Chère maman

Chére maman, 1 janvier 2004

J'ai écrit à tous cette fin d'année, mais pas encore à toi. Ce n'était pas une année très sereine, parce que j'attendais que nous partons à New York et c'était étirée puis tombée à l'eau. Probablement, dès le début aucune chance qu'il se réalise, mais comme on miroite un mirage devant quelqu'un j'y avais cru. Mon fils aussi. Fini.

En regardant mes autres lettres, je vois que ce n'était pas si vide que ça, l'année! J'ai réedité mes journaux, les a fait lire à quelques personnes. J'ai traduit la tienne. j'ai fait lire celui de ta maman. Traduit celui de ma fille (un d'eux). Un nouveau élan de travail et même quelques souvenirs décrits. Enrichi mon journal avec tes lettres. D'autres lettres aussi que j'ai toutes traduits mais pas encore ajoutées.

J'ai passé deux jours merveilleux à Marly rencontrant plein d'autres de l'association Autobiograpique. J'ai lu de nombreux journaux, autobiographies et mémoires. Certains comme celui de Klemperer et celui de Màrai, inoubliables.

J'ai passé trois semaines magnifiques avec Alina en communiquant et discutant. Mêmes nos disputes remplis d'amitié. Convenir qu'on n'est pas d'accord sur certains sujets et ne pas s'offusquer ni mettre son ego sur la ligne, accepter qu'on aime quelqu'un tout autant même si n'est pas de même avis, oui, c'est formidable. L'accepter vraiment. Avec ses curiosités, bizarreries, faiblesses. C'est aimer vraiment, une vraie amitié réciproque. Se réjouir de son plaisir. Comme au Côte d'Azour. Elle était tellement contente d'y être!

Agi Déri aussi, quand je l'avais emmené à Okrakoke en Nord Carolyne, elle savais aussi tellement savourer le voyage et toute que nous avons vu là-bas. Différemment. Chacun après son caractère. Mais les deux m'ont fait confiance que je leur montrerai ce qu'est à voir. Intéressant.

Je me suis senite bien à Monaco, où ai-je mis les photos prises là? J'en ai pourtant fait. Moins à Nice, sauf la rencontre dans le parc avec Luci et une promenade. Aucune à Cannes. J'avais encore mal au pied foulé et j'ai laissé Alina se promner plutôt seule à Paris aussi. Les Trianons, Versailles, nous l'avons fait ensemble.

Le printemps j'ai visité mes petits-fils et ma fille. Acheté des livres. Me suis imbibée dans l'atmosphère américaine que j'aime. Aidé deux jours dans la classe de ma fille.

Une mois plus tard, Alina est arrivée chez moi. Une mois avant, spectacle de théâtre avec Slavia.

Aussitôt Alina partie, Hongrie et oncle Laci, Budapest. J'ai même retrouvé la cave où nous étions cachés l'hiver 1944 / 1945 à Rozsadomb (de l'extérieur).

Au retour?

Fin juillet près d'Ambrieu en famille, et je suis aussi retournée à (passé par) Saint Didier sur Chalaronne, où nous sommes arrivées en octobre 1963 en France. Début septebmbre, j'ai été chez Stéphanie à Mirepoix le Tarn. En août, cachée et sans bouger survivre la canicule, heureusement avec plein des livres à lire, je l'ai surtout passé en compagnie de Klemperer (ses milles pages des journaux).

Au lieu de m'en acheter encore et encore, j'ai commencé à relire les anciens livres. Ceux qui m'ont fait réfléchir, ce qui m'aident à écrire, tout comme ceux qui m'aident à oublier ou à rêver. "Croire aux rêves impossibles."

Certains se réalisent, d'autres disparaissant dans la fumée. Quelques unes sont impossible voire non durables. Ce n'est pas une raison à ne plus rêver, ne pas désirer.

Cette année, j'aurais 70 ans.

En six mois. Je ne suis pas "vieille" relative aux 96 ans de mon oncle, 90 de Stéphanie, pour eux je suis 'jeune'. Tout est relatif. Le plus important est de ne pas "mourir avant mourir" comme disait Stéphanie. Ne pas vieillir d'intérieur. Laisser vivre cette enfant qui reste ne nous, le laisser développer, se laisser tirer par sa curiosité, son courage et optimisme.

"On peut recommencer et tout peut arriver à n'importe quelle âge et en n'importe quel circonstance". Ce n'est pas ce que Andrea Kane dit, mais "à nouvelles commencements à n'importe quelle âge, n'importe quelle stage de vie, et tout l'espoir et promesse qu'elles représentent". Voilà une bonne citation à découvrir, même dans un livre assez faible cette fois (elle sait mieux écrire d'habitude). De ce livre, je ne me souvenais même plus. Mais la citation me convient tout à fait ce début d'an 2004.

J'étais un "late bloomer" comme sa héroïne, s'ouvrant tardivement. J'espère être durable. Persistante je suis. Peut-être d'autres poussent fleuriront sur le tronc de ma vie encore. Sinon, sur ceux de mes descendants.

"Faut dire, qu'on ne nous apprend pas à se méfier" dit Brell dans une de ses chansons avec lesquelles j'ai commencé mon premier jour de l'an.

Mon oncle Laci vient m'appeler. Le 26, sa femme a cassé son bras deux fois en tombant, son fils Tamàs était emporté à l'hôpital. Maman, aura 97 ans. Mon fils vient aussi m'appeler.

Pleines des choses arrivent. Heureusement, alors presque rien à moi. Ni de mal, ni de bien. Je dois me réjouir.

J'ai réussi à faire redemarrer le dvd Brell en fermant et rouvrant l'ordinateur. C'est horrible, ses copyrights renforcés, même après qu'on achète l'original, ils nous rendent difficile à en avoir plaisir.

"Les vieux ne meurent pas": mon oncle, fatigué, j'ai entendu par sa voix, à 96 ans vit, puisqu'il doit se soucier de ceux autour de lui. Brell avec la même chanson interprété à divers âges: très intéressant! Il dit dans un interview qu'il pourrait vivre sans chanter mais pas sans écrire des chansons. Mais qu'il ne trouvait pas d'autres à chanter ce qu'il écrivait. Alors, il les a chanté, lui même.

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