus tard a alimenté ma décision de rompre définitivement notre mariage. La jeune femme était seulement le prétexte que j’attendais depuis longtemps, elle me permit de m’en sortir d’un mariage pourri et des mains d’un homme dont j’avais peur. Et lui, ce n’est pas de peur de la famille, comme je croyais à l’époque, mais pour la protéger, elle, qu’il a accepté notre divorce discret 'à l’amiable ou à torts'. Il a dû l’aimer plus que je me le disais avant.

Il aurait voulu quand même tout. Épouse, famille, mais l’amante aussi. On ne peut pas tout avoir (pour longtemps) dans la vie, ni d’aimer bien deux, ni être aimé par deux durablement. Il est resté sous deux chaises, sans l’une ni l’autre.

Thème pour écrire dans le futur: d'un livre lu récemment. Quel est mon credo?

L’important n’est pas seulement que du bon sort quelque chose de pourri ou l’inverse et que la roue tourne. Non, finalement en ce que j’ai cru est que bien qu’il tourne au vinaigre (à chaque fois), cela vaut d’aimer. Avec passion. Y croire à chaque fois et s’y mettre de tout son cœur, corps, âme.

On se rend vulnérable, on va souffrir aussi, déçu à chaque fois, d’accord, à la fin ou même longtemps avant, mais que des joies!

Joies des sens, oui. Joie de cœur. Joie de l’âme. Enchantement. Plus on y met, plus on donne, plus on imagine, espère, croit, vit dedans, plus il nous apporte de richesse intérieur.

À cause de Moïse, j’ai rencontré Alina. À cause d’Abe, je suis parti aux Etats-Unis. Nicolas m’a rendu confiance. Pierre? À cause de lui je crois qu’il y a aussi des hommes bien dans cette vie. Simon m’a fait découvrir, s’ouvrir à mes sens, m’épanouir. Sandou m’a appris à aimer le sexe et m’a donné deux magnifiques enfants. Et certains moments me comblant. Paul, le plaisir de dormir ensemble tout près et les promenades main en main dans la forêt.

F. trop près encore pour y songer, mais nous avons eu des joies ensemble, sinon je ne l’aurais pas supporté si longtemps. Je suis devenue plus femme et moins amère que j’étais après Paul. Peut-être, rencontrerai-je encore un Pierre, sinon, vivre vaut la peine. Plus que végéter de peur de se brûler.

Voilà mon thème.

Comment l’exprimer pour mon journal ou mes récits ?

Y réfléchir.

La petite fille échappée

16 juillet 2003

En juin 1944, les ressemblent, et emportent des juifs hongrois, vus par les yeux de Sándor Márai. Une des entrées de son journal :

Un enfant avec étoile jaune, dont les parents et grands-parents ont été emportés de force aux camps de déportation (peu connaissaient alors le nom : Auschwitz) – l’enfant a réussi à s’échapper et vit dans un internat – elle déclame pendant la fête de dimanche un poème. Elle a huit ans. C’est elle qui a choisi les vers.

Elle récite:

Je suis hongroise, je suis née hongroise
Ma nounou m’a chanté en hongrois
Maman m’a appris à prier en hongrois
Et t’aimer toi, ma patrie merveilleuse.

et les quelques gens dans la salle, connaissant le sort d’enfant, assis se figent. Le froid travers les dos des auditeurs. Dans un autre livre, quarante ans plus tard, il parle «d’elle» non plus seulement "enfant".)

C’est vraiment merveilleux. Les journaux peuvent être des témoignages importants; émouvants.

Le froid passe sur mon dos aussi en lisant ce journal 1943 à 1945 de Sàndor Márai. Il avait de 43 à 45 ans et il était très profondément ébranlé par ce qu’il a vu et entendu. Je soupçonne, quoiqu’il ne le dit pas clairement dans ce journal, qu’il n’était pas étranger au fait que cet enfant était là encore et pas déjà parti en fumé.

Ailleurs, il dit "j’espère qu’au moins les enfants auront meilleure condition dans les camps." Hélas. Il soupçonnait le pire sans vouloir y croire.

A-t-on jamais puni ceux qui ont décidé d’anéantir ces centaines millier des juifs hongrois méthodiquement ?

Marai pleure aussi pour Hambourg et Berlin détruites et les habitants ensevelis, tremble pour Paris qui risquait à être aussi détruite mais aussi les vitraux bleus de Chartre et les chefs d’œuvres de Florence.

Quelques heures merveilleuses passées dans un village près de Danube (la même où est mon oncle), aux milieu de la nature tranquille, font comme un contre point pour la lecture de ses journaux. Il avait habité pendant la guerre dans le village où mon oncle est maintenant. Dans son journal il écrit aussi sur ses lectures et ses idées sur l’écriture.

Je ne sais pas ce qu’ils valent ses romans, vers, pièces de théâtre et articles de journaux (il était contemporain avec Rejtö et Kästner), mais ses journaux!

Ce qui manque sur la mienne sont les événements externes décrits et mes opinions sur des lectures (je les fait mais rarement). Mais de l’homme, lui, il ne dit rien ni de sa femme, ses amis, son âme paraît tout préoccupée de l’écriture d’abord, lecture ensuite, puis sa maladie, les bombes qu’on craint, et la tragédie ignoble autour.

Pourquoi tient-il si loin sa femme? Oui. La tragédie : son père est mort ainsi. Et son fils. Il rappelle cela seulement en parlant de long mort de son vieux chien. Il mentionne davantage son chien que sa femme.

Juste quelques lignes inintelligibles sur un être qui se plaignait n’être pas écouté, comprise. «Puis on l’a compris» ajoute ensuite, comme si c’était finalement la pire qui aurait pu se produire.

***

Vingt heure de soir, 34 degrés Celsius à l’ombre ! Chaleur suffocant. Je viens de rentrer, après une après-midi avec mes petits enfants.

J’ai fini le livre de Márai.

Il m’a secoué, il m’a rappelé les massacres.

Trop discret sur sa famille, sa femme, ses amis. Sinon, j’ai quoi apprendre de ce livre. On sent chez lui le chroniqueur. En même temps, cela reste un journal.

***
  1. Il n’a raconté que dizaines d’années plus tard que c’était lui qui l’a sauvé.
  2. Dans ce journal. Dans un autre, trente ans plus tard, j’apprends qu’elle était juive, donc en danger.
  3. Il y avait aussi l’histoire d’un grand poète hongrois qui rendait visite trop souvent dans leur maison. Allusion ?

8 juillet 2003

« Tout construire,

voir tout s’effondrer,

tout recommencer. »

En gros, c’est ma vie. Beaucoup des vies sont ainsi, pas seulement la mienne. On construit, on y travaille, transpire, donne son temps, foi et énergie. Puis d’un moment à l’autre (ou rapidement) tout s’effondre.

D’abord hébété, n’y croyant presque pas, puis révolté, puis en deuil, on doit continuer sa vie malgré tout. On s’accroche au moindre brin d’herbe, on fait de bon ou mauvais choix, on recommence à reconstruire sa vie. Différente. Rien ne serait plus comme avant – ou presque rien.

Le noyau reste, les bonnes amies, les vraies, aussi. Ce qu’on a appris, les souvenirs. Mais même les souvenirs changent, teintés par ce qui nous est arrivé.

En réalité, tout bon roman décrit une lutte semblable, essaie de donner une expérience dont on peut s’inspirer, puiser de courage.

L’expérience commence tôt, en tombant pendant nos premiers pas. Puis, construisant un château que le plus petit détruit d’une main avec délectation.

Pour moi, c’était d’abord l’après-guerre.

Pour mes parents, déjà avant. Une ou deux fois.

Ensuite, mon départ de ma ville natale. J’ai du y laisser toutes mes amies que j’avais réussi à faire après la guerre, y compris ma langue maternelle.

Puis le coup de ne pas être permis m’inscrire à l’Université. Pour mon père, son « disparition » de sept mois déjà. Ensuite, le grand choc après six ans d’études parallèles au travail. Ni diplôme, ni travail.

Plus tard, de tout laisser et partir dehors, en inconnu. C’était moins douloureux: j’avais confiance en moi.

Refaire ma vie en France, puisque presque mourir. Refaire à Ham et puis l’effondrement de l’amour, les trahisons répétées de mon mari. Refaire un autre amour et le voir détruit. La traversé du désert. Longue. Et puis l’Amérique et devoir partir de là.

BIP et sa disparition.

« Lui », avoir cru, disparu amèrement.

Et cette maison: combien vais-je encore y vivre ?

J’ai eu une 'illumination' en décrivant Suzanne et Magdie, mes cousines pour l’atelier d’écriture. La première, était ma vraie « leçon de société », me mettant « à ma place », montrant tout ce que je ne suis pas et ne sais pas faire relative à elle. Et Magdie, la première leçon de partage, de fraternité, amitié vraie.

3 juillet 2003

Une fois que c’est hors de ma main, je ne peux pas me fâcher de l’interprétation de mes textes. «J’ai cru moi aussi» c’est un titre qui donne à penser à certains à 'Bon Dieu' même si dans mon cas il s’agissait de la idéologie communiste. Je parle de mes maris, mais peu de mes enfants, pas assez, mais ils ont regardé probablement les photos. Ce n’est pas la peine de m’énerver de façon qu’APA a présenté mes journaux, sans utiliser les titres soigneusement trouvés par moi.

C’est compensé par le e-mail de Maribelle «j’ai pris en main ton premier journal et je n’ai pas pu dormir» (elle a les premiers deux.)

Qu’aurais-je écrit, moi ?

Croyante, déçu en communisme, enfant, jeune fille sage luttant entre raison et sens, épouse et mère, amante, chercheuse, laborantine, chef d’entreprises informatique, animateur d’atelier d’écriture, bénévole, amoureuse, chauffeur, épouse d’un depresso-maniac plus seule. Ce n’est pas mieux, ni ne paraît plus intéressant. Alors…

J’aurais pu envoyer seulement trois volumes. L’un jeunesse « De l’autre côté du rideau de fer », l’autre mûrir « En traversant les rivières turbulentes », et le troisième allant de « L’automne ensoleillé à Il neige à Paris ». Chacun de 300 à 400 pages.

Mais tel que j’ai envoyé en volumes minces, ils sont plus faciles à prendre en main. Je vais les mettre dorénavant ensemble. Ou alors, compléter chacun avec mes récits. Puis essayer d’en faire une autobiographie ou des mémoires.

J’ai du travail devant moi.

D’accord, le premier paraît intéresser davantage. Mais j’ai survécu Hitler, Staline. J’ai survécu aussi ensuite les déceptions dues à l’homme infidèle m’ayant trahi et aussi la Traversé de désert après Pierre. J’ai vécu la formidable Révolution informatique et trouvée Lui, hélas, malade de nerfs. J’ai survécu être mis au piédestal plusieurs fois et ensuite les efforts de me piétiner par terre, jeté dans la cave (au propre et au figuré).

C’est vrai qu’il y a plus des autres femmes bafouées en France que des jeunes filles ayant vécu là. Mais ce n’est pas 'publier à tout prix' qui est important et j’hésite sérieusement lier le nom d’Elena C. au mien. Je préfèrerai que son nom soit passé dans une trappe et non pas utilisé, repris, remémoré.

Cela ne veut pas dire que c’est incomplet et pas assez souligné : les pourquoi des déceptions et le degré des manques de liberté.

Maman m’a appris à être bonne, aimer les livres et subir les conséquences de mes actes, mais c’est mon père qui m’a appris ou de qui j’ai hérité à rester moi à travers orages et survivre, tenir le cap.

Dans autre ordre d’idées: ai-je perdu Slava avant même de l’avoir? On verra.

Je viens de parler avec mon fils. Il a besoin encore aujourd’hui de ma voiture. Je le savais. Oh, que c’était dur de ne pas lui demander "quoi de neuf?" relatif au départ. Il me dira de lui-même, le cas échéant.

Mais moi et la patience, nous n’étions jamais amis.

1 juillet 2003

L’anniversaire du mariage (premier) à Bucarest. C'était en 1959. Que cela parait loin!

Grande joie : Ion vient m’appeler. Ce matin il me disait un peu abattu « mon chef ne m’a pas répondu, il ne veut pas de moi à New York". Ce soir, (chez eux c'est le midi), il l’a appelé pour discuter. Mon fils lui a demandé 10 % de plus (en tout n fois ma pension), «s’est envisageable» lui a-t-on répondu. Il a appelé d'abord sa femme, puis presque tout suite, moi.

Finalement, il est heureux et surtout, il se sent apprécié.

Elle est aussi contente: "tous les signes montrent qu’il faut partir d’ici", me dit-elle. "Nous verrons le reste".

Affaire à suivre. La suite au prochain numéro. (Le départ se réalise, autrement, 5 ans plus tard)

- Et toi alors ? m’a demandé hier Françoise.

- J’y vais, moi aussi, bien sûr. Comment, on verra…

2008: Jour pour jour, je dirai la même chose. "Comment, on verra". Mais pas à NY, à Londres.