30 juin 2004

Je viens de vivre trois jours intenses avec Julie à 30 ans. Dieu sait pourquoi, ces quatre mois seule, loin de mon mari, avec ma petite fille de deux ans, me paraissent encore maintenant comme si c’étaient huit mois en réalité. Rester seule, vingt quatre heure sur vingt quatre avec une petite de vingt mois c’était plus dur que je la décrivais dans mes lettres.

Une énorme joie de l’avoir et être avec elle, mais sans avoir de temps à respirer. Et encore, elle était tellement gentille et mignonne ! Mais la famille était beaucoup moins à côté de moi, d’après mes souvenirs, que je la décris.

Ma marâtre, ah combien calculatrice déjà ! Mon oncle et tante cupides. Ils ont, tous les trois, tant fait pour m’éloigner de mon père.

Pour un temps, réussissant.

Jusque ce qu’il a compris leur cupidité à tous les trois.

Cela fait encore mal, après tant des années. Non pas qu’il ne m’a aidé qu’avec des « gouttes d’eau quand je mourrais de soif » me laissant lutter seule, près d’un mari qu’il n’aimait pas, pendant les prochaines douze ans : ceci a formé mon caractère et était plutôt bénéfique à la longue, mais il ne s’était pas non plus occupé sérieusement des enfants de ‘cet homme’ oubliant qu’ils étaient ses petits enfants, jusqu’à ce que c’était trop tard. En plus, longtemps, on ne se voyait pas, tout comme sa deuxième femme le voulait, qu’un ou deux jours ici ou là.

Finalement, comprenant, regrettant, il a dû donner des rendez-vous en cachette sans que son épouse la sache. Un jour ici, un jour là.

Il a vu qu’ils étaient cupides et méchants, mais il ne s’imaginait pas qu’ils iront jusque là, où ils sont allés. Le pousser dans sa tombe, essayant le placer dans un maison d’aliénés, le mettant hors de ses soi, plaçant ensuite un infirmier sadique près de lui pendant ses derniers jours, me dépouillant avec des faux témoignages de tout qu’ils ont pu par la suite.

Oui, en 1979 ou était-ce une année plus tard ? j’ai appris jusque où la méchanceté et cupidité peut mener des gens. Je l’ai mis ensuite loin de moi, et je suis allée plus loin dans ma vie. Mais tout ce mois épouvantable passé à défendre mon père, tant que j’ai pu, « apu », même dans un recoin éloigné, profond en moi, vit. Un jour, je le décrirai.

J’avais écrit 37 pages détaillés aussitôt après, mais hélas, j’ai donné l’original à mon avocat (le croyant ami) qui les a jetées avant que je peux lui demander à me les rendre.

Merci Sandou d’avoir conservé mes lettres malgré tout ce qui est arrivé après, entre nous.

Hier soir, j’ai commencé mettre mes traductions en Macintosh. J’ai aimé encore davantage le début que le moment où je le traduisais, trop occupée alors à trouver les bons mots.

Il y en a un que je ne trouve toujours pas et figurant encore et encore dans ces textes : « dor, mi-e dor de tine. » Dor, serait désir, mais « je te désire » n’équivaut pas du tout puisqu’il parle, en roumain, plus d’âme comme « vàgyodom » l’équivalant en hongrois encore plus éloigné du corps. Bien sûr, mon corps le désirait aussi, mais c’était beaucoup plus que ça. En vieille français, il serait « je me languis de toi », mais on ne parle plus ainsi ces jours-ci.

Je vais relire les lettres corrigés si bien par Chantale, la secrétaire du sénateur, comment les avait-elle traduit ? J’ai dû utiliser « dor » aussi à ce moment-là, quand Sandou était encore en Roumanie et pas déjà en France, mais toujours loin de moi.

J’ai « dor » de mes trois petits enfants, lointains. Ce n’est pas « désir » comme dit le vocabulaire. Je voudrais les voir, leurs parler, être avec eux davantage. Il s’agit la plupart de temps dans ces lettres de ce « dor » là. D’accord, je ne trouve pas mais l’idée m’est enfin arrivée : chercher « vàgyodok utànad » dans un dictionnaire hongrois. Je me languis après toi ? Pas tout à fait non plus. Alors ?

"langeur" assoifée de, soupirer après, en mal, de tu me manques


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