28 juin 2004: le destin sait mieux...

C’est aussi la vie.

Hier, après des longues recherches, j’ai trouvé l’excursion en Ireland correspondant tout à fait à mes souhaits, j’ai reçu une email de confirmation, je me suis déjà vu parti d’ici trois jours en bus, parcourir l’Ireland de sud.

Cette après-midi, non seulement l’ordinateur ne s’ouvre plus, mais je reçois un mail qu’il n’y a plus de place pour le premier juillet. Que ferais-je ? Resterais-je à la maison en allant me promener dans les alentours ? Me faisant touriste à Paris ? Ou alors, irai-je à l’aéroport comme je le rêvais un jour en regardant les panneaux en attendant quelqu’un arriver, choisir une destination sur le champ et partir à l’hasard…

Je laisse la nuit me conseiller.

Pour le moment, depuis hier midi, je vis dans un autre temps, il y a quarante et un ans, heureuse, puisque amoureuse et jeune mère, pleine d’espérances pour l’avenir, et brave. Les contenus, et même le style détaillé de mes lettres me remplit. Comme si on vivait avec moi, au moins je le ressens tel.

Je traduis, traduis à une vitesse effarant à chaque fois me disant « encore cette lettre et fini pour le moment » et puis, « encore une… » Mal aux doigts de la vitesse et les heures passées, mais remplie d’une enchantement.

Merci, Sandou d’avoir conservé toutes mes lettres !

Je finirai demain, sauf un mot « dor, mie dor de tine », que je n’arrive pas bien traduire de roumain en français, le reste coule, les mots et les expressions arrivent sans problème. Puis je les transcrirai sur l’ordinateur, l’enverrai pour corriger et peut-être à ma fille, même tel quel. Je parle plus d’elle que de n’importe qui ou quoi dans ces lettres, plus détaillés que mes journaux qui eux, parlent plus des états d’âme et réflexions que des détails de ma vie quotidienne.

Je devrais recommencer écrire des lettres, correspondre. Sauf que cela veut dire quelqu’un me répondant, lui ou elle aussi. A toutes mes lettres écrites la fin d’année dernière, presque personne n’a répondu. Au fait, personne.

Ce voyage dans le temps me procure autant des émotions et joies que celle allant à Kolozsvàr. Sans comparaison avec Komando, m’ayant émue autrement.

Ces lettres et ceux d’avant, se complètent presque et pourraient faire un volume à eux seules. Avec ou sans trop des commentaires ou images autour. A y réfléchir plus tard. Pour le moment, je suis dedans. Pas dehors. J’ai eu une journée bien remplie aujourd’hui et même cette deuxième ordinateur s’arrêtant, n’a pas pu me toucher, n’a pas pu abimer la profonde joie ressentie lisant cette voix de jeune femme de trente ans. Je crois que mon caractère ressort avec plusieurs de ses facettes. Plus qu’en mes journaux, peut-être. Ou autrement.

Oui, mon bras et bien ridé, oui, j’ai soixante-dix ans, oui, je suis assez seule, mais j’avais vécu tout ça, j’avais écrit ces lettres, j’étais assez aimée et appréciée pour qu’on les conserve.

M’a-t-il aimé plus que je l’ai aimé ?

De toute façon, plus appréciée : mais pourtant, il était si épris des deux autres jeunes femmes entre temps ! Si pas plus.

En commençant avec ces lettres, mes 30 à 52 ans (trente deux ans dans un seul cahier) prendront une autre lumière et peut-être même les récits que j’y mettrai avec les journaux. Oui, je dois commencer avec ces lettres-là. (2008 : au lieu, comme dans le journal, « Il vient me dire qu’il ne m’aime plus, qu’on ne peux pas aimer pour toujours. »)

Je suis fatiguée, c’est une bonne fatigue.

Mon jardin resplendit des fleurs diverses. Les petits jaunes sauvages, les fleurs lilas profondes en forme de cloches, les roses jaune parfumées et les roses rose nombreux grimpés sur le cloison, les cloche orange commençant à s’ouvrir, tout le temps d’autres enchantements que mon petit jardin à l’air presque sauvage m’offre. Même les lavandes cette année sont belles et enivrantes, s’inclinant dans toutes les directions.

Oui, au lieu m’enfuir et dépenser en vacances, je ferai mieux d’aller voir les docteurs, nager, marcher, me promener.

Acheter un ordinateur seulement pour l’Internet et utiliser l’autre pour écrire et les images, tout en le préservant des influences néfastes externes, ne serait pas une mauvaise idée. A y penser.

Bonne nuit, Julie.

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2009: pleines des choses aurait été différentes dans ma vie, si cette excursion avait réussi!

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